jeudi 3 novembre 2022

8. Industrie-Chimie

éolienne
éoliennes, hauts de Lacaune

intro

Comme je l’ai dit la semaine dernière, je n’avais encore rien écrit sur ce sujet, parce que je ne savais pas au juste comment le traiter.

Mais en fait, si. L’industrie, autant que la chimie, ce sont deux mythes, centraux, ce sont les pivots des croyances qui font le socle de l’idéologie anti-écologiste.

En soi, cependant, ce sont des mots bidons, c’est-à-dire qui créent des images qui ne correspondent pas à leur sens primaire.

L’industrie ? C’est ce que l’on attribue aux abeilles, leur industrie, leur force de travail. Bien sûr que dans la version contemporaine, cette capacité est allouée aux machines, aux machines souvent sales et polluantes, mais qui sont nécessaires pour nous fournir les moyens de vivre, … comment dire « décemment » (une utilisation que j’intolère – « la décence humaine », épousée par George Orwell, par contre, j’approuve).

L’industrie est donc « nécessaire à la vie pleinement réalisée, digne d’être vécue », selon les critères contemporaines, partagées, même sans le reconnaître, par la vaste majorité d’entre nous. Et l’industrie a une échelle, plus grande que la nôtre, plus forte, plus dominante. On rit au nez de celui qui prétend faire le petit colibris, et en plus cela détourne l’attention des choses sérieuses, comme comment bouger les choses à une distance de la moitié du monde (sinon on crève de faim), ou comment maintenir l’essentiel du transport (sous-entendu les trains, les autoroutes, les avions). Une question plus sérieuse, ce serait, comment favoriser une infrastructure beaucoup plus légère, moins consommatrice et à distance vastement réduite, par rapport aux exigences d’aujourd’hui.

la fange

La chimie est un mot de non-sens, également. La chimie s’applique à tout – ce qui est biologique comme ce qui ne l’est pas, c’est une manière de décrire le monde comme une série d’éléments identifiables, qui s’assemblent, du plus bas au plus haut.

Heureusement que les actualités ne manquent pas, comme j’ai dit la prochaine boîte de Pandore qui vient d’être ouverte, c’est la boue, et la boue, c’est la chimie.

bien venue au lithium en France Métropolitaine !

Ça tombe bien. L’industrie et la chimie d’une seule pierre, le lithium, en une semaine, sur un plateau. C’est l’effet Halloween ! Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement propose d’embellir nos autoroutes et nos routes de panneaux solaires, sur les bords. Les républicains, pour leur part, avancent la proposition de donner le veto au maire du coin, intelligent ça, plus rien ne se fera.

En fait, qui a dit que la sortie du catastrophique climatique était par ces technologies, s’il n’y avait pas de sobriété derrière ? On ne veut pas froisser les gens, leur donner des câlins dans le sens du poil, jouer des jeux électoraux ?

C’est ce qui est bien, de faire des émissions d’une semaine à l’autre, en essayant de devenir ou plutôt de pressentir l’ordre naturel du déroulement médiatique sur ce sujet : catastrophe écologique : décisions à prendre.

Dans le développement durable, l’industrie et la chimie (style ancien régime) figurent très fortement. On fait essentiellement la même chose, mais avec moins. Cela s’appelle « efficacité énergétique », mais selon quels critères ? La sobriété, c’est la réduction de nos besoins en consommation – la transformation de nos besoins. Le Président a dit que l’efficacité, c’était le sobriété, avec l’air d’un écolier en besoin d’une formation rapide à ce sujet, comme ses journalistes se le voient promise. Ah, les industries de l’avenir, le photovoltaïque, les éoliennes, le nucléaire, quel paradis !

Eh ben, tout le monde commence à se parler en éco-jargon – en éco-talk réaliste, comme si rien n’était et qu’ils n’avaient pas changé leurs vestes, c’est nauséabond. Sauf, peut-être, pour les républicains, le rassemblement national, quelques groupuscules majoritaires et Gérald Darmanin, qui ont tous le boulot de duper leur électorat pour les prochaines présidentielles.

En même temps, la ZAD des bassines, dans les Deux Sceaux, accompagné par ses terroristes acharnés (version petit lapin blanc), ceux qui paraissent s’obstiner à croire que le sens commun d’un petit écolier bien sage et bien éduqué vaut encore quelque chose (mais c’est le pire, ceux-là, … au Goulag tous…), se trouvent confrontés à des fous en uniforme, qui sortent direct du Cyberpunk, Darth Vaderesques.

Bon, fallait bien s’attendre à la bataille finale du bien et du mal, l’industrie extractive et la chimie lacrymogène rongées contre les Hobbits, peut-être accompagnés par quelques méchants gobelins en drag.

Sauron sourit. Cela fait du bien de foutre le bordel dans ce petit pays de petits gens minables, le Middle Earth de l’Europe de l’Ouest !

Son champion, Darmanin Vader, fait tout pour lui plaire. Et ceci, en plein terroir d’Aurélien Pradié, l’étoile montante du parti politique appelé, pour le moment, les républicains. Où est Aurélien Barrau, le champion blanc, le seigneur des Elfes ? En retraite dans son monastère, pardon, son laboratoire, en train de réaliser la magie moderne de la pleine conscience quantique, pendant que ses disciples lui peignent les cheveux qu’il ne coupe jamais.

Notre héros, où es-tu, ton heure est venue ?!

Éléments de langage – creative writing

C’était l’un des sujets très à la mode aux années soixante-dix, un peu comme avec les Dadaistes, ou le flux de conscience. J’imagine que Macron a un cabinet d’agents créatifs, censés trouver des mots pour faire avaler des couleuvres. N’importe quel couleuvre, qu’il soit de Montpellier ou d’ailleurs éthiquement et rationnellement neutres, donc. Ils ont peu-être tous suivi des cours de creative writing – laisser l’esprit planer, faire un peu d’automatic writing, découper le bout de papier (pardon – s’envoyer des Tweets, mieux dit), jusqu’à tomber sur l’expression magique qui remplit toutes les cases. C’est comme trouver un nouveau nom pour un modèle de voiture – limace, liasse, lobotomie, ce genre de chose. Tout bien pesé, bien sûr, faut pas un autre nom foiré comme Nova (qui « ne va pas » en espagnol), quand même.

Ou bien, faut accepter que nos gérants sont tellement créatifs eux-mêmes qu’ils ‘ont pas besoin de cabinet créatif, que c’est même leur cœur de métier. Dans ce cas, faut pas s’étonner qu’ils soient moins futés niveau décisions exécutives. Dans leurs têtes, ce n’est pas leur boulot, qui est principalement de faire accepter des politiques, quoi qu’elles soient.

histoire de la chimie

Mon grand-père maternel était enseignant en chimie, il a même écrit des livres d’école dessus. Personnellement, j’ai toujours fui le sujet, qui risquait de me tuer d’ennui. Des valences, des combinaisons, des atomes et des concoctions, vulgarisés par des savants autistes – comme à l’époque de l’alchimie.

Ce n’est pas une manière de concevoir le monde qui me plaît, il y a trop de structures qui m’intéressent qui restent non-expliquées par ces simplismes matériels. On pourrait dire que la où l’industrie donne l’impression d’être à vaste échelle, la chimie donne l’impression que toute est réaction catalytique, chimique, à très petite échelle, partout – que nous sommes des usines chimiques ambulantes. L’échelle humaine et toutes les autres échelles de l’organisation de la matière sont un peu laissés pour compte, à ce moment-là.

On peut aussi considérer cette fascination scientifique avec l’infiniment grand et l’infiniment petit comme un résultat de leur nouveauté historique, ce qui les a donné une importance démesurée, par rapport à ce qui est plus familier, à l’échelle humaine.

En tous cas, la chimie est un domaine de la science empirique, on tente des combinaisons, on voit ce qui marche de manière reproduisible, mais lorsqu’il traite d’expliquer le fond d’existence de tout cela, on parle plutôt en tant que physicien ou de biologiste que de chimiste. Un monde de spiruline ne correspond pas à la complexité des écosystèmes qui nous sont nécessaires. D’ailleurs, comment se battre contre la spiruline, avec des gnocchi ?

Je dirais donc que la chimie est plutôt une science empirique, c’est-à-dire une série de techniques appliquées à la matière, sans penser à comment marche le monde émergent et vital.

Cela peut être à l’origine de la séparation qu’ont pu développer les industries chimiques entre leurs usines et l’étendue des conséquences de ces industries, en termes de pollution et d’impact sur la vie et sur la planète, qui sont vus, du point de vue chimique, comme des externalités, rarement approfondies, parce que, dans le fond, inconvénients, complexes. Une science reductioniste, donc, de par sa nature (sens : 4b).

Comme un libéral, un Ellen Musk, qui dit que c’est à la loi de censurer Tweeter, mais lui il est pour l’absence de censure. Ou un membre du public qui dit que c’est à ses représentants de décider parce que lui, à son échelle, ne fera pas d’effet.

Aux autres de considérer les conséquences et les dommages collatéraux, donc. L’industrie pharmaceutique poursuit cette course – elle divise le monde en thérapies et effets collatéraux indésirables.

Regardez les notices dans les boîtes de vos médicaments, si vous ne me croyez pas !

Assez dit, pour le moment, sur le sens racinaire de ces deux mots, industrie et chimie. Ils sont suffisamment flous pour qu’on y colle n’importe quoi dessus.

Les mythes de l’industrie et de la chimie

… servent avant tout à la maintenance du statu quo. Je rajouterais que c’est pour cela que personne, politiquement, jusqu’à là, ne paraît avoir pris le taureau par les cornes là-dessus, puisque les gens croient dur comme le fer que l’industrie leur sert. Le mythe du bon bosseur est fabriqué à partir de là, aussi – sa « productivité », qui, en réalité, dépend de l’énergie des machines qu’il utilise, de la puissance des machines, un peu comme la puissance de feu des armes, qui dépendent, elles aussi, de l’industrie.

C’est sous-jacent, cela reste dans le non-dit, en partie que personne ne veut se risquer à aborder le sujet de s’il faut tuer l’oie qui pond les œufs d’or. Tout le monde, ou presque, en est complice, comme des drogue-addicts non-déclarés.

« Pourvu que cette vie de luxe, ce confort ne s’arrêtent jamais, pour moi au moins. »

« Mais comment pourrait-on vivre à dix milliards, sinon – on n’arriverait jamais à produire le suffisant sans moyennes industrielles ? »

« Et puis, notre sécurité, sans moyen de nous défendre, contre les Poutines de ce monde, tu n’es pas sérieux ».

Et ainsi de suite.

Ce serait intéressant de tracer, et on l’a sans doute fait (sans que je le sache), l’évolution de notre conception du monde industriel, depuis le Fordisme et le film de Fritz Lang, dans les années 1920, à travers les grandes parades militaires et les danses synchronisées à plusieurs, vers l’individualisme et les micro-machines comme les Fablabs de nos jours.

Cela reste industriel. Un accaparement du pouvoir productif. Qui représente le pouvoir tout court, tel qu’on l’envisage.

De nouveau, Poutinesque – l’idée du pouvoir comme un rapport de violence et d’intimidation. On peut même le comprendre – les « alliés » de l’occident voulaient bel et bien émasculer le pouvoir historique de l’empire russe – par des méthodes souvent indirectes, invisibles, subreptices, mais qui restaient quand même des rapports de force.

Seulement des remèdes qui fissionnent cette édifice de force essentielle peuvent nous sauver, écologiquement. Ce qui est supposé être le réalpolitik dans les guerres entre les hommes n’est pas bon dans notre guerre collective contre le néant.

Cela ne va pas dans le bon sens.

Cette culture du plus fort, de la dominance et de la soumission, sabote la culture de la sagesse et du discernement, pour ainsi dire. Ce qu’on appelle la politique du chiffre est en réalité l’abandon d’une politique d’intersubjectivité.

Supposons que l’on applique des critères industriels aux problèmes écologiques. Il est peu probable qu’on verra émerger du tas le plus faible. Presque toutes les solutions écologiques à notre disposition vont dans le sens de la frugalité, du partage, mais ceux-ci sont donc contradictoires avec les valeurs de compétition, de concurrence – de gagner le grand lot.

samedi 29 octobre 2022

Still Life, Nature Morte, Guerre Hybride

Tsunamis en Méditérranée, flux de gaz et de véhicules, …

Quelle est la priorité ? Il y a le COP27 en Égypte cette semaine.

Selon la tradition Macronienne, le média public est en train de faire des formations de ses journalistes clés pour qu’ils accordent l’importance qui lui correspond à la trame d’analyse écologique nécessaire. Il a été reconnu qu’il fallait éduquer les journalistes clés sur ce sujet …

C’est à dire « La Maison brûle et on ne branle rien, comme d’hab ».

Trame d’analyse écologique : on accepte le downscaling, la réduction de l’échelle de nos vies, on fait l’analyse dans ce contexte, faute de mieux.

Donc on n’analyse jamais un systèmes de transport sans tenir en compte le poids énergétique de l’infrastructure qui va avec. Si l’on fait rouler des véhicules moins lourds et moins rapides, et que des véhicules moins lourds et moins rapides, même pour le livraison et le transport à distance, on a beaucoup, beaucoup moins besoin de renforcer la chaussée. L’échelle des forces induites par les véhicules lourds est logarithmique, calculée « par essieu ». Et heures passées sur la route, kilomètres parcourus – plus on diminue les distances parcourues, plus on localise le trafic, moins on a de temps sur la route, quels trajets sont favorisés par tel ou tel projet d’infrastructure ?

Quelles sont les implications pour les embouteillages, les encombrements et la perte de temps et de carburant impliqués ? De nouveau, limiter les distances parcourues réduit mathématiquement l’empreinte écologique. Réduire les poids et les forces subies permet, très probablement, de végétaliser les routes et de les rendre beaucoup moins létales pour les animaux et les humains qui les fréquentent – moins dangereuses. Il y aura moins d’insectes écrasées sur le pare-brise, par exemple, si la vitesse moyenne tourne autour de 25kmh.

Toutes ces facteurs sont, je crois, écologiquement valides comme outils d’analyse. Si les journalistes ne connaissent pas encore les chiffres, cela reste à eux de les promulguer – les sigles, c’est à eux de les faire entrer dans le langage.

Pourquoi pas citer l’indice d’efficacité énergétique d’un mode de transport, pour permettre à celui qui écoute de pouvoir comparer celui-ci contre un autre ? On ne fait pas une analyse des nouveaux véhicules sans tenir en compte ce facteur « poids-vitesse-distance parcourue ». On ne devrait pas parler de véhicules de manière séparée de l’infrastructure qui leur est nécessaire – c’est la moitié du coût énergétique.

J’observe des vélos de plus en plus sveltes et bien dessinés, d’autant plus qu’ils sont presque tous neufs. Cela me fait penser au culte de la voiture, de la mobylette, de la moto, de la vitesse, lorsqu’on était dans l’âge de la voiture – de sa « performance ». Là, c’est définitivement le culte du vélo assisté. Ce transfert d’affect me paraît dangereux, puisque dans le fond il ne change pas le syndrome, l’idée, vaguement dessiné, dans la tête de toutes ces générations d’amateurs de la mécanique, est peut-être qu’ils peuvent continuer de faire leur truc. Mais en réalité, nous avons besoin surtout de techniciens de la bio-ingénierie, que l’on peut appeler, plus prosaïquement, le jardinage – et tout ce qui va avec.

Le public pollue

Je viens de lire dans Le Monde d’aujourd’hui, entre les reportages franchement catastrophistes sur le réchauffement climatique, une phrase fantastique :

« pour les arts visuels au niveau mondial, 74 % des émissions viennent des déplacements des visiteurs. »

Le titre de l’article est « Le public pollueur, un tabou »

Cela ne pourrait pas plus clairement illustrer comment il faut s’y prendre – à celui qui est cohérent avec lui-même de jeter la première pierre, …

Cela met bien le doigt sur notre manière de contourner nos propres responsabilités, le fait que c’est nous, finalement, qui détruisons le monde. Donc ce modèle de la culture qui attise les flammes de la consommation en favorisant le tourisme de partout dans le monde, transporté par les moyens les plus chers, écologiquement, il est tout simplement incohérent. Comment faire pour réunir les gens autour d’un événement culturel, s’il est évident que leurs mouvements ne font pas de sens, écologiquement ? Et tout ce beau monde se tait, et fait des petits gestes.

Je propose (et je pratique) de créer des œuvres qui s’intègrent à des environnements qui ne sont accessibles qu’à pied ou à vélo. Surtout des pans de mur – un peu comme les tapisseries, par exemple. Ou bien de créer des circuits des festivals à pied, à vélo, à cheval quand il y a un vrai esprit de mouton parmi leurs invités, appelés souvent « les experts » - mais experts en quoi, s’ils ne disent pas l’indicible ? Il restera indicible.

Dans mon émission sur le nomadisme (le No.3) j’ai abordé cette question, j’ai rajouté le thème de « Voyages Lents », en partie parce que j’ai assisté au Festival du Voyage Lent au Caylar cet été. J’ai résister à en parler par auto-censure, en partie, ce que je pouvais dire sur ce que j’ai vu était tellement peu flatteur que je craignais d’être perçu comme un plaintif. Il y avait des voyageurs de plusieurs pays, des écrivains et des cinéastes – les conférenciers – et ceux qui avaient assez d’argent pour se payer le voyage en voiture pour venir y participer. C’était un genre, à vrai dire. Entre le voyage lent et le pays parcouru il y avait une sorte de cloison. Le » style de vie de ces gens n’avait visiblement rien à voir avec les exigences de l’écologie, et cependant, tout était présenté sous cette guise. Une sorte d’effet trickle-down, où par contagion les ploucs allaient pouvoir être des aventuriers comme les auto-héros du voyage lent se dessinait.

Inaction climatique

Cela veut dire que les tabous ont tué le sujet, jusqu’à là – où jusqu’à il y a deux ans, un an. C’est important de le constater – les journalistes ont du mal à faire cavalier seul. Un expert, c’est quoi, s’il se réduit à son champs d’expertise ? Il est comme un syndicaliste qui ne peut parler que si lui-même il est concerné – il demande des augmentations de salaire pour lui et ses potes, il ne sort plus de sa singularité, de sa réductionnisme.

Un autre sujet qui mérite d’être pris en main par le journalisme, avec le but de le faire rentrer dans la culture, dans notre monde du compréhensible, c’est la présentation scientifique de la nouvelle technologie d’immersion numérique, ou de substitution numérique ? Je traiterai de ce sujet dans l’émission d’ici deux semaines « réalité somatique ». La pensée mécaniste, l’échelle industrielle, la poursuite de vitesse et de distance, servent surtout à détourner notre regard de cette réalité psycho-socio-somatique – de notre vie sur terre. Mais dans ce cas, on oublie de penser à nous-mêmes.

Tout en pensant surtout à nous-mêmes, mais à travers des filtres d’analyse faussées. Je m’émerveille des panneaux indicateurs routiers – qui sont grossièrement simplistes – est-ce le progrès, ou est-ce qu’on devient idiot lorsqu’on roule trop vite ? Depuis que l’industrie existe, les lamentations sur ses effets délétères se vocifèrent. Aujourd’hui, on vit les prophéties d’Armageddon, situation très inconfortable pour les progressistes et les dévéloppementalistes d’hier.

Mais ce qui est intéressant, c’est qu’à l’inverse des prophéties, nous ne solutionnerons pas ces problèmes par l’éradication de la modernité et la régression à un état antérieur, considéré à tous égards primitif. Il est difficile de penser que, la génie de la communication à distance par portable, des assemblages sociaux composés par les machines, des calculs des algorithmes et des découvertes scientifiques, peut être persuadée à rentrer de nouveau dans sa lampe.

C’est l’innocence perdue. Mais cela veut dire que nous devons faire avec cette connaissance, ces nouveaux savoirs-faire. Il serait futile d’accuser les écolos de vouloir revenir à l’état d’avant – ils ne savent même pas ce que c’était.

Mais l’avant, ce n’est plus l’avant d’avant. C’est bel et bien l’époque industrielle – c’est cela qui est intéressant – l’industriel tel qu’il a existé est très démodé aujourd’hui. On se méfie très clairement des produits chimiques. On se croit enchaîné, bon gré, mal gré, à la machine industrielle, en état de dépendance, d’assistance. On cherche à s’en libérer, tout en manifestant une méfiance du naturel et en n’ayant aucune confiance en soi, dans ce contexte-là.

Et c’est un processus de désabusement qui a été d’autant plus rapide avec les télécommunications, les médias et les ordinateurs, auxquels il a suffit de quelques décennies pour qu’on devienne allergique.

Si c’était la boîte de Pandore, le plus important maintenant n’est pas de fermer la boîte mais d’accommoder ce qui en est sorti à nos vies – d’atteler la bête.

C’est amusant, on parle de bêtes – alors que ce sont des animaux, on parle d’animaux domestiques et/ou dociles et d’animaux sauvages – alors que les animaux sauvages sont loin d’être sauvages et les animaux domestiques sont souvent bêtes.

Ne serait-ce pas nous qui sont devenus sauvages et intraitables, de par les animaux ? Il y en a quand même beaucoup qui nous ont fuit, et si c’était par leur choix, définitivement désabusés de nous. Mais la fuite ne marche pas, face à un espèce tout-envahissant comme nous, et justement, des animaux comme des rats, des plantes comme l’ortie et la ronce, et nombreux parasites et virus sont les mieux adaptés, maintenant, à notre présence. Nous ne sommes pas gentils avec eux, eux non plus avec nous, notre sauvagerie et leur sauvagerie se rencontrent, mais c’est nous les plus sauvages et ils ne font que profiter de nos mérites – à leurs yeux.

Par rapport à l’industrie, elle doit être le plus indomptable et sauvage des bêtes, puisqu’elle est actuellement hors contrôle humain – visiblement – les plus saugrenus d’entre nous se trouvent dans les positions clés de pouvoir, mais ne sont pas puissants sans assistance industrielle.

Qu’est-ce que peut faire l’industrie pour nous réunir ? Visiblement, elle fait l’inverse – elle fait que nous nous sentons impuissants, incapables de contrôler notre destin.