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mardi 25 avril 2023

Pépinière / Fourmilière – présentation



Pépinière

L'idée est née à la suite de la découverte d'une pépinière abandonnée aux abords du Parc Montcalm. On s’est dit que ce serait un endroit idéal pour produire des plants à semer et stocker des matériaux à distribuer pour le reverdissement de la ville.

Le but est d'encourager la création et la définition d'espaces de libre échange et d'association sur la métropole, avec des circuits réguliers entre ces espaces, servant à fournir et à transformer des matériaux naturels locaux, à créer des lieux de stockage, d'auto-apprentissage et d'essaimage.

Pour l’aspect pépinière, il s’agit de créer un espace collectif qui se veut un modèle favorisant l’interactivité de l’ensemble d’acteurs, tels les participants aux jardins partagés et familiaux, les associations à vocation sociale ou alimentaire et, surtout, chaque personne.



Fourmilière

L'appellation fourmilière se réfère au système d'errance des fourmis autour des nids. La société civile peut ainsi participer à l'effort collectif de « paysagisme urbain », de manière directe et pratique.

On commence à créer des circuits hebdomadaires, à vélo, à pied, qui apportent de l'énergie humaine, des savoir-faire, des matériaux. L’objet est un bilan écologique vastement réduit en énergie (sans essence) et en faveur du vivant.

Le contexte immédiat, c'est la crise de l'eau et la sécheresse qui s'approchent de nous. Nous proposons d'agir :

  • en installant des milieux de vie et de restauration situés auprès de jardins accueillants, avec des bassins, et des endroits frais,

  • en organisant la présence périodique d'équipes mobiles, à pied et à vélo, formées pour accomplir ces tâches,

  • en fournissant des espaces de stockage pour les matières premières qui nous permettent de reverdir la ville,

  • en accumulant et en distribuant des matières vertes (bois, brindilles, tonte de haies et de gazon, différents types de terre, marc de café, drêche...) et de matériaux utiles aux jardins (cendre, pierre, verre pour serre, fumier…),

  • en construisant des espaces communs d'apprentissage, avec échange de savoirs, d'idées, d'expériences et de techniques.

L'intention est de tout faire à l'échelle humaine, sans recours aux moyens industriels, pour nous resituer dans et avec le monde naturel.



Pépinière / Fourmilière – références

Nous serions très heureux de votre participation à ce projet de bonne augure, laissez-nous un petit mot, des idées ou des contributions, si vous le sentez, ci-dessous, avec vos coordonnées ....



Contactez-nous pour échanger sur le projet pépinière-fourmilière …

par mail : inecodyn@singularity.fr 

en présentiel : au jardin partagé de Père Bonnet (mercredis et dimanches 16h) et le lundi 13-14h à l'université Paul Valéry (bâtiment H / amphi 4 ou devant la BU)



Liens à suivre …

Pépinière : https://www.cv09.toile-libre.org/ecowiki/index.php?title=P%C3%A9pini%C3%A8re

Crise hydrique : https://www.cv09.toile-libre.org/ecowiki/index.php?title=Crise_hydrique

Cadastre : https://www.cadastre.gouv.fr Montpellier : Feuille 00 01, parcelles 237, 68

Version imprimable : https://www.cv09.toile-libre.org/intxt/cours/pepfour.pdf

mercredi 12 avril 2023

cours alternatifs - introduction

Cette section contient des propositions de sujets de discussion pour alimenter le débat. Les cours se veulent assez ouverts, selon qui assiste et combien nous sommes. L'écowiki qui se trouve sur ce site contient plusieurs pages éditables de propositions, auxquelles on peut rajouter les siennes.

"Stratégie écologique et sociale" parce que nous sommes frappés à la fois par des contraintes et des dangers qui résultent de notre ineptitude écologique, et que ces événements sont refletés dans nos comportements sociaux.

Curieusement, il y a assez peu de débat ssur les sujets vraiment tranchants et sensibles. S'il nous faut abandonner la voiture privée et surtout les routes qui vont avec, je fais des propositions concrètes pour remplacer ce modèle. Par rapport à la sécheresse et le désert rural, aussi.

Le sujet brûlant devient celui de l'intelligence artificielle. On est bien loin de l'époque où l'expert humain était la voix de l'autorité - les paroles du prof sont maintenant vérifiés sur internet. Etre humain devient même une problématique. Dans ces cours, on tente de proposer des solutions qui réintègrent le pouvoir de décision et d'action humaines à l'affaire. Est-ce que notre pouvoir organisationnel est en train d'être remplacé par des machines, ou est-ce que c'est déjà le cas, et depuis quand ? Est-ce que la motivation des gens pour aborder les questions qui comptent est sapé par cette conscience d'infériorité, ou d'inutilité ?Ce sont des questions qui sont plusque jamais importantes, parce qu'elles impliquent un refonte de ce que cela signifie, être humain, et elles posent aussi la question d'une potentielle amoindrissement de nos capacités, faute de motivation - à quoi bon jouer aux échecs si l'on sait qu'on va toujours être battu par des machines ? A quoi sert s'entrainer pour avoir une bonne forme physique, si toutes les utilisations de ce corps sont déjà prises en charge par des machines ?

dimanche 9 avril 2023

manif col couleurs colonne
manif col, couleurs colonne

Zones Rouges

La Guerre des couleurs

expérience de pensée

J’invente un pays. Appelons-le Orange.

Zone Rouge, zone verte.

Sur le Front, les zones rouges sont les endroits où l’Ennemi menace de percer. On y verse toutes ses ressources, quoi qu’il en coûte.

Cela devient une Guerre d’Attrition. On y broie des hommes et des machines.

Les zones vertes sont celles où l’adversaire ne menace pas. Elles sont ignorées.



Les femmes, les enfants, les infirmes, les vieillards, les apeurés, sont de simple chair à missile, qui sert à enrager les hommes sur le Front. La haine règne. Cela fait même partie de la stratégie.

La cruauté. La brutalité. L’indifférence.



Aux Armes, Citoyens du Monde !

Guerre Absolue, mais avec un tourniquet que l’on réajuste, de temps en temps, dans des Capitales lointaines, chez celles qui tiennent le doigt sur la détente de l’injecteur d’armes.

Celles-ci s’appellent les Grandes Puissances. Elles ont la capacité de créer les biens de consommation et de les détruire.

La Guerre d’Attrition est en vrai une Guerre de Désuétude Programmée. Ce sont des machines, et des humains, qui sont programmés à s’autodétruire.

La Guerre de couleurs fait que le Code de la Guerre soit facilement lisible.

Au feu : Rouge, Orange, vert.

Alerte Rouge, pays Orange, circulez, rien à voir, vert.

Le vert est évidemment le paysage, la Nature, l’écosystème.
C’est nous.



Tous les biens de consommation sont devenus des armes et toutes les armes se dirigent vers Orange, et Orange les consomme.

Diligemment. Prodigieusement.

Qu’en eût-il fallu pour inventer ce scénario ?



mercredi 5 avril 2023

red cross logistics terremoto
red cross logistics, terremoto

conducteur

Je suis venu à Montpellier, en janvier, il y a trois mois, pour trouver des alliés, pour créer ensemble les infrastructures écologiques de demain. Je dois dire que l’expérience a été très riche et que Montpellier me paraît être une ville qui pourrait casser le moule, si sa population s’y engageait.

Avant, j’étais en Ariège – 15 ans, depuis 2008 – et à Toulouse. J’ai poursuivi une expérience d’immersion écologique rigoureuse pendant environ dix ans, où je faisais à vélo le tour des marchés en Ariège, Saint Girons, Foix, Montbrun Bocage, 120km, chaque semaine. Je vivais strictement sans argent et sans essence, pour ne pas fausser cette expérience, mais pas du tout en autarcie – je faisais des espaces de partage – des espaces de gratuité et d’échange, sur les trois marchés, je créais des jardins dans chaque endroit, je glanais au bord des routes.

Le but était d’appliquer strictement la logique de l’écologie, dans la société réelle – de réduire mon empreinte carbone à moins d’une tonne par an, contre les 7 tonnes en moyenne des français, ou le 12 tonnes en moyenne à la campagne française. Comme cela, je pouvais parler de ce que j’ai réellement fait et cela pourrait servir, pensais-je, à gagner du temps pour tous, lorsque le moment venu, on commençait à avoir la volonté d’agir vraiment. C’est la phase transmission dans laquelle je suis engagé, maintenant. Vous pouvez noter le site web sur lequel j’ai mis mes expériences et mes réflexions – www.cv09.toile-libre.org .

Il faut se mettre à la place des animaux et des plantes, face à notre civilisation tout-envahissante, qui a pris pour habitude de casser le sol chaque année, de remoudre la terre, sans jamais la laisser quiète. Je l’ai fait. J’ai vécu, exposé, la où les murailles d’isolation sonique et les maisons cessent, là où les arbres poussent, là où les animaux broutent, au bord des routes, le charnier de ce triste festin auquel ils assistent, là où des milliards d’insectes perdent leur vie contre les pare-brises des voitures. C’est la terreur, tout simplement. Les décibels de cette énergie débordante sont insupportables.

Montpellier

Montpellier est l’une des premières villes à adopter des techniques de l’industrie verte, on peut mentionner les tramways et les composteurs, mais aussi le broyage des déchets verts, les incinérateurs et, sans doute, la méthanisation.

Pourquoi ? D’un côté, à visée électorale – une véritable stratégie écologique et sociale toucherait aux intérêts de tout le monde et il transformerait l’articulation du pouvoir. De l’autre côté, la plupart des groupes qui décident aujourd’hui sont des produits de l’épopée industrielle, ils défendent leur gain-pain.

On peut se centrer sur les terrains vagues et lotissements vacants qui attendent d’être développés, souvent des années. Lorsqu’on calcule l’empreinte écologique de ces endroits, on peut observer que ces travaux et chantiers divers occupent une bonne partie de la métropole. Lorsqu’on regarde la conjoncture écologique, et l’urgence d’agir, ces logiques de redéveloppent vert ne peuvent pas tenir, en toute logique. On réduit d’une bonne moitié, ce n’est pas suffisant. Juste l’entretien des réseaux actuels coûte plus qu’une tonne de carbone. L’empreinte énergétique de ces investissements en infrastructure industrielle mais économe est tout en amont, les retours, en économie d’énergie, peuvent éventuellement s’attendre à des décennies dans le futur. Mais la réalité, elle est que les changements climatiques déjà en cours risquent de déstabiliser nos vies de manière si profonde que toutes ces conjectures sont vaines.

Il faut agir maintenant. Mais comment ? C’est un monde inconnu, profondément transformé, qui nous attend. D’abord, il faut y croire, à la possibilité de pouvoir agir en conséquence de ces enjeux.

Les téléphones portables, dans leur ubiquité, ont pris tout le monde au dépourvu. Peu à peu, tout le monde s’est mis à les utiliser. Cela a fait un effet de pédagogie en boule de neige. La grand-mère a demandé à sa petite fille comment faire. Les gens se sont envoyés des smileys d’essai. Tic-toc est arrivé. Etc. Etc.

Il est donc possible de transformer une société en peu de temps, par un effet d’auto-apprentissage mutuel. Maintenant, il nous faut faire de la retro-ingénierie de ces techniques vers le vivant, d’utiliser nos techniques pour nous ré-immiscer dans le monde physique tangible, autour de nous. Ce n’est pas rien, mais c’est faisable. C’est ce que je propose.

Je propose de recréer un monde digne de nous, où il fait bon vivre. Plus besoin de s’enfuir dans un téléphone, ou un vidéo. Nos yeux s’appliquent de nouveau à nos environs, avec intérêt, avec engagement. Métro-dodo-boulot devient un chemin de découverte. Par exemple, sur un circuit de marchés ruraux, on peut faire trois jours sur le chemin, logés-nourris sur place, laissant trois jours à occuper dans un endroit statique où sur un chantier et un jour de récupération. Lorsqu’on marche, ou on fait du vélo, ce n’est pas la durée qui compte, c’est l’exercice. C’est comme faire deux petits marathons ou deux matches de foot par semaine.

Les implications en termes d’infrastructure, ce sont qu’il faut plus, beaucoup plus, de petits lieux de stockage stratégiquement placés, des gîtes de passage qui sont aussi des jardins, et des espaces de partage et d’échange sur les marchés. Rappelons-nous que la biodiversité se trouve sur toute la surface de la France. Les populations urbaines, dangereusement denses, doivent réinvestir le paysage sans le périurbaniser. S’ils ne le font pas, la désertification continuera. Désertification signifie « absence de vie ». Biodiversité signifie « présence de vie » . J’espère que c’est clair. C’est nous, la vie, aussi. Si nos méthodes industrielles détruisent la vie, pour la reconstituer, le pari est déjà perdu. Cela requiert énormément d’énergie – trop d’énergie – et ça nous tue. Pas juste quelques uns, mais des vastes populations.

mardi 4 avril 2023

top model jonction graf
top model, jonction graf

Stratégie écologique et sociale

libertés, auto-organisation de la base, prise-en-charge écologique face aux événements extrêmes (canicule, sécheresse)

La commisération

Littéralement. C’est une bonne méthode pour être en empathie avec son prochain. De partager son sort, d’être frères et sœurs, d’être solidaires.

Les visioconférences, pendant et après le confinement du covid, ont massivement accentué l’entre-soi et le pouvoir des chefs, des petits dictateurs et groupes régnants.

Le résultat – un organigramme qui cherche un état stable et hiérarchique. C’est la Guerre des Assocs. Tandis qu’une société en bonne santé laisse courir les bruits sans tuer le messager, elle accommode le marginal.

Il est urgent de défaire l’emprise sociale du numérique, qui est maintenant en train d’imposer ses normes sociales virtuelles sur le monde social de nous tous, entre nous.

On aurait du mieux anticiper ce phénomène, c’était si évident que les groupes sociaux termineraient par nous faire internaliser leurs normes. D’un irritant, ces modes sont devenues des thèmes dominants.

Le numérique est distinct surtout dans son envergure, tout comme l’époque moderne, dans sa puissance de frappe, puissance 10, 100, 1000 fois plus que ce que peut réaliser un humain physique seul, ou même en groupe. Même un géant est minuscule, face à cela.

Circuits

Circuits de Juges. Pour éviter la corruption. Cela date du Moyen Age. La corruption étant le localisme, la main-mise de l’élite locale, sur la loi du royaume.

L’auto-organisation de la société, selon des critères écologiques et sociales très concrets, n’est autre que la prise en charge écologique de notre destin, face aux extrêmes. Chaque lutte ou conflit social doit être mené selon des normes écologiques, pour réussir. Sinon, on nous amène dans cet énorme aspirateur ou incinérateur énergétique qui fait que seulement le plus fort, le plus puissant, gagne – la société de destruction mutuellement assurée. Il est absolument sûr que des tactiques et des stratégies qui demandent énormément d’énergie, pour des résultats souvent purement promotionnels – qui visent la média surtout, tels des occupations, des blocus et des grèves, peuvent faire perdre la bataille, s’il n’y a pas en même temps des propositions concrètes de faire autrement qu’avec l’industriel.

Figurons-nous que la bataille est déjà bien lancée. Les augmentations de budgets de « défense » augmentent fortement, et ceci pour des années à venir. La défense. L’attaque. Sans parler des millions de cadenas, de clôtures, de murailles de Chine qui font éruption partout. La consommation atteint ainsi un nouveau zénith. Sur le front industriel, de nouvelles infrastructures promettent de nouvelles dépenses, de nouveaux excès de consommation d’énergie. Il est légitime de chercher une porte de sortie de cet état d’affaires, qui termine par polluer tout débat.

Il y a un étroit liaison entre la liberté de mouvement, la liberté d'association et l'écologie. La nature s’organise sans chefs, du bas. Les humains, dans leurs sociétés, pareil. On dit que l’humain est notable pour son adaptabilité, pas pour sa prouesse physique, dans un domaine ou autre. Cependant, il est l’un des animaux les plus redoutable en termes d’endurance et de déplacement. Et en effet, on constate que la société humaine ne pourrait se constituer que si les gens se déplacent et se rencontrent.

L’une des absurdités de la société moderne, c’est que tout en augmentant la vélocité et les distances dévalées par nos bolides diverses, tout en transformant nos communications à distance, nous n’avons pas réussi à améliorer, au même niveau, la qualité de nos vies sociales, ni la qualité de l’environnement dans lequel nous vivons. D’aucuns diraient que si, d’autres que non, sur ces points-là, mais on est structurellement déficitaire, c’est pour dire que l’on vit sur du temps emprunté. Le passé est éternelle, mais l’avenir est fini, et de plus en plus, pour tous.

Lorsqu'on parle de la nature, avec tous les doutes sur ce que peut bien vouloir dire ce mot, on se réfère à la capacité auto-organisatrice de la vie.

C'est-à-dire sa liberté … de s'organiser – même si l'on a du mal à savoir comment !

Il serait bien temps que nous nous adressions à notre propre « nature », qui n’est pas abstraite, ni séparée des autres vies.

Par rapport à la démocratie, un mot porte-manteau, on peut cependant être d'accord que c'est chaque voix qui compte, que c'est la base démographique (le peuple souverain) qui autorise l'action. On est dans le même scénario qu'avec la nature. On s'auto-construit en corps politique – ou en plusieurs corps politiques.

Ici, il est proposé que les mécanismes élémentaires constitutifs peuvent également être réduits à cette liberté de mouvement et donc d'association des corps constituant le corps politique, sous-entendu, singulier ou pluriel.

La liberté qui compte, c'est la liberté des autres

Ce concept est particulièrement difficile à saisir. Instinctivement, on pense le contraire, que c’est ma propre liberté qui me concerne, ou celle de ma famille, mon groupe social ou ma nation. On a donc utilisé, de plus en plus le mot « autonomie » et, malgré les tentatives de traduction en français, d’« empowerment » pour décrire des états où soi-même, on est libre parce que bien imbriqué dans le monde des autres. On est resté avec cette même ambiguïté – ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre – mais pas du tout ! Ma liberté commence grâce à l’accompagnement de l’autre. Elle se réduit à peau de chagrin lorsque je suis tout seul.

« Dans la nature », l'existence d'autrui est même le fondement de sa propre vie. La liberté individuelle ne peut être illimitée, elle doit prendre en compte l'environnement social et physique, ce qu'on appelle l'écosystème en écologie.

C'est complémentaire, une question de fédération, de binômes, tandems ou couples, de corrélations et de coexistence. Il y a un pléthore de mots qui représentent des tentatives de cerner ces concepts de collectif, de communauté de destin, de coopérations volontaires et involontaires.

Mais il faut aller plus loin dans l’analogie. Le monde vivant est fait de telle manière que même où il y a des conflits d’intérêt directs ou indirects, entre individus ou populations entières, il fonctionne. Les excréments d’un système deviennent les intrants d’un autre. On jette avec insouciance, un autre s’en charge. L’individualité de chaque vie, sa reproductibilité, permettent d’assurer la résurgence des écosystèmes, sous une infinie de formes, même après des événements extrêmes.

Propriété

Seul contre tous, donc, le concept de propriété, aussi absolue et définitive que possible, est né, pour de fait mettre fin à cette complexité, figer cette discussion interminable mais nécessaire sous un seul aspect. La propriété ou l'argent rend libre, c'est un peu cela l 'idée derrière les murs de ces forteresses de consommation.

Avec la propriété naît la possibilité de vol et de violence objectifiée. On reconnaît objectivement qu'il faut des forces de sécurité, de maintenance de la paix.

« Je fais ce que je veux chez moi » est une idée aussi profondément enracinée dans les classes populaires que dans la psychologie bourgeoise. L'élite ne peut pas prétendre qu'elle s'occupe seulement de ses affaires, puisqu'elle s'occupe beaucoup des affaires des autres. Cependant, on peut très bien se faire élire en prétendant représenter les classes de ceux de qui l’ambition est de « faire ce qu'ils veulent chez eux », puisque rien n'interdit, dans la démocratie, le victoire d'une coalition de gens qui veulent qu'on leur « foute la paix ».

Voies privées, voix publiques

Il existe d'autres solutions, qui accommodent toutes les libertés, qui reconnaissent l'entre-nous et qui sont beaucoup plus proches de la réalité existentielle que le simple droit à la propriété.

La Voie Publique en est clairement une. Typiquement, les valeurs de la propriété privée tendent à éliminer ces voies, à bloquer et à réserver de vastes surfaces. Seulement les ayants droits peuvent dans ce cas avoir accès à la propriété, et on peut être pardonné si on assimile l'expression "ayant droit" à l'expression "propriétaire", puisque, dans la réalité, c'est la propriété qui donne le droit.

C'est avec fréquence maintenant que l'on forme une hiérarchie de droits qui se relient étroitement aux biens que l'on possède. La sensation de désolidarisation sociale est notable. Il y a plusieurs d’entre nous qui peuvent à peine affirmer qu’ils se sentent bienveillants envers les autres. On se réunit bien plus souvent contre un ennemi imaginé ou réel, qu’à faveur d’un idéal partagé.

mercredi 5 avril 2023

painless pony repiqués
painless pony, repiqués

atmosphère

On a des groupes cloisonnés. On resserre les liens. C’est l’esprit du moment. C’est, en grande partie, dû à la grève et aux actions associées. Les gens peuvent être brutalisés, ou excités, émotifs, épuisés, saouls, … à cause des nuits blanches ou expériences intenses, nouvelles peut-être ?

En tous cas, chaque lieu que je visite est dépeuplé, mais les plus soudés, personnellement, maintiennent bien le contact, se visitent, s’épuisent ensemble – strike burnout – pour inventer un anglicisme. Marre de l’inconnu, marre de calculer l’autre.

On peut le voir comme un diagramme, une salle ou wagon de train, cloisonné comme dans un hôpital, avec un couloir tout le long. Il faut sortir de sa chambre dans le couloir et rentrer dans une autre. Qui le fait ?

Où sont les endroits de libre association et de mixité ? Sûrement pas dans les lieux que je visite. Un CA, c’est des vieux. Une AG, grosso modo, c’est des jeunes. Une maison, c’est des habitants et des familiers. Mais encore, qui aura droit à la parole, la libre parole ?

Celui qui accepte les contraintes en vigueur. Celui qui accepte les règles du « groupe social », qui terminent par pénétrer les vrais groupes sociaux. Tu fais toi-même. Les algorithmes sont dans le couloir. Ils guettent ta sortie. Ils régissent ton entrée dans le prochain car. Tu acceptes les intrusions, tu te domestiques.

C’est baisé d’avance. Tout mailing list a un administrateur. Tout administrateur est censeur – et il sait tout sur toi. Il est un algorithme intéressé.

Cela donne préférence au plus loin, parce qu’il est neutre – il s’en fout. Méfies-toi des amis ! Ils ne font pas la devise. Et tout ça, à la pelle. On le réussit trop bien. Seul, devant son écran, avec tous ses amis, pas méchants – parce que loin ! Une fenêtre sur le monde, sans jamais sortir du fond de sa cage.

Sinon on peut également parcourir la France, ou la globe, pour entretenir des liens, peut-être familiaux, dans le cas des binationaux. Le phénomène des deuxième résidences, pour la plupart du temps vides, va croissant. Les deux sont liés. Ce « jet set » passe éternellement par-dessus nos têtes.

Et l’effet ricochet, la rétro-ingénierie déjà en cours, le ré-algorithmisation de la vie, sans nous, qui n’avons que des règles, des règles cassées. Peut-on redevenir des êtres sociaux de vrai vie, c’est où le performatif ? Peut-être dans le concret, l’engagement physique direct, sans se fier aux apparences. Mais n’est-ce pas que la société numérique aura son mot à dire – une sorte d’intelligence collective qui nous dépasse ?

Une société qui s’attend à la défaite ne fait même plus société.