jeudi 1 décembre 2022
12. Conclusions
mont blur
intro
On a parlé d'indicateurs économiques, d'indicateurs qui seraient plus pertinentes à nos vies que le PBI (Produit Intérieur Brut). Je propose un indicateur "mouvement, déplacement", qui mesure et sépare les mouvements strictement humains des mouvements des machines.
l'économie du geste
Je n'ai pas tout clair dans ma tête, parce que je viens d'inventer l'idée, mais ce serait question d'une échelle glissante (sliding scale) entre l'énergie dynamique humaine et du vivant et l'énergie dynamique industrielle ou artificielle.
Par voie d'exemple, on peut prendre "taper à l'ordinateur" (plus la dissémination de ce qui est écrit), les sms ou parler au téléphone, bouger physiquement, bouger machinalement, bouger de l'information. L'idée, ce serait de créer quelque chose qui communique non pas le bonheur, mais le niveau d'activité - l'animation et de là la cohérence de nos corps et du biosphère ou écosystème dans lequel ils se situent.
repoussoir
L'écologie est un répoussoir. On ne veut pas croire que nos inventions industrielles, notre connectivité numérique et nos automates, des robots qui nous remplacent, conçues pour nous faciliter la vie, pour rendre nos actes plus productifs à moindre coût, nous amènent sur un chemin sans avenir. Nous portons, collectivement et individuellement, toutes les signes d'une maladie mêmetique, une addiction à cette vieille conception du progrès. Bien sûr que nous avons aussi une tendance croissante à nous imaginer faisant partie de la nature, de la biosphère, mais "avec voiture", "avec portable", avec la médécine et les produits pharmaceutiques modernes.
mercredi 30 novembre 2022
vulnérabilité, fragilité
maintenance, restauration
dichotomies
- Biosécurité, règles internationales.
Mafia international hors contrôle, drogues de synthèse.
- Protection de l’environnement.
Fracturation hydraulique, gaz de schiste, infrastructure portuaire, pipelines.
- Jardins forestiers, biodiversité, régimes sans viande.
Insecticides, tracteurs, stérilisation des sols.
- Famine, désertification.
Biocarburants, méthanisation, irrigation industrielle.
- Transport doux, la marche, les vélos.
Vélos électriques, trains, tramways et encore plus d'infrastructure routière (bétonnisation).
- Pauvreté, sobriété, la vie frugale.
Richesse, hyperconsommation, croissance.
rondélous
oui, on tourne en rond. C'est sûr que l'on tourne en rond. J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de gens dans des positions de pouvoir décisionnaire en ce moment, à toute échelle, qui peuvent, au niveau intellectuel, apprécier le besoin de changer de cahier de charges, mais qui, au niveau des décisions clés, ne vont pas le faire.
D'en haut, on regarde le monde à travers un vitrail qui illumine les couleurs fortes, l'économie, la finance, la production industrielle, ce qui rend bien difficile de penser hors ces cadres - en tous cas c'est ce qui peut s'observer, lorsqu'on écoute la rhétorique politique. Il sera intéressant de voir à quel point les innovations techniques peuvent être des game changers - changer la nature du jeu. On arrive à des objets hyperlégers, très petits et très portables, ce qui joue en faveur de l'humain mobilisé. C'est pour dire qu'en tous cas, que ce soit avec ou sans machines, les humains seront peut-être assez libres de leurs actes.
Jusqu'à là, ça va, mais pour que des corps constitutifs d'un nouvel ordre se forment, le problème est posé, on va, par inaction, par simple instinct reflexif d'auto-défense, bloquer les réformateurs, les casseurs de modèle, en ne leur prêtant aucune attention, on ne leur donnant aucun plateforme, ni statut. Dans la situation actuelle, bien que dans le monde virtuel on n'a jamais vu autant d'effervescence, la traduction de cela dans la vie réelle est très peu réussie - il n'y a pas ou peu la courroie de transmission qu'il faut. On n'a qu'à voir l'évolution des mouvements de contestation en Iran ou en Chine pour noter jusqu'à quel point les aspirations des peuples peuvent être anéanties par les forces du status quo. Les agendas secondaires - par exemple le féminisme - réussissent à casser les lignes de force, sans que de groupes alternatifs complexes, à plusieurs strates, puissent se former à leur suite.
Cela commence par le non-débat. S'il n'y a ni rapport de force ni intérêt politico-social à faire intervenir des interlocuteurs radicaux, on ne le fera pas. Ceci, malgré le fait qu'il est dans l'intérêt collectif de faire propspérer des idées fraîches. C'est ici que les actions au niveau national donnent le la au retranchement social. Les tentatives d'Emmanuel Macron de déstabiliser la cohérence écologique, en étant illisible, en ne donnant pas une logique claire de sa version de la sobriété énergetique, sont intégrées - pas la peine de songer à une vraie initiative collective et solidaire.
On peut noter ici qu'au contraire de ce qui est dit, les initiatives les plus sobres sont rejetées parce qu'elles ne coûtent pas cher et parce qu'elles remplacent d'autres projets qui eux, coûtent super-chers. Pour avoir une base industrielle dans un domaine, il faut une taille minimale critique - on le voit dans les problèmes de recrutement et de compétences dans le domaine du nucléaire, actuellement. Si on a les machines, il faut les utiliser pour les rentabiliser. Les initiatives les plus sobres ne les utilisent pas. Pour changer de système, il y a besoin de réhausser la valeur purement humaine du travail - mais on vit dans un monde où l'humain coûte trop cher et la machine paraît plus intéressant.
vendredi 28 octobre 2022
Nos problèmes sont imbriqués, les uns dans les autres et on s’immobilise mutuellement. Faut être mobiles – libres – pour changer cette situation. Mais, au contraire, on se trouve de plus en plus bloqués et contraints. En libérant nos machines, de transport, de télécommunications, nous délitons nos propres capacités individuelles et collectives.
Je traite brièvement du contentieux sur les mégabassines, qui est, globalement, une question de la biodisponibilité de l'eau, il me semble. Un agriculteur a dit qu'il produisait de quoi nourrir 3 500 personnes, si j'ai bien entendu. Je suppose que si ces 3 500 personnes se trouvaient sur ses terres, ils pourraient s'y nourrir et y habiter. Je note que dans les débats sur ces thèmes, personne ne parle de tracteurs, ni de débroussailleuses, ni de tronçonneuses, parce que des deux côtés, ils les utilisent et qu'ils ne sont pas près de les lâcher. On ne parle donc que de l'agriculture, ou, à la limite, du maraîchage - alors que j'ai tendance à parler du jardinage. La différence d'échelle est importante. Pareil pour les haies, les arbustes et les arbres - s'il y en a beaucoup, dans un terrain complexe et accidenté, cela transforme l'hydrologie d'un lieu et la nature d'un sol.
Rappelons-nous que le Président Macron est en train de proposer une expansion du transport en commun en périurbain, pas en milieu rural.Mais pour changer la biodiversité, il faudrait augmenter la présence humaine et la force de travail humaine en milieu rural, sinon, on n'aura que des grands agriculteurs industriels, bios ou pas bios, des deuxièmes résidences et des réserves, tous entretenus et visité en machine.
samedi 26, dimanche 27 novembre 2022
douce par nature
On a fait une remarque que la nature n’était ni gentille ni bienveillante et que les gens pouvaient embrasser les arbres, mais que les arbres, ils s’en foutaient.
Si je l’ai retenu, cette remarque, c’est que cela m’a troublé. Je passe la plupart de ma vie en pleine nature, ici en Europe, et je n’ai peur de rien.
Je ne la trouve pas hostile et absolument pas indifférente – ce qui ne s’est pas accommodé à l’homme, en Europe, n’est plus.
Quelqu’un me dira que ce n‘est pas ça, la vraie nature, je leur dirai que moi non plus, mais que je suis un animal parmi d’autres, et que je suis entouré de tout type de bestiole, d’acarien, de végétal ou de virus, depuis bien des années.
J’ôte déjà mon chapeau à toutes ces formes de vie, qui ont su perdurer, face à nous, les plantes de la garrigue et des marais, les orties et les ronces, les peupliers et les joncs, les moustiques et les mouches.
Je suis tout franchement admiratif.
Aucun animal ne m’a menacé, sauf quelques frelons brimeurs, mais on est vite arrivé à une entente. Ces ententes cordiales paraissent possibles entre plusieurs formes de vie, elles s’établissent de manière personnelle, comme avec tout voisin, et permettent de focaliser sur les vrais dangers. Je ne dis pas qu'il y a toujours une étincelle de reconnaissance entre deux êtres sentients, mais qu'à force de se cotoyer et d'identifier les propriétés des autres, on baisse sa garde lorsqu'on estime que l'intentionnalité de la menace n'est pas là. Cela, d'ailleurs, explique le concept très fort de trahison ou de désabusement ressenti lorsqu'un être que l'on pensait ami se montre ennemi.
Les limaces m’ont causé beaucoup de peine, je les ai jeté vers le bas et je leur ai donné des repas succulents ailleurs.
L’être humain, il est vraiment tout en haut de la pyramide de la vie, il n’a pas besoin d’avoir peur de ses congénères non-humains.
Les oiseaux, comme les mammifères, les reptiles, les serpents, les poissons, les crustacés sont, il me semble, des créatures de l’affect, du tactile, des caresses et de la tendresse, comme nous, ce qui signifie qu’il peut s’établir, entre nous, des liens de confiance – que cette potentialité existe. En effet, je soutiens que ces liens entre individus d’un même ou un autre espèce font partie du puzzle du vivant.
Nos naturalistes parlent de toute une série de concepts pointus, au niveau des mesures et des mécanismes physiques et bio-chimiques, mais je parle plutôt de l’hypothèse que tout être vivant peut établir un rapport avec tout autre être vivant, rencontré dans son « écosystème » - à nous, un peu quand même, de déduire comment et pourquoi, parce qu’il y a plusieurs manières de le faire et de le cacher.
Lors des cinq ou six dernières extinctions de masse, les peu d’espèces restantes, parfois une mère 4 %, après l’extinction, ont su garder des combinaisons de gènes qui ont pu ensuite repeupler et réconstituer l’ensemble de l’écosystème global. Il y a ici des phénomènes encore mal-saisis, de retro-actions systémiques, qui donnent aussi lieu à la production d’oxygène libre, ou à la séquestration du carbone, qui favorisent l’existence d’une certaine vie, un certain axe de progrès évolutif. Ce qui dépasse très largement la survie spécifique ou individuelle.
On ne devrait pas s’étonner de l’échange sensible entre êtres vivants. Les sciences sociales sont des vraies sciences, aujourd’hui, et on commence à comprendre les mécanismes et les lois sous-jacents de ces communautés inter-spécifiques. On commence à comprendre leur « socialisation ».
L’âge industriel et du numérique, dans la mesure qu’il ignore ou qu’il remplace ces mécanismes du vivant social, se crée la sixième extinction – il détruit l’équilibre dynamique, évolutive, du monde du vivant, mais il ne réussit pas à le remplacer.
Ce n’est pas inévitable, si je peux aider à créer des interactions plus propices, je me porte volontiers. Plusieurs d’entre nous diraient la même chose, il y a toujours eu une certaine dichotomie dans nos sociétés industrielles et productivistes, entre les pro-vivant et les pro-machine, pro-productivisme, pro-rapport de force.
Une extinction a deux axes, il y a la réduction en quantité de matériel – le biomasse, et la réduction quantitative – et qualitative – d’espèces – de la biodiversité. Ce n’est pas la quantité d’individus qui compte, bien entendu, sauf dans le sens combinatoire.
Il n’y a pas, proprement dit, un opposé à l’extinction, la vie se perpétue, elle évolue, à travers des milliards de petites extinctions, localisées, inéluctables, sinon contingentes.
Si la vie est plurielle, c’est pour cela qu’il vaut mieux employer le terme « le vivant », et pour juste cause : dans sa vaste pluralité, elle retient beaucoup de choses en commun : notre ADN nous en informe. Nous sommes faits, en partie, de virus, les codages nous les tenons en commun, à travers les phyla et les éons, elles peuvent rejaillir et se ré-transmettre, gardées, même en forme non-expressive, récessive, au sein d'autres organismes.
Les vies sont donc des petites capsules de mémoire, d’une génétique toujours potentiellement mélangée, avec une épigénétique toujours prête à ressusciter ces mémoires, plus qu’ancestrale, depuis l’aube du temps.
Face à cette complexité imbriquée naturelle, les machines des humains, aussi bien que les formes de vie ersatz sont d’un primitivisme profond.
Plus rapidement nous nous mettons à écouter les harmoniques de ce grand fleuve de vie, plus sûrement nous nous en tirerons à l’avenir. Il n’y a pas à avoir plus peur qu’avant, nous restons tous mortels, tout en faisant partie du fleuve.
politique de la terre
= géopolitique. Géographie = dessiner la terre. Géologie = la logique « le sens ») de la terre.
modèle de liberté de mouvement et d’association, horizontal, qui naît du bas et migre vers le haut, en solidarité – des échanges.
Cet « Érasmus des frugaux » est, dans son ensemble,
les institutions
participatives, délibératives, auto-constitutives et plastiques
que peut valoriser une société libre.
En ce qui concerne les humains, ce sont les deux libertés ou droits fondamentaux, la liberté de mouvement et la liberté d’association, qui permettent d’agir. Lorsqu’on parle d’égalité, cela peut être conçu dans le sens de « empowerment », de possibilité d’agir – d’auto-réalisation ou d’autonomie d’action, dans un cadre forcément collectif.
Il est très clair que l’atomisation de nos responsabilités, notre tendance à attribuer notre destin individuel à une responsabilité exclusivement personnelle, casse le collectif et le social, laissant aux égos des individualistes les plus puissants le soin de prendre des décisions pour nous. En cela, le libéralisme d’un Musk – qui cherche à donner l’internet libre aux militants iraniens, ou l’hégémonie totalitaire d’un Xi Ping, en Chine, sont tous les deux des formes de gouvernement totalitaires et arbitraires.
Ce que j’aborde, surtout, ce sont des méthodes très pratiques de créer des consensus dans l’action et dans le mouvement, dans ce sens mes propositions sont autant politiques que techniques.
J’envisage une manière d’auto-constituer l’action écologique, du bas vers le haut, en facilitant le mouvement et l’engagement territorial, à l’échelle humaine. Une sorte de solidarité et d’échange humaines qui permettent une bonne intégration sociale, là où on se trouve. On pourrait aussi l’appeler l’Érasmus des frugaux, sauf que je n’envisage pas d’exclure ou inclure les gens sous des critères d’être ou ne pas être des européens, ou des étudiants. C’est justement l’idée d’ôter cette question de l’exclusion et de l’inclusion territoriales du domaine politique qui me motive.
Et en ceci, il est pertinent de noter que je suis anglais et que je ne suis pas Brexiteur. Ceux qui cherchent, en France, à renforcer l'identité" européenne, construite autour de la centralité de l'état français, sont brexiteurs - ils vont jusqu'à marginaliser la Grande Bretagne et redéfinir le fait d'être européen autour du fait d'appartenir à cet état non pas fédéral mais centraliste européen.
Dire qu’il y a certains qui ont le droit de bouger et d’autres que non, que les retraités non, sans argent, que selon la couleur de ton passeport ou de ta peau, oui ou non, que selon ton sexe ou ton âge, oui ou non, cet agenda est partagé entre les forces les plus réactionnaires de l'Europe.
On arrive jusqu’au point où des gens qui voudraient bien rentrer dans leurs pays ne peuvent pas, par crainte de ne plus pouvoir revenir, au point de nier la vie familiale et d’autres droits fondamentaux aux enfants et d’empêcher aux professionnels dont on a besoin, de travailler, sous le prétexte que leurs titres d’études ne sont pas homologués en France ou en Europe !
Des institutions participatives délibératives auto-constitutives et plastiques
Cela pourrait servir de titre de papier scientifique (!).
On pense acheter la liberté avec ce qu’on gagne, mais il faut gagner de plus en plus pour de moins en moins de liberté réelle. Le marge de manœuvre disponible pour faire des vraies travaux d’utilité écologique et sociale diminue. Pour vivre une vraie vie écologique, il faut renoncer à presque tout.
Il s’ensuit que ceux qui cherchent sincèrement à contribuer à un avenir écologique, doivent surtout créer de l’infrastructure sociale, réelle, qui permet une vie écologique en société.
Nous avons l’impression que nos machines nous libèrent, mais de manière plus objective, elles nous tiennent en servitude culturelle.
Par exemple, en attendant de rentrer dans la médiathèque avec cinq autres personnes, j’ai été frappé par le fait que chacun d’entre elles avait un portable à la main, qu’il fixait attentivement, dans un silence absolu. J’ai songé à mon enfance – un luthier vivait dans la maison d’à côté, je visitais souvent son atelier, qui avait toute sorte d’outil à main, pour tourner, pour scier, pour poncer le bois, le métal. Lui-même était grimpeur assez bien connu. On pourrait dire que le corps et ses extensions faisaient fusion.
Aujourd’hui, la culture qui compte, surtout, est celle des machines, on déprécie, culturellement, les applications, les manipulations et la dextérité humaines, surtout si elles ne passent pas par l’ordinateur ou le portable. Nos machines nous libèrent de faire, on pourrait dire. On investit beaucoup, par contre, dans l’avoir. Il n’est pas si étonnant que la finance et les enjeux de pouvoir territorial, de transport et de communications, deviennent les points focaux du « faire » humain, puisqu’il ne fait guère rien, sauf aller chercher pour ensuite assembler ce que les machines ont fait pour lui.
Je ne pense pas que cela puisse durer longtemps, cette culture, je parle de cette mode passagère qui existe. Je suis tout content d’apprendre un peu sur la pensée de William Morris, il y a 130 ans, qui nous donne des leçons aujourd’hui.
J’ai été frappé par le remarque d’une femme bien remontée sur la crise révolutionnaire en Iran – elle a dit quelque chose du genre « mais vous savez, les 10 % qui soutiennent les Mullahs, les traditionnalistes à la campagne – la campagne ne représente qu’à peine 25 % de la population, 75 % se trouve dans les grandes villes ».
Et j’ai pensé – mais c’est pareil en France. Et d’après ce que nous pouvons observer, la population rurale devient plus riche, plus éduquée, il y a plus de deuxième résidences, de gîtes rurales. Ou aux États Unis, pareil. Les riches cherchent à avoir la mainmise sur la terre, ici et ailleurs.
Les exemples que je prends, là, sont bien sûr parsemés d’exceptions, mais ce sont des exceptions qui prouvent la règle.
Et puis j’ai entendu une émission tôt le matin où on interviewait les restaus du coeur ou la Fondation Abbé Pierre, sur notre comportement avec les plus démunis, les SDFs. Pour les instances d’aide alimentaire, 70 % de la population touchée est étrangère, ou n’a pas ses papiers en règle pour pouvoir travailler, ou reçoit un salaire de moins de 500 et quelques euros.
Mais en fait SDF, c’est une définition tautologique, malsaine, pareil pour le DAL – droit au logement. D’abord, le droit au mouvement, le droit à s’associer. Si on n’a pas ça, on n’a rien. On ne peut pas vivre dans un monde où les machines bougent, les machines se mettent en contact et se parlent, tandis que nous, nous restons confinés dans nos maisons, par ordre d’état. C’est pire que la vie d’un animal dans une Zoo à l’ancienne, ou une poule en batterie. L’infrastructure qu’il nous faut créer, c’est une infrastructure qui nous permet de bouger sans machines, en créant des jardins et de la biodiversité.
Et par rapport à la situation présente, ceux qui créent l’appauvrissement, ce sont surtout les préfectures, avec leur obligation de faire un politique de chiffre, qui interdisent aux gens les papiers qui les permettent de travailler et de se domicilier légalement. Ensuite, les administrations locales prennent le relais, de manière hautement variable. C’est comme dans une histoire de Daniel Pennac, où le père, il vend les bonbons qui pourrissent les dents et la mère, elle est dentiste. Ils ont leurs boîtes de chaque côté de la rue qui donne sur l’école.
Dans le cas de l’administration française, les préfectures précarisent, et les autorités locales et les assocs. assument les frais – parfois ils se comportent bien, parfois ils deviennent les instruments de la bureaucratie, il n’y a que très peu d’exigences déontologiques parce qu’ils sont tous d’accord pour ne pas être tenus responsables. Les abus sont fréquents, pas la peine de chercher les lanceurs d’alerte ou les représentants syndicaux, trop risqué. Un vrai cauchemar, quoi.
Je propose un tissu social positif, pour sortir de cette situation apparemment négative.
Je note qu’à la radio, divers experts suggèrent des actions qui pourraient remédier à ces situations – il y en a une qui a proposé que les meilleurs inspecteurs, ce serait les pauvres qui subissent ces iniquités. Elle a peut-être mal compris que ces services ne sont pas faits pour être efficaces, le contraire.
Le 115, le numéro utilisé pour demander un hébergement d’urgence, est un autre élément. Beaucoup de gens n’ont pas besoin d’un logement d’urgence, sinon un logement dans la durée. Plus cela dure, plus cela devient difficile. Sont-ils inéligibles ? Pas du tout, il faut juste qu’ils suivent le parcours de tri, c’est-à-dire qu’ils prétendent être dans l’urgence. Après, souvent, on les trouve le gîte pendant des semaines, voir des mois.
Donc, pourquoi cette histoire de faire semblant d’avoir besoin d’un logement d’urgence ?
Quelle histoire ! Paraît que la France est beaucoup plus généreuse avec les pauvres que l’Allemagne ou l’Angleterre, ou à Berlin ou à Londres on ne permet pas aux gens de dormir dehors … hmmm, pas totalement convaincu. On a expliqué ou plutôt on n’a pas expliqué le système de mettre les SDFs dans des hôtels – cela coûte un bras après tout, ne serait-ce pas plus simple et moins coûteux de les loger ? Je pense qu’une manière d’acheter la paix avec les forces conservatrices et riches, c’est de mettre les problèmes sous le tapis, et de les offrir de l’argent – pour les hôteliers de bas-de-gamme, par exemple, en hébergeant des SDFs.
Ce cas d’urgence peut s’expliquer de la manière suivante – c’est un mise-à-l’abri in extremis, qui justifie l’absence transitoire de pleins droits et dignités humaines. On ne peut pas recevoir, on doit quitter sa chambre à une heure déterminée, on a un petit déj sans choix, etc. Pas pour des raisons objectivement fondées, mais parce que c’est le choix qu’on propose. Cela pue la charité. Cela crée le racisme anti-pauvre.
Mais SDF, pour moi, c’est presque de la noblesse – c’est des gens qui vivent libres, comme leurs ancêtres. Pourquoi est-ce que cette société industrielle s’en prend autant contre les nomades, les chiffonniers, les chasseurs-cueilleurs ? Pourquoi est-ce qu’elle leur rend la vie si misérable, si harcelée ? C’est une très longue histoire – en France, par rapport aux gitans, par exemple.
erronée
L’erreur serait de se laisser prendre son attention en otage, par les préoccupations qui nous absorbent à présent, les moments de crise.
Il faut garder son sang froid et penser à créer d’autres infrastructures, d’autres pensées systémiques. Ces actions seront très difficiles à mener dans un monde industriel qui n’est pas fait pour elles. L’industrie est une subvention massive qui fausse la compétitivité de l’alternatif.
Nous avons l’exemple récent de la résilience des fermes bio, face à la hausse des prix, lorsqu’elles ont choisi d’avoir des cheptels qui peuvent être nourris à partir des surfaces qu’ils occupent, qui les rendent relativement auto-suffisantes. Ce sont les grandes exploitations industrielles, les plus exposées aux cours mondiaux de l’énergie.
On a ce grand paradoxe, toutes ces firmes assistées par l’état, pour maintenir la puissance industrielle. On comprend qu’ils essaient de jeter la faute sur l’autre – les assistés sont toujours ailleurs, n’est-ce pas ? L’avenir, c’est la croissance. Mais pour croître, il faut être assisté, n’est-ce pas, Monsieur Bruno leMaire ?
Faire croître la sobriété, redéfinir la productivité comme le résultat de la labour humaine, ne serait-ce pas plus logique ?
Le profit il est où ? Et quand ?
La géopolitique, conçue comme une histoire inter-étatique – c’est, pour certains, la politique internationale – entre nations – par un autre nom, mais rien ne le pré-ordonne d’être comme ça.
Que les gens bougent lentement ou rapidement, ils terminent par arriver.
Des flôts de cadeaux électoraux
Macron ne cesse de proposer des conneries en ce moment. D’abord c’est la crise du DAL : du droit au logement. Des squatteurs sans toit sont criminalisés s’ils se mettent à l’abri, le RSA est radicalement réduit dans sa durée, comme si c’était la guerre aux pauvres, la cour faite aux propriétaires. Il y aura bientôt une règle pour tout. Tout acte de solidarité humaine sera gratuite, parce que le seul droit et deevoir qui reste, ce sera de gagner et de dépenser de l’argent.
Pourquoi donner de l’argent aux pauvres ? Parce que c’est efficace, paraît-il.
Ensuite d’énormes éléphants blancs commencent à cumuler dans le ciel – de l’infrastructure, de l’industrie lourde – le nucléaire, les éoliennes mais aussi les trains, les tramways, les métros, les voitures électriques, le lithium, les ports, le gaz de schiste, les microprocesseurs, tout le kit de survie industrielle rapatrié – avec la plupart des coûts en carbone en amont, qui prendront bien plus que les quelques années qui nous restent encore à s’amortir.
C’est comme si on faisait pire que rien. Des quantités astronomiques de béton coulé, de métal extrait et fondu, de véhicules électriques et à hydrogène, toute la farimbole du cirque de l’hyperconsommation structurelle devant nous. Sûrement pas la vie. Encore les 30 glorieuses. Et encore. Et encore !
Sans doute Emmanuel pense passer à la vitesse supérieure en adoucissant les coeurs tendres, les Amish, les éco-terroristes et le GIEC en deuxième moitié de mandat.
Sans doute. Mais c’est mal parti, cette partie présente du « en même temps.
Décalé. Très décalé. Pas avec l’électorat qui vote, par contre, qui sont bien plus industriels dans l’âme que les politiciens, mais c’est quand même étrange. Il ne faut peut-être donner aucune signe de bienveillance vers des changements qui ne sont pas purement cosmétiques, si l’on veut être élu ? Il est connu dans des systèmes bipartisans que le parti qui n’est pas nécessairement identifié avec une cause progressiste peut souvent porter la réforme « couragfeuse » - exemles : Giscard D’Estaing – l’abolition de la peine de mort ; Pompidou – la légalisation de l’avortement ; Angela Merckel – l’acceptance d’un million de réfugiés syriens. Selon cette logique, Marie Le Pen sera la mieux à même de porter des réformes progressistes sur la crise des réfugiés et l’écologie.
Bono a dit que Macron était comme un chef de start-up, qu’il voulait passer au chantier, mettre en actes les idées. Soit. Mais les idées, elles ne peuvent pas être éternellement des formes rassasiées de l’industrio-capitalisme, cette boîte-à-outils qui n’a pas les clés qu’il faut.
Pour cela qu’on a l’impression que la ou les solutions ne peuvent plus être espérées à ce niveau du national, de l’international, du « système de finances mondial ». Il est donc logique qu’il casse. Parce que, de solutions, il en faudra bien, il en faut déjà.