jeudi 2 décembre 2021

Pinsaguel crue - Garonne
Pinsaguel crue - Garonne

 

Désocialisation et Confluence

distanciation

metaverse : « une nouvelle réalité »

« L’anonymat permet de blesser les autres »

« entraide – une valeur qui se perd »

« nos relations mises en danger – [à travers la covide] nous nous sommes conscientisés à ce problème »

« augmentation de vente de livres [en librairie, au cours de l’épidémie] »

Ce sont des notes très fragmentaires pris lors de l’interview radiophonique d’un cinéaste de dessins animés japonais ce midi.

Hier, j’ai pu écouter une émission sur les méthodes « haptiques » (du « toucher / sentir » - anglais « touch / feel »). On a parlé de l’application en micro-chirurgie du principe de la pantographie, du chirurgien et de son besoin de sentir ce qu’il fait, à travers une machine. On a parlé aussi de son application dans les mondes virtuels.

On peut voir le progrès de la civilisation comme « le grand remplacement » de l’être humain social, dans ses fonctionnalités. A posteriori, on peut comprendre que c’est le geste de l’écrit et du dessin qui représentent le premier pas envers notre extinction. On pourrait aussi commencer par les signes et les symboles, la langue articulée. Même les outils deviennent problématiques. C’est quoi, la nature de l’être humain, dès qu’elle s’identifie, elle se fait dissoudre, en objets et appareils ? C’est cela, la flexibilité ? Sommes-nous les premières machines tabla rasa, conçues pour être programmables ? Si l’on en juge par nos réactions violentes à cette accusé de réception identitaire, il y a de quoi s’en douter.

Mais mes cogitations n’ont pas commencé là, à vrai dire. J’ai juste rêvé de la liberté, à travers la mienne, pour constater qu’à peu près tout ce qui m’a rendu libre de mes actes et mes associations plus jeune, et même il y a cinq ou dix ans, m’a été coupé, sous les pieds. Même sans virus, le virement vers la dépossession collective a déjà lieu – cela ressemble à la dictature.

J’ai deux bouts de théorie, mais le pont entre la preuve physique et le concept a été emporté par la crue.

jeudi 2 décembre 2021

Divergences

Un nouveau pont se fait construire, avec des matériaux nouveaux, se rajoutant aux restes de l’ancien pont comme une prothèse qui s’ajoute au moignon d’un manchot.

Le manchot social est collectif. Au singulier et au pluriel. Les pronoms et noms collectifs prennent des coups en ce moment, exemples : « le vivant » et non pas « la Vie », « l’humain » et non pas « l’Homme », « iel » et non pas « il » et « elle ». Pour ne pas offenser, en retenant la clarté du flou, en se focalisant sur le contenu … mais gare à celui qui dit que cela est dû à la pénétration de l’anglais, puisque l’anglais en a été pénétré lui-même il y a bien des siècles … et par qui, par quoi, … donc ?!

Je parle de ponts plurivalents, à la fois spécifiques et génériques, on l’aura noté. Je suis à la confluence de la Garonne et l’Ariège et un peu plus loin de la Lèze et la Garonne. Il y a trois « médiathèques », celle de Pinsaguel, avec son Château des Confluences, de Roques, avec son Moulin et celle de Portet-sur-Garonne, avec sa Salle du Confluent. Ces trois communes sont littéralement tronçonnées en lamelles par une infrastructure respectivement routière, ferroviaire et fluviale auxquelles se rajoutent de vastes surfaces supermarchandes – le bruit de fond de la circulation, jour et nuit, la pollution de l’air, font de cette confluence une sorte de vaste expérience vraie-vie des limites du tolérable de l’industriel.

Cela vaut le coup, donc, de jeter un coup d’œil mi-anthropologique sur l’affaire. Premier constat, la cartographie des imprimés de chaque petite ville laisse des vides là où se trouvent les maints centres commerciaux, c’est comme s’ils n’existaient pas, humainement. On a l’impression d’être en péri-urbain existentiel, les endroits de pavillonage préférés se juxtaposent au rives et aux « réserves naturelles » qui suivent sans faille les rubans des rivières. Chacune des trois communes « mène sa barque », autant que possible, sans référence à ses commisérants – tout au moins selon les dires de ses fonctionnaires – ce qui fait que les riverains trouvent trois médiathèques simultanément fermées ou ouvertes, sans aucune semblance de coordination. Les communautés elles-mêmes ont ainsi chacune son aspect hermétique, impénétrable, du genre « on ne peut pas accueillir toutes les misères du monde » avant le fait, toute tendance politique confondue – les appels d’air sont également dépréciés, les emplacements des instance sociales soigneusement écartés des « résidences légitimes ». Ce sont, en quelque sorte, des zones transfrontalières, pour ne pas dire transpercées, en mal d’identité, en recherche d’affirmation de soi par le haut.

Anti-survivaliste

Oui, je serais plutôt anti-survivaliste, dans la forme que cela a pris, dans nos imaginaires. Mais le survivalisme, pour moi, est aussi ce que je viens de décrire dans le paragraphe ci-dessus – « la perception de la nécessité de l’auto-protection comme valeur sociale primordiale ». Rien n’est moins sûr. En anglais « right-hand man » signifie celui sur lequel on peut compter dans la bataille, qui protège son côté le plus exposé. Cette logique combinatorielle pourrait même expliquer la prédominance massive de droitiers sinon d’ambidextres. Quelle est la fonction du gaucher dans la société ?

La croissance de dogmes d’auto-défense est une évidence, on manque de sécurité, on se replie sur soi. On n’a jamais eu autant de moyens de se défendre ! On en veut plus. Les ressources commencent à manquer – on veut sa part. Les autres menacent de s’en accaparer, ils nous menacent de ce fait.