mercredi 31 mars 2021
take two
La violence n’a jamais été aussi présente dans la société contemporaine, elle devient à peine masquée.
C’est la gestion par la violence. J’ai été beaucoup frappé par la lecture d’une article sur le web qui relatait l’expulsion d’un squat de grande envergure à Saint Denis, tellement l’histoire était typée. Typée dans le sens qu’on peut faire une copiée-collée de cette histoire 1000 fois, il n’y a qu’à changer lieu, date et échelle. Les faits sont à peu près invariables. Nous avons une police et une classe administrative qui a comme rôle structurant de leur métier d'induire la précarité chez les pauvres, ce qui ne doit ni leur améliorer le sommeil, ni leur aider à devenir des êtres humains sensibles et reponsifs à la souffrance des autres.
Pour reprendre l’histoire, telle qu’elle a été racontée, un collectif qui a déjà été expulsé d’autres lieux, squatte depuis quelque temps un immeuble désaffecté en besoin de réparation. Non seulement est-ce qu’il y a des artistes et des acteurs sociaux divers, mais aussi des réfugiés et d’autres dépossédés de la société qui y vivent. Depuis la crise du virus, il ne reste qu’une quarantaine d’habitants, les autres activités ayant été très largement suspendues. Ils ont fait des aménagements et demandent d’en faire d’autres, mais avec la venue des jeux olympiques, le lieu va en tous cas être détruit et remplacé par d’autres logements, plus bourgeois, la date prévue étant juillet 2021. Un petit incendie a lieu, est contrôlé par les habitants sans conséquences, mais la mairie locale utilise cet événement pour déclarer l’endroit dangereux et exiger l’évacuation immédiate des lieux. Le collectif qui s’occupe de maintenir un stock de vêtements et objets divers pour venir en aide aux plus démunis lance une demande d’urgence pour un autre lieu de stockage. La mairie a promis de trouver des logements pour les familles, mais pas pour les personnes seules.
En effet, la précarisation délibérée est le fait, surtout, des autorités et instances sociales supposées, si l'on en juge par la rhétorique, militer contre cette précarité. C'est un conditionnement à la précarisation à tous les égards – on préfère leur donner des logements à l’hôtel, bien que cela coûte vastement plus cher, en leur interdisant même de cuisiner, que de leur donner leur autonomie en toute légalité, dans des bâtiments désaffectés mais parfaitement habitables. Que ce soit tout-à-fait faisable est démontré par l'existence de ces schémas d'utilisation d'espaces vides en plusieurs villes autour de l'Europe (Bruxelles, Berlin) et que l'inverse soit déterminé politiquement, pour des raisons idéologiques et électorales. On le vérifie en observant le changement de comportement lorsqu'un gouvernement local de droite remplace un gouvernement local de gauche (exemple Toulouse). Par rapport aux individus, on les met à dos l’un contre l’autre, arbitrairement, en établissant des catégories de misère avec plus ou moins de droit aux bénéfices (de la "considération") sociales, avec des obligations administratives qui n’ont aucun rapport avec leurs propres intérêts, coup sur coup. On ralentit l’application des obligations de logement social – obligeant aux pauvres de se replier dans des zones géographiques qui se spécialisent dans la prise en charge des pauvres, créant des « prisons à ciel ouvert » où les matons sont au moins plus gentils que dans les banlieues riches desquels on cherche à les exclure. Exemple : la difficult ou la facilité de s'inscrire comme sans domicile fixe à une mairie ou autre. Cette "zonification" de la misère.
L’une des fautes majeures des associations qui prétendent aider les pauvres, c’est qu’ils participent à répétition à créer ces histoires, ces narratives, jusqu’à en terminer les co-auteurs. C’est un conditionnement à la brutalité et l’indifférence comme la réalité inaltérable - je ne sais pas s'ils en ont conscience tout-à-fait.
Les gens « normaux » terminent dégoûtés, ils font leur vie ailleurs – ils se replient sur eux-mêmes, ils s’absentent de la sphère publique. C’est cet effet-là qui est le plus violent. Ne croire en rien et rester chez soi. Se dire socialiste de cœur mais ne défendre que sa petite maison « durement acquise par le travail » – être capitaliste égoïste de fait. Le champs de bataille reste libre, à ce moment-là, libre aux bien-faiseurs moraux, aux charitables, d’un côté, et aux tortureurs et administrateurs de la souffrance perpétuelle de l’autre.
Ceux qui s’en sortent (croient-ils) s’en sortent groupés. Ils créent des bulles d’humanité, entre eux, ils mettent des barrières invisibles entre ces bulles et la société en générale. Ils se disent libertaires, même anarchistes, tout en étant, objectivement, formés en groupes d’autodéfense tribaux et communautaires. Ce sont les amateurs de chiens et de chèvres, d’enfants et de petits vieux, farouches dans leur défense des faibles et soumis, si l’opportunité de se faire subtilement voir en tant qu’esprit chaleureux est là. De temps en temps une manif. Ils se croient incapables de changer la société en général, si ce n’est dans leurs intérêts personnels locaux. « Qu’on est bien chez soi », disent-ils - « pourvu que ça continue ». « Qu’on donne aux pauvres des minimas sociaux, comme à nous » … sauf que voilà on ne les donne pas - il faut les mendier, parfois en faisant la queue chaque jour.
Cela donne lieu a des phénomènes d’abaissement et d'humiliation rituelles publiques, comme l’aide aux gens qui veulent se suicider, pour les en empêcher. L’aide d’ultime secours aux individus qui se montrent défaillants. Il est donc préférable d’en arriver là, si on veut être reconnu comme membre de la société, que de souffrir la discrimination d’office sans mot dire et sans fléchir. On y réfléchissant un seul instant, il devient évident que la plupart des gens suicidaires ne le seraient pas si le maltraitement et le manque de dignité n’étaient pas installés comme normes dans leurs vies. La mort prématurée à la rue est une forme de suicide lente induite par l’absence de droits et de dignité humains. La suicide du fonctionnaire qui a fait un sale boulot et ne peut vivre avec le remords pareil. Le fait qu’ils « auraient raison » de vouloir se suicider et qu’il faut changer les raisons, plutôt que d'individualiser les réponses après coup, en ultime recours, ne rentre pas dans le discours.
Le Front National – que j’appelle par son nom, a eu une phase, dans son apprentissage de la prise du pouvoir, d’études linguistiques – ou « comment prendre des objets lexicaux pour arriver au pouvoir ». Le procédé était à peu près le suivant. Ils observaient ce qui se passait vraiment dans la société – dont ils faisaient quand même partie, et ils l’épinglaient avec des phrases assassines qui produisaient un petit choc de reconnaissance chez tout le monde. Les deux qui ont marché fort bien étaient :
« On ne peut pas accueillir toutes les misères du monde » et « appel d’air ». Il suffisait de les dire pour créer de l'outrage et s'identifier comme "favorable à l'extrême droite", et pourtant presque tout le monde était déjà partisan de ces pratiques dans le jour-à-jour.
A partir de ce moment-là, les autorités publiques et les citoyens privés se devaient d’appliquer cette politique – ils n’étaient plus censés être en opposition, mais en faveur de traiter les gens comme du bétail. On a oublié de remarquer que le Front National n’a fait qu’observer ce qui se passait vraiment dans la société existante pour y mettre une phrase descriptive juste, c'était trop juste, justement. Une campagne électorale très bon marché. Nommer le phénomène ne faisait qu’avancer la possibilité de pratiquer de manière ouverte et déclarée ce qui se faisait déjà, mais en cachette. C'était un peu comme prendre sa liberté.
La précarisation des pauvres est une politique du pouvoir – et du peuple solidaire du pouvoir. La média nationale aide cette politique en se prétendant choquée, en parlant de cette précarisation comme si c’était un phénomène social et non pas une politique délibérée, de repression des plus faibles par les plus forts.
Prenons les gardiens dans les prisons et les camps de concentration. Non seulement est-ce qu’il y aura consensus, dans ceux qui ont expérimenté ces milieux, qu’il y a des mauvais et des bons matons, mais dans ces régimes il arrivera que des prisonniers prennent le rôle de gardiens et administrent ou maintiennent, de jour en jour, le régime carcéral, souvent de manière beaucoup plus sauvage que l’administration de la prison. On accommode, de cette manière-là, la nécessité du régime. Il est sous-entendu que les incarcérés le méritent et que la préférence pour l’administrer de manière « humaine » n’existe que s’ils ne créent pas de vagues.
Les milieux dits de gauche qui s’occupent du droit au logement coïncident très largement avec les milieux qui s’opposent à la prison (l'anticarcéral), les deux phénomènes étant associés. Ils sont cependant imprégnés des valeurs de ces régimes de maltraitance, habitués à résister à des comportements stylisés à répétition, comme dans un ballet éternel de l’enfer. Il m’arrive souvent de penser que c’est de cette manière que les valeurs d’une société carcérale vont arriver à pénétrer la société entière, si ce n’est pas déjà le cas. L’attitude plus saine serait de sortir de ces valeurs-là pour établir des normes sociales de tolérance, de gentillesse, de non-brutalité et de liberté de la peur, communément associées avec une partie progressiste de la bourgeoisie. Cela est à peu près inacceptable pour des gens qui se trouvent idéologiquement opposés à cette même bourgeoisie. Ainsi, de nouveau, dans la sphère publique et associative les normes brutalisées de régime carcérale s’appliquent, tandis que dans la sphère privée, entre codétenus de confiance, des normes bourgeoises peuvent s’assumer.
La sphère publique, rappelons-nous, étant précisément l’endroit où se trouvent les plus démunis et les sans abri. Dans des immeubles insalubres et dangereux, souvent sans facilités de base (douches, chauffage, électricité), dans des occupations illégales, sujets à changements de statut et expulsion sans anticipation et arbitraires. Avec une police qui non seulement ne prend pas les plaintes des pauvres mais qui trouve tous les moyens de les « classer sans suite », qui administre les expulsions et le régime d’indignité qui crée la précarité. Qui s’habitue aux mensonges d’office qui évitent sa propre poursuite judiciaire.
Le policier à la retraite dans son petit pavillon est assez typique de la classe sociale qui votera volontiers Front National – ceux qui votent sont beaucoup plus vieux que la population adulte en général, la population générale dans un pays riche étant déjà plus vieille en moyenne que dans un pays moins riche. C’est-à-dire qu’il a passé sa vie en immersion dans la violence, à se taire sur ce qu’il fait vraiment, à brimer des gens qui ont toute la raison du monde de venir se plaindre – pour qu’ils ne se plaignent pas - « faute de moyens », qui est plein dans l’administration de politiques hypocrites, déguisées, dont on nie l’existence et qu’on ne veut pas voir, de répression systématique. Il doit encaisser la haine née de son application de décisions dont il n’est pas responsable, mais c'est son boulot et il essaie de le faire bien …
S’il vote Front National, c’est qu’il veut en finir avec l’hypocrisie et dire droit dan ses bottes ce qu’il n’a pas pu dire pendant toute sa vie. Il cherche la compétence – il n’a que faire avec la procédure, le faire semblant des mous et des doux qui ne vont pas sur le terrain – qui n’encaissent rien. Pour y voir clair, il faut au moins dire ce qui est vrai. Il a sa maison – il l’a payé avec un travail terrible. Il a sa liberté, il l’a gagné. Non seulement est-ce qu’il va défendre cette maison, mais il va apprendre ce dur leçon de la vie à tout le monde, que la société ne tolère pas les fainéants et les plaignants, que la vie est dure et qu'il faut la mériter.
Il y a plusieurs autres métiers qui mènent au même genre de conclusion d’extrême droite – des métiers de gestion sociale, mais aussi des métiers de petit et grand entrepreneuriat – le « monde du travail », mais aussi le monde de tous ceux qui dépendent du « monde de travail ». D’autres petites phrases assassines viennent se rajouter à l’équation : « ils parlent de la fin du monde mais pour moi c’est la fin du mois qui compte ». Celle-ci se traduit par "le petit monde social dans lequel on vie tous les jours, dont il n'y a que soi-même qui s'en occupe", et qui termine par assumer plus d’importance que "des projets lointains dont on ne peut pas être tenu responsable".
La rhétorique des gens de gauche – des écologistes donc, est révolutionnaire – elle propose de balayer le système actuel et agir en faveur des plus démunis, qui ne sont souvent pas ici. Dans l’analyse des gens de gauche, on pose souvent le point de vue qu’on ne comprend pas pourquoi la classe pauvre et ouvrière vote pour la droite qui ne tient par leurs intérêts à cœur. C’est une ignorance délibérée, l’extrême droite est composée d’une hiérarchie de ces mêmes gens à l’origine pauvre qui commencent à s’en sortir, d'ex-petits et grands chefs qui ont été dans la guerre de tranchées d’une politique gauche-droite profondément injuste, d'administratifs qui a mis en œuvre, pendant des décennies, des politiques de déni collectif chapotées idéologiquement par des titulaires de gauche et du centre.
Une gauche qui, en proposant une politique de décroissance, promet de les ré-enfoncer dans la misère !
Ceux qui votent sont en majorité les vieux, mais derrière chaque vieux il y a aussi une génération de jeunes qui aspirent, eux aussi, à être les héritiers du pavillon de leurs parents. Ils comprennent que c’est normal d’attendre leur tour, étant donné qu’il n’ont même pas le temps de faire le ménage, tant ils s’acharnent à accumuler le capital qui leur achète la liberté de fait, et non pas rhétorique. Il comprennent que le monde est hiérarchique et préfèrent des chefs compétents et forts, qui partagent au moins les mêmes aspirations qu’eux. Ils sont souvent républicains, la laïcité leur parle parce qu’ils sont ainsi absous de toute responsabilité morale non-volontaire. Des bons gens de cœur qui ne se laissent pas marcher dessus non plus ...
Dans ce sens-là Jean-Luc Melanchon représente, à lui seul, le pire des cauchemars du petit peuple. On peut savoir qu’il incarne le dictateur parce que personne n’ose lui demander de se taire, préférant attendre qu’il s’autodétruise ou devienne trop vieux pour représenter une candidature « sérieuse » qui met le mot " sérieux" en question. Il est en fait le plus proche de l’incarnation de l’homme de providence Gaullien qu’on puisse trouver, de nos jours, un repoussoir pour tout activiste de gauche qui vaille le nom et un allié de fait pour la montée de l’extrême droite. Il aurait pu se dédouaner du rôle – ou au moins traiter du sujet "sérieusement", mais préfère l’auto-défense incarnationniste qui est à l’origine du problème. « Je suis la Gauche » devient « et la gauche ne sera pas sans moi, … donc ».
Le paragraphe ci-dessus parle tellement d’une évidence que Melanchon aura sans doute disparu de la scène politique d’ici peu, même si ce n’est que pour se réincarner dans une vie future, bien qu'il est remarquablement coriace. Le candidat qui paraît le plus faisable, pour gagner, actuellement, est Cécile DuFlot, mais il est difficile de voir comment elle peut assumer le rôle d’autorité nécessaire pour le travail, sans céder la lucidité qui la rendrait une candidate potable. On pense à la jeune Ségolène Royale suivie de la version présente. La candidature collégiale qui est la seule consistante avec des valeurs de gauche cohérentes est possible seulement dans la mesure qu’on révolutionnise la média, qui ne peut actuellement que personnifier les candidats, comme si il n’existait rien que quelques personnalités décisionnaires.
L’abandon de la politique politicienne pour se reformer tranquilo sans y penser paraît avancer bon train. Sans crise Corona, ce ne serait peut-être pas le cas, mais cette crise a donné énormément de temps de réflexion et d’organisation à des gens qui d’habitude seraient absorbés dans la vie quotidienne. Les secteurs les plus actifs n’ont pas eu ce temps de consolidation, ce qui a donné sa chance aux marginaux, intensifiant leurs relations et créant beaucoup plus de chance de collaborations fructueuses futures.
C’est le syndrome « bouteille de champagne » qui va bientôt sortir de la cave et être ouverte. On s'y prépare mais c'est une question de 'timing".
Face à cette muraille de Chine de l’indifférence au sort des autres, qui commence à se banaliser, Europe écologie les verts fait fausse route en essayant d’apaiser les égoïstes. Les politiciens au pouvoir font déjà ça et regardent EELV comme un bon terrain de recrutement pour de futurs ministres.
La seule voie actuellement ouverte est de faire quelque chose de radicalement différente sur le terrain et, qui plus est, qui marche, à l’échelle économique et sociale. Une fois que les gens commencent à comprendre d’abord que ça marche, ils peuvent constater qu’effectivement, il y a beaucoup de gens qui y sont investis, et ils peuvent même prêter l'oreille, mais pas avant. J'ai l'impression qu'il y aura beaucoup de spoilers, beaucoup de distractions, beaucoup de fausses routes et beaucoup de populisme, avant la fin de cette année.
Il faut comprendre que la génération d’extrêmes égoïstes, les baby boomers actuellement au pouvoir, sont aussi très (narcissiquement) idéalistes. Une fois qu’ils comprennent qu’il y a une ouverture qui permet la liberté et non pas la bureaucratie, ils peuvent soutenir de telle initiatives, ce qui à la fois tire leurs enfants et proches et jette leur argent dans l’arène – il y a des milliardaires dans cette catégorie-là. Il suffit d’avoir un plan qui peut logistiquement accommoder l’effet boule de neige de la réussite, en intégrant chaque fois plus de volontaires (je ne parle pas de « bénévoles »), sans perdre la voie et sans être récupérée, pour que ce soit reconnu comme un vrai projet d’avenir qui, cette fois-ci, est mené non pas par des apparatchiks de l’ancien régime mais par les « nouveaux compétents ».
C’est cela le chemin vers le gouvernement écologique, parce que sinon, le gouvernement ne sera pas écologique. On peut espérer encore beaucou d'argent, jetés sur des fausses initiatives écologistes, pour créer la mélée dont sort la balle de la victoire.
Mais laissons-nou rever un moment. On ne parlera plus du fonctionnariat brutaliste, ni des blacks blocks, sinon de comment contribuer à l’effort collectif. Mais pour cela il y a besoin, en quelque sorte, d’une comité d’éthique au pouvoir et non pas une série de mégalomanes assoiffés du toujours plus, ni des doux parleurs virils qui trahissent leurs paroles données san faille. L’analogie serait d’avoir, d’un côté, le pouvoir civil et de l’autre côté, les militaires, interdits de prendre le pouvoir.
D’un côté, on peut avoir donc un conseil de deux chambres décisionnaires, ce serait peut-être le conseil citoyen tournant, et le conseil d’experts, tous les deux obligés dans leurs rôle exécutif de se mettre en binome, un de chaque chambre. Cela créerait une version nouvelle du copinage. Le concept a déjà fait ses preuves dans le sens que c’est une combinaison d’experts et de citoyens qui a réussi à faire des propositions quelque peu lucides sur l’écologie.
De l’autre côté, il y aurait les activistes qui agissent dans le champs, l’analogie serait les généraux en campagne, parfois charismatiques et capables de représenter une menace au pouvoir central, sauf que les structures seraient plus fortes, intentionnellement, que ces incarnations temporaires du « chef » qui induisent le reflexe pavlovien de la soumission volontaire chez le français moyen.
Je ne propose pas d’aller plus loin dans la présentation d’une possible structure législative et exécutive sur le plan national, j’ai juste voulu démontrer qu’il est possible d’en présenter une qui est tout-à-fait raisonnable, bien fondée, et facile de compréhension et application dans le contexte moderne. On ne peut pas argumenter qu’il est dangereux d’éliminer les partis actuels, laissant une vide de compétences – ils se sont déjà très bien débrouillés pour s’auto-éliminer du champ du pouvoir démocratique national tous seuls, et ce n’est que le Plan B de l’installation d’Emmanuel Macron qui a pu leurs sauver quelques peaux, in extrèmis.
Attention! Macron survivra dans la mesure qu’il peut éliminer des propositions crédibles de grand remplacement à gauche, malgré le fait que tout le monde aura compris qu’il ne représente aucun changement de fond dans la classe dirigeante, vouée à l’incompétence dans la gestion d’une succession de crises. Pour la génération de politiciens qui attend de prendre la main, l’association avec l’image de la vieille politique est plutôt une contamination de leurs chances futures. Heureusement que Macron a fait des interviews d'embauche pour les représentants en Marche de l'Assemblée, cela en fera quelques uns de moins d'Apparatchiks pour très bientôt.
J’anticipe plutôt des problèmes au niveau local que national. Les élites locales, autant celles de la vie alternative que de la vie conventionnelle, peuvent faire le boulot de tuer dans l’œuf tout changement réel en paraissant adopter les modes du moment, avec ou sans Macron. La gouvernance alternative, les futures alliances à la Macron de la vieille et de la nouvelle garde menacent de noyer le poisson - on a quand même une quantité énorme d'administratifs en manque de mission, grâce à l'état imprévu de l'etat providence. Avec deux métaphores animaliers en deux phrases, j’espère avoir convaincu le lecteur que la gouvernance du faire est plus important que la gouvernance du faire semblant - mais ce n'est pas gagné - je propose de mesurer sérieusement l'empreinte énergique (Kilowatt heures, joules, calories) de chaque candidat, de jour en jour, et de ses stratégies d'infrastructure pour nous tous. Cel aurait la vertu d'éliminer à peu près tous les français du combat électoral, d'un trait - sauf Cinderella, qui, il me paraît, n'est même pas d'origine.
Je propose, par exemple, que la semaine de travail pour tout le monde soit divisée en :
- trois jours de travail à mi-temps aux jardins, à mi-temps en études écologiques, pour tout le monde - ce n'est pas exactement mon idée, sauf pour le sujet d'étude, mais plutôt celui de notre vieil ami, Chairman Mao.
- trois jours de travail en apprenant à se déplacer à pied, surtout pour les ex-députés en Marche, et bien sûr pour l'ex-président Macron lui-même - et pour sa femme, si elle est encore en vie.
- Un jour de jeunes, à contempler la nature, tout seul dans son coin, en silence - pour dire: interdit aux chasseurs de prendre leurs fusils, interdit à tout le monde de prendre leurs débroussailleuses, et interdit aux viellots-ruraux de prendre leurs coqs - sinon on se verra obligé de leur administrer "le tri sélectif" - et je ne parle pas des coqs.