lundi 5 avril 2021
Lorsque vous pensez prendre l’avion ou le train ou la voiture pour aller interviewer quelqu’un, ne faîtes pas ça ! Cherchez quelqu’un du coin qui peut faire l’interview pour vous. Ou cherchez un remplaçant, pour la durée de votre voyage en vélo.
Lorsque vous pensez que le meilleur boulot c’est celui qu’on fait soi-même, avec une machine à la main, avisez-vous ! Il y a des gens actifs qui ne cherchent qu’à vous aider à faire le travail. Investissez dans les gens, pas les machines !
Lorsque vous ne savez pas quoi faire avec vos terres, créez plusieurs baux pour permettre aux gens actifs d’y faire des jardins, des vergers et de la biodiversité. Comme cela, vous aurez légué de la vie à la prochaine génération et pas la mort.
Ne sautez pas d’endroit en endroit, comme l’envie vous prend. Ne prenez pas la voiture, pour rentrer chez vous le soir. Faîtes naître des milieux de voyage, ou les gens traversent le pays sans essence – laissez des traces positives.
Essayez de faire qu’il y ait au moins une connexion internet ou portable accessible à tous ceux qui sont là, ne vous laissez pas atomisés par les géants de l’internet.
reporterre.net/La-France-se-rechauffe-plus-vite-que-la-planete
Où en est l’évolution des technologies susceptibles de réduire l’impact climatique ?
Aujourd’hui, aucune n’est acceptable au regard de l’urgence climatique. Tabler sur des techniques qui sont encore de l’ordre de prototypes, telles les technologies de séquestration de carbone, relève d’un pari très risqué. La technologie ne réglera pas la problématique climatique !
Il y a deux types de technologies : les méthodes artificielles, qui consistent à pomper le carbone de l’atmosphère et à le stocker sous différentes formes. Elles ne seront pas disponibles avant quelques décennies et des défis subsistent — passage à l’échelle, minimisation des risques de fuite, etc. Il y a aussi des techniques moins intrusives, qui consistent à utiliser les puits naturels de carbone comme les forêts ou la biomasse pour capter le carbone. Les dernières études montrent que plus le réchauffement global s’accroît, plus cette capacité naturelle à pomper et stocker le carbone s’affaiblit. Le stockage dans les forêts est aussi à risque, car le CO2 peut être relargué dans l’atmosphère lors d’incendies massifs, comme c’est arrivé en Californie et en Australie en 2019 et 2020. Compter sur les écosystèmes pour limiter la perturbation humaine, via les gaz à effet de serre, est donc un pari très incertain. Cela questionne aussi les initiatives de « compensation carbone » qui ne sont clairement pas des solutions.
L’action la plus sage, c’est de diminuer dès maintenant les émissions de gaz à effet de serre, pour en pomper le moins possible si — au mieux quand — nous disposerons des technologies. Il y a des études très intéressantes faites sur la sobriété, qui aujourd’hui semble incontournable. La sobriété impose une évolution de nos modes de vie, de notre rapport au monde et du faire société. Personnellement, je suis convaincu que sans sobriété nous n’y arriverons pas, considérant l’ampleur des contraintes de réduction sur les gaz à effet de serre qui sont nécessaires pour limiter le réchauffement.
Il y a une anomalie dans cette logique – Tout ce qu’on fait est « technique » et on ne peut pas se séparer des écosystèmes, donc « compter sur les écosystèmes pour limiter la perturbation humaine », c’est compter sans nous, ou comme si nous étions toujours néfastes dans nos interactions avec l’environnement. La sobriété – c’est-à-dire la réduction de nos émissions, peut même devenir un bilan positif – où nous convertissons notre nuisance en bienfaisance. Cela est une « perturbation humaine » aussi, si l’on veut.
Si nous plantons des haies et des arbres fruitiers, nous aidons à garder plus d’humidité – à générer plus de précipitation aussi. Ce n’est pas obligatoire de les planter dans des forêts vierges – c’est même impossible en Europe, on n’en a plus. En remplaçant le fil électrique et l’élevage, on bascule de bilan négatif à bilan positif, ce n’est pas une réduction sinon une conversion. Ceux qui en vivent ont un bilan positif, contre un bilan négatif. C’est plus productif, pour nous, en termes de valeur nutritif par hectare, aussi. Chaque être humain a besoin de moins de surface. Nous n’avons rien perdu, avec cette approche – c’est un net gain.
Donc, ou bien j’ai manqué de comprendre quelque chose, ou bien la trame logique du débat ne tient pas, dans les dernières trois paragraphes de l’article.
Je peux hasarder une explication – en deux temps :
tendances : si on regarde ces choses en termes de « tendances » statistiques, il y a de quoi se résigner à l’inévitable.
nature : sin on raisonne dans des termes de nature sauvage contre agriculture, gros plan, il y a aussi de quoi se sentir désemparé.
… mais si on vie en Europe de l’Ouest, on sait que le bocage marche très bien – qu’il existe des cultures pérennes mélangées avec de l’habitat humain qui marchent.
La même trame analytique peut s’appliquer au manque de accès au logement, au périurbain et aux « exploitations » agricoles. Cela m’a pris un certain moment pour me délaver le cerveau là-dessus, parce que personne n’en parle de manière claire – chacun de ces débats est cloisonné.
Quelqu’un qui habite un jardin de 1000 à 3000 mètres carrés est en droit de penser qu’il peut en tirer de quoi vivre – et en plus se créer un bilan positif au niveau de la biodiversité, l’humidité, la régénération des sols – le « climat » vient de là. Je ne pense pas qu’il est nécessairement plus sobre ou plus frugal pour autant. Mais il a disparu des chiffres des gens qui, par leur mode de vie, sont en train de tuer le monde.
Si l’on vie en zone rurale, le principal défi est d’avoir accès à ces terres – et de pouvoir y vivre, dignement. Les problèmes ne sont pas de ne pas pouvoir se construire un logement à bilan carbone positive, ni de se faire pousser de quoi se nourrir, ni de s’occuper de la biodiversité – on peut faire cela. Les problèmes, ce sont les lois, les propriétaires et l’ignorance.
Ce serait mieux que du périurbain, ce serait partout. On n’est pas en train de bétonniser, on n’est pas en train de prendre de la terre agricole pour la détruire, on est en train de convertir des vies humaines et des tracts de terre agricole industrielle, actuellement destructrices de l’environnement, en environnements sains et vies d’utilité écologique. On est en train de donner à l’économie, pas de prendre.
Ce qui m’irrite intellectuellement, c’est qu’on penserait que c’est à moi de construire ce cas, et pas à ceux qui détruisent la terre, qui financent l’agriculture industrielle, qui donnent des prêts à des entreprises industrielles, … de se défendre. J’attends de faire un travail d’utilité écologique. C’est où le problème ?