L’enjeu de ces réunions est surtout l’impression qu’elles donnent. Si le message est que cela avance, mais pas assez, mais plus que ce qu’on aurait pu craindre, cela sert à quoi ?
Peut-être à neutraliser les peurs, ce qui serait dommage.
thérapie de dissonance cognitive
Cela n’avance pas assez – c’est comme dire qu’on a été à deux buts de la victoire. Je traduis. On a perdu.
Si l’on a envie de présenter un échec comme une lueur d’espoir ou une demi-victoire, c’est sans doute pour des raisons politiques bien pesées.
Un manque de sérieux outrageux, cela pourrait donner lieu à des revendications qui sont populaires, difficiles à réfuter. Mieux vaut l’éviter – de là le besoin d’un peu de sérieux, mais pas trop.
Take Two
Et si l’enjeu de ces conférences était surtout dans le détail,
les propositions solides qu’elles faisaient avancer – ou pas ?
Je pense à l’allusion au 30 % de terres ou mers mis en
protection. Y inclus les parcs régionaux français. Cela me pose
problème – les parcs naturels français, c’est une foutaise de
gueule, au niveau de la biodiversité, il y a diversité de subventions et de sanctions, c'est sûr, mais c'est le labrinth du minotaur administratif, le soustrat de cette biodiversité. Il y a surtout une homogénéité d’intérêts politiques et économiques, et des hectares et des hectares de "prairies fleuries" (euphémisme de chez euphémisme).
Ce n’est pas gagné d’avance !
A+
mercredi 21 décembre 2022
Là, j’ai fait amalgame, par analogie. Ce n’est pas parce que
le système de parcs naturels en France est moitié pourri que les
réserves naturels partout, ou dans les océans, ce sera pourri
pareil. Contre l’historique du détournement des images – parc
naturel, cela invoque quand même quelque chose de plutôt positif à
l’égard de la nature, même si, dans les faits ce n’est pas ça
– on a le progrès des savoirs – ce qu’on pouvait prétendre,
en termes de mensonges grossières hier, on ne peut plus aujourd’hui.
Par exemple, racler le fond de l’océan, tout comme y aller à
fond avec des machines lourdes sur terre, on a identifié ce genre de
comportement comme aberrant aujourd’hui. C’est-à-dire, rouler
dessus et racler, avec des machines trop lourdes, ce n’est pas
écologique – que c’est même pas bien du tout. Avant, on n’en
parlait tout simplement pas, c’était des surfaces, le poids des
machines n’y était pour rien. Maintenant on constate que ce qu’on
a fait avec les champs, on est en train de faire avec l’extraction
du bois – des machines trop lourdes tuent le sous-sol. Plus de champignons, plus que de la poussière.
C’est la science et la technologie qui nous informent maintenant
de nos conneries scientifiques et technologiques. C’est ennuyeux
pour la société industrielle – il y a trop d’information qui leur est défavorable.
comment noyer le poisson
Attention, une métaphore peut en cacher une autre. Parfois la technoscience tranche de manière surprenante. Les radicaux libres
sont détruits, pas mal, par la pollution, et quand il y en a moins,
le taux de méthane dans l’atmosphère est supérieur. Le méthane
est un gaz plusieurs fois plus grave, pour ses effets de serre, que
le dioxyde de carbone. On n'a qu'à cracher des particules fines, pour préserver le centre-ville, que les campagnes respirent le méthane ! (a dit Marie-Antoinette)
Intéressant. Quelle est notre solution ? Hypothèse – plus
les terres sont chamboulées, plus elles dégagent du méthane. Faut
les laisser tranquilles un peu. Plus les terres s’assèchent pour
ensuite se mouiller, avec des températures plus élevées, plus
elles dégagent du méthane.
Problème émergeant. Il y a des questions qui tournent en rond,
un peu comme la question de qui vient en premier, la poule ou l’œuf,
mais avec la question du cadre logique dans lequel l’analyse est
fait, en plus. Bien sûr que dans le monde réel, chacun de ces
éléments peut être pluriel.
Bernard Stiegler, dommage qu'il est mort prématurement.
J’ai pu noter que lors des attaques contre la technologisation
du secteur médical, on a soutenu l’humain, bien sûr, y inclus les
médecins généralistes. On a utilisé l’exemple des soins
apportés par des paramédicaux ou des simples aides-soignants pour
appuyer la thèse. Mais je pense que beaucoup d’entre nous, ayant
été exposés à l’arbitrarité tyrannique des soins apportés par
des humains, dans des positions de pouvoir relativement absolu,
préféreraient d’être soignés par des machines et des
algorithmes, tout comme ils préfèrent l’anonymat de l’argent et
des aides d’état.
Comme il se passe fréquemment dans ce genre d'affaire, les gens aspirent et ils lorgnent, mais c'est pour les bons vieux temps qui ne reviendront jamais. Dans les faits, ce n'est pas comme ça qu'ils feront. S'il y a une crise d'autorité, de telle manière que dès que l'on se trouve tout seul dans une chambre avec un professionnel, on se sent comme une proie à l'abus, on a envie de caméras cachés, chacun enregistre, son téléphone devient un genre de Big Brother.
Le grand remplacement de l'être humain, c'est les machines. Soigner les machines, cela devient un travail d'Hercules - plus du tout du temps pour les êtres humains, qui se représentent entre eux de plus en plus comme des boulets, des cas socs, les termes sont multiples et variés.
Je pense même que ce n’est que lorsqu’ils pensent à
l’intérêt qui les dépasse individuellement, tout en les incluant
comme membres de l’humanité, qu’ils seraient prêts à recréer
des réseaux vraiment humains.
Transport
C’est le nerf de la guerre. Je lis les propositions de réseau
action climat, allez hop, je vous donne l’url.
J’y vais au cœur du vrai débat, pas au sein du gouvernement,
mais aux tréfonds de la supposée opposition.
Ils ont l’audace de proposer un VRAI programme d’investissement
pour le transport.
J’y vois un GROS problème. Ils n’y connaissent rien à leur
sujet, ils n’y sont pas allés. Comment je le sais ? Parce que
si je vais à Rodez de Millau à vélo, ce qui est tout-à-fait faisable, en
une journée, j’aurai besoin de dormir et de manger à Rodez. Et
cela coûte un bras. Et dans leurs propositions, ils ne mentionnent
même pas comment je vais faire. Toujours le même refrain – lieux
de stockage, lieux d’hébergement, emploi utile, … on ne voyage
pas pour aller nulle part.
L’implication d’un transport à vélo qui vaille le nom, c’est
de mettre en place tout un réseau. Même de remplacer les voitures
par des vélos – c’est quand même logique, tu ne peux pas être
en voiture et à vélo simultanément, si tu utilises plus le vélo,
tu utilises moins la voiture, … D’où vient cette idée folle de pistes
cyclables – on pourrait utiliser les routes s'il n'y avait plus tellement de voitures ?
Le viol est un acte non-consensuel. Dès qu’il devient consensuel, il n’est plus un viol …
Les gens pensent par association. Ils sont « contre »
- ils feront tout pour que cela n’ait pas lieu. Ils sont pour, ils
feront tout le contraire.
L’écologie, tant qu’elle reste dans son sujet de la belle
nature, dans son rang, est bien vue. Lorsqu’elle menace le confort
et la facilité de nos vies, elle devient tout autre chose.
Jusqu’au point où « tu ne peux pas forcer / obliger
les gens à vivre comme ça » (sobrement) et « c’est
ton choix » deviennent les phrases les plus fréquentes qu’on
risque d’entendre si l’on propose des solutions écologiques
frugales.
Qui force qui ? Le dit « seuil de pauvreté »
dans un pays riche comme la France équivaut au salaire de vie d’un
membre de la classe moyenne ailleurs dans le monde. Si l’on se sent pauvre,
c’est bien parce que la vie de hyper-consommateur coûte cher,
n’accommode pas et n’est pas proportionnée aux besoins de la
terre nourricière.
Qui oblige qui ?
Il paraît que je brise le consensus social, pour ne pas dire l'omerta, en demandant cette question.
J’ai été assis sur le quai, momentanément, à regarder les
files de trafic qui descendaient et qui montaient du Causse de
Larzac. Des véhicules en continu, phares contre pare-choc. A cette
heure-là, beaucoup plus de descentes que de montées. Un vendredi
soir près de Noël. Les riches des Causses descendaient à Millau
pour la soirée de la parade de Noël. Je lance l’hypothèse qu’au
moins la moitié des gens qui vivent maintenant sur le Causse, à 300
ou 400 mètres de dénivelé, font la navette, chaque jour, dans
leurs voitures particulières, en ville. La ruralité la plus
désertique s’est assimilée au péri-urbain.
Et oui, il faut être riche pour vivre là-haut ! Et ce n’est
pas dans la beauté de la nature que l’on va trouver des
écologistes acquis à la cause de la sobriété énergétique –
ils risquent de perdre leurs boulots s’ils se mettent à
l’écologie, et sans boulot, pas de gazole pour aller faire ses
achats de base au bio-coop !
Ce qui peut paraître étonnant, c'est que chacun trouvera la raison pour laquelle dans son cas particulier, ce n'est pas le cas, ou que si c'est le cas, ce n'est pas par choix, etc. ... Mais dans ce cas, qu'est-ce qu'ils ont fait pour rendre plus défendable la vie vraiment écologique, là-haut ? Des chiffres, SVP ?
Les débats que j’ai l’habitude d’engendrer fatiguent les
gens, parce qu’ils sont ennuyeux, parce que l’« on sait
déjà » de quoi ça traite. Les gens pensent par association,
plus que par la logique directe de cause à effet. Ils apprécient
surtout que si l’écologie s’installe sérieusement, leur train
de vie luxueux risque de disparaître. Tandis que tant que cela reste un choix
individuel, cela ne menace personne. Des propositions structurelles,
par contre, menacent beaucoup de monde, sélectivement … les plus
nantis en premier. Sur les Causses, on s’y prépare aussi, en mode
« Survivaliste ».
Mes sujets de débat sélectionnent comme cible surtout ceux qui ont
un train de vie qui fait consommer beaucoup de combustible. C’est
le cas à la campagne, en dehors des villes de taille moyenne. C’est
le plus inconfortable des sujets. J’ai noté que ceux qui déploient
le plus leurs voitures sont ceux qui insistent le plus qu’on
éteigne les lumières – comme si l’un masquait l’autre !
Peut-être c’est une signe d’affinité tribale – la tribu de
propriétaires d’utilitaires surdimensionnés se reconnaît parce
qu’ils éteignent toujours les lumières dès qu'ils quittent la salle ?
cumulus
Il y a un effet multiplicateur, cumulatif, un peu comme le cumul des mandats pour les élus. Quand on dit que quelqu’un est riche, on ne dit pas qu’il vit à la campagne. Cependant, plus il est riche, plus il risque d’avoir un pied-à-terre en ville et une maison confortable avec jardin (ou même quelques hectares) à la campagne. Sans parler des vacances ailleurs, toutes, bien sûr, grâce aux véhicules privés. Ce sont ces gens, surtout, qui parlent de leur amour pour la nature. Des gens "hors sol".
Ceux qui vivent dans les villages autour de Millau sont, en
moyenne, plus riches que ceux qui vivent à Millau. Tout cela grâce
à la voiture – et à l’autoroute ! De telle manière que
cette campagne française est faite pour les riches, gouvernée et
dominée par et pour les riches.
Quand j’ai dit à quelqu’un qu’on est plus écolo en ville
qu’à la campagne, il m’a rit au nez. Pourtant, les chiffres
électoraux le disent, très clairement. Il m’a dit qu’il avait
en tête que bien sûr, les distances étant inférieures, qu’on
peut utiliser un vélo, en ville, que les villes, ce sont des
endroits pollués, industrialisés et improductifs en fruits et
légumes.
Précisément. En ville, il y a plein d’aménagements à faire,
des populations variées, avec beaucoup plus de pauvres travailleurs
et de jeunes, qui sont bien plus motivés à améliorer leur
environnement pourri qu’à la campagne. Il y a beaucoup plus à
gagner et moins à perdre en termes de confort et de facilité qu’à
la campagne. Le transport collectif contre les embouteillages. Le
potager ouvrier contre la zone industrielle et la friche, et ainsi de
suite.
À la campagne, par
contre … ça se voit que, avec le mixte de populations actuel et
les infrastructures routières des trente glorieuses, il n’y a
aucun ressenti, aucun intérêt, aucune motivation à changer le
modèle industriel existant. Les plus beaux villages de France
s’enchaînent, reliés par du goudron, du ciment et des métaux
rares.
Les changements que l’on cherche, donc, sont purement
cosmétiques, ils ne changent rien dans le fond. C’est pour cela
qu’on peut dire que la politique, à la campagne, est devenue une
affaire de droite, voir d’extrême-droite.
Ce sont, tout simplement, les populations qui ont le plus à
perdre dans cette affaire – les riches à la campagne. Ils sont
majoritaires, mais souvent par mille petites touches. Par exemple, la
Mairie de Toulouse, pendant le Covid, prenait l’habitude d’envoyer
des milliers d’enfants "défavorisés" à des colonies de vacances (entreprises "zombies"), dans divers
départements autour de cette grande ville, comme l’Ariège.
Ce n’étaient pas des résidents, mais des vacanciers.
Cependant, cela influe, et très largement, sur l’économie locale,
et on ne peut pas nier leur présence. Le concept administratif de
« résidence » est très pratique lorsqu’on veut flouer
les perceptions de qui est le vrai influenceur, lobbyiste ou
décisionnaire. Le Maire de Toulouse a été, dans la même période,
sollicité, à titre personnel, pour conduire une enquête, plutôt positive, sur l’urbanisation radicale
d’une commune rurale voisine.
Ce genre
d’exemple vaut pour le gros des gîtes ruraux, campings, hôtels,
restaurants, stages, sports d’hiver et d’été qui font partie de
l’économie locale. Cela se passe beaucoup dans le sud de la
France. L’élite urbaine prend bien des décisions qui impactent la
campagne autour, a bien des liens étendus avec l’élite rurale,
jusqu’à en être inséparable.
Jusqu’au point où la ruralité devient un vaste terrain de jeu
pour les populations urbaines, et dans le cas français, pour les
touristes qui viennent des autres régions, pays et hémisphères de
la terre. C'est tout un modèle économique et social qui est menacé par l'écologie, la vraie.
Bien sûr que c’est le transport qui prend tout ce qui est
écologique à la campagne en otage, dans ce cas. Les conditions
d’accessibilité sont déterminantes. Et voilà que l'exploitation forestière avec des machines lourdes va bientôt réduire, par son poids, la biodiversité, jusqu'aux sommets, comme elle l'a déjà fait avec les champs.
Ce « cumul de mandats » n’existe que grâce à nos
moyens de transport et de communication, à vrai dire. Sans voitures et mobilhomes,
sans machines agricoles, sans camions-citernes, sans routes calibrées
pour ces grosses véhicules, il y aurait beaucoup plus de pauvres et
beaucoup plus de potagers. L’économie locale redeviendrait locale.
Et l’argent-essence serait menacé dans son pouvoir réel.
C’est un autre point de désaccord profond entre moi et tous les
gens que je rencontre à la campagne, presque sans exception. Ils
essayent de mettre le doigt sur les super-riches et les
gouvernements. Moi, je mets le doigt sur eux – ils me paraissent
déjà super-riches lorsqu’ils ont un salaire moyen.
S’ils choisissent de tout cramer en frais de voiture, ou à passer des années à « retaper la vieille grange » avec des outils de 21iême siècle, c’est leur décision, au singulier et au collectif. D’ailleurs, le choix qui a été fait d’investir dans toutes ces machines et ces industries, c’est devenue une contrainte évidente sur les pauvres de ce monde, qui sont obligés de payer les frais d’accès à des systèmes et des infrastructures qui donnent préférence aux riches.
Sinon, ils sont géographiquement exclus. Interdits de voyager, par pays entier.
Et on le sait, tout le monde ne peut pas être riche comme ça. Même personne. Des micro-états richissimes, entourés de déserts absolus, producteurs de désertification par le gaz, cela va bien plus loin que le symbolique, c'est du réel.
Je me trouve du mauvais côté de la barrière, de la frontière de nouveau – je reviens aux paroles curieuses que j’entends tout le temps lorsque je propose des mesures raisonnées de réduction de nos dépens énergétiques dans le transport rural. « Tu peux pas forcer les gens », « tu ne peux pas les obliger ».
Je propose quelque chose, et on interprète que je l’impose, mais qu’est-ce qui se passe ?!
On aura interpreté une injonction morale comme si c'était une contrainte ?!
Pourquoi est-ce qu’ils ne le choisissent pas, eux, en toute bonne conscience ? Est-ce qu’il y a tabou ? Je suis d’accord que cela va forcément bousculer la hiérarchie existante, mais la survie collective, y inclus celle des riches à la campagne, est en jeu. Pourquoi est-ce que les groupes les plus solidaires, ce sont les coalitions d’intérêt à être laissé tranquille chez soi ?
L’écart entre réalité et raisons déployées est à vrai dire assez complexe. Prenons les retraités – ils connaissent assez bien, de leur enfance, des mondes moins riches et moins développés, au niveau de la consommation des produits industriels – mais l’axe de mouvement qu’on leur a inculqué, depuis ce plus jeune âge, est la fuite en avant vers le modernisme, d’où la plainte souvent réitérée : « on ne peut pas revenir en arrière » - qui est un amalgame d'entre les plus cons, si l’on réfléchit un seul moment.
Ils ont, en réalité, la plus forte motivation, tant idéologique qu’égoïste, de défendre leurs acquis et de profiter pleinement des valeurs « industrie » et « productivisme ». D’autant plus que le confort et la facilité peuvent leur être précieux en termes de simple survie.
Les jeunes générations, qui sont, à l’égard du numérique, des « nées dedans », se dotent de plus en plus d’aspirations envers une nature imaginaire, réifiée. Comme dans leurs vies quotidiennes, leurs « road-trips » à la campagne sont bien dessinés en avant au GPS, ou retissés sur des réseaux sociaux numériques. C’est d’ailleurs pour cela que le plafond de verre écologique est le plus difficile à briser, à la campagne. On glisse sur l’entre-soi performatif des beaux bourgeois. Un jeune de banlieue a entièrement raison de se sentir totalement paumé dans cette société de signes indécodables.
Il y a cet énorme gouffre qui s’ouvre entre le savoir imaginaire et le savoir expérimental. On y va avec des kits de survie personnels, maintenant. Tandis que le meilleur kit de survie a toujours été le rapport avec la population locale et la possibilité de participer utilement à la vie d’un lieu. Cet aspect survivaliste et intégriste trahit notre distanciation avec l’objet de nos désirs. Une population rurale normale ne vit pas dans des bunkers en se déplaçant dans des blindés.
Quête de sens
Encore faut-il qu’il ait lieu – la quête de non-sens a bonne allure dans le sens inverse. Le lieu est en tous cas un colin, ce qui relève de la tromperie en bande organisée, que les restaus du coeur soient prevenus.
Est-ce que l’on pourrait faire une corrélation entre le
pessimisme écologique – souvent étiqueté l’effondrisme – et
le désir de défendre les choix individuels, narcissiques et
égoïstes, contre tout venant. Ce sont, après tout, des boucles
fermées.
On remarque aussi l’abandon de la raison, la flemme de réfléchir – également liée au non-sens – au manque d’investissement dans l’avenir. Prenons la décision d’avoir, ou non, des enfants. La raison qui est souvent avancée, c’est de ne pas vouloir faire venir des enfants dans ce monde sans avenir heureux. Cela a l’air « responsable », quand on le formule comme cela. Mais avoir des enfants, c’est s’investir dans le prospectus, dans l’à venir. Ne pas en vouloir, c’est l’abandon de l’avenir à son sort, une certaine renonciation à s’en préoccuper, souvent lié à une idéologie excessivement individualiste. J’ai hâte de m’expliquer, si je dis « excessivement », c’est que ces mêmes gens dépendent de la bonne tenue de la société autour d’eux pour vivre leurs rêves individuels.
Les parents ne peuvent pas nier l’importance des autres, leurs enfants d’abord, mais tous ceux qui les entourent. Il y a des changements hormonaux et cognitifs liés à la parentalité, pour les deux sexes, qui donnent l’évidence de cette réalité perceptive altérée. Alors que tout seul, le comble du désir serait de « se faire plaisir », par des achats de sur-consommateur ?
Le mou se connecte au flou, au doux, à tous ces mots en « ou », à tout ce qui s’oppose au « compliqué » et au « difficile ». L’engagement écologique, l’engagement tout court, est un acte de volonté, une prise de position, un effort, une ouverture envers l’avenir de trop, selon ce point de vue.
Des concepts « pas simples, pas clairs », ou simplement « inconfortables » ? L’écologie est un sujet de brûlante actualité, foisonnant de créativité et de nouvelles idées, est-ce cela qu’on lui réproche ?
Je pense qu’il y a des liens avec notre nouveau monde social
technologique, qui encourage le co-con-isme – le fait de se mettre
entre cons, dans son cocon.
Je recommande d’étudier les choix fournis par des engins de
recherche comme YouTube. J’ai été surpris récemment, en faisant
une recherche que j’espérais restrictif et déterminant « films
d’auteur français », de voir émerger une série de
morceaux, surtout américains, traitant de conspirations mondiales,
de gurus indiens et de batailles cybernétiques. L’ordinateur était
en train de me montrer les habitudes renforcées de son utilisateur
premier. Je me demandais ce qui se passerait si moi, j’y passais un
certain temps dessus ? Est-ce que j’aurais finalement ce que
cherchais – de la nouveauté non-genrée ? Ou est-ce que je
terminerais par devenir hébété et me soumettre aux théories de la
conspiration ?
Le conspirationnisme … est finalement l’ultime des
détournements de la responsabilité personnelle, il apprend à ne
parler que de nébuleux lointains, toujours de mauvaise foi. Si l’on
y croit, on croit à sa propre impuissance individuelle, à son
échelle, et à douter de tout, surtout de l’utilité positive des
groupements politiques.
Il est difficile de mobiliser sur des enjeux écologiques, parce
qu’il y a consensus fort à ne pas se mobiliser. Les cerveaux peu
disposés à sortir de leurs bulles, de leurs logiques de cercles
vicieux bloquants, ne sont tout simplement pas disponibles –
devenus intolérants à toute proposition constructive – qui
induirait un genre d’angoisse, qui s’appellerait « l’espoir ».
Un cerveau borné, fermé, pas ouvert – est-ce un cerveau malade –
est-ce qu’il y a des liens entre maladie mentale et appauvrissement
social ?
On peut, ici, voir que la conspiration peut exister – pour
influer sur, par exemple, les choix présentés sur les réseaux
sociaux et les engins de recherche. Il suffit de sauter sur l’espoir
chaque fois qu’il naît, de le tuer dans l’œuf, de le faucher à
répétition comme une mauvaise herbe qui s’y adaptera à « penser
petit ».
La frustration engendrée par ces moyens techniques est connue,
manipulée. S’il faut trop de clics, on abandonne. Si l’option
« refuser les cookies » est tout petit, ailleurs sur
l’écran, on n’y clic pas. C’est une technique également
utilisée par l’administration, qui invente des parcours de
combattant pour l’accès aux aides de l’état auxquels on a
droit.
Cette conspiration dépasse la corruption, bien qu’elle soit
d’une mauvaise foi totale. Elle induit la lassitude, elle sape le
moral. Nommé « sabotage », mais qui peut également
s’appeler « désuétude programmée » ou
« conditionnement par la guerre et le conflit aux canaux de
moindre résistance ».
Pour moi, la critique, parfois juste sans doute, n’étant pas
surhumain, est que je perds souvent le fil.
Bon. Ci-dessus je m’éloigne pas mal du cœur du sujet, qui est
l’écologie et la motive. Sauf que je pense que tous ces mécanismes
que je décris, qui ne paraissent pas spécifiques à l’écologie,
le sont, malgré les apparences …
Ou plutôt qu’elles convergent sur la nécessité d’agir,
écologique, comme des traceurs de ligne de feu, pour la neutraliser.
Il me faut bien analyser pourquoi les gens n’agissent pas au
niveau des défis écologiques. Je me munis des faits connus. En
quelque sorte je suis en position plutôt décontractée. Si moi, je
ne réussis pas, personnellement, à avancer, je ne suis pas seul –
personne ne réussit, en termes d’infrastructure. Et j’y mets
tout, j’essaie tous les combinaisons. Décontracté parce
qu’acharné. Le problème – et la solution, se trouvent dans les
faits de société qui nous neutralisent, qui éliminent le savoir
faire collectif et la confiance.
C’est un phénomène bizarrement universel. Les savoirs faire,
les compétences existent, pour la plupart, mais sont dépréciés.
Ce serait mieux de les cultiver et de les faire prospérer, mais
objectivement, ils sont minés, minorés, ignorés. On me dira que
non, en citant des exemples contraires, je répondrai que je les ai
tenus en compte, en disant ce que je dis. Petit colibris, grosse
connerie.
L’axe de mouvement, au fil des dernières décennies, est
résolument vers le bas, plutôt en accélération, toujours vers le
bas en moyenne, avec des hauts-le-cœur. Il faut des coups décisives
vers le haut pour redonner foi dans l’art du possible aux gens. A
la rigueur, ces exemples et cet espoir, il suffit que ce soit une foi
froide, objective. Jouer sur les sentiments, on en a eu un peu trop,
avec l’écologie.
Pour prendre une annonce ce matin, dans la déclaration de la
biodiversité de la COP15 à Montréal, on ne va pas interdire les
insecticides, à cause de l’Argentine et du Brésil, il paraît.
L’Europe se fait passer pour bon élève, parce qu’elle promet de
réduire par moitié son usage d’insecticides, dans une période
d’années …
Cela fatigue. Le consensus scientifique depuis longtemps est
d’arrêter leur utilisation, toutes, et de dépolluer les sols où
on les a utilisées, si possible. On parle de l’influence des
lobbies. Ou de l’impact sur le PIB. Ne nous oublions pas, dans
cette affaire ! Où est le lobby de « nous, le peuple » ?
Pour le moment, il est surtout du côté des pesticides.
Je vais dire des généralités, préparez-vous. Les gens ne
votent pas écolo. Ils n’achètent pas bio. Si les politiciens ne
prennent pas encore des pas décisifs, c’est qu’ils veulent
gagner les prochaines élections – c’est nous le peuple qui
dictons la vote politique. Mais tout le monde, ou presque, à
l’impression que l’écologie coûte plus cher et se fait à perte
– ne serait-il pas le moment de présenter des modèles
d’infrastructure écologique gagnants, sur le plan économique ?
Le mode écologique est déjà plus rentable, dans plusieurs cas
particuliers, ou il le serait, sans empêchement – mais pour qui –
pour les riches, ou pour les pauvres ? Pour le fisc ou pour le
humble paysan ? Pour ceux qui ont des voitures, ou ceux qui n’en
ont pas ?
De manière plus insidieuse, pour ceux qui dépendent de quelqu’un
avec voiture, ou ceux qui n’en dépendent pas ? L’argument
est de nouveau plus complexe que la fausse naïveté que nous
cultivons le voudrait. Beaucoup de secteurs dépendent du bien-être
de l’économie nationale, même européenne, bien plus que
de ce qui se passe dans le coin.
On peut l’observer dans le désir de plus en plus prononcé de
remplacer le PIB avec d’autres mesures de performance plus adaptées
à la réalité écologique. La croissance comme objective, qui
mesure le niveau de « l’activité économique », qui
augmente avec le dépens et le brassage énergétiques, est une
manière de marcher sur la tête, au niveau écologique. Pour une
entreprise, ce n’est pas son chiffre d’affaires qui est le plus
important, mais son marge et ses profits, au cours du temps. C’est
notre cas, sur terre, c’est juste une entreprise comme une autre,
avec ses limites et son bilan.
Il suffit, en principe, d’incorporer des mesures fiables de
productivité écologique dans le PIB pour arriver à ce bilan. Mais
pour cela, il faut aussi apprécier que du côté « frais
d’entreprise », cela peut coûter plus cher de produire en
France, ou localement, que d’importer de loin. Jusqu’à là, on a
tout simplement triché – aujourd’hui, on va, finalement, imposer
des coûts liés aux normes environnementaux aux frontières comme on
le fait déjà chez nous.
À la base, le train de vie d’un français et donc son salaire est plus coûteux que
celui d’un africain. Ne cherchons pas la justification, il n’y en
a pas, toutes les théories du ruissellement se fracassent contre le
mur de la crise mondiale écologique. Ici on peut noter l’absurdité
de certaines opérations d’ONG qui font venir des tracteurs et des
experts dans des endroits perdus en Afrique. Ils sont souvent en
train d’introduire des coûts fixes qui seront très difficile à
assumer pour la population locale.
Quand on le voit de plus près, on voit toutes les opinions reçues
qui vont avec. L’idée, à la base, est d’introduire une
« qualité de vie », pour ne pas dire une infrastructure,
à la européenne. Cela suppose que les africains sont cons comme nos
grand-parents, face au modernisme, ce qui est loin d’être sûr,
mais facile à entretenir comme mythe, médiatiquement.
Selon cette fausse logique, le tracteur, par exemple, épargne la
pénibilité du travail physique. Peu importe que, du travail
physique, on est riche en ressources, si on est pauvre. Qui dirait
non, à ce moment-là ? Un africain n’est pas différent des
autres humains sur la planète, il aspire au confort de vie comme
tout le monde, et les exemples de consommation à la européenne, ou
à l’américaine, sont mirobolantes (?!). D’accord, il ne ferait
pas comme ça si on lui laissait le libre arbitre – il y a mieux à
faire avec son argent si on a peu, mais il ne dira pas non et il
s’adapte aux vœux de ceux qui détiennent les reines du pouvoir.
Le pouvoir est parlant, on fait avec, pas contre.
Au final, c’est les tâches à accomplir qui comptent, pour les
gens, peu importe l’idéologie derrière. Ou plutôt, la croyance
dans le bon fondement des idéologies derrière augmente, dans la
mesure que les tâches utiles pour les matérialiser existent et sont
faciles d’accès. Selon ces narratives, les chinois et les russes
établissent des têtes de pont en Afrique à cause de leur
pragmatisme, leurs théories de pouvoir ne peuvent que se renforcer
de ce fait.
Il est utile de décortiquer les motivations et les justifications
des gens, de manière plus générale, mais si on ne fait que ça,
avec peu de progrès dans le concret, cela donne une charge mentale
qui devient pénible.
Si l’on réunit tous ces trains de pensée, on voit qu’au
niveau du PIB, tout comme au niveau de l’individu, et d’autant
plus qu’il est pauvre ou qu’il exerce une profession manuelle ou
pénible, la vie d’hyper-consommation paraît attractive. La
productivité par hectare peut même être inférieure à une
production manuelle, ce n’est pas cela qui compte, c’est la
production personnelle. Les hectares, on les irrigue. S‘il a accès
à un outil à main qui démultiplie sa force de travail personnel,
il est normalement partie prenante, même si ces instruments, ces
machines, sont vastement inefficaces, énergétiquement, par rapport
aux efforts humains. Sa « productivité » l’enrichit,
jusqu’au point que lui – sa surconsommation personnelle –
coûtent plus chers à l’environnement que même les machines
employées.
Les ONGs qui introduisent ces paradigmes dans des sociétés
pauvres sont pour le moins anti-écologiques.
Quels seraient les biens compensatoires écologiques qui
pourraient remplacer la sur-consommation, comme appât ? J’opine
qu’en toute probabilité, ils n’existent pas, jusqu’à là au
moins. La crise déferlante de l’écologie, par contre, elle
existe, et elle épuise très rapidement les ressources que nous
surconsommons. Ou par la hausse des prix, ou par la rareté de
ressources, nous nous verrons, nous nous ne voyons déjà contraints
à moins consommer. C’est plutôt de ce côté-là, ce côté
contraignant et négatif, mais impossible à nier, que les gens
seront motivés à réduire leur consommation.
Et c’est à partir de là qu’on peut reprendre les idées du
début de cet écrit. Les gens détectent, dans l’écologie pure et
dure, des éléments de contrainte et d’obligation. Là où ils
font l’erreur classique humaine, c’est en essayant de
personnaliser leur désapprobation - « tu ne peux pas obliger
les gens à … », « c’est ton choix » (et moi
le mien, sous-entendu). « Par quel droit, tu choisis de
participer à la destruction du monde, du monde qui ne t’appartiens
pas à toi seul ? », j’ai envie de répliquer.
Cette crise est indépendante de ma personne et ma parole, et elle
ne montre aucune signe de disparaître. Plus tard on agit, plus dur
va être l’action remédiable à entreprendre.
Tout autre message est malhonnête. D’ailleurs, on le voit, avec
l’évolution de la rhétorique contre l’écologie. On a commencé
avec les climato-sceptiques – on n’en voit presque jamais
maintenant, ce n’est plus la peine de nier ce que tout le monde
observe, ni la fiabilité vastement améliorée des prévisions
météos … et climatiques. On est passé donc à l’effondrisme.
Nous sommes tous foutus (sur-enchère sur les prophéties de
« l’Armageddon si l’on n’agit pas » des
écologistes). Cette fois-ci, les bases sont rationnelles, en
apparence, et réconciliées avec l’opinion des experts en
écologie.
En réalité, il existe une position d’éco-optimisme
tout-à-fait défendable – il suffit d’agir dans le bon sens pour
ouvrir de nouveau les possibilités. C’est à ce moment-là que
l’effondrisme montre son talon d’Achille. L’effondrisme va plus
loin que les prédictions d’un futur glauque et sans espoir pour
l’humanité. Il insinue que si l’humain est foutu, c’est bien
parce qu’il le mérite et parce qu’il est incorrigible que c’est
perdu d’avance.
Ceux qui étaient les écolo-sceptiques trouvent ici toute
possibilité de résurgence. Il suffit de représenter les humains,
socialement, comme des boulets immuables et incorrigibles pour que
tout soit, de nouveau, foutu (cf. films comme Idiocratie,
Morons from outer space). Le bonus, c’est que cela libère
la conscience – il n’y a plus aucun obstacle à l’individualisme,
pour ne pas dire l’égoïsme absolu. Il y a des entreprises
entières du 440 qui vivent sur cette prémisse – ils augmentent
les possibilités de « vivre dans sa bulle » – si on a
les moyens. A un niveau plus personnel, toute entreprise de bien être
et de thérapie individuelle évite l’une des questions cognitives
de base – est-ce qu’on a raison d’être content de son impact
sur le monde extérieur à soi ? Si on arrive à couper tout
lien, tout remords ? Jamais compris cela …
Et pendant ce temps, même ceux qui sont en profonde incohérence
avec leurs savoirs écologiques évoluent. Il est vrai que le cadre
conditionne tout.
lundi 19 décembre 2022
Je me suis fait plaisir …
J’ai besoin d’un petit break pendant les vacances d’hiver.
Il est urgent de ne rien faire
J’ai l’image en tête de deux marmottes … qui se lancent
dans le « competitive digging », chacun creuse son trou
en rejetant de la matière frénétiquement, jusqu’à disparaître,
aux yeux de son rival et du monde qui l’entoure. Une petite
victoire. Des autruches viennent jeter un coup d’œil dans les
cratères ainsi créés … et s’y coincent la tête …
C’est un endroit de réflexion pointue sur la mise en œuvre
d’une infrastructure qui facilite la vie en mouvement.
1. tu peux occuper le même espace de manière plus efficace, mais
pas en même temps
2. Pour ce faire, il faut une certaine coordination
Si l’on devait commencer quelque part, ce serait par la
sensibilisation des gens à leurs propres habitudes. Une habitude,
c’est souvent tellement fort en nous qu’elle prend le dessus sur
la raison – ce que peu de gens ont la volonté d’admettre.
Exemple
Ils ont faim – s’ils sont loin de la maison ils commencent à
chercher un magasin où ils peuvent se procurer de quoi manger. S’il
n’y a pas de magasin, ils ne se sentent pas en sécurité. Ils vont
essayer de porter sur eux tout le nécessaire. Un véhicule paraît
très utile, à ce moment-là – et l’argent, une nécessité.
La vogue du nomadisme en camion est une tentative de maintenir la bulle
sécuritaire autour de soi, même quand on bouge. Cela distancie
considérablement la nécessaire altérité dans nos vies, jusqu’au
point où un nomade peut devenir moins adaptable qu’un sédentaire
– moins « mobile » ou « flexible », on
pourrait dire. Ce n’est pas un vraie nomadisme.
Disons que ceux qui dépendent de notre dépendance sur l’argent
et l’essence ne seront pas très motivés à changer cette manière
de penser et de faire. Les camions et les caravanes, ça passe,
tandis que les cabanes de passage, les potagers et les provisions sur
place, beaucoup moins, sauf en haute montagne, où les réseaux de
refuges publiques restent ouverts et où, très souvent, on laisse
des approvisionnements pour les autres, pour remplacer ce qu’on a
soi-même consommé.
Firefox
Je viens d’apprendre l’origine de ce mot, tel qu’il a été
adopté par le navigateur web, appelé maintenant « Mozilla
Firefox ». C’est l’idée de l’interface direct
cerveau-machine (1974).
Elle n’est pas si anodine.
Chaque « interface » nouvelle crée un court-circuit, concurrence une méthode ancienne,
rajoute à la charge cognitive une dimension nouvelle.
C’est comme un social surdimensionné.
Le soi-disant « social » est un attribut de
l’intelligence proprioceptive. Cette dernière est une manière de
dire « feedback loop » ou « boucle de
rétroaction ».
Association
Dans ces boucles, il y a ambivalence entre « sujet »
et « objet ».
On a recours au mot « association ». On dit aussi
« cause n’égale pas corrélation », bien que l’intelligence
ne fait pas nécessairement la distinction – il travaille avec ce
qu’on lui donne.
Disons qu’on peut être motivé à établir des chaînes de
causalité – ce sont des réconforts, des ressorts cognitifs.
Défaut de mieux, pour obtenir satisfaction, on se replie sur l’association, sans plus.
La co-location, la co-localisation, étant impossibles,
s’enchaînent dans l’espace-temps, ou en bougeant, ou en
attendant son tour, c’est un peu (et même plus qu’un peu) la
même chose.
Le réductionnisme est une tentative de ne traiter que d’une
chaîne ou un nombre réduit de causes à effets. En général, on
peut dire que c’est un simplisme, les faits extérieurs ne l’étant
pas vraiment (tout bouge ou peut bouger). Parler d’une économie
prédiquée sur la croissance est un exemple de ce genre de fausse
logique, simplisme ou sophisme. On externalise la décroissance, on
externalise le mal, ce n’est pas pour autant qu’ils cessent
d’exister.
Un exosquelette ou prothèse (un instrument ou outil) passe par la
proprioception, qui passe par les sens avec lesquels on est né et on
a vécu, avec le corps avec lequel on est né, avec lequel on a vécu.
L’interface cerveau-machine est un court-circuit de cette série
de mécanismes. Il n’est pas un simple prothèse. La machine doit
lire et mapper les neurones pour que les neurones puissent agir, à
travers la machine et son interprétation (décodage), sur la
prothèse.
La machine interprète, donc. Comme dans les langues de
programmation numérique, il existe, forcément, un « compiler ».
Pour donner une analogie facilement compréhensible, un chien
n’est pas une prothèse, il essaie de promouvoir une relation
« prosthétique » avec l’humain en lui ramenant un bout
de bois, pour qu’il le lui jette, qu’il le lui ramène, en boucle
continue. Il paraît y trouver beaucoup de satisfaction. On peut voir
qu’il n’est pas prothèse, parce que certains chiens ne jouent
pas le jeu, ils gardent le bout de bois, ils ne veulent pas le
ramener.
Et l’humain là-dedans ? Il ne fait ni plus ni moins que le
chien – lui, il veut bien que le chien ramène le bout de bois,
c’est pour cela qu’il le jette … Il y a même un nom pour des
chiens spécialisés dans cette activité – les « retrievers »
(rapporteurs).
Et les machines ? Rien ne suppose qu’ils sont plus dociles
que les chiens. Le problème, qui lui, existe vraiment, est que
les machines numériques sont des chimères, à cet égard, elles
sont absolument non-déterminées à l’avance, sauf par leurs
créateurs, nous, et leur logique algorithmique n’a que le
périmètre qu’on lui impose. De là le surcharge mental qui peut
être induit, assez facilement, lorsqu’une vie humaine passe
surtout par le tamis de ces interactions avec des machines.
L'idée est née à la suite de la découverte d'une pépinière abandonnée aux abords du Parc Montcalm. On s’est dit que ce serait un endroit idéal pour produire des plants à semer et stocker des matériaux à distribuer pour le reverdissement de la ville.
Le but est d'encourager la création et la définition d'espaces de libre échange et d'association sur la métropole, avec des circuits réguliers entre ces espaces, servant à fournir et à transformer des matériaux naturels locaux, à créer des lieux de stockage, d'auto-apprentissage et d'essaimage.
Pour l’aspect pépinière, il s’agit de créer un espace collectif qui se veut un modèle favorisant l’interactivité de l’ensemble d’acteurs, tels les participants aux jardins partagés et familiaux, les associations à vocation sociale ou alimentaire et, surtout, chaque personne.
Fourmilière
L'appellation fourmilière se réfère au système d'errance des fourmis autour des nids. La société civile peut ainsi participer à l'effort collectif de « paysagisme urbain », de manière directe et pratique.
On commence à créer des circuits hebdomadaires, à vélo, à pied, qui apportent de l'énergie humaine, des savoir-faire, des matériaux. L’objet est un bilan écologique vastement réduit en énergie (sans essence) et en faveur du vivant.
Le contexte immédiat, c'est la crise de l'eau et la sécheresse qui s'approchent de nous. Nous proposons d'agir :
en installant des milieux de vie et de restauration situés auprès de jardins accueillants, avec des bassins, et des endroits frais,
en organisant la présence périodique d'équipes mobiles, à pied et à vélo, formées pour accomplir ces tâches,
en fournissant des espaces de stockage pour les matières premières qui nous permettent de reverdir la ville,
en accumulant et en distribuant des matières vertes (bois, brindilles, tonte de haies et de gazon, différents types de terre, marc de café, drêche...) et de matériaux utiles aux jardins (cendre, pierre, verre pour serre, fumier…),
en construisant des espaces communs d'apprentissage, avec échange de savoirs, d'idées, d'expériences et de techniques.
L'intention est de tout faire à l'échelle humaine, sans recours aux moyens industriels, pour nous resituer dans et avec le monde naturel.
Pépinière / Fourmilière – références
Nous serions très heureux de votre participation à ce projet de bonne augure, laissez-nous un petit mot, des idées ou des contributions, si vous le sentez, ci-dessous, avec vos coordonnées ....
Contactez-nous pour échanger sur le projet pépinière-fourmilière …
par mail : inecodyn@singularity.fr
en présentiel : au jardin partagé de Père Bonnet (mercredis et dimanches 16h) et le lundi 13-14h à l'université Paul Valéry (bâtiment H / amphi 4 ou devant la BU)
Cette section contient des propositions de sujets de discussion pour alimenter le débat. Les cours se veulent assez ouverts, selon qui assiste et combien nous sommes. L'écowiki qui se trouve sur ce site contient plusieurs pages éditables de propositions, auxquelles on peut rajouter les siennes.
"Stratégie écologique et sociale" parce que nous sommes frappés à la fois par des contraintes et des dangers qui résultent de notre ineptitude écologique, et que ces événements sont refletés dans nos comportements sociaux.
Curieusement, il y a assez peu de débat ssur les sujets vraiment tranchants et sensibles. S'il nous faut abandonner la voiture privée et surtout les routes qui vont avec, je fais des propositions concrètes pour remplacer ce modèle. Par rapport à la sécheresse et le désert rural, aussi.
Le sujet brûlant devient celui de l'intelligence artificielle. On est bien loin de l'époque où l'expert humain était la voix de l'autorité - les paroles du prof sont maintenant vérifiés sur internet. Etre humain devient même une problématique. Dans ces cours, on tente de proposer des solutions qui réintègrent le pouvoir de décision et d'action humaines à l'affaire. Est-ce que notre pouvoir organisationnel est en train d'être remplacé par des machines, ou est-ce que c'est déjà le cas, et depuis quand ? Est-ce que la motivation des gens pour aborder les questions qui comptent est sapé par cette conscience d'infériorité, ou d'inutilité ?Ce sont des questions qui sont plusque jamais importantes, parce qu'elles impliquent un refonte de ce que cela signifie, être humain, et elles posent aussi la question d'une potentielle amoindrissement de nos capacités, faute de motivation - à quoi bon jouer aux échecs si l'on sait qu'on va toujours être battu par des machines ? A quoi sert s'entrainer pour avoir une bonne forme physique, si toutes les utilisations de ce corps sont déjà prises en charge par des machines ?
Sur le Front, les zones rouges
sont les endroits où l’Ennemi
menace de percer. On y verse toutes ses ressources, quoi qu’il en
coûte.
Cela devient une Guerre d’Attrition.
On y broie des hommes et des machines.
Les zones vertes sont celles
où l’adversaire ne menace pas.
Elles sont ignorées.
Les femmes, les enfants, les infirmes, les vieillards, les
apeurés, sont de simple chair à missile, qui sert à enrager les
hommes sur le Front. La haine règne.
Cela fait même partie de la stratégie.
La cruauté. La brutalité.
L’indifférence.
Aux Armes, Citoyens du Monde !
Guerre Absolue, mais avec un tourniquet que l’on réajuste, de
temps en temps, dans des Capitales lointaines, chez celles qui
tiennent le doigt sur la détente de l’injecteur d’armes.
Celles-ci s’appellent les Grandes Puissances. Elles ont la
capacité de créer les biens de consommation et de les détruire.
La Guerre d’Attrition est
en vrai une Guerre de Désuétude Programmée.
Ce sont des machines, et des humains, qui sont programmés à s’autodétruire.
LaGuerre
decouleurs fait que le Code de la Guerre
soit facilement lisible.
Au feu : Rouge,
Orange, vert.
Alerte Rouge, pays Orange,
circulez, rien à voir, vert.
Le vert est évidemment le paysage, la Nature, l’écosystème.
C’est nous.
Tous les biens de consommation sont devenus des armes et toutes
les armes se dirigent vers Orange, et
Orange les consomme.
Je suis venu à Montpellier, en janvier, il y a trois mois, pour
trouver des alliés, pour créer ensemble les infrastructures
écologiques de demain. Je dois dire que l’expérience a été très
riche et que Montpellier me paraît être une ville qui pourrait
casser le moule, si sa population s’y engageait.
Avant, j’étais en Ariège – 15 ans, depuis 2008 – et à
Toulouse. J’ai poursuivi une expérience d’immersion écologique
rigoureuse pendant environ dix ans, où je faisais à vélo le tour
des marchés en Ariège, Saint Girons, Foix, Montbrun Bocage, 120km,
chaque semaine. Je vivais strictement sans argent et sans essence,
pour ne pas fausser cette expérience, mais pas du tout en autarcie –
je faisais des espaces de partage – des espaces de gratuité et
d’échange, sur les trois marchés, je créais des jardins dans
chaque endroit, je glanais au bord des routes.
Le but était d’appliquer strictement la logique de l’écologie,
dans la société réelle – de réduire mon empreinte carbone à
moins d’une tonne par an, contre les 7 tonnes en moyenne des
français, ou le 12 tonnes en moyenne à la campagne française.
Comme cela, je pouvais parler de ce que j’ai réellement fait et
cela pourrait servir, pensais-je, à gagner du temps pour tous,
lorsque le moment venu, on commençait à avoir la volonté d’agir
vraiment. C’est la phase transmission dans laquelle je suis engagé,
maintenant. Vous pouvez noter le site web sur lequel j’ai mis mes
expériences et mes réflexions – www.cv09.toile-libre.org
.
Il faut se mettre à la place des animaux et des plantes, face à
notre civilisation tout-envahissante, qui a pris pour habitude de
casser le sol chaque année, de remoudre la terre, sans jamais la
laisser quiète. Je l’ai fait. J’ai vécu, exposé, la où les
murailles d’isolation sonique et les maisons cessent, là où les
arbres poussent, là où les animaux broutent, au bord des routes, le
charnier de ce triste festin auquel ils assistent, là où des
milliards d’insectes perdent leur vie contre les pare-brises des
voitures. C’est la terreur, tout simplement. Les décibels de cette
énergie débordante sont insupportables.
Montpellier
Montpellier est l’une des premières villes à adopter des
techniques de l’industrie verte, on peut mentionner les tramways et
les composteurs, mais aussi le broyage des déchets verts, les
incinérateurs et, sans doute, la méthanisation.
Pourquoi ? D’un côté, à visée électorale – une
véritable stratégie écologique et sociale toucherait aux intérêts
de tout le monde et il transformerait l’articulation du pouvoir. De
l’autre côté, la plupart des groupes qui décident aujourd’hui
sont des produits de l’épopée industrielle, ils défendent leur
gain-pain.
On peut se centrer sur les terrains vagues et lotissements vacants
qui attendent d’être développés, souvent des années. Lorsqu’on
calcule l’empreinte écologique de ces endroits, on peut observer
que ces travaux et chantiers divers occupent une bonne partie de la
métropole. Lorsqu’on regarde la conjoncture écologique, et
l’urgence d’agir, ces logiques de redéveloppent vert ne peuvent
pas tenir, en toute logique. On réduit d’une bonne moitié, ce
n’est pas suffisant. Juste l’entretien des réseaux actuels coûte
plus qu’une tonne de carbone. L’empreinte énergétique de ces
investissements en infrastructure industrielle mais économe est tout
en amont, les retours, en économie d’énergie, peuvent
éventuellement s’attendre à des décennies dans le futur. Mais la
réalité, elle est que les changements climatiques déjà en cours
risquent de déstabiliser nos vies de manière si profonde que toutes
ces conjectures sont vaines.
Il faut agir maintenant. Mais comment ? C’est un monde
inconnu, profondément transformé, qui nous attend. D’abord, il
faut y croire, à la possibilité de pouvoir agir en conséquence de
ces enjeux.
Les téléphones portables, dans leur ubiquité, ont pris tout le
monde au dépourvu. Peu à peu, tout le monde s’est mis à les
utiliser. Cela a fait un effet de pédagogie en boule de neige. La
grand-mère a demandé à sa petite fille comment faire. Les gens se
sont envoyés des smileys d’essai. Tic-toc est arrivé. Etc. Etc.
Il est donc possible de transformer une société en peu de temps,
par un effet d’auto-apprentissage mutuel. Maintenant, il nous faut
faire de la retro-ingénierie de ces techniques vers le vivant,
d’utiliser nos techniques pour nous ré-immiscer dans le monde
physique tangible, autour de nous. Ce n’est pas rien, mais c’est
faisable. C’est ce que je propose.
Je propose de recréer un monde digne de nous, où il fait bon
vivre. Plus besoin de s’enfuir dans un téléphone, ou un vidéo.
Nos yeux s’appliquent de nouveau à nos environs, avec intérêt,
avec engagement. Métro-dodo-boulot devient un chemin de découverte.
Par exemple, sur un circuit de marchés ruraux, on peut faire trois
jours sur le chemin, logés-nourris sur place, laissant trois jours à
occuper dans un endroit statique où sur un chantier et un jour de
récupération. Lorsqu’on marche, ou on fait du vélo, ce n’est
pas la durée qui compte, c’est l’exercice. C’est comme faire
deux petits marathons ou deux matches de foot par semaine.
Les implications en termes d’infrastructure, ce sont qu’il
faut plus, beaucoup plus, de petits lieux de stockage stratégiquement
placés, des gîtes de passage qui sont aussi des jardins, et des
espaces de partage et d’échange sur les marchés. Rappelons-nous
que la biodiversité se trouve sur toute la surface de la France. Les
populations urbaines, dangereusement denses, doivent réinvestir le
paysage sans le périurbaniser. S’ils ne le font pas, la
désertification continuera. Désertification signifie « absence
de vie ». Biodiversité signifie « présence de vie »
. J’espère que c’est clair. C’est nous, la vie, aussi. Si nos
méthodes industrielles détruisent la vie, pour la reconstituer, le
pari est déjà perdu. Cela requiert énormément d’énergie –
trop d’énergie – et ça nous tue. Pas juste quelques uns, mais
des vastes populations.
libertés, auto-organisation de la
base, prise-en-charge écologique face aux événements extrêmes
(canicule, sécheresse)
La commisération
Littéralement. C’est une bonne
méthode pour être en empathie avec son prochain. De partager son
sort, d’être frères et sœurs, d’être solidaires.
Les visioconférences, pendant et après
le confinement du covid, ont massivement accentué l’entre-soi et
le pouvoir des chefs, des petits dictateurs et groupes régnants.
Le résultat – un organigramme qui
cherche un état stable et hiérarchique. C’est la Guerre des
Assocs. Tandis qu’une société en bonne santé laisse courir les
bruits sans tuer le messager, elle accommode le marginal.
Il est urgent de défaire l’emprise
sociale du numérique, qui est maintenant en train d’imposer ses
normes sociales virtuelles sur le monde social de nous tous, entre
nous.
On aurait du mieux anticiper ce
phénomène, c’était si évident que les groupes sociaux
termineraient par nous faire internaliser leurs normes. D’un
irritant, ces modes sont devenues des thèmes dominants.
Le numérique est distinct surtout dans
son envergure, tout comme l’époque moderne, dans sa puissance de
frappe, puissance 10, 100, 1000 fois plus que ce que peut réaliser
un humain physique seul, ou même en groupe. Même un géant est
minuscule, face à cela.
Circuits
Circuits de Juges. Pour éviter la
corruption. Cela date du Moyen Age. La corruption étant le
localisme, la main-mise de l’élite locale, sur la loi du royaume.
L’auto-organisation de la société,
selon des critères écologiques et sociales très concrets, n’est
autre que la prise en charge écologique de notre destin, face aux
extrêmes. Chaque lutte ou conflit social doit être mené selon des
normes écologiques, pour réussir. Sinon, on nous amène dans cet
énorme aspirateur ou incinérateur énergétique qui fait que
seulement le plus fort, le plus puissant, gagne – la société de
destruction mutuellement assurée. Il est absolument sûr que des
tactiques et des stratégies qui demandent énormément d’énergie,
pour des résultats souvent purement promotionnels – qui visent la
média surtout, tels des occupations, des blocus et des grèves,
peuvent faire perdre la bataille, s’il n’y a pas en même temps
des propositions concrètes de faire autrement qu’avec
l’industriel.
Figurons-nous que la bataille est déjà
bien lancée. Les augmentations de budgets de « défense »
augmentent fortement, et ceci pour des années à venir. La défense.
L’attaque. Sans parler des millions de cadenas, de clôtures, de
murailles de Chine qui font éruption partout. La consommation
atteint ainsi un nouveau zénith. Sur le front industriel, de
nouvelles infrastructures promettent de nouvelles dépenses, de
nouveaux excès de consommation d’énergie. Il est légitime de
chercher une porte de sortie de cet état d’affaires, qui termine
par polluer tout débat.
Il y a un étroit liaison entre la
liberté de mouvement, la liberté d'association et l'écologie. La
nature s’organise sans chefs, du bas. Les humains, dans leurs
sociétés, pareil. On dit que l’humain est notable pour son
adaptabilité, pas pour sa prouesse physique, dans un domaine ou
autre. Cependant, il est l’un des animaux les plus redoutable en
termes d’endurance et de déplacement. Et en effet, on constate que
la société humaine ne pourrait se constituer que si les gens se
déplacent et se rencontrent.
L’une des absurdités de la société
moderne, c’est que tout en augmentant la vélocité et les
distances dévalées par nos bolides diverses, tout en transformant
nos communications à distance, nous n’avons pas réussi à
améliorer, au même niveau, la qualité de nos vies sociales, ni la
qualité de l’environnement dans lequel nous vivons. D’aucuns
diraient que si, d’autres que non, sur ces points-là, mais on est
structurellement déficitaire, c’est pour dire que l’on vit sur
du temps emprunté. Le passé est éternelle, mais l’avenir est
fini, et de plus en plus, pour tous.
Lorsqu'on parle de la nature, avec tous
les doutes sur ce que peut bien vouloir dire ce mot, on se réfère à
la capacité auto-organisatrice de la vie.
C'est-à-dire sa liberté … de
s'organiser – même si l'on a du mal à savoir comment !
Il serait bien temps que nous nous
adressions à notre propre « nature », qui n’est pas
abstraite, ni séparée des autres vies.
Par rapport à la démocratie, un mot
porte-manteau, on peut cependant être d'accord que c'est chaque voix
qui compte, que c'est la base démographique (le peuple souverain)
qui autorise l'action. On est dans le même scénario qu'avec la
nature. On s'auto-construit en corps politique – ou en plusieurs
corps politiques.
Ici, il est proposé que les mécanismes
élémentaires constitutifs peuvent également être réduits à
cette liberté de mouvement et donc d'association des corps
constituant le corps politique, sous-entendu, singulier ou pluriel.
La liberté qui compte, c'est la liberté des autres
Ce concept est particulièrement
difficile à saisir. Instinctivement, on pense le contraire, que
c’est ma propre liberté qui me concerne, ou celle de ma famille,
mon groupe social ou ma nation. On a donc utilisé, de plus en plus
le mot « autonomie » et, malgré les tentatives de
traduction en français, d’« empowerment » pour décrire
des états où soi-même, on est libre parce que bien imbriqué dans
le monde des autres. On est resté avec cette même ambiguïté –
ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre – mais
pas du tout ! Ma liberté commence grâce à l’accompagnement
de l’autre. Elle se réduit à peau de chagrin lorsque je suis tout
seul.
« Dans la nature »,
l'existence d'autrui est même le fondement de sa propre vie. La
liberté individuelle ne peut être illimitée, elle doit prendre en
compte l'environnement social et physique, ce qu'on appelle
l'écosystème en écologie.
C'est complémentaire, une question de
fédération, de binômes, tandems ou couples, de corrélations et de
coexistence. Il y a un pléthore de mots qui représentent des
tentatives de cerner ces concepts de collectif, de communauté de
destin, de coopérations volontaires et involontaires.
Mais il faut aller plus loin dans
l’analogie. Le monde vivant est fait de telle manière que même où
il y a des conflits d’intérêt directs ou indirects, entre
individus ou populations entières, il fonctionne. Les excréments
d’un système deviennent les intrants d’un autre. On jette avec
insouciance, un autre s’en charge. L’individualité de chaque
vie, sa reproductibilité, permettent d’assurer la résurgence des
écosystèmes, sous une infinie de formes, même après des
événements extrêmes.
Propriété
Seul contre tous, donc, le concept de
propriété, aussi absolue et définitive que possible, est né, pour
de fait mettre fin à cette complexité, figer cette discussion
interminable mais nécessaire sous un seul aspect. La propriété ou
l'argent rend libre, c'est un peu cela l 'idée derrière les
murs de ces forteresses de consommation.
Avec la propriété naît la
possibilité de vol et de violence objectifiée. On reconnaît
objectivement qu'il faut des forces de sécurité, de maintenance de
la paix.
« Je fais ce que je veux chez
moi » est une idée aussi profondément enracinée dans les
classes populaires que dans la psychologie bourgeoise. L'élite ne
peut pas prétendre qu'elle s'occupe seulement de ses affaires,
puisqu'elle s'occupe beaucoup des affaires des autres. Cependant, on
peut très bien se faire élire en prétendant représenter les
classes de ceux de qui l’ambition est de « faire ce qu'ils
veulent chez eux », puisque rien n'interdit, dans la
démocratie, le victoire d'une coalition de gens qui veulent qu'on
leur « foute la paix ».
Voies privées, voix publiques
Il existe d'autres solutions, qui
accommodent toutes les libertés, qui reconnaissent l'entre-nous et
qui sont beaucoup plus proches de la réalité existentielle que le
simple droit à la propriété.
La Voie Publique en est clairement une.
Typiquement, les valeurs de la propriété privée tendent à
éliminer ces voies, à bloquer et à réserver de vastes surfaces.
Seulement les ayants droits peuvent dans ce cas avoir accès à la
propriété, et on peut être pardonné si on assimile l'expression
"ayant droit" à l'expression "propriétaire",
puisque, dans la réalité, c'est la propriété qui donne le droit.
C'est avec fréquence maintenant que
l'on forme une hiérarchie de droits qui se relient étroitement aux
biens que l'on possède. La sensation de désolidarisation sociale
est notable. Il y a plusieurs d’entre nous qui peuvent à peine
affirmer qu’ils se sentent bienveillants envers les autres. On se
réunit bien plus souvent contre un ennemi imaginé ou réel, qu’à
faveur d’un idéal partagé.
On a des groupes
cloisonnés. On resserre les liens. C’est l’esprit du moment.
C’est, en grande partie, dû à la grève et aux actions associées.
Les gens peuvent être brutalisés, ou excités, émotifs, épuisés,
saouls, … à cause des nuits blanches ou expériences intenses,
nouvelles peut-être ?
En tous cas, chaque
lieu que je visite est dépeuplé, mais les plus soudés,
personnellement, maintiennent bien le contact, se visitent,
s’épuisent ensemble – strike burnout – pour inventer un
anglicisme. Marre de l’inconnu, marre de calculer l’autre.
On peut le voir
comme un diagramme, une salle ou wagon de train, cloisonné comme
dans un hôpital, avec un couloir tout le long. Il faut sortir de sa
chambre dans le couloir et rentrer dans une autre. Qui le fait ?
Où sont les
endroits de libre association et de mixité ? Sûrement pas dans
les lieux que je visite. Un CA, c’est des vieux. Une AG, grosso
modo, c’est des jeunes. Une maison, c’est des habitants et des
familiers. Mais encore, qui aura droit à la parole, la libre
parole ?
Celui qui accepte
les contraintes en vigueur. Celui qui accepte les règles du « groupe
social », qui terminent par pénétrer les vrais groupes
sociaux. Tu fais toi-même. Les algorithmes sont dans le couloir. Ils
guettent ta sortie. Ils régissent ton entrée dans le prochain car.
Tu acceptes les intrusions, tu te domestiques.
C’est baisé
d’avance. Tout mailing list a un administrateur. Tout
administrateur est censeur – et il sait tout sur toi. Il est un
algorithme intéressé.
Cela donne
préférence au plus loin, parce qu’il est neutre – il s’en
fout. Méfies-toi des amis ! Ils ne font pas la devise. Et tout
ça, à la pelle. On le réussit trop bien. Seul, devant son écran,
avec tous ses amis, pas méchants – parce que loin ! Une
fenêtre sur le monde, sans jamais sortir du fond de sa cage.
Sinon on peut
également parcourir la France, ou la globe, pour entretenir des
liens, peut-être familiaux, dans le cas des binationaux. Le
phénomène des deuxième résidences, pour la plupart du temps
vides, va croissant. Les deux sont liés. Ce « jet set »
passe éternellement par-dessus nos têtes.
Et l’effet
ricochet, la rétro-ingénierie déjà en cours, le
ré-algorithmisation de la vie, sans nous, qui n’avons que des
règles, des règles cassées. Peut-on redevenir des êtres sociaux
de vrai vie, c’est où le performatif ? Peut-être dans le
concret, l’engagement physique direct, sans se fier aux apparences.
Mais n’est-ce pas que la société numérique aura son mot à dire
– une sorte d’intelligence collective qui nous dépasse ?
Une société qui
s’attend à la défaite ne fait même plus société.
C’est dans l’air du temps. On n’a jamais eu de semaine si bourrée d’écologie que
celle-ci, au moins sur la média d’état. On a même dit qu’il
fallait plus de travail humain, même un peu pénible, et moins de
travail de machines. On a parlé d’ascétisme et de sobriété. Le
mainstream est en train d’occuper le terrain des perchés.
L’écoféminisme milite contre la culture de la dominance – dans
ses rangs. Le privé se nationalise, dans un climat de guerre
outrancière. Tout paraît contenir un reflet climatique, écologique,
y inclus le social. La reine de la modération et de
l’auto-effacement est morte, vive le roi qui parle aux plantes!
Infrastructure, systèmes sobres – où va-t-on?
Ce que l’on entend aujourd’hui, c’est plein d’analyses et de critiques –
les rapports du GIEC ne font que ça et cela stimule les autres à
faire pareil.
Ce que l’on n’entend pas, ce sont ceux qui ont des propositions concrètes de
systèmes alternatives.
Mais c’est bien de cela que ça traîte. Systèmes. Et, basé sur l’expérience, je
sais pourquoi on ne les propose pas – parce que l’on sera mis au
ban de la société. Des Amish – Macron n’a pas pu le dire plus
clairement. Justement, nous pouvons tous devenir des Amishs, à notre
guise.
Les exigences de performance, d’intégration sociale, d’une société de
travailleurs, ce sont des ordonnances de conformisme – de
conformité stricte. Ceux qui proposent des systèmes sobres,
frugaux, réalistiques, d’adaptation, sont caractérisés de
non-conformistes, de révolutionnaires, de déséquilibrés,
d’inadaptifs. Et en réalité, ce ne sont que ces gens qui ont un
marge de manoeuvre qui peuvent faire leurs choix de style de vie, qui
parlent, incessamment, des bénéfices spirituels, etc. Les pauvres
savent très bien que cela ne marchera pas comme ça pour eux. La
bagnole, par contre, oui.
La rareté de vraies propositions systémiques, infrastructurelles, engendre une
sorte de flou, où on parle de l’imposition de sobriété ou
de son acceptance libre et démocratique. Mais quelle sobriété,
quel modèle? Qui bouge quoi, comment ça marche?
Est-ce que ce ne sont que des voeux pieux, faits d’intelligentsia et d’alternatifs?
N’est-ce pas que c’est parce qu’on est ignorant qu’il y a un
manque de clarté sur le “comment faire”, qu’il n’y a que des
théorie et des généralismes?
* * *
Le mardi 20 septembre 2022 à 21h sur France Culture il y a eu une émission sur
l’urgence de l’enseignement sur l’écologie dans les Grandes
Écoles et le manque d’enseignants. En fait il n’y a que ça, en ce moment. C’est
un peu riche, pour ceux qui y ont consacré leurs vies de se trouver
au centre du débat “sérieux” des gens qui comptent, sans encore
qu’on les écoute, mais …
Toute l’élite font déjà courir le bruit, ils sont tous au courant de la fin du monde dans
lequel on s’enlise, ce n’est que la majorité démocratique qui paraît ne rien y
comprendre. Faut les éduquer, sauf que … ils veulent “agir” sur leur destin
collectif, en plus. Comment faire (ils ont du mal à envisager ce
qu’ils n’ont jamais expérimenté eux-mêmes).
Mais en fait, tout le monde, ou presque, comprend très bien qu’il n’y a toujours
pas de propositions concrètes, pour eux – que des bullshit jobs et des impossibilités administratives
de faire autrement que plus d’industriel. Même s’ils voulaient faire autrement. Sinon,
on leur donnerait déjà des jardins, non, et des conditions de
travail sans machine abordables? Il n’y a vraiment que très peu de
signes que cela se passe comme ça, vraiment. L’inverse, plutôt,
si on regarde le bilan.
Cela a été comme ça pendant tellement de temps, tellement de
générations, qu’il faudrait vraiment d’autres dignitaires pour
leur donner des leçons – puisque tous ceux qui sont en place sont
les “succés” de ce monde dans lequel on vit. Par définition.
Tous sans exception, par définition – les scientifiques, les médecins,
les politiciens, la média, le monde de la culture, les sportifs, les
entrepreneurs, tous nos héros et nos héroïnes.
J’ai compris ça quand j’ai vu un film qui faisait bruit, vers 2012, d’un
autrichien qui tout seul a remodelé plusieurs hectares de terrain
aride et pentu dans une vallée de la montagne autrichienne, en petit
paradis pisicole, plein d’arbres fruitiers. “Me voilà.”
dit-il, “Vous voyez bien ce que j’ai fait, émulez moi!” Plein
de bassins à usage agricole. Très efficace. 30 hectares, une seule
personne. Impressionant.
C’est le bon vieil astuce de faire d’un riche et son style un leurre, une
aspiration. Je la trouvais tragique.
Il a tout fait à la pelle mécanique et au tracteur, en fait. En fait, sans l’appui
du mécanique, il n’y est pour rien, nulle part – c’est la
machine qui fait le travail, en gros. Toute cette énergie – et les
terres – coûtent de l’argent, beaucoup d’argent. Il en a. Son
travail a une profile énergetique, en fossile, tellement néfaste
que jamais dans une vie de travail il ne pourrait la compenser tout
seul. Et pourtant, un travail de jardinier peut très bien alimenter
un être humain.
Bon, à cette époque lointaine – 2012 – cela passait pour l’écologie.
J’étais dégoûté. Ensuite ils ont décidé d’acheter avec les
bénéfices de leur FestiZad, quelques 20,000 euros, dans un
tracteur, pour être “autonomes” en production de fruits,
légûmes, blé, …
En soi c’est une aspiration noble, si c’est sans tracteur. Mais acheter des machines
industrielles pour faire le travail qu’on ne fait pas soi-même, en
entretenant un paysage amènagé à l’usage taille industrielle,
c’est quelque peu illogique. Qu’en est-il de l’entretien des
haies, des sentiers et des accidents de terrain qui sont propices à
la bio-diversité et la diversification d’habitat?
Ce n’est pas la présence des humains qui pose problème ici, c’est la présence et
le passage de leurs engins, comme la voiture, le tracteur ou le
camion, à haute vitesse. Un humain ou un vélo passe facilement sur
un sentier d’un mètre de largeur, à basse vitesse. Le
renforcement des routes, des ponts et chaussées, pour un usage de
poids plus lourd, plus grand, … c’est vastément dépensier en
énergie, un cycle infernal.
La plupart de nos “petites” routes de campagne font actuellement de 8 à 12, voire
15 mètres de largeur. Sans parler des routes plus grandes, les
départementales, les nationales. Lorsqu’il y a endiguement
systèmatique, les largeurs augmentent.
Mais la sobriété écologique implique cette logique – elle implique l’évolution
d’une économie à poids léger, qui maximise l’emploi de
l’effort et du travail humain, profitant de son faible poids,
empreinte ou trace physique, mais surtout de sa capacité
d’auto-organisation systémique.
Nous sommes très adaptables, nos systèmes politiques et sociales nous organisent. Le
défi est donc dans ce sens d’auto-organisation. Quelle voie suivre
pour survivre?
C’est bien un débat qu’il faut poursuivre, … un chemin à creuser, parce qu’il
est bien là, devant nous.
* * *
Cette émission sur l’écologie de France Culture – don’t je parlais tout-à l’heure – a
coutûme de se présenter de manière apparemment modérée – trop modérée. Modéré,
cela veut dire, toujours en retard sur la vérité, pour des raisons
de calcul politique et social de ce qu’il est faisable de dire.
À cette finalité de neutralité non-neutre, dans le non-dit, il arrive
de se faire des invités qui le disent quand même. Dans ce
sens, la fiction de la neutralité est entretenue.
Cela pose problème parce que cela renforce la perception que les voies innovatrices
viennent des radicaux – voire des extrèmistes, des marginaux qu’il
ne faut pas écouter. Bizarre, ils ont eu raison, avant tout le
monde, ils ont été courageux, avant tout le monde, ne serait-il pas
temps de leur donner un peu d’attention? Si ce n’était que pour
sauver sa propre peau?
L’émission de ce mardi a pris ces concepts, les a édulcoré comme sujet la
formation à l’action – dans les grandes écoles. Quelle ironie!
Cela donnait le pretexte pour des clips d’étudiants radicaux qui
parlaient de la nécessité de passer à l’acte. On a même invité
un ex-étudiant de la Polytéchnique (fils et grand-fils de
polytechniciens) à parler, live!
Il a choisi de vivre des expériences écologiques dans un village de Normandie. Il
a sans doute un tracteur et de l’argent, on le sent.
On a parlé du besoin de relier acteurs et professeurs, mais il faut quand même
reconnaître qu’à part les étudiants, il n’y a pas encore, à
la média nationale, des têtes parlantes qui agissent vraiment.
collapsologie – c’est foutu – tragédie, pas de drame
mercredi 21 septembre 2022
Notes sur la Terre au Carré
Endiguement
Invité: Dominique Mehda
Redistribution “équitable” – cette femme a du gravitas et elle débite
bien, comme un politicien, les éléments codés, les mots clés du
lexique économique.
mais moi je me contenterais déjà d’une distribution efficace pour ceux
qui choissisent une vie frugale, à pied ou à vélo.
Cette infrastructure, de refuges de montagne publics, mais cette
fois-ci pour d’autres fins, permet le déplacement aux
gens relativement humbles, qui continuent
d’exercer leurs libertés de base, de mouvement, d’association,de travail ou de partage, sans entrave.
Ce n’est pas le cas si l’infrastructure n’est adaptée qu’à
la seule voiture d’abord, ou au seul poids lourds. C’est le cas
actuellement, les nouvelles constructions d’habitat humain doivent,
au-delà d’une certaine taille, être accessibles aux engins des
Pompier, de plusieurs tonnes.
“Prospérité” – pourquoi pas “(auto)-suffisance”, reprenant ainsi l’usage nouveau anglais d’“auto-sufficiency”?
Investissement en rail, tramway (collectif donc, et avec le CoVid?)
“circuits courts”
soyons spécifiques – quel rayon? Réalisable à vélo, à
la marche – à vélo collectif? On ne peut pas louer les voyages
lents sans aborder la logistique du voyage lent. Le voyage
pour tous, riches et pauvres, les sobresque lesostentatoires.
Moins de travail des machines, plus de travail humain.
Plus de travailleurs dans le secteur de l’”agriculture”( pardonnez-moi, “jardinage” ).
Donc, selon elle, “1 million de plus d’agriculteurs”
(quel terme vague, finalement)?
C’est plutôt habiter en immersion avec la nature de manière
vivrière, bioproductive. D’ailleurs, si le terme “jardinage” a
plus de sens, c’est qu’il y a toute la transformation saisonnière
de produits à prendre en compte, qui évitent les achats, ou qui
permettent l’échange de la production.
Rappelons-nous qu’un jardin se vit à proximité, est qu’il
est réellement très productif, par hectare, plus que l’agriculture
dans des champs, ou le seul élevage.
Trois jardins forestiers par hectare, 3000 mètres carrés chacun,
de quoi nourrir plusieurs personnes, potentiellement. Le défi est
technique – il nous faut nous réalimenter en main d’oeuvre
humain formé.
Ne pourrait-on pas mieux dire si l’on parlait de plus d’habitat
qui se vit en intégration avec le monde végétal et animal?
“Emplois utiles, localisés, partagés”
Là, je la suis totalement.Il s’ensuit logiquement qu’il faut accommoder la
la présence d’une force de travail mobile. Le travail saisonnier
est nécessaire à une économie paysanne rurale qui n’est pas
basée sur les machines. Une infrastructure qui tient compte de la
sobriété permet à des humains de voyager par leurs propres force,
sans véhicule. Mais à présent, le cadre administratif punit les
habitats innovateurs, à très bas coût énergétique, sinon les
fait détruire.
“Le PIB occulte (cf. Travail domestique), l’empreinte carbone, et de là …
Une proposition de “compte carbone”, budget limité au-delà d’un seuil
reconvertir – reconversion de compétences massive, partage de savoirs faire
divers (étude co-commandée par Action Climat)
Une société nouvelle (nouvelle structuration de la société)
Alain Pavé : Comprendre la Biodiversité 2019, p.279
“Dieu doit beaucoup à Bach.” d’après l’expression d’un certain
Cioran “S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est
bien Dieu”.
“Dieu ne joue pas aux dés” attribué à Einstein
“la vie doit beaucoup au hasard” (Pavé), et il continue: on peut même
montrer que, sans hasard, pas d’évolution et même tout simplement
pas de vie et, évidemment, pas de biodiversité.
Dieu serait peut-être le dé lui-même (Pavé)
L’exemple de: “[…] “systèmes dynamiques”, avec les équations
différentielles, ordinaires et aux dérivées partielles, ainsi que
les équations recurrentes afin de mieux représenter les mécanismes
du vivant .
“Les quelques combinaisons qui ont résisté ont constitué les
premières pièces du Lego de la vie puis, petit à petit sur le très
long terme, l’édifice s’est construit et continue à le faire,
largement à “coups d’essais et d’erreurs” pour
constituer ce qu’on appelle la biosphère, avec toute sa
diversité.”
Cela explique bien l’importance de la biodiversité, elle prend son
temps. Elle s’accumule et elle s’organise. Comme nous, qui sommes
tout juste en train de définir notre cahier de charges.
Retenons ce mot d’ordre de passage à l’acte, le besoin de mettre
ses mains dans le cambouis des étudiants de sciences po – mais
n’est-ce pas la méthode pédagogique des écoles Montessori –
pourquoi pas des écoles linéaires, en mouvement, en interaction
avec la biosphère?
Pour relever le défi, vaut mieux être en état de marche …
L’une
des méthodes les plus fiables et sûres de répondre à nos besoins
écologiques élementaires, c’est de redynamiser le monde à
l’échelle humaine, en conformité avec la réalité somatique et
sensorielle de l’humain.
Cet
objectif est atteint, en partie, lorsqu’on se réintègre au
vivant, lorsqu’on réapprend les usages du vivant. Ce n’est pas
donné, lorsque vous ếtes acculturé depuis le plus jeune âge à
vivre dans des cages. L’analogie entre nous – notre besoin de
stimulus et interactivité, tous comme les grands fauves dans les
zoos, pâlit lorqu’on constate que les améliorations des
conditions dans les zoos n’ont pas été suivi par l’amélioration
des conditions de vie en appartement de l’être humain.
Dans
ce cadre, le téléphone portable se montre un jouet insuffisant,
mais très économe.
Voyons.
Je n’ai pas abordé le gros du problème énergivore de notre
société de surconsommation, devenue la norme, la valeur principale
de toute une culture dite “industrielle” mais qui laisse de moins
en moins de place aux vrais “industrieux”.
C’est
la sacrée voiture, l’automobilité dans toutes ses formes.
Je
n’ai pas vraiment saisi l’essence de la voiture moderne avant de
visiter – tout dernièrement – vous pouvez aller sur le site de
l’émission et visiter l’article “Mobile”, rubrique
“Concept”, qui traîte en partie du Port Royal, dans les Bouches
du Rhône. J’y ai posé quelques photos des quilles des bateaux que
l’on répare là-bas, tout hydrodynamiques qu’ils sont, comme les
corps des baleines, des orcs ou des dauphins.
Pour
les voitures et les avions, on dit “aérodynamique”. Il faut
atteindre des vitesses supérieur à 30, voir 50kmh avant de
commencer à vraiment sentir la force du vent. A partir de 130kmh,
cela devient de plus en plus comme un mur, ça frappe.
Tandis
que dans l’eau, plus dense, ces effets de turbulence et viscosité
se détectent à des vitesses bien plus réduites.
L’être
humain marche sur la plante des pieds, qui ont des surfaces assez
grandes pour mieux distribuer le poids d’un bipède. Il n’a pas
besoin de prioritiser l’aérodynamique de son corps, c’est un
corps finalement très versatile.
La
voiture moderne est aérodyamique, comme un oiseau, comme un bateau,
comme une baleine, parce qu’elle va vite. La route est vastement
plus simplifiée, plus grande, plus lisse et plus prédisible, pour
nous permettre de rouler à toute allure en toute tranquilité à une
vitesse que, dans des conditions normales, nos sens ne pourraient pas
accommoder.
Les
panneaux indicateurs sont vastes aussi, écrites d’une lettre sans
sérif de grande taille, qui nous indique notre chemin de la manière
la plus réduite possible. Comme si nous étions des enfants. A
grande vitesse, tout doit être simplifié, nous n’avons pas
vraiment le temps de réagir.
Les
gens ne voient pas tout ça, le paysage passe trop vite et en tous
cas, on a de quoi s’occuper juste pour tenir la ligne.
Il
est sans surpris que l’on découvre que ce paysage routier, où
aucun détail ne nous est vraiment accessible, devient un désert, à
l’échelle industrielle d’autres véhicules, des tous-terrains,
des tracteurs. Nous n’y sommes pas engagés – nous ne savons même
pas … de quoi ça traite.
Et
les gens s’en foutent de tout cela, par conséquence. Cette
histoire d’immersion dans le monde du vivant, c’est une histoire
d’intérêt, de familiarité, de confiance. Ne cherchons pas
beaucoup plus loin que les habitudes de tous les jours. Un peu de
jardinage change déjà la donne. C’est une expérience
enrichissante, un environnement enrichi pour un humain – comme on
fait pour les chimpanzees.
Sauf
que pour les humains, c’est un enjeu de vie et de mort, nous
impactons tout le reste.
Parler
plus – se parler plus – est également une expérience plutôt
enrichissante. Ce sont des fonctionnement humains de plein
épanouissement de ses potentialités, si l’on veut.
Ce
n’est pas pour nier l’intellectuel, mais la reflexion – la
pensée humaine – n’est pas vraiment abstraite, elle traîte de
ce qu’on lui donne comme alimentation, ne serait-ce que la langue
qu’on emploie.
Décroissance
L’imaginaire positif autour de la sobriété
Cela
pourrait étonner, avec un titre comme ProFrugal, que je suis peu
convaincu par tous ces mots qui communiquent la parsimonie, je vois
surtout des opportunités pour améliorer la qualité de vie humaine
– des vies pleinement réalisées.
Sans
cesse, l’argument que l’on y oppose, c’est la réalité de tous
les jours – la fin de mois, le besoin absolu d’un certain pouvoir
d’achat.
C’est
raisonner à partir du cas particulier, d’une océan de cas
particuliers. Mais pour répondre à ces besoins individuels et
individualistes, c’est tout un système qu’il faut changer.
Tout
simplement, ce n’est pas le cas individuel qui compte. S’il y
avait des trains à prix et à fréquence abordables, on aurait moins
besoin de la voiture. S’il y avait des ressources humaines
adéquates à la campagne, on aurait moins besoin de se déplacer au
loin.
Ce
sont les notes du début d’émission – j’ai ensuite utilisé
les notes manuscrites que je n’ai pas pu transcrire encore, faute
de temps sur un ordinateur branché et avec accès ftp (file transfer
protocol) – s’il y en a qui lisent ces mots qui peuvent me
proposer un contexte (quelques heures devant un ordi dans un lieu
dit) tel que je peux mener à bien ces travaux j’en serai très
reconnaissant … et ceux qui m’écoutent aussi, j’espère ;)
Cette émission, le No.4, est censé traîter
de l’habitat. La dernière se concentrait sur le mouvement, le
transport, le nomadisme.
Mais comme cela a été démontré, dans une analyse dynamique, on ne peut
pas échapper au cadre.
Sur
l’Aire des camping car, j’ai demandé à un norvège en mobilhome
où se trouvait l’eau.
Sur
France Inter, La Terre au Carré hier mercredi venait de Millau, pour
parler du vélo. Ils ont identifié le problème en France du vélo
conçu comme un sport, par rapport aux pays nordiques, où c’est
tout le monde qui le fait.
A Millau, on a beaucoup d’élan, pour créer des systèmes de
covoiturage, pour les trotinettes électriques, pour les nouveaux
types de transport léger dont traitait l’émission …
mobilité - à vélo
J’ai entendu l’émission sur le vélo-mobilité,
ce mercredi 5 octobre 2022, sur France Inter, La Terre au Carré.
J’ai la sensation que tout le monde est en train
de bouger, très lentement, trop lentement, vers des positions pré-existantes mais ignorées - c'est une démonstration de l'amnésie de l'histoire et de l'importance de sa mise en valeur.
45kmH, c’est trop rapide. 100km en 2 ou 3
heures, c’est une manière de ne pas changer la topographie de nos
vies, alors qu’il nous faut densifier les populations rurales et
réintégrer nos vies au vivant. En fait, chaque interlocuteur sur l'écologie se devrait de parler des gens aui vont participer dans son expérience, comme s'ils faisaient partie du grand ensemble, de nouveau …
Si l’on crée une mobilité pour
les gens du pays, sans accommoder les transporteurs, les messagers et
les travailleurs actifs en déplacement, on reste dans le même
modèle industriel.
La situation se cristallise - c'est comme un voyage de découverte civilisationnelle, où on procède par toutes les étapes de l'apprentissage, où une allégorie des sept fléaux de Moïses; les gilets jaunes et leur fixation sur l'essence, le climat qui se réchauffe manifestement, l'extinction de la biodiversité, la séchéresse, le virus pandémique, la troisième guerre mondiale, les grèves pétrolières. Et le rémède: la frugalité, la sobriété, la prospérité, l'écologie, ...
Mieux dit, dans la version Macronesque: les subventions, pour faire tourner la machine économique. La solution finale.
Le problème est que tous ces problèmes sont entremèlés, mais la politique se prétennd strictement politicienne. Ah, les chasses gardées! Avec chacun qui se renvoie la balle sur l'autre, jusqu'à ne pas savoir qui est qui.
Guerre écologique
Le plus fréquent, ce sont des gens qui disent
qu’ils ne sont pas écolos puisqu’ils ne pratiquent pas – même
qu’ils sont pleins dans l’industriel.
Je leur réponds que ce n’est pas comme ça
qu’on raisonne par rapport à l’armée – les soldats ils y vont
pour nous, ce n’est pas parce qu’on n’est pas soldat qu’on ne
les soutient pas, avec leur courage.
C’est une guerre dans ce sens, on soutient les
actifs écologiques – puisqu’on en a grave besoin pour nous
défendre, même si on ne peut pas soi-même.
Cela déblaye le terrain un peu, on sait pourquoi
on soutient l’armée écologique.
Le deuxième exemple qui me vient à l’esprit,
ici en France, c’est la Résistance – qui est un modèle
exemplaire de solidarité dans l’adversité – qui fait partie de
la culture partagée.
On peut même apprécier l’ironie de la
situation, ceux qui hébergent les résistants actifs, qui les
protègent, ont tout intérêt à cacher leur soutien logistique, de
rester dans le rôle de non-combattants. On peut faire l’analogie
avec la guerre en Ukraine, où les ukrainiens versent leur sang et
nous, qui ne sommes pas en guerre, les alimentos avec des munitions
dans cette entreprise.
Par rapport à la guerre écologique, où on se
combat avec et contre les éléments, on est un peu dans la situation
d’une population captive dans une zone occupée, ici à la campagne
française.
Les riches, les hyperconsommateurs sont ici, chez
nous – même quand ils ne sont pas là – ce serait le cas des
deuxièmes résidences, des gîtes, des usines abandonnées, …
Sans hypermarchés, les hyperconsommateurs
crèvent, même en campagne.
C’est comme un kit de survie, le premier outil à
récupérer, les moyens de se défendre.
Pour en sortir, de cette dépendance à distance,
il nous faudrait créer des endroits pour se ressourcer, des relais
d’étape, mais aussi des ateliers, une mutualisation du travail,
des lieux de stockage, des gîtes de passage, des espaces de partage
et d’orientation – sur la voie publique, sur les marchés locaux,
accessibles au maximum de gens qui sont vraiment, physiquement là.
Ces outils permettent de s’autonomiser – de
faire des jardins, de transporter des denrées, d’apprendre des
métiers et de se présenter sur le chantier.
Das un pays champion de l’agriculture sans
agriculteurs, on pourra créer une nation de jardiniers décontractés,
libres de leurs actes, libres de leurs mouvements.
Dans un pays dominé par la voiture, on pourra
récupérer des pistes marchables, cyclables, sans peur. Tout cela
est maintenant à portée de main, si on le veut bien.
Pourquoi la Guerre écologique ?
Pourquoi pas ? La guerre est toujours
multidimensionnelle. En sciences politiques, on peut utiliser un
schémat basé sur l’idée de conflit.
Dans une guerre de « haut conflit »,
le mouvement domine, les sédentaires sont pillés, leurs terres
incendiées.
« Bas conflit », dans ce schémat,
équivaut à « coopération ». Les soldats, des nomades
qui pillent et qui violent, sont remplacés par des saisonniers qui
sèment et qui récoltent. Ce sont les sédentaires qui dominent, pas
les nomades. Dans une autre dimension, cela s’appelle une guerre de
positionnement et d’occupation.
Napoléon disait qu’une armée marchait sur son
estomac. En général, une bataille décisive est déjà gagnée par
sa contextualisation anticipatoire. On parle de « théâtre de
guerre », mais je pense toujours à son inverse :
« guerres de théâtre », dans le sens que la mise en
scène déterminera le résultat.
Ceci est particulièrement important lorsqu’on
traite de la guerre écologique. Il est important d’identifier
l’ennemi, de le cerner de près. L’ennemi est en nous – un peu
comme aliène, inextricable – et cependant il nous faut nous en
séparer, coute-que coûte.
(je recommande à tous ceux qui m’écoutent
d’ultiliser sans crainte toutes les expressions dont le président
s’est accaparé ces dernières années, sans vergogne).
Le terme « guerre » est utile dans le
sens qu’il admet la possibilité d’une force hostile. Je peux
dire que la plupart de discours écologiques actuels s’agitent sur
un terrain neutre, comme si l’ennemi était décervelé, un simple
objet sur lequel il faudrait agir.
Mais non. L’ennemi est hostile et proactif –
il défend ses terres, il défend ses acquis – logiquement.
En réalité, la territorialité, la
subordination, le colonialisme, objectifient les relations
subjectives, imposent un rapport de force.
Parler de ce rapport de force n’est autre que
dire, selon le dictum anglais « être propriétaire, c’est
9/10 de la loi. »
En termes stratégiques, donc, ceux qui eux-mêmes
bougent … et comment (!) et qui detiennent des pieds-à-terre
partout, ont le meilleur des deux mondes stratégiques. Ils n’ont
qu’à fixer les dépossédés et sans domicile sur des domiciles
fictifs ou des résidences fiscales, pour contrôler totalement
l’affaire.
Cela explique, en grande partie, pourquoi on n’a
pas agi ou bien que l’on continue dans des politiques
anti-écologiques, bien qu’au niveau rhétorique on se prétend
très ouvert à l’écologie.
A chaque échelle, y inclus le micro-échelle, il
n’y aura pas grand’intérêt à agir. Ceux qui agissent ne
pourront pas vaincre, ils vont contre toute une série d’intérêts
pré-existants dans chaque lieu. Seulement ceux qui ne menacent pas
les pouvoirs existants avancent. On tue dans l’oeuf toute velléité
de créer un système réellement différent.
Ce théâtre de guerre qui est la campagne a cette
particularité, il est devenu le terroir des riches et des puissants,
seules les villes rurales ont un profile de population comprenant
aussi de pauvres, des immigrants, … Il est facile d’exclure
géographiquement, lorsqu’on est riche.
La guerre écologique prend aussi la forme d’un
poire. « N’importe où mais pas chez nous ». La voix
des riches porte loin, en campagne. Le désert rural est une création
des riches, autant que les réserves naturelles, où la présence des
humains est perçue comme nocive. Typiquement, le riche est fortement
motivé à devenir encore plus riche, comme porte de sortie, comme le
seuil du prix d’entrée au désert rural est de plus en plus élevé.
Après tout, le pétrole coûte de plus en plus cher…
perspective, gros plan
Face à ces oppressions, bien identifiées et
connues de nous tous, cette guerre écologique non-métaphorique que
j’essaie d’articuler, elle sort plutôt avec un parfum de rose.
Elle consiste à joindre intelligemment les différentes pièces
humaines et de convertir les épées en outils d’usage
horticulturel.
Sans nier le rapport de force – si nous
commençons sérieusement à réoccuper la campagne avec des
pratiques saines, nous aurons gagné la supériorité logistique qui
gagne la guerre. Les collaborateurs de l’ancien régime seront
devenus nos alliés, ayant vu la direction que prennent les
événements.
Mais pour cela, il faut des …
Fils conducteurs
… des réintroductions d’espèces, une
biodiversité culturelle rafraichie.
Je parle évidemment d’être humains, et c’est
en cours. Des jeunes familles ont tendance à répeupler les
campagnes, actuellement. Mais tout est toujours en cours, même des
tendances symmètriquement opposées.
Il va sans dire que la mutualisation et la
fédération des ressources font partie de l’économie écologique
– et directement contre les intérêts de la désuétude programmée
– du marché captif, consomptif.
La désuétude programmée dans sa forme la plus
dénuée et transparente, c’est la guerre, qui brûle et qui casse,
nous obligeant à acheter toujours plus pour remplacer ce qu’il
n’aurait pas fallu remplacer.
Ici quelques suggestions de ce qu’il faudrait
mettre en place, pour durer.
– Pôles de renseignements écologiques,
analyses, chiffres, orientations
– écologie active : ateliers, formations,
écoles linéaires
– espaces de réception et de partage (accueil
sur les marchés chaque semaine)
– lieux de stockage (vélos, bagages, denrées)
– ressourceries populaires, ateliers physiques
pour créer et construire
Tous ces éléments peuvent être assimilés,
fonctionnellement, à des groupes de soutien – qui rendent faisable
la pratique d’une vie écologique – le soutien logistique qui
permet de mettre les soldats écologiques dans le champs où la
bataille est menée – de mouler le théâtre de guerre déterminant.
Et le gouvernement, avec une lenteur excruciante,
est en train de bouger dans ce sens – mais les territoires ruraux
sont à des années lumières, encore, du pouvoir central, avec une
capacité de créer des obstacles, tant constitutionnelles que
démocratiques, à l’épreuve de tout effort de changement, jusqu’à
là.
On continue de bétonniser, à la campagne. On
arrose les champs de foot et les champs de maïs, dans la sécheresse.
On chasse la vie sauvage. On plante les douglas. On élimine les
pauvres. On interdit les Tiny House.
L’exception prouve la règle. Les Tiny House
démontrent les limites de la tolérance réelle.
La désuétude programmée
Tournons-nous maintenant vers la montagne de la
désuétude programmée qui nous noye sous des déchets, hors
contrôle, actuellement. Ce monde cauchemardesque fait que les
ressourceries et le recyclage broyent et brûlent, ici maintenant,
les moyens de notre survie future, sous nos yeux.
Nous broyons notre avenir.
La Tour Eiffel avait une vie programmée d’environ
deux décennies, il y a plus d’un siécle. La durée d’existence
des bâtiments modernes est calculée plus finement, elle ne rate pas
si souvent son coup.
Il y a d’autres sources de désuétude
programmée encore plus réussies. Cramer l’essence, c’est une
manière d’en avoir toujours plus besoin. On ne devrait pas être
surpris de la popularité des quatres-quatres hyperlourds, c’est
une expression tribale de cette allégéance à la consommation – à
la désuétude programmée.
La guerre est l’expression de la désuétude
programmée la plus perfectionée – elle oblige et elle contraint
aux gens de produire et d’acheter des armes et de préférence des
munitions autonomes, qui éclatent et qui doivent être remplacées …
pour se sauver la peau.
La potentialité de croissance après-guerre d’un
pays est astronomique, du fait qu’elle doit tout régénérer.
Il y a donc une harmonie complète entre la guerre
et la désuétude programmée.
La politique de la guerre écologique est d’éviter
la guerre, l’hyperconsommation, et surtout la désuétude
programmée.
Voyons un peu plus loin.
Ceux qui manipulent, ingurgitent et dirigent à
longueur de journées des instruments de désuétude programmée, des
forfaits, des échéances, des transactions et leurs supports
physiques, également fragiles dans la durée, …
C’est tout ce qu’on connaît de près.
C’est grave pour les vieillards. Comme la Tour
Eiffel, on peut leur dire – mais n’êtes-vous pas un peu
surnuméraire, vous avez passé votre date de péremption ?
C’est logique, ils ne connaissent que ça. Si ce
n’est pas brillant et neuf, à quoi ça vaut, dans deux ans ce sera
suranné ?
Le corps, aussi, doit être performant et neuf. La
forme cardio-vasculaire d’un enfant, wow ! Et on ne savait
pas, auparavant (?!).
La Tour Eiffel est en fait un vieil arbre,
statuesque et magnifique, un trésor à tous égards. Elle dépasse
tout contemporain maintenant.
Mais un humain, il a sa date limite de vente.
L’éthique de la désuétude programmée,
l’esprit de l’économie circulaire, sont-ils vraiment si loins,
l’un de l’autre ?
Sans singularités. Tout-consommants.
Spécifiés par groupe subordonné, schématisé.
clic-nudge, confort-facilité
Tout le monde est en mode clic-nudge – ou
presque.
Cette idée est venue en écoutant une petite
analyse du développement de nos cerveaux – où des gens exposés à
Pokamon à une âge précoce développent une région du cerveau
dédié au Pokemon, tout comme ils en ont une pour les visages ou
pour les lieux – mais pas pour les voitures, il paraît.
Clic-nudge est une sorte de pacification de notre
patrimoine culturelle cérébrale. Cela va ensemble avec l’économie
de l’attention qui vise à rendre productifs les services, nous,
vidés de tout autre sens.
Donc si vous avez des problèmes à suivre ce que
je suis en train de dire, parce que vous avez un rendez-vous dans
cinq minutes ou parce votre téléphone vous a blippé –
rassurez-vous, ce n’est pas par hasard, c’est dans le program.
hélice
lundi 10 octobre 2022
agir dans l’ensemble
D’après Bruno
de la Tour, mort cette semaine
… les marginaux
parce que écolos terminent par devenir centraux (ils sont
intéressants parce qu’ils avaient raison alors que ce n’était
pas de mise).
Ce n’est pas
l’environnement, l’extérieur, mais l’écologie, à la fois
intérieure et extérieure, ensemble avec nous, au pluriel. Un virus
est une carte de visite, il est en nous. L’idée de la « nature »
qui équivaut à l’environnement vivant autour de nous, qui
s’oppose à « l’environnement artificiel » dans
lequel on vit soi-même, est un fable, une pure fabrication humaine.
On peut également
mettre en cause l’idée de « réserves » de la nature,
une nature avec laquelle il ne faut pas se mêler, qu’il ne faut
pas toucher, qui fera pour nous, sans nous. Cela n’est toutefois
pas un argument qui tient la route face aux terres déjà
« artificialisées ». La terre est notre berceau, sa
croûte notre linceul.
Des mots tels que
« mutualisation », « partage », ce sont des
mots qui ne font que témoigner de l’existence de ces ensembles.
L’écologique est
intriqué dans chaque aspect de chaque sujet qui fait bien vivre –
à nous, aux êtres humains, à l’ensemble.
La santé, les
polluants, l’oxygène, l’eau, l’agriculture, la consommation,
l’économie
et, pour ceux qui font ce genre de liste, le climat, la biodiversité
L’une des erreurs
fondamentales, ce serait de séparer la biodiversité du climat. Une
absence ou quasi-absences d’arbres entraîne peu de pluie, beaucoup
de chaleur, beaucoup de sécheresse – Le peu de biodiversité amène
à encore moins de biodiversité. Nous sommes les consommateurs de ce
système. Sur cette pyramide de prédation, nous sommes le plus haut
placés.
Pour autant, nous
nous sentirons les conséquences de ce qui se passe dans tous les
autres échelons de la pyramide en dessous de nous. Plus on est haut,
plus le vide en dessous menace.
Quel serait la
hauteur « naturelle » des humains sur cette pyramide, eux
qui se sont hissés au premier rang ? Saura-t-on reproduire les
équilibres heureuses pour la vie, que sait créer le vivant ?
Sachons que nos
propres idées se trouveront confrontées aux idées des autres, que
nous pouvons tenter d’objectifier, alors que l’on préférerait
des sujets, des êtres qui font d’eux-mêmes. C’est-à-dire que
l’idée même se conjugue à plusieurs – la méthode
« naturelle » est plurielle – nous sommes nous-mêmes
pluriels.
Il peut y avoir des
milliers de Bruno La Tour, si le monde est suffisamment riche,
interconnecté et biodiverse.
L’imprédictibilité et l’autonomie de plusieurs « êtres »
font que l’un des éléments de l’ordre naturel est forcément la
compétition – que la coordination et les prorogatives changent,
sans pour autant que cela nuise à leur enchevêtrement,
même l’inverse.
Le hasard détaillé fait l’affaire de tous.
Prenons un exemple concret. Selon un rapportage de France Inter (9h,
dimanche 16 octobre 2022), les mairies de France se trouvent face à
un mur, dans le cas de Strasbourg ces coûts
énergétiques annuels sont montés de 12m euros à 60m d’euros –
multipliés par cinq, ou par 500 %, à cause de la crise de
pétrole, conséquence de la guerre de la Russie avec l’Ukraine. Les
pénuries de carburants résultant des grèves récentes accentuent
le trait.
Pour
autant, c’est beaucoup pire que le taxe carbone qui a déclenché
le mouvement des gilets jaunes, de la France Périphérique, de la
« Province », leur ruralité artificielle étant d’autant plus touchée par ce phénomène de la hausse des coûts de l'énergie que les distances sont longues et les déplacements obligatoires.
Le
cahier de charges écologique et sa contrepartie économique
coïncident. Ils coïncident par force majeure – il n’était pas
possible d’économiser l’énergie lorsque le coût de
l’énergie était moindre, et stable, mais, dans ce nouveau monde
de l’inflation des prix ahurissante, tout est à repenser, dans
l’occurrence, et au grand chagrin des scions de la société industrielle, écologiquement.
La
frugalité énergétique est maintenant à la base de toute réflexion
économique.
C’est
très ironique. On aurait dû le voir venir. Mais bien sûr qu'on a fait tout pour le ralentir, et elle accélère !
Dans l’occurrence, certains l’ont vu venir et ils ont déjà fait
leurs calculs de réduction de leur empreinte énergétique. Les
kilomètres parcourus, le poids transporté lors des déplacements,
tout est à revoir vers le bas. On a intérêt à localiser la
production, mais aussi les sources de matière première – cela
devient plus rentable. Oui, on l'a vu venir, mais, pour constater l'inertie doctrinaire de nous tous, les collectivités locales, tout comme les pauvres, les énergétiquement éprouvés, attendent les subventions, espèrent recevoir les compensations, les "quoi que ça coûte".
Seuls les riches peuvent être prévoyants, les investissements dans l'infrastructure n'ont pas eu lieu. La pensée urgentiste, la crise est devenue un état d'âme, une manière de nous provoquer la réponse par électro-choc, là où l'habitude de l'inaction climatique était de rigueur.
Un
exemple positif donné dans l’émission de Radio France est celui de la cuisine communale
collective de légumes que l’on fait pousser localement. Les
tomates venues du sud de l’Espagne perdent le peu de goût qu’ils
avaient, face à cette concurrence, plus besoin d’emballage ni de
chaîne de froid, de surcroît. Comment s'y opposer, on est ce qu'on mange ? Cependant, on peut se demander qui a droit à ces repas équilibrés ? Les pauvres et leurs instances sociales sont tombées, elles aussi, dans le tout industriel, sont autant mis en cause par cette crise énergetique que leurs équivalents publics et privés. Un pauvre, mal-logé et mal-alimenté, coûte plus cher qu'un "audessus du seuil de la pauvreté. Et pourtant, avec des jardins à sa portée, ce ne serait pas le cas. L'une des manières d'expliquer cette absurdité, c'est le manque d'écoute des pauvres, les organismes qui les desservent les ignorent, leurs interlocuteurs préférés se trouvent au-dessus d'eux.
Les
entreprises, surtout celles à forte dépense énergétique –
l’industrie dite « lourde », n’étant pas aussi
dépendant des élections (bien qu’elles doivent penser à verser
des dividendes annuelles pour maintenir leur accès au capital et prévoir les aléas de la politique), peut
prendre des décisions stratégiques à moyenne et à longue terme. En réalité, ce sont les plus écologiquement prévoyant de nous tous, parce que les plus en contact avec les réalités du marché de l'énergie.
Nous,
en tant qu’observateurs-acteurs, peuvent finalement comprendre
qu’être écologique, être économique et être politique
commencent à se souder dans une entité, tant régionale que mondiale, qui
bénéficie, ou non, à notre intérêt collectif, même si cela
passe beaucoup par la compétition et la contrainte, la coercition et
le rapport de force.
Si
l’on nous demande de tenir en compte l’impact sur le monde entier
du cumul de nos actions particulières, on peut s’en passer, sans
que cela amenuise à notre contribution quotidienne, de fait.
C’est
comme dire que le cœur a des moyens que la raison ne soupçonne pas.
Néanmoins, nous sommes des êtres de raison aussi, et selon
l’échelle, ces raisonnements globaux peuvent fomenter une
conscience et un consensus collectifs.
intro
Dans le monde des lavomatiques, les greenwashers d’aujourd’hui se
trouvent en essorage libre.
Total se fait lessiver, au moins par l’opinion publique.
The boot is on the other foot now – and who is the pot to call the
kettle black (la botte est sur l’autre pied maintenant – et qui
est le pôt
pour appeler la bouilloire noire ? - ne me demandez pas d’où
viennent ces expressions obscures).
Les organismes de certification bio, les stages
bio-sourcés, les shamans universalistes – qui ne sont autres que
des gurus plus modernes, le prana, la méditation transcendantale,
tous ces gens essaient de s’assimiler à l’agenda verte.
Il serait temps de nommer la bête
que l’on discerne en tâtonnant . Elle date des années 1980-90,
elle est hédoniste, néolibérale, no-future. Elle est la génération
que l’on n’a pas vu venir au pouvoir, définie par sa vacuïté, son incongruïté. Autant insouciante du passé
que de l’avenir, auto-centrée, narcissique, individualiste –
autiste. Son slogan est peut-être « c’est ton choix »,
ensemble avec « There is no such thing as society » et
« I don’t know where it is, but let’s nuke it, that way I
don’t even need to know ».
C'est nous qui avons créé la société "bulle", en toute méconnaissance de cause, même si c'était le but. La Lampe d'Aladdin a été fort frottée, jusqu'à devenir passoire, l'huile s'en est toute écoulée.
GOVERNMENT GREENWASHING
LINGUISTIC GREENWASHING
LOCAL AUTHORITY GREENWASHING
… qui prennent totalement le dessus sur le greenwashing industriel …
… et pendant ce temps, le prix du pétrole monte, comme le lait sur le feu, …
… mais que font tous ces bons gens ?!
Comme le lait sur le feu, on surveille le peuple, on l’humorise,
on l’harmonise, on le scinde, on lui induit l'atomisation, comme si c’étaient des enfants
...des enfants très cons, remplis de besoins d’énergie simples et
justes, parce que juste simples. Industriels, encore et toujours, des abrutis à conditionner.
INFRASTRUCTURE
Dans cette société de l’euphémisme, est-ce que le vélo
électrique est une forme de greenwashing ? Une sorte de dogme
de la religion de la Solution Technique (Finale) ?
Et le réseau « warm shower » ou le « réso pouce » ?
Assurément. Ils n’ont pas encore subi la Transition. Ils pensent encore que la Transition, c'est quelque chose de beau et de ba ba.
Les grandes et moyennes distances qu’il faut parcourir et les poids
qu’il faut transporter, pour concurrencer la voiture et le camion,
maintiennent cette topographie fictive à trop grande échelle. De nouveau, le cahier
de charges écologique, qui pour d’autres raisons a besoin
d’incorporer l’échelle humaine, coïncide
avec celui des puissants et des moins puissants d’aujourd’hui.
C’est-à-dire que dans un nouveau monde de prix de l’énergie
astronomiques, tout change. Là où le paysan africain pensait gagner en efficacité et en autonomie, grâce au portable et au quatre quatre, là où se trouvent les grandes surfaces et le péri-urbain, dans des paysages chaque fois plus arides et semblables, c'est là que ça frappe, de plein fouet. Ce sont des endroits sans échelle mineure - les chemins d'autrefois sont perdus sous les ronces. Le mosaïc d'échanges locales est fragmenté. La piétonnisation cesse, en dehors des centre-villes. Les aménagements qu'il faut ... c'est énorme !
A la mesure de tout ce qu'on a défait, on refait, quels idiots qu'on a été, pense-t-on - mais la plupart de ces infrastructures détaillées se sont dessinées sans grand plan, sans grand architecte, c'est justement sans toute cette fracasserie qu'elles sont apparues, au menu, au fur et à mesure, comme la vie sait faire - avancer en ordre dispersé même si l'on n'est pas encore arrivé au consensus. La financiarisation et l'objectification de nos raisonnements font que le plus simple, le plus pratique, le plus organique, n'a pas encore lieu d'être dans les calculs. Les échelles supérieures, avec leur limitations budgetaires, bloquent les opérations les plus simples, à plus basse échelle.
Les greenwashers crient très fort les titres de leurs chansons. Les gens font, non-obstant.
La bande énergétique
d’un produit sera affixée, ensemble avec le nutricode.
Ce Greenwashing, un sacré phénomène liturgique. Que ce soit au
niveau de l’état, de l’entreprise
ou de chacun d’entre nous, il y a complicité dans cette affaire.
Nous
faisons semblants. Nous ne sommes pas encore en guerre écologique, oh
no. Nous nous fâchons lorsqu'on nous rappelle de ce qui se passe dans le monde, que la guerre est là, même là où elle ne l'est pas.
La
vraie guerre, le rationnement, n’est pas encore, mais elle viendra, on se dit. Les colis alimentaires, oui, le rationnement, non, ce n'est pas encore nous - mais c'est qui, nous?
Tout le monde l’attend, même les hérésies « anti-système »
(mais quel système, si cela ne rime à rien?) s’entendent.
Cependant, il y a des gens qui risquent
leurs vies pour venir travailler ici. Le SMIC, c’est un salaire de
riche pour eux – et pour une partie croissante d’entre nous.
Et l’argent qu'ils gagnent, ils le gardent, précieusement, chaque sous. Cela s’accumule, cela se dépense sagement pour faire des achats significatifs.
Le
besoin de voiture, de voiture électrique, de trotinette ou vélo
électrique, on n’a que faire, si l’objet est de s’enrichir.
Certes, ils ont une valeur ostentatoire – qu’on est arrivé, que
son statut social est adéquat – pour cela que les gens parlent
maintenant de leurs vélos électriques comme si c’étaient des
Ferraris et des Porsches. Des « vélos » électriques à
quatre roues, sans carrosserie finie, mettent en évidence l’aspect
pionnier de cette affaire.
Un
mirage – créé par et pour les riches, qui attend son Model T
Ford, son 2CV, coccinelle ou quatrelle. Pour aller où, au juste ?
Le
monde des riches, en France, en Europe, mais d’autant plus dans les
pays à grande distance comme les EEUU, est un simple mirage, un
monde virtuel à vaste échelle superposé sur le monde physique,
réel.
Fictions, fausses réalités
« Do you think you’re lucky ? » (Clint Eastwood, The Good, the Bad and the Ugly).
« Vous pensez que vous avez du bol ? »
L’Utopie
campagnard peut vite changer en cauchemar lorsqu’on n’a pas de
voiture, qu’on n’a pas assez d’argent. Sur qui compter ? Les Gilets Jaunes se mettent sur les rond-points, seuls points-rencontres fiables qui restent, l'isolement est quasi-total, sans industrie. Réduits au status de mendiant à la rue par l’essence et la vie chère. Le désir de dignité, le désir de ne pas se voir affichée une identité de cas soc, d'assisté, explique les fines distinctions de statut défendus par les plus pauvres, il en va de l'amour propre.
Qu’est-ce
qu’ils vont faire maintenant avec la hausse des prix à la pompe et
même la rareté de ces liquides combustibles ? La complicité avec le
système présent est patent – on veut faire avec l’essence, pas
sans. On peut donc dire que les ruraux pauvres et les pauvres ruraux
font une avec le greenwashing.
Aller
vers l’électrique, donc, … s’ils ont assez d’argent – cela
coûte un bail. Les frais sont en amont. A poids égal, la voiture
électrique ne gagne pas beaucoup – vous avez vu un tracteur
électrique ?!
Un
vélo électrique coûte vingt fois moins cher, globalement, parce
qu’il est 20 fois moins lourd et il va moins vite. Il peut faire
45km heure, consomme beaucoup moins à 30kmh. En périurbain cela
équivaut à la vitesse moyenne supérieure d’une voiture, en
campagne cela fait 2 heures pour 100km, à quelques kilomètres près.
Mais
la voiture a toujours été surpuissante et sous-chargée. Comme une
maison de riche, grande et avec quelques chambres vides pour les
visiteurs potentiels.
Electrifiés, à contre-courant
On
est en train de transposer, de transférer nos calculs
topographiques, topo-sociaux et économiques, à un autre style de
véhicule, sans jamais penser au réel. Nous sommes tous devenus des
greenwashers de fait, dans une société rurale greenwash, où, sans
véhicule, tu es nulle part.
Et
cependant, cette époque est terminée – elle n’est pas
soutenable. Le mot « assisté » s’applique à tous ceux
qui, sans voiture, sont nulle part. T
Toujours
la même elasticité d’un paradigme civilisationnelle qui refuse de
lâcher le morceau, comme un enfant qui tente toujours le même coup
et qui ne veut pas lâcher sa mère.
Il
faut un appel d’air et un coup de pouce à ceux qui proposent de
venir s’investir dans la campagne et ceci sans voiture, sans
fortune. Et en réalité, nous savons que, sauf des rares exceptions,
c’est tout-à-fait l’inverse qui se passe avec en plus, de la
complicité donc. Des greenwashers incertains, auto-justificateurs,
pas coupables, elastiques.
On
n’a aucune envie de renoncer à visiter les grandes surfaces à la
limite de la ville, où les choses sont moins chères et il y a plus
de choix, et comment rentrer avec 25 kilos d’achats ? Où
met-on le sac de croquettes premier prix pour le chien de compagnie,
le Patou personnel ?
La
déchetterie broie les vélos. Les employés n’ont pas le temps de
faire le tri c’est sous contrat et il y a le caméra de
surveillance. Il faut tout broyer. La différence entre les
recycleries et les ressourceries est subtile. Le recyclage est un
euphémisme – on broie tout ce qu’on n’enfouit ou on ne brûle
pas. Les ressourceries font la même chose – elles amènent la
plupart de ce qu’elles reçoivent à la déchetterie pour être
broyé. C’est l’époque – on est plein dans les excès de la
surconsommation, les déchets s’accumule, on s’y ensevelit sinon.
Deux
exemples magnifiques de greenwashing, de nouveau. L’intérêt
commercial est totalement dominant.
Mais
si le neuf devient trop cher, le marché d’occasion sauvera le
jour. Même les économies d’énergie ont des surcoûts
faramineuses – il faut jeter toute l’ancienne génération de
machines énergétiquement inefficaces, il faut rénover le bâti.
D’énormes dépenses énergétiques, finalement, avec un délai de
retour sur investissement qui dépasse très largement le délai
climatique qui nous est accordé.
Encore
du greenwashing ? On voit bien l’intérêt, dans les termes
économiques de l’industriel – du boulot, des profits, de la
production.
Mais
pas si l’énergie coûte trop cher. C’est subitement comme si on
avait un salaire de Tiers Monde – nous ne sommes pas faits pour
cela, ce n’est pas comme cela que ça devait se passer.
Étant
donné que le façonnage et la transformation de ces produits
industriels est, à part l’extraction et l’exploitation des
matières premières, le processus qui consomme le plus d’énergie,
il est difficile de comprendre pourquoi broyer les bouteilles et les
bocaux pour ensuite les refondre soit plus écologique que leur
réutilisation telles qu’elles.
Personne
n’est vraiment dupe de cette situation. On préfère jeter le bocal
plutôt que de le laver et le réutiliser. C’est plus facile. Ça
gagne du temps. Ce n’est que les vrais pauvres qui montrent un
intérêt pour ces objets – mais ils n’ont souvent pas la place
pour les garder !
Une
société de greenwashing doit aussi assécher les manières de faire
autrement.
Les
pauvres, ils ont des caddies, là où les riches, ils ont des
voitures.
Qui
veut être vu avec un caddie, surtout en pleine cambrousse ? On
a toutes les chances d’être pris en stop, surtout pour cacher la
misère. Un peu comme des fourmis qui nettoient devant leurs nids,
tous dans un élan d’être pris pour le plus beau village de
France !
La
laideur et la stérilité de tels paysages se constate. Les « plus
beaux villages », ainsi désignés au moins, sont en général
fortifiés, construits en pierre massive, béton et bitume, à l’air
d’énormes termitières rupestres.
« Pour
mieux résister à la canicule » dira Grand-mère Louve, tout
en souriant lorsqu’elle songe au gonflement du rendement immobilier
que toutes ces maisons lourdes représentent.
On n’est pas sorti de l’auberge …
« On a besoin des riches, à la campagne, pour nourrir les pauvres, à la
campagne. »
Ainsi
pourrait-on formuler un autre type de pensée « greenwashing »,
celui du tourisme de consommation, sur lequel est basé une large
part du gâteau électoral. Le touriste achète sa deuxième demeure
à la campagne, l’écolo qui vit en yourte ou en cabane doit louer
son appart au village pour assurer sa « contribution »,
son intégration à la combine.
« Que
les riches et les touristes achètent dans les petites boutiques en
centre-ville, à prix exorbitant, trois mois à l’année, cela nous
donnera du boulot pour les servir et des profits à réinvestir. »
Sauf
que les riches vont dans les grandes surfaces aux abords des villes –
comme tout le monde, quoi … pour la plupart de leurs achats. Et le
plus grand dépense ? L’essence, le gaz, le pétrole,
évidemment. Ce n’est pas local.
Et
puisque nous sommes tous, à degré varié, complices, le mot
« greenwashing » induit une dissidence cognitive – à
quoi bon s’attaquer aux super-profits de Total si nous sommes tous
des super-co-profiteurs sans aucune envie de transformation réelle.
Mais
l’énergie devient tellement important, à elle seule, qu’elle
mérite une devise, à elle seule. On commence maintenant, tout
juste, de parler des kilowatt heures en société correcte. On
commence tout juste à savoir qu’un homme, c’est quelques
dizaines de Watts, contre une voiture de quelques milliers de Watt.
De
telle manière que très bientôt, même dans ce monde monétarisé
où il n’y a que les chiffres qui parlent, même un ignorant
volontaire ne pourra plus nier l’évidence devant ses yeux.
On se renvoit la balle, mais on n'est pas coupable. On s'atomise et on s'abszente, pour ne pas être co-responsable. On est rancoeureux contre le voisin, pour les mêmes points fautifs que l'on trouve chez soi. C'en est trop. La pression est là. Les encoquillés !
Notre agriculture est la culture des
champs, d’un type devenu hyper-spécifique. Je donne quelques
définitions, commençant par le Wiktionnaire :
Étymologie Emprunté du latin agricultura , composé de ager
(« champ ») et de cultura (« culture »). Nom commun agriculture
\a.ɡʁi.kyl.tyʁ\ féminin Activité ayant pour objet l'
exploitation des terres par la production de végétaux et l' élevage
d' animaux.
J’aime bien cette élucidation, trouvée en alorthographe.com :
Le mot agraire est apparu au XIVe siècle, issu du latin agrarius,
de ager qui signifie champ.
Lois agraires. Agricole est apparu également au XIVe siècle, du latin agricola qui signifie laboureur. Agriculture est apparu plus tard, au XVe siècle, du latin agricultura.
Il est important de noter cependant que le préfixe agro- vient du grec agros = champ.
Culture (XIVe siècle) vient du latin cultura, de colere
qui signifie cultiver. De là tous les noms désignant des cultures
particulières : horticulture (fleurs, plantes), sylviculture
(forêts), aquaculture (production animale ou végétale en milieu
aquatique), pisciculture (poissons), conchyliculture (coquillages),
ostréiculture (huîtres), mytiliculture (moules), riziculture (riz),
etc.
Je n’aime pas celle-ci, la première phrase sur la culture du wikipédie
En philosophie,
le mot culture désigne ce qui est différent de la nature.
« Nature » est un mot
polysémique en français, même vague. En anglais le mot tend plus
vers le sens « c’est dans sa nature » - c’est-à-dire
sa quintessence.
Observons que l’usage du même
mot, en anglais et en français, avec des sens parfois subtilement
différents, fait partie de l’étoile binaire franglaise, c’est
d’un ensemble linguistique qu’on parle, à ce moment-là. Même
le besoin de différencier les deux langues, l’une de l’autre, nous indique qu’il
s’y trouve une fonctionnalité sensuelle comparative. Ceux qui maîtrisent,
plus ou moins, les deux langues, ont accès aux deux ou plus de sens
du même mot, parfois des sens qui se contredisent.
Version moderne
J’ai longtemps songé à comment
aborder ce sujet d’apparence technique – les appellations
« agriculture » et « biosphère » étant des termes
assez froids et non-communicatifs, tout en se voulant descriptifs et
précis, en quelque sorte.
Bien sûr que je les rejette, ces
appellations. Notre nature n’est pas l’agriculture. La biosphère
n’est pas la biosphère – à la limite c’est une sorte de
croûte terrestre, comme sur un fromage et qui pullule d’acariens.
J’ai toujours aimé manger la croûte, toute la croûte. En cela je
suis bien humain.
Force est de constater que pour nous adresser à cette crise du vivant il nous reste très peu de techniques. Tout le monde se met à dos,
devient récalcitrant et réfractaire, comme des bestioles
résistants, mais ça ne sait pas faire.
Et puis, posons-nous sur
l’affleurement de l’art, dans nos paysages … en manque de
création, mon œil s’est fait attirer par des gros livres
d’architecture, des livres magnifiques sur des œuvres également
magnifiques, typiquement le Guggenheim, Bilbao, et l’éternelle
Tour Eiffel. Aux États Unis, chaque ville de taille s’éprouve à
tailler dans le granit, dans l’acier, le béton, le fer et la
silice, son renom, son tourisme volumétrique, sa postérité.
Ce sont des signes visibles de
postérité, ces édifices pharaoniques. Dans le lieu de naissance de
la civilisation, en Arabie, sous le guise d’une propagande aspirante
(nom de marque: « conspicuous consumption »), on a
investi, et comment ! Dans de nouvelles tours de Babel – à
quelques 850m de hauteur, aux United Arab Emirates, on a même la
tour la plus grande de l’année, il y a une dizaine d’années, dans l'ordre de 850m de hauteur.
Mais ce qui m’a le plus frappé,
cela a été les tessellations, les franges, les habitats en fagots de roseaux, ou bien les
bâtiments naturalisés, les cabanes dans les arbres, les maisons
troglodytes. Tous en train d’imiter la nature, de faire nature,
mais malheureusement morte, de nature morte, donc, comme des paniers
de fruit en cire, de fleurs en plastique trompe l’œil. Trompe l'oeil, un style d'art qui n'a jamais vraiment connu l'oubli.
La culture, donc, une tentative de
faire nôtre cette culture de l’artificialisation, la copie et
l’imitation, la synthèse et même le dépassement du vivant. Il
suffit d’aller voir les Grecs, les mythes grecques, passés de
génération en génération par voie orale, dans cette Grèce
antique que l’on reconnaît être l’un de nos précurseurs, dont
nous sommes en partie héritiers, ces leçons sur l’hybris des
hommes face aux dieux.
Cette culture de mort vivante, qui
est la nôtre, qui, nous en sommes de plus en plus persuadés, ne
nous fait pas de bien, ne nous veut pas de bien.
L’agriculture est un type de
culture. Être cultive, éduqué, dressé, formé, pourquoi
maintenant, juste maintenant, ces mots ont de plus en plus de mal à
passer ? Ce sont des mots qui vont trop bien ensemble,
peut-être, avec des mots comme contrôler, dominer, administrer,
exécuter. On soupçonne ces mots de va et vient par génération en
bande organisé, en groupuscule clandestin.
L’agriculture est un tel mot, qui
communique la rationalisation d’un modèle exploitant, extrayant,
du vaste monde qui se met devant nos yeux accapareurs. N’oublions
pas que cette vision d’un monde d’un infini de ressources
exploitables, c’est le Nouveau Monde d’hier, pas la vieille
Amérique d’aujourd’hui. Et le mythe survit, longtemps après,
sous la forme de croissance.
L’économie circulaire, elle,
n’est pas une invention nouvelle, mais une nécessité évidente
depuis toujours. S’il y a eu moins de guerres, avant notre
sédentarisation et notre civilisation, ce n’est peut-être pas
bête de tenir en compte la circularité nécessaire de notre manière
de vivre de l’époque. Pour ne pas épuiser les ressources, il faut
comprendre les ressources, il faut les laisser faire le travail de
grandir auquel ils sont déjà prédisposés. Ou bien bouger. Bouger
est en soi une manière de détendre les stress qui sauront s’imposer
sur un environnement si on y reste trop longtemps. Bouger
intelligemment. Le jardinage linéaire est exemplaire – nos proches
cousins, les orang-outans, pratiquent ce genre de déplacement et
récolte programmées, ils utilisent leurs grands cerveaux comme des
calendriers. Ils mangent des fruits qui leur sont en partie adaptés,
pour leur dispersion et leur propagation. Il y a réciprocité
d’intérêts dans cette affaire, ce n’est pas pour rien que
l’arbre produit des fruits succulents et nourrissants, plein de la
ressource de l’énergie convertible par la grande famille
arboricole.
Est-ce que c’est de
l’agriculture ? L’agriculture, c’est le ménage des
champs, l’aménagement de surfaces planes, dégagés, à fin d’y
récolter où faire paître quelque chose. Mais ce n’est pas
nécessairement très logique de faire cela, à moins d’avoir une
abondance d’autres types d’écosystème à proximité, pour
cueillir les fruits, les noix, les champignons de la forêt, par
exemple. Ou les fruits de la mer et de la rivière. A proximité, un
terme qui paraît vague, c’est peut-être le mieux vu comme une
question d’ombre, mais aussi de mobilité. Si les insectes, les
petits mammifères et les plus grands, ont besoin d’endroits
propices pour vivre, ils débordent sur leurs proches alentours, les
semences aussi, le bois mort, l’humidité, tout joue avec les
surfaces planes que l’on appelle l’agriculture.
surfaces planes
C’est juste trop simpliste de
parler de surfaces planes, l’accidentation d’un terrain peut
multiplier par des ordres de magnitude (par dix, par cent, par mille)
la bio-productivité de cette surface, parfois par des logiques qui
dépassent celui du poids, ou des éléments concernés. La surface
d’un arbre est énorme, par rapport à son empreinte au sol, ou à
la surface plane de sa canopée. Cela lui permet de respirer plus,
mais aussi d’avoir des surfaces de condensation plus grandes et de
contenir et humidifier les vastes volumes d’air semi-contenus, sous
sa canopée. Il est, en effet, le moulin à eau, le barrage et le
bassin vivant – il distribue ou lâche, quand les stocks ils sont
pleins, il retient avec parcimonie lorsque les temps ils sont secs.
Pourquoi l’agriculture se
mettrait-elle dans une catégorie à part ? Peut-être par la
simple logique des circonstances – sa lutte a souvent été de
supprimer la nature débordante pour y faire pousser quelque chose
d’intérêt humain. Des murs sèches, par exemple, suivent la
logique du tri – on enlève les pierres gênantes pour faciliter le
labour, on les arrange autour des jardins et des champs si ce n’est
que par simple praticité et économie du geste. Cela crée des
accidents là où il n’y en avait pas, de manière souvent très
bénéfique à la biodiversité.
Cet ameublement des terrains par les
humains, les rizières collinaires étant un autre exemple ancien,
crée donc de l’accidentation, diminue les effets assèchants des
vents, permet a des micro-écosystèmes linéaires d’établir des
corridors de continuité d’habitat, encadrant les champs, mais en
covalence, par rapport à l’intérêt humain.
On parle du besoin de concevoir
notre engagement avec la biosphère comme notre adaptation à
celle-là. Objectivement, il est vrai, on doit la tenir en compte,
dans l’ensemble. Ce n’est pas nécessairement le cas particulier
– on peut s’isoler, dans l’immédiat et le moyen terme, des
conséquences de nos actes. Mais c’est le fait de concevoir cette
relation d’adaptation comme étant objectif qui me trouble. Nous ne
sommes pas, à l’origine, maladaptifs à la terre, ni la terre à
nous. Nous générons la croissance et la fertilité, nous tenons en
compte les intérêts d’autrui et l’interconnectivité de tous
nos intérêts, si nous faisons bien.
Prenons l’exemple de l’élection
d’une montagne ou un fleuve au statut de personne légale, avec des
intérêts à défendre.
J’ai passé pas mal de temps à
suivre la trace des rivières en France – l’Ariège, le Tarn, la
Garonne, entre autres. Mes compagnons de route et souvent de perchoir
sont, bien sûr, les oiseaux, mais aussi les truites. On ne peut
qu’être impressionné par l’eau qui coule, qui vient de l’amont,
qui descend vers l’aval, qui ne cesse jamais de transporter,
d’aller d’un endroit à l’autre. C’est elle qui anime, la
force vive. Tout se construit autour de cette mobilité fluviale.
Et sa propriété et ses bornes ?
La gestion de l’eau, gros mot, le contrôle qu’on exerce sur
l’hydrologie d’un lieu, cela n’a pas beaucoup de sens par
rapport à une rivière. Son lit mineur, ce flux constant dont on
parle quand on parle d’une rivière, n’est-ce pas ? Ce lit
mineur est le résultat d’un flux, une saturation en eau sous
terre, souterraine, d’une nappe d’eau, phréatique ou autre,
c’est en quelque sorte le débordement du vase, ou de la vase.
Donner un statut légal à une rivière est donc donner un statut à
l’ensemble de son bassin versant.
Et ses habitants, comme ses nappes,
bougent tout le long de la rivière. Son débit est le cumul de tous
ces effets en amont, forcément en amont de là où on se trouve, sur
la rive.
C’est d’autant plus le cas avec
les lacs et les océans, qui ne sont aucunement en reste lorsqu’on
pense à la vie sur terra firma.
Le calcaire, ce rocher qui nous est
tellement familière, est essentiellement le résultat du cumul de
millions et de trillions de carapaces de crustacé, de coquillages et
d’ossatures d’animaux et de plante, qui se sont posés sur le
fond de l’océan. Le calcaire, il est poreux. Les rivières en zone
calcaire se trouvent souvent dans des gorges, l’eau des causses,
filtré par le calcaire, descend pour alimenter ces rivières.
Pour faire partie de ces écosystèmes
il faut faire le lien entre l’un et l’autre. Où sont les liens ?
De nouveau, la matérialité de ces liens ne correspond pas
nécessairement à leur influence, directe ou indirecte, sur
l’écologie des lieux. Les migrations et les déplacements sont des
phénomènes qui s’enchaînent, l’une derrière l’autre. Les
virus et les idées circulent, à toute échelle. Une agriculture qui
ne prend pas en compte son contexte, qui traite celui-ci comme une
externalité, est une agriculture avec peu de probabilité de succès,
globalement – il ne peut qu’être court-termiste et
individualiste.
La question de l’agriculture est
donc aussi une question d’accommodation à l’altérité, si l’on
veut l’appeler adaptation, c’est en homo industrialis qu’on
parle, alors que ce n’est pas mon positionnement – on y est déjà
accommodé, par nature …
Prenons par exemple la question de
sexe et de communication. Je viens de voir un petit poisson flasher –
c’est-à-dire qu’il montre son ventre argenté au ciel, ce qui
crée une étincelle de lumière. Les poissons comme cela vivent
souvent en bancs. Qu’ils ont , qui crée un besoin des neurones
dites miroirs, c’est sans aucun doute – chaque mouvement de leurs
confrères et sœurs et à l’instant réfléchi par le poisson –
ils bougent ensemble, en concertation, comme les oiseaux en vol. La
communication se fait, donc, par ces messages argentés, ces flashes.
L’autre, la reconnaissance de l’altérité, sont des aspects de
la vie sexuelle, aussi. Il est parfaitement possible de reproduire
par fission, comme des clones. Mais le faire avec un autre, …
implique aussi l’autre. Sont ces mécanismes d’interaction
instinctifs, selon les dires de certains, vraiment innés,
préprogrammés ? Parce que sinon, on est en face de quelque
chose de très subjectif.
C’est donc un mécanisme assez
intrinsèque à la vie – inventé par la vie parce qu’elle donne
un avantage sur la duplication et la mutation génétique – elle
met deux êtres différents face-à-face, pour s’accorder -
s’assurer une relation en étroit lien avec l’environnement et le
temps local. Rien à voir avec le codage des millénaires, dans
l’ADN. Ce qu’on appelle l’épigénétique, ou les gènes
supposés redondants, ne font pas plus que les contextes locaux, dans
la transmission générationnelle.
On est malléable, en partie
instruments de notre destin, en partie inséparables de nos contextes
locaux, en partie des mécanismes de feedback (boucle de rétroaction,
en français). Lorsqu’on entreprend l’aménagement d’un terrain
en « champs », et puis de plusieurs champs, on entre en
contact avec des cycles de rétroaction à plusieurs échelles.
Est-ce que l’on est apte, même adapté à la tâche ?
Vaudrait-il pas mieux déléguer ces tâches de biodiversification et
coordination de cycles à des plantes qui en font déjà partie et se
montrent compétentes (les adventices) ?
bois et forêts
Qui, objectivement, pourra vraiment se sentir fier de ce qu’ont fait nos forestiers, ce siècle dernier ?
On a tous entendu les raisonnements
des arboriculteurs dans les Landes, cela ne va pas faire l’affaire,
même après l’incendie. Le modèle industriel-extractiviste, du
bûchéron, prédomine – notons que sans routes costaudes, le
transport de bois par camion ne serait pas faisable et qu’elle
reste l’une des principales causes d’affaissement de route et de
frais d’entretien de route – ce transport est donc en soi
anti-écologique. Le pro-écologique dans ce cas serait la fonction
sur place des arbres, qui peuvent récupérer un habitat en le
rendant, tout simplement, habitables.
Nos partenaires les arbres font
visiblement mieux entre eux, témoigne la vieille forêt. Une haie,
c’est une invasion technique, une intrusion de vieille forêt, de
la bio-ingénierie – même si ce dernier mot n’est mon mot
préféré, de régénérescence de la biodiversité (celui-là non
plus), dans nos affaires, sans pour autant nous séparer de la
nature. Une haie peut être conçue comme un périmètre, une limite,
mais devient, en ce faisant, un chemin et un corridor vert, et ceci
en étant à la circonférence d’un champs, mais à vrai dire à
l’interface entre un champs et au moins un autre – elle peut
faire le gros de la canopée, une grande partie de la surface (plus
grande, relative à la parcelle, selon qu’elle est plus petite).
Un milieu de vie est donc aussi un
habitat, mais aussi une voie, un chemin, à toute distance, et tout
cela de manière simultanée. Je ne dis pas que l’agriculture
commence à se sentir tout petite, dans la grande échelle des
choses, mais il lui faudrait peut-être réviser ses options.
L’agriculture a besoin de se réintégrer à l’ensemble. Sans
énergie rajoutée, elle fait bien son travail – et d’ailleurs,
il ne manque pas d’humains, comme force de travail, de nos jours.
C’est quand même le but, je
suppose, de nous tous, de vivre – et dans la meilleure des
conditions, idéalement ? Alors là, on est en train de réduire,
vastement, notre gamme de choix – déjà qu’elle se réduit à
peau de chagrin chaque fois plus. Avec quelle vie qui nous reste,
quels compagnons de route, si toute la nature nous quitte ?
Renaud peut garder son béton, je n’ai que faire de ça. Est-ce que
l’on respecte les animaux, en les tuant ? C’est un peu la
base essentielle d’une réciprocité dans la relation ?
Pourquoi la génétique, si elle n’est qu’encore une manière
d’objectifier l’intersubjectif ? Est-ce que l’on pourrait
favoriser la confiance entre êtres, pour qu’il puissent tomber
d’accord sur des modus operandi, encourager l’intelligence,
plutôt que d’abrutir, de soumettre ?
Pastoralistes de L’Aveyron
Il y a eu des reportages sur les
néo-pastoralistes de l’Aveyron cette semaine. Et il y a eu Greta
Thurnberg sur la Terre au Carré, sur France Inter, plusieurs
émissions sur France Culture et France Inter qui traitent de
l’urgence écologique. Terre de Liens, un autre favori de France
Radio, trouve ses origines à Saint Affrique.
Si je fais ces émissions et les
écrits qui vont avec, c’est que le temps est venu d’essayer de
publier mes découvertes sur les solutions écologiques qui marchent,
vraiment. C’est justement un peu le problème avec toutes ces
initiatives dont j’entends parler – ce sont comme les pièces
dans un puzzle, mais qui ne savent pas se joindre.
On est d’accord que la pièce
matrice manque – qu’entre théorie et pratique il reste encore un
gouffre. C’est justement le gros du truc. On va passer des heures
et des heures à parler des problèmes présenter les remèdes
proposés, souvent sans observe si cela marchera – c’était le
cas pour l’émission Terre au Carré ce mardi, sur le commerce
maritime, et c’est l’une des facettes critiquables du
journalisme, qui va décrire et narrer jusqu’à l’épuisement
ce que l’on sait sur une problématique.
Les solutions que je pose passent
par la grille de la physicalisation et de la socialisation, physique
parce qu’elles réduisent le problème écologique à des
proportions traitables par tout un chacun, sociales parce qu’elles
obligent à traiter les autres êtres
vivants autour de nous comme des sujets et non pas des quantités.
La problématique se définit par
rapport à un objet – dans le cas du fret maritime, l’objet
serait de le réduire, énormément, tout en le préférant à
d’autres modes de transport, qui devraient se réduire encore plus
– sinon disparaître.
C’est un peu ce qui se passe déjà pour le trafic aérien. Le coût
par kilo du fret aérien est grand, réservé à des denrées de
haute valeur donc.
Le
fret routier, c’est encore pire, en termes du prix énergétique
par kilo. Toutes ces modes de transport sont actuellement chères –
sont en réalité trop chères pour nous. C’est
à cause des distances parcourus, des frais de construction et
d’entretien, des matières premières et de
l’énergie
dépensée dans la création où
dans la dépollution/absence de dépollution.
C’est
juste trop cher. Les tracteurs sont également trop chers, pour un
peu les mêmes raisons. L’être humain sans machines, par contre,
n’est pas très cher. Il peut, comme un ovin qui broute les bonnes
herbes et entretient un terrain, faire un bel effet, juste par son
passage, s’il n’a pas de véhicule plus grand que lui.
Je pense être
tomber sur un encadrement conceptuel et une série de vraies
solutions qui en écoulent, à profusion.
Je
prends un problème matériel, l’énergie consommée, par
personne et en général,
j’applique une solution – qui réduit l’énergie consommée
suffisamment pour rentrer dans les clous climatiques et à la fois de
biodiversité – c’est une solution holiste dans le sens
« complète » - elle s’applique
à grimper et passer par-dessus la
majorité des murs et des falaises contre lesquels nous butons.
Il
est très irritant d’entendre tous ces activistes qui agissent
« contre » des cibles, des peintures, des sculptures, ou
qui tentent d’organiser des manifestations – à quoi bon ?
Ils disent eux-mêmes que l’un des principaux
bels effets est sur eux-mêmes – au moins ils agissent. Mais,
Jusqu’à là, toutes
ces agitations, qui ne datent pas d’hier, y inclus les ZADs, n’ont
aucunement réussi à percer le plafond de verre, qui est plutôt
descendue envers nous, pour nous asphyxier chaque fois plus.
Je
pense que les écolos sont dans une position inconfortable – ils
n’ont pas réussi et ne proposent pas de vraies solutions, encore
de nos jours. Ce sont des solutions toujours partielles, une ou deux
pièces du puzzle,
mais pas applicables partout dans la vie réelle.
J’ai
encore entendu quelqu’un de ma génération parler de la
vulgarisation, … qu’est-ce qu’il n’a pas compris ! S’il
était vraiment allé comme il l’a dit, parler avec les gens, il
saurait que les gens savent – le problème n’est pas là. Le
problème, c’est à deux coups, personne ne les a posé une vraie
solution, les vraies solutions qu’ils ont proposées ont été
rejetées.
C’est-à-dire
que pendant tout ce temps, tous les bons gens qui font les écolos
d’office n’ont pas offert de vraie solution parce qu’ils n’ont
en pas.
Mais
comme je le dis, je crois que j’en ai trouvé une. Nous
pouvons vivre nos interactions, nos communications et nos mouvements,
à l’échelle humaine. C’est la réphysicalisation de nos vies sociales, le ré-engrenage
dans le monde du vivant. Tandis que pour le moment, nous sommes en roue libre vers le bas et les
freins sont usés.
Comme je l’ai dit la semaine dernière, je n’avais encore rien
écrit sur ce sujet, parce que je ne savais pas au juste comment le
traiter.
Mais en fait, si. L’industrie, autant que la chimie, ce sont
deux mythes, centraux, ce sont les pivots des croyances qui font le
socle de l’idéologie anti-écologiste.
En soi, cependant, ce sont des mots bidons, c’est-à-dire qui
créent des images qui ne correspondent pas à leur sens primaire.
L’industrie ? C’est ce que l’on attribue aux abeilles,
leur industrie, leur force de travail. Bien sûr que dans la version
contemporaine, cette capacité est allouée aux machines, aux
machines souvent sales et polluantes, mais qui sont nécessaires pour
nous fournir les moyens de vivre, … comment dire « décemment »
(une utilisation que j’intolère – « la décence humaine »,
épousée par George Orwell, par contre, j’approuve).
L’industrie est donc « nécessaire à la vie pleinement
réalisée, digne d’être vécue », selon les critères
contemporaines, partagées, même sans le reconnaître, par la vaste
majorité d’entre nous. Et l’industrie a une échelle, plus
grande que la nôtre, plus forte, plus dominante. On rit au nez de
celui qui prétend faire le petit colibris, et en plus cela détourne
l’attention des choses sérieuses, comme comment bouger les choses
à une distance de la moitié du monde (sinon on crève de faim), ou
comment maintenir l’essentiel du transport (sous-entendu les
trains, les autoroutes, les avions). Une question plus sérieuse, ce
serait, comment favoriser une infrastructure beaucoup plus légère,
moins consommatrice et à distance vastement réduite, par rapport
aux exigences d’aujourd’hui.
la fange
La chimie est un mot de non-sens, également. La chimie s’applique
à tout – ce qui est biologique comme ce qui ne l’est pas, c’est
une manière de décrire le monde comme une série d’éléments
identifiables, qui s’assemblent, du plus bas au plus haut.
Heureusement que les actualités ne manquent pas, comme j’ai dit
la prochaine boîte de Pandore qui vient d’être ouverte, c’est
la boue, et la boue, c’est la chimie.
bien venue au lithium en France Métropolitaine !
Ça tombe bien. L’industrie
et la chimie d’une seule pierre, le lithium, en une semaine, sur un
plateau. C’est l’effet Halloween ! Et comme si cela ne
suffisait pas, le gouvernement propose d’embellir nos autoroutes et
nos routes de panneaux solaires, sur les bords. Les républicains,
pour leur part, avancent la proposition de donner le veto au maire du coin, intelligent ça, plus rien ne se fera.
En fait, qui a dit que la
sortie du catastrophique climatique était par ces technologies, s’il
n’y avait pas de sobriété derrière ? On ne veut pas
froisser les gens, leur donner des câlins dans le sens du poil,
jouer des jeux électoraux ?
C’est ce qui est bien, de faire des émissions d’une semaine à
l’autre, en essayant de devenir ou plutôt de pressentir l’ordre
naturel du déroulement médiatique sur ce sujet : catastrophe
écologique : décisions à prendre.
Dans le développement durable, l’industrie et la chimie (style
ancien régime) figurent très fortement. On fait essentiellement la
même chose, mais avec moins. Cela s’appelle « efficacité
énergétique », mais selon quels critères ? La sobriété,
c’est la réduction de nos besoins en consommation – la
transformation de nos besoins. Le Président a dit que l’efficacité,
c’était le sobriété, avec l’air d’un écolier en besoin
d’une formation rapide à ce sujet, comme ses journalistes se le
voient promise. Ah, les industries de l’avenir, le photovoltaïque,
les éoliennes, le nucléaire, quel paradis !
Eh ben, tout le monde commence à se parler en éco-jargon – en
éco-talk réaliste, comme si rien n’était et qu’ils n’avaient
pas changé leurs vestes, c’est nauséabond. Sauf, peut-être, pour
les républicains, le rassemblement national, quelques groupuscules
majoritaires et Gérald Darmanin, qui ont tous le boulot de duper
leur électorat pour les prochaines présidentielles.
En même temps, la ZAD des bassines, dans les Deux Sceaux,
accompagné par ses terroristes acharnés (version petit lapin
blanc), ceux qui paraissent s’obstiner à croire que le sens commun
d’un petit écolier bien sage et bien éduqué vaut encore quelque
chose (mais c’est le pire, ceux-là, … au Goulag tous…), se
trouvent confrontés à des fous en uniforme, qui sortent direct du
Cyberpunk, Darth Vaderesques.
Bon, fallait bien s’attendre à la bataille finale du bien et du
mal, l’industrie extractive et la chimie lacrymogène rongées
contre les Hobbits, peut-être accompagnés par quelques méchants
gobelins en drag.
Sauron sourit. Cela fait du bien de foutre le bordel dans ce petit
pays de petits gens minables, le Middle Earth de l’Europe de
l’Ouest !
Son champion, Darmanin Vader, fait tout pour lui plaire. Et ceci,
en plein terroir d’Aurélien Pradié, l’étoile montante du parti
politique appelé, pour le moment, les républicains. Où est
Aurélien Barrau, le champion blanc, le seigneur des Elfes ? En
retraite dans son monastère, pardon, son laboratoire, en train de
réaliser la magie moderne de la pleine conscience quantique, pendant
que ses disciples lui peignent les cheveux qu’il ne coupe jamais.
Notre héros, où es-tu, ton heure est venue ?!
Éléments de langage – creative writing
C’était l’un des sujets très à la mode aux années
soixante-dix, un peu comme avec les Dadaistes, ou le flux de
conscience. J’imagine que Macron a un cabinet d’agents créatifs,
censés trouver des mots pour faire avaler des couleuvres. N’importe
quel couleuvre, qu’il soit de Montpellier ou d’ailleurs
éthiquement et rationnellement neutres, donc. Ils ont
peu-être tous suivi des
cours de creative writing – laisser l’esprit planer, faire un peu
d’automatic writing, découper le bout de papier (pardon –
s’envoyer des Tweets, mieux dit), jusqu’à tomber sur
l’expression magique qui remplit toutes les cases. C’est comme
trouver un nouveau nom pour un modèle de voiture – limace, liasse,
lobotomie, ce genre de chose. Tout bien pesé, bien sûr, faut pas un
autre nom foiré comme Nova (qui « ne va pas » en
espagnol), quand même.
Ou bien, faut accepter que nos gérants sont tellement créatifs
eux-mêmes qu’ils ‘ont pas besoin de cabinet créatif, que c’est
même leur cœur de métier. Dans ce cas, faut pas s’étonner
qu’ils soient moins futés niveau décisions exécutives. Dans
leurs têtes, ce n’est pas leur boulot, qui est principalement de
faire accepter des politiques, quoi qu’elles soient.
histoire de la chimie
Mon grand-père maternel était enseignant en chimie, il a même
écrit des livres d’école dessus. Personnellement, j’ai toujours
fui le sujet, qui risquait de me tuer d’ennui. Des valences, des
combinaisons, des atomes et des concoctions, vulgarisés par des
savants autistes – comme à l’époque de l’alchimie.
Ce n’est pas une manière de concevoir le monde qui me plaît,
il y a trop de structures qui m’intéressent qui restent
non-expliquées par ces simplismes matériels. On pourrait dire que
la où l’industrie donne l’impression d’être à vaste échelle,
la chimie donne l’impression que toute est réaction catalytique,
chimique, à très petite échelle, partout – que nous sommes des
usines chimiques ambulantes. L’échelle humaine et toutes les
autres échelles de l’organisation de la matière sont un peu
laissés pour compte, à ce moment-là.
On peut aussi considérer cette fascination scientifique avec
l’infiniment grand et l’infiniment petit comme un résultat de
leur nouveauté historique, ce qui les a donné une importance
démesurée, par rapport à ce qui est plus familier, à l’échelle
humaine.
En tous cas, la chimie est un domaine de la science empirique, on
tente des combinaisons, on voit ce qui marche de manière
reproduisible, mais lorsqu’il traite d’expliquer le fond
d’existence de tout cela, on parle plutôt en tant que physicien ou
de biologiste que de chimiste. Un monde de spiruline ne correspond
pas à la complexité des écosystèmes qui nous sont nécessaires.
D’ailleurs, comment se battre contre la spiruline, avec des
gnocchi ?
Je dirais donc que la chimie est plutôt une science empirique,
c’est-à-dire une série de techniques appliquées à la matière,
sans penser à comment marche le monde émergent et vital.
Cela peut être à l’origine de la séparation qu’ont pu
développer les industries chimiques entre leurs usines et l’étendue
des conséquences de ces industries, en termes de pollution et
d’impact sur la vie et sur la planète, qui sont vus, du point de
vue chimique, comme des externalités, rarement approfondies, parce
que, dans le fond, inconvénients, complexes. Une science
reductioniste, donc, de par sa nature (sens : 4b).
Comme un libéral, un Ellen Musk, qui dit que c’est à la loi de
censurer Tweeter, mais lui il est pour l’absence de censure. Ou un
membre du public qui dit que c’est à ses représentants de décider
parce que lui, à son échelle, ne fera pas d’effet.
Aux autres de considérer les conséquences et les dommages
collatéraux, donc. L’industrie pharmaceutique poursuit cette
course – elle divise le monde en thérapies et effets collatéraux
indésirables.
Regardez les notices dans les boîtes de vos médicaments, si vous
ne me croyez pas !
Assez dit, pour le moment, sur le sens racinaire de ces deux mots,
industrie et chimie. Ils sont suffisamment flous pour qu’on y colle
n’importe quoi dessus.
Les mythes de l’industrie et de la chimie
… servent avant tout à la maintenance du statu quo. Je
rajouterais que c’est pour cela que personne, politiquement,
jusqu’à là, ne paraît avoir pris le taureau par les cornes
là-dessus, puisque les gens croient dur comme le fer que l’industrie
leur sert. Le mythe du bon bosseur est fabriqué à partir de là,
aussi – sa « productivité », qui, en réalité, dépend
de l’énergie des machines qu’il utilise, de la puissance des
machines, un peu comme la puissance de feu des armes, qui dépendent,
elles aussi, de l’industrie.
C’est sous-jacent, cela reste dans le non-dit, en partie que
personne ne veut se risquer à aborder le sujet de s’il faut tuer
l’oie qui pond les œufs d’or. Tout le monde, ou presque, en est
complice, comme des drogue-addicts non-déclarés.
« Pourvu que cette vie de luxe, ce confort ne s’arrêtent
jamais, pour moi au moins. »
« Mais comment pourrait-on vivre à dix milliards, sinon –
on n’arriverait jamais à produire le suffisant sans moyennes
industrielles ? »
« Et puis, notre sécurité, sans moyen de nous défendre,
contre les Poutines de ce monde, tu n’es pas sérieux ».
Et ainsi de suite.
Ce serait intéressant de tracer, et on l’a sans doute fait
(sans que je le sache), l’évolution de notre conception du monde
industriel, depuis le Fordisme et le film de Fritz Lang, dans les
années 1920, à travers les grandes parades militaires et les danses
synchronisées à plusieurs, vers l’individualisme et les
micro-machines comme les Fablabs de nos jours.
Cela reste industriel. Un accaparement du pouvoir productif. Qui
représente le pouvoir tout court, tel qu’on l’envisage.
De nouveau, Poutinesque – l’idée du pouvoir comme un rapport
de violence et d’intimidation. On peut même le comprendre – les
« alliés » de l’occident voulaient bel et bien
émasculer le pouvoir historique de l’empire russe – par des
méthodes souvent indirectes, invisibles, subreptices, mais qui
restaient quand même des rapports de force.
Seulement des remèdes qui fissionnent cette édifice de force
essentielle peuvent nous sauver, écologiquement. Ce qui est supposé
être le réalpolitik dans les guerres entre les hommes n’est pas
bon dans notre guerre collective contre le néant.
Cela ne va pas dans le bon sens.
Cette culture du plus fort, de la dominance et de la soumission,
sabote la culture de la sagesse et du discernement, pour ainsi dire.
Ce qu’on appelle la politique du chiffre est en réalité l’abandon
d’une politique d’intersubjectivité.
Supposons que l’on applique des critères industriels aux
problèmes écologiques. Il est peu probable qu’on verra émerger
du tas le plus faible. Presque toutes les solutions écologiques à
notre disposition vont dans le sens de la frugalité, du partage,
mais ceux-ci sont donc contradictoires avec les valeurs de
compétition, de concurrence – de gagner le grand lot.
samedi 29 octobre 2022
Still Life, Nature Morte, Guerre Hybride
Tsunamis en Méditérranée, flux de gaz et de véhicules, …
Quelle est la priorité ? Il y a le COP27 en Égypte
cette semaine.
Selon la tradition
Macronienne, le média public est en train de faire des formations de
ses journalistes clés pour qu’ils accordent l’importance qui lui
correspond à la trame
d’analyse écologique nécessaire. Il a été reconnu qu’il
fallait éduquer les journalistes clés sur ce sujet …
C’est à dire « La Maison brûle et on ne branle rien, comme d’hab ».
Trame d’analyse écologique : on accepte le downscaling, la
réduction de l’échelle de nos vies, on fait l’analyse dans ce
contexte, faute de mieux.
Donc on n’analyse jamais un systèmes de transport sans tenir en
compte le poids énergétique de l’infrastructure qui va avec. Si
l’on fait rouler des véhicules moins lourds et moins rapides, et
que des véhicules moins lourds et moins rapides, même pour le
livraison et le transport à distance, on a beaucoup, beaucoup moins
besoin de renforcer la chaussée. L’échelle des forces induites
par les véhicules lourds est logarithmique, calculée « par
essieu ». Et heures passées sur la route, kilomètres
parcourus – plus on diminue les distances parcourues, plus on
localise le trafic, moins on a de temps sur la route, quels trajets
sont favorisés par tel ou tel projet d’infrastructure ?
Quelles sont les implications pour les embouteillages, les
encombrements et la perte de temps et de carburant impliqués ?
De nouveau, limiter les distances parcourues réduit mathématiquement
l’empreinte écologique. Réduire les poids et les forces subies
permet, très probablement, de végétaliser les routes et de les
rendre beaucoup moins létales pour les animaux et les humains qui
les fréquentent – moins dangereuses. Il y aura moins d’insectes
écrasées sur le pare-brise, par exemple, si la vitesse moyenne
tourne autour de 25kmh.
Toutes ces facteurs sont, je crois, écologiquement valides comme
outils d’analyse. Si les journalistes ne connaissent pas encore les
chiffres, cela reste à eux de les promulguer – les sigles, c’est
à eux de les faire entrer dans le langage.
Pourquoi pas citer l’indice d’efficacité énergétique d’un
mode de transport, pour permettre à celui qui écoute de pouvoir
comparer celui-ci contre un autre ? On ne fait pas une analyse
des nouveaux véhicules sans tenir en compte ce facteur
« poids-vitesse-distance parcourue ». On ne devrait pas
parler de véhicules de manière séparée de l’infrastructure qui
leur est nécessaire – c’est la moitié du coût énergétique.
J’observe des vélos de plus en plus sveltes et bien dessinés,
d’autant plus qu’ils sont presque tous neufs. Cela me fait penser
au culte de la voiture, de la mobylette, de la moto, de la vitesse,
lorsqu’on était dans l’âge de la voiture – de sa
« performance ». Là, c’est définitivement le culte du
vélo assisté. Ce transfert d’affect me paraît dangereux, puisque
dans le fond il ne change pas le syndrome, l’idée, vaguement
dessiné, dans la tête de toutes ces générations d’amateurs de
la mécanique, est peut-être qu’ils peuvent continuer de faire
leur truc. Mais en réalité, nous avons besoin surtout de
techniciens de la bio-ingénierie, que l’on peut appeler, plus
prosaïquement, le jardinage – et tout ce qui va avec.
Le public pollue
Je viens de lire dans Le Monde d’aujourd’hui, entre les
reportages franchement catastrophistes sur le réchauffement
climatique, une phrase fantastique :
« pour les arts visuels au niveau mondial, 74 % des
émissions viennent des déplacements des visiteurs. »
Le titre de l’article est « Le public pollueur, un tabou »
Cela ne pourrait pas plus clairement illustrer comment il faut s’y
prendre – à celui qui est cohérent avec lui-même de jeter la
première pierre, …
Cela met bien le doigt sur notre manière de contourner nos
propres responsabilités, le fait que c’est nous, finalement, qui
détruisons le monde. Donc ce modèle de la culture qui attise les
flammes de la consommation en favorisant le tourisme de partout dans
le monde, transporté par les moyens les plus chers, écologiquement,
il est tout simplement incohérent. Comment faire pour réunir les
gens autour d’un événement culturel, s’il est évident que
leurs mouvements ne font pas de sens, écologiquement ? Et tout
ce beau monde se tait, et fait des petits gestes.
Je propose (et je pratique) de créer des œuvres qui s’intègrent
à des environnements qui ne sont accessibles qu’à pied ou à
vélo. Surtout des pans de mur – un peu comme les tapisseries, par
exemple. Ou bien de créer des circuits des festivals à pied, à
vélo, à cheval quand il y a un vrai esprit de mouton parmi leurs
invités, appelés souvent « les experts » - mais experts
en quoi, s’ils ne disent pas l’indicible ? Il restera
indicible.
Dans mon émission sur le nomadisme (le No.3) j’ai abordé cette
question, j’ai rajouté le thème de « Voyages Lents »,
en partie parce que j’ai assisté au Festival du Voyage Lent au
Caylar cet été. J’ai résister à en parler par auto-censure, en
partie, ce que je pouvais dire sur ce que j’ai vu était tellement
peu flatteur que je craignais d’être perçu comme un plaintif. Il
y avait des voyageurs de plusieurs pays, des écrivains et des
cinéastes – les conférenciers – et ceux qui avaient assez
d’argent pour se payer le voyage en voiture pour venir y
participer. C’était un genre, à vrai dire. Entre le voyage lent
et le pays parcouru il y avait une sorte de cloison. Le » style
de vie de ces gens n’avait visiblement rien à voir avec les
exigences de l’écologie, et cependant, tout était présenté sous
cette guise. Une sorte d’effet trickle-down, où par contagion les
ploucs allaient pouvoir être des aventuriers comme les auto-héros
du voyage lent se dessinait.
Inaction climatique
Cela veut dire que les tabous ont tué le sujet, jusqu’à là –
où jusqu’à il y a deux ans, un an. C’est important de le
constater – les journalistes ont du mal à faire cavalier seul. Un
expert, c’est quoi, s’il se réduit à son champs d’expertise ?
Il est comme un syndicaliste qui ne peut parler que si lui-même il
est concerné – il demande des augmentations de salaire pour lui et
ses potes, il ne sort plus de sa singularité, de sa réductionnisme.
Un autre sujet qui mérite d’être pris en main par le
journalisme, avec le but de le faire rentrer dans la culture, dans
notre monde du compréhensible, c’est la présentation scientifique
de la nouvelle technologie d’immersion numérique, ou de
substitution numérique ? Je traiterai de ce sujet dans
l’émission d’ici deux semaines « réalité somatique ».
La pensée mécaniste, l’échelle industrielle, la poursuite de
vitesse et de distance, servent surtout à détourner notre regard de
cette réalité psycho-socio-somatique – de notre vie sur terre.
Mais dans ce cas, on oublie de penser à nous-mêmes.
Tout en pensant surtout à nous-mêmes, mais à travers des
filtres d’analyse faussées. Je m’émerveille des panneaux
indicateurs routiers – qui sont grossièrement simplistes –
est-ce le progrès, ou est-ce qu’on devient idiot lorsqu’on roule
trop vite ? Depuis que l’industrie existe, les lamentations
sur ses effets délétères se vocifèrent. Aujourd’hui, on vit les
prophéties d’Armageddon, situation très inconfortable pour les
progressistes et les dévéloppementalistes d’hier.
Mais ce qui est intéressant, c’est qu’à l’inverse des
prophéties, nous ne solutionnerons pas ces problèmes par
l’éradication de la modernité et la régression à un état
antérieur, considéré à tous égards primitif. Il est difficile de
penser que, la génie de la communication à distance par portable,
des assemblages sociaux composés par les machines, des calculs des
algorithmes et des découvertes scientifiques, peut être persuadée
à rentrer de nouveau dans sa lampe.
C’est l’innocence perdue. Mais cela veut dire que nous devons
faire avec cette connaissance, ces nouveaux savoirs-faire. Il serait
futile d’accuser les écolos de vouloir revenir à l’état
d’avant – ils ne savent même pas ce que c’était.
Mais l’avant, ce n’est plus l’avant d’avant. C’est bel
et bien l’époque industrielle – c’est cela qui est intéressant
– l’industriel tel qu’il a existé est très démodé
aujourd’hui. On se méfie très clairement des produits chimiques.
On se croit enchaîné, bon gré, mal gré, à la machine
industrielle, en état de dépendance, d’assistance. On cherche à
s’en libérer, tout en manifestant une méfiance du naturel et en
n’ayant aucune confiance en soi, dans ce contexte-là.
Et c’est un processus de désabusement qui a été d’autant
plus rapide avec les télécommunications, les médias et les
ordinateurs, auxquels il a suffit de quelques décennies pour qu’on
devienne allergique.
Si c’était la boîte de Pandore, le plus important maintenant
n’est pas de fermer la boîte mais d’accommoder ce qui en est
sorti à nos vies – d’atteler la bête.
C’est amusant, on parle de bêtes – alors que ce sont des
animaux, on parle d’animaux domestiques et/ou dociles et d’animaux
sauvages – alors que les animaux sauvages sont loin d’être
sauvages et les animaux domestiques sont souvent bêtes.
Ne serait-ce pas nous qui sont devenus sauvages et intraitables,
de par les animaux ? Il y en a quand même beaucoup qui nous ont
fuit, et si c’était par leur choix, définitivement désabusés de
nous. Mais la fuite ne marche pas, face à un espèce
tout-envahissant comme nous, et justement, des animaux comme des
rats, des plantes comme l’ortie et la ronce, et nombreux parasites
et virus sont les mieux adaptés, maintenant, à notre présence.
Nous ne sommes pas gentils avec eux, eux non plus avec nous, notre
sauvagerie et leur sauvagerie se rencontrent, mais c’est nous les
plus sauvages et ils ne font que profiter de nos mérites – à
leurs yeux.
Par rapport à l’industrie, elle doit être le plus indomptable
et sauvage des bêtes, puisqu’elle est actuellement hors contrôle
humain – visiblement – les plus saugrenus d’entre nous se
trouvent dans les positions clés de pouvoir, mais ne sont pas
puissants sans assistance industrielle.
Qu’est-ce que peut faire l’industrie pour nous réunir ?
Visiblement, elle fait l’inverse – elle fait que nous nous
sentons impuissants, incapables de contrôler notre destin.
C'est le jeu de saute-mouton. Lorsque l'Allemagne choisit d'acheter ses denrées militaires chez les Américains, pas chez nous, cela fait que la défense européenne autonome reste lettre morte. En fait, cela fait partie du jeu social et politique à chaque échelle depuis toujours, mais les règles du jeu ont changé. On n'a qu'à regarder l'histoire de l'immigration et des réfugiés, cela commence tout près, d'un bled à un autre, ensuite c'est de l'autre côté de la frontière, ensuite un peu plus loin - selon les moyens de transport et de communications qui existent. Maintenons ce concept en tête, je vais essayer de l'articuler au cours de cette émission. Pour être clair, je pense que, le problème identifié, il y a des solutions pour éviter le repli et la stagnation, sans pour autant rentrer dans une époque de chauvinisme invalidant.
Ce titre est un peu une blague. Nous savons déjà ce que cela
veut dire, la localisation, c’est un usage du domaine de la
signalétique, cela signifie identifier la source, le positionnement de quelque
chose. En termes littérales, la globalisation serait donc « ne
pas savoir où se trouve ni d’où vient un objet ».
Je suggère que ce n’est pas nécessairement une grande avancée.
Les gens peuvent nous faire n’importe quoi sans être là et sans
en être tenus responsables. C’est à peu près cela qui peut
préoccuper dans la globalisation.
L'origine historique du mot globalisation est assurément matérialisée bien avant l'époque numérique, dans la forme de l'Empire Maritime Britannique. Un pur exercice de projection de pouvoir. L'aspect qui frappe, c'est que les britanniques ont pu, à partir d'une petite population sur une petite île, et pendant une courte période, dominer le monde, partout dans le monde. Grâce au transport et un certain flair administratif, peut-être - il est à noter que plusieurs composants nécessaires à cet exercice de pouvoir sont devenus sémi-autonomes ou indépendants.
Si depuis lors, rien d'aussi efficace en termes de "reach" - d'étendue de pouvoir avec si peu de moyens, a réussi autant, c'est parce que les techniques évoluées et l'accélération industrielle se sont vite répandues, de par les mêmes infrastructures qui ont assurée, pendant un certain temps, la primauté britannique. Notons que je considère ici l'aspect "global" de cette affaire - une autre nation qui pourrait réclamer cette qualité par rapport à son effort, c'est le Portugal. Dans l'antiquité, évidemment les grecs et autres phéniciens.
Prenons un cas contemporain. Visiblement, les pouvoirs autoritaires sont dans l'ascendance - et ils font des combines, à distance, pour rester maîtres chez eux.
La taille des nations est devenue le facteur gouvernant dans l'équilibre des pouvoirs actuelle, au moins en apparence. Les petits pays performants sont les équivalent des port-avions des grands puissances d'antan. Leurs aéroports sont les pistes d'atterrisage et de décollage.
Il est évident qu'il faut changer l'organigramme, on devient totalement détaché des réalités du terrain - tout terrain.
En réfléchissant sur la meilleure manière de communiquer certains messages, j'ai compris que pour une ville comme Millau, ce qui se perd dans un monde globalisé, c'est la reconnaissance du savoir-faire des gens localisés à Millau, l'effet terroir. Moi comme d'autres, j'irai plutôt vers un média national pour écouter les actualités et l'analyse des savants. Attrapé dans le système globalisé présent, on perd rapidement son individualité, en grande partie parce que les liens sociaux réciproques, entre temps, ce sont désagrégés, jusqu'à ce qu'il n'y ait pas la volonté de structurer notre savoir nous-mêmes - qui est à vrai dire assez grand, étant donné le niveau d'éducation et de formation des populations rurales.
Il y a des méthodes presque contra-intuitives pour faciliter cette acquisition d'intelligence collective, plutôt que d'ignorance et d'inactivisme collective. Les universités comme Oxford ou Princetown créent des contextes sociales de plusieurs petits groupes attachés à des infrastructures de savoir, bibliothèques, laboratoires, mais aussi activités. Tout est intensément social, on apprend à coopérer, à collaborer et à donner de l'espace personnel, dans un collectif où ces intérêts sont partagés et donc communs. L'atmosphère peut être intense mais relativement décontractée, ce qui laisse beaucoup d'autonomie à l'étudiant et aux profs. A peu près l'inverse des amphis des universités françaises des années 1970 jusqu'à nos jours.
Le problème qui n'est souvent pas très bien résolu, c'est celui d'intégrer la population locale - on dit "Town and Gown" à Oxford, "Ville et Cape des Collèges" - du code vestimentaire des collèges, initialement calqué sur celui des moines ("cathedral colleges"). Les liens ont tendance à se faire à grande échelle ou en petit groupe collégial, dépassant la population locale.
Il n'y a donc que très peu de mystère autour de la production de savoir - vous mettez à peu près n'importe qui dans ou à proximité d'un groupe humain plutôt convivial et fraternel, vous leur donnez quelques pistes à suivre - et ils le feront, en toute probabilité. C'est un cercle vertueux. Le retour, c'est la loyauté intéressée envers des institutions qui ont donné le coup de piston qu'il fallait. Pour les autres groupes politiques, ou industriels, ou que sais-je, la recette est à peu près identique. Cela a très peu changé. Dans un navire, vous avez tout le temps pour échanger et former des liens profonds et vous allez à la découverte du monde, un certain monde.
Le prochain rajout au mixte, auquel j'ai fait allusion en racontant l'histoire du Saint Affrique, plus loin, c'est donc cette fluidité du flux. Il ne faut pas oublier que l'Afrique, même exotique, fait depuis avant la colonisation grecque partie du monde connu et rôdé. D'adopter un nom pour une ville telle que Saint Affrique, c'est un peu l'équivalent de vanter son cosmoplitanisme, son ouverture sur le monde et son importance stratégique, c'est une forme de "branding".
Le localisme, par contre, est une illusion manifeste, presque un voeu d'extinction ou d'effacement subconscient. C'est une question qui a tendance à fissionner la société en ce moment, le repli communautaire contre l'ouverture et l'accueil. Les méchants et les gentils ... migrants.
On s'abstrait du monde, et d'interactions avec le monde, toute à la fois. Que des anomalies. Ces recettes de pouvoir bien rodées sont devenues des vraies boulets, qui nous empêchent de mener des vies d'interaction positive avec le vivant.
Je me trouve bien obligé de mélanger le sujet de la prochaine émission, sur la réalité éxpérimentée, vécue par l'ensemble d'entre nous: la réalité somatique.
Nous avons souvent l'habitude de trancher les choses en catégories, en oubliant de comprendre que l'un ne va pas sans l'autre. C'est le cas avec la réalité sociale et la réalité physique. La délocalisation, la déphysicalisation de notre expérience sociale, c'est un cas exemplaire à cet égard. Nous risquons tout simplement de devenir superbement inutiles, chacun d'entre nous, si nous poursuivons dans cette course folle vers la globalisation, mais c'est la faute du repli social, j'évite le mot "identitaire" puisque ce serait déjà trop dire.
Les migrants
Les réfugiés, les immigrants, les nomades, les gens de voyage,
etc. Je me classifie en réfugié interne à la France, pour des raisons qui me
sont propres et tout-à-fait intelligibles. Ni gentil, ni méchant.
Ensuite, j’observe de manière moitié amusé, moitié désespéré,
comment les gens, surtout ceux qui sont censés s’occuper de ces
affaires, dans les assocs., les préfectures, etc., réagissent à
cette auto-appellation – de manière super-négative. C’est les
dé »finitions administratives qui comptent pour eux, et
surtout pas le sens de la langue. Il m’arrive de penser que le
Rassemblement National ne fait que suivre les tendances de ce qui se
passe vraiment, chez des gens, plutôt des libéraux – des
néo-libéraux, qui ne s’identifient absolument pas avec le racisme
et la discrimination, mais qui sont ses fidèles serviteurs,
néanmoins.
A Millau, on devrait, à vrai dire, être en train de créer un hub de mouvements, pas un
"centre" d’excellence, mais un articulateur d'excellence qui attire du monde, de la créativité, de la
variété. Le modèle de grands centres universitaires lointains, de
stages à Rodez, de réseautage à grande distance, va exactement
contre les intérêts et la vitalité locales, directement contre les
intérêts écologiques.
Actuellement, nous allons quémander de toutes les forces qui se sont montrées inadéquates, au niveau du bouleversement écologique, de nous solutionner nos problèmes. Normalement, on vire les incompétents et on installe des compétents, dans ce cas. Mais bien que les forces politiques et industrielles en place se soient montrées défaillantes et irresponsables, on continue de chercher à leur attirer l'attention, mendier des subventions, et obéir à des critères administratifs chaque fois plus redondants. C'est une contradiction de termes.
C'est une question de pouvoir, mais aussi une question de techniques déployées pour retenir l'attention. Tout le monde sait, à peu près, qu'en pointant du doigt un ennemi extérieur, on renforce sa position interne. De la même manière, en créant des drames et des outrages entre des personnages politiques, on détourne le regard des questions les plus concrètes, à une autre échelle. Prenons la Reine d'Angleterre, et toute la pompe et la cérémonie qui est associée à la royauté, c'est idiot.
Prenons le cas de l'industrie de l'automobile, avec tous ses sous-traitants et les routes qui vont avec. On invente, littéralement, un débat sur le tout électrique en 2035, ou la réduction des émissions de carbone en 2050. Mais ce sont à vrai dire des leurres massives, cela ne peut pas et ne va pas se passer comme ça, et on le sait. C'est une politique fiction qui évite l'hostilité de ceux qui travaillent dans ou dépendent de ces secteurs. On a beaucoup moins de temps pour agir. Ou prenons cette histoire du nucléaire - un autre trompe l'oeil. Le nucléaire, comme toutes les autres technologies de taille industrielle proposées, a besoin de grands investissements coûteux en carbone en amont, alors que l'on sait que c'est le court terme, les prochaines trois années, qui sont les plus importantes. Le nucléaire consomme - et réchauffe - beaucoup d'eau, en fait réchauffer l'eau et le convertir via des turbines en électricité, c'est le fonctionnement d'un réacteur nucléaire. Quelle belle idée, par rapport à la biodiversité et le réchauffement du climat! Or, si on écoute les analystes, c'est le seul sujet qu'ils évitent de couvrir. Le bilan carbone est un simple raccourci de communiquant, d'autres gaz comme le méthane peuvent être aussi importants, la bio-diversité en est un autre - déjà, avec les sécheresses la terre, je veux dire le sol, dorénavant morte sur des grandes surfaces, va ventiler encore plus les réserves de ces molécules qu'elle a séquestrée au cours des siècles.
Dès que, pour une raison ou autre, les flux tendus d'une industrie ou d'une autre se détendent, les stocks de, par exemple, voitures invendues s'accumulent sur les parkings de leurs usines. Dès que nous commençons à agir avec sérieux sur la sobriété écologique, nous constaterons que nous sommes absolument gavés de produits industriels, au point qu'ils ne valent plus grand'chose. Pourquoi en faire du neuf - quand il serait mieux d'arrêter de broyer le vieux, dans le jeu infantile de la désuétude programmée?
La réponse : pour satisfaire à ceux qui votent, plutôt vieux, plutôt inculqués dans les valeurs industrielles et surtout plutôt dépendants de l'industriel pour leurs boulots.
Le gouvernement et toute l'élite décisionnaire est consciente de cette réalité de l'opinion publique, elle est pragmatique, en termes de politique électorale. C'est un peu comme avec la menace nucléaire - il ne faut pas dire la vérité, il faut rester dans le flou. Mais en réalité physique, l'époque de la voiture, du nucléaire et de plusieurs autres technologies dépensières d'énergie et de matières premières - par exemple les éoliennes, est déjà terminée. Une réduction de l'énergie généralement consommée va dans ces secteurs forcément baisser les prix et l'intérêt de ce genre d'objet, il y aura forcément beaucoup moins de travail dans le secteur et les gens qui y travaillent seront forcément bien moins rémunérés.
Notons que le bio, disons authentique, du
fait qu’il est moins dépendant d’intrants à distance et qu’il
fait son propre fourrage, a moins souffert des aléas
internationales récentes. En Aveyron, on est potentiellement assis
sur une mine d’or vert, en termes de potentiel non pas agricole
mais horticulturel, si on arrive à augmenter la population utile et
complexe des lieux, si on arrive à créer des habitudes de transport
hyper-frugales.
Et c'est dans ces domaines que la croissance - et le progrès existeront.
A cet égard il est aussi intéressant de noter que les mouvements
intellectuels et autres du passé ont souvent été bien plus
interculturels qu’aujourd’hui. Tromp n'a pas tort, ni le chef russe des mercenaires et des hackers, de s'attaquer à l'oligarchie et aux riches, aux privilégiés et aux bien éduqués, qui eux sont ouverts au monde. L'intelligence collective de cette minorité mondiale menace - parce que mondialisée. Le Globish menace - jusqu'au sein du monde anglophone. Les anglais - les britanniques, n'aiment pas le Globish, parce qu'il peut y avoir des gens comme Macron, ou Tromp, avec leurs accents exécrables, en train de nous donner des leçons dans notre propre langue, en train de parler du monde anglo-saxon, ou de la langue américaine - alors qu'elle est la nôtre. Vous pouvez en juger de mes paroles parce que je crois qu'à parler le français comme je le fais, je produis à peu près le même effet ici en France. Le repli social n'est pas sans fondement, loin de là, mais c'est un instrument sur lequel les plus mal-intentionnés peuvent jouer pour, en réalité, dominer des territoires captives, tout en eux-mêmes étant les plus grands voyageurs. Personnellement, je ne voyage pas bien loin, j'ai appris de mes excès.
Le mot que je viens d'utiliser, c'est le mot "voyageur". Nuance. Les gens qui laissent des traces positives et durables sur les terroirs qu'ils occupent sont rarement des voyageurs volontaires. Africanus était réfugié de l’évèché de Comminges (Saint Bertrand de Comminges) et a donné
son nom à Saint-Affrique, il y a plus de 1000 ans, quand la liberté de voyager et l'ouverture sur l'autre étaient plutôt établies - n'oublions pas que la question de frontières est relativement nouvelle. En Ariège, j’ai fait des petits boulots chez un fermier du coin. Son parcours ? D’extraction espagnole
– ou au moins juste de l’autre côté de la frontière, son
grand-père venait faire les saisons régulièrement. Ensuite son
père est devenu métayer et propriétaire. Lui, fils du pays
maintenant, a hérité de cette lente intégration.
Peut-être nous devrions reproduire le même schéma, si nous voulons vraiment avoir des populations intégrées et investies, de nouveau, à la campagne. Par contraste, je viens d'une famille de néoruraux anglais, très sensible au paysage et à son histoire. Nous ne sommes plus là, bien que tout a été fait pour durer.
Une grande partie des néo-ruraux sera partie au bout de deux ou trois ans, sans jamais s'enraciner, bien qu'ils croient être dans une autre démarche. Sans voyages lents, une vraie hospitalité fonctionnelle, sans des points de réelle attractivité sociale pour toutes les couches sociales, cette précarité du paysage fera que rien ne peut s'enraciner. Les rentiers et les rentes vont prédominer, ceux pour lesquels le paysage est employé à des fins purement extractives et récréatives.
Ou prenons le cas des exploitants agricoles - c'est dans le nom, c'est tout à fait déclaré, pas caché du tout. Depuis De Gaulle, il y a eu des efforts conscients de couper le lien vivrier du paysan avec son territoire, pour tout convertir en opération industrielle et il me semble que par une sorte d'osmose, la culture industrielle des fermes actuelles s'est enracinée comme une culture du "vrai agriculteur du pays". Les champs, comme ils sont à ce seul usage, sont littéralement la moteur de la destruction écologique qui tue le vivant. On n'a qu'à voir une terre nue pendant des hectares, en train d'évaporer sa richesse en eau, à attendre les pluies qui ne viennent pas parce avec des telles organisations du terrain, l'air est trop sèche pour en générer, des pluies. Non-contents du résultat du pari annuel des récoltes ratées, ils demandent qu'on leur vient en aide avec des subventions exceptionnelles, pour refaire l'année prochaine ce qui a causé les dégâts de l'année dernière, c'est fou. Mais le problème de base est qu'il n'y a tout simplement pas assez de monde, maintenant. On dit que la terre coûte trop chère, mais je vois plutôt un désert.
Ce qui a changé entre temps c’est les distances parcourues et
les possibilités d’intégration véritable. Les migrations d’en
haut se font souvent dans l’ignorance des langues locales – et
imposent leurs modèles culturels sur le pays. Mais c’est pareil
lorsque les machines agricoles des paysans locaux raclent et
nivellent le paysage, comme si c’était un fond benthique.
Raccourcir les distances parcourues, en ralentissant les temps de trajet, recréer des emplois de temps à l'échelle humaine et pas constamment saccadées par des tiraillements de l'attention pour nous faire marcher, comme c'est le cas avec les téléphones portables et la série de mini-tâches qui nous rendent impossible la véritable concentration, encourager des relations
moins superficielles avec l’environnement tant social que physique dans lequel on vit, tout cela indique que la localisation n’est pas une affaire de paroisse mais de flux et d’échanges d’information, mais avec des relais conformes à d'autres échelles que l'industriel, plus petites.
Et en faisant ainsi, les porteurs d'intelligence collective sont forcément les voyageurs, mais l'information qu'ils portent, c'est de l'information localement pertinente et responsive, qu'ils ont reçu directement des "gens du coin". Sinon, nos yeux seront toujours rivés sur les échelons supérieurs, plus distants, et nous aurons toujours envie de jouer le jeux de dépassement du local pour trouver des renforts et des rapports de force avec des forces extérieurs lointaines.
C'est un fils de néo-rural qui le dit. Nous devrions remplacer les intérêts sectoriels, de classe, avec une cohésion et une coopération sociales physiquement localisées, mais en mouvement et sans faire des jeux d'exclusion et d'inclusion par catégorie sectorielle - ou par localisme. Si quelqu'un est là et il est humain, il a son rôle à jouer. Et c'est cela la solution proposée, de transition réelle, qui quitte le système industriel, ô trop dépendant des forces extérieures qui s'en foutent de nous. Il est vrai que cela peut nous laisser très exposés à des ennemis extérieurs, comme la Russie. Il est même probable que notre note de crédit, national et européen, s'écroulera, de manière transitoire. Mais à vrai dire, c'est de l'innovation, sans laquelle rien ne se fera.
C'est là que la stratégie politicienne devient explicable. Pourquoi prétendre qu'une transition écologique peut se faire en gardant nos voitures individuelles, nos portables, notre style de vie d'hyperconsommation d'énergie industrielle ? Pour la même raison qu'il n'aurait pas fallu dire qu'on ne va pas tirer sur la Russie avec des armes nucléaires si elle tire sur l'Ukraine avec des armes nucléaires. C'est du bluff. Un discours de vérité va sans doute bientôt se matérialiser, au niveau du gouvernement. Dans un état de guerre, on maintient la fiction de sa force et de sa résolution - tout le monde est censé le faire. Par contre, à d'autres niveaux de la société, y inclus au niveau individuel, il y a beaucoup plus de marge de manoeuvre pour des expériences taille vrai vie.
Ne pas flouer les réalités physiques
Juste une observation, mais notre concentration sur les points chauds de la pollution, comme les villes, en ne pas parlant du massacre industriel de la campagne, cela pourrait être considéré anti-écologique. La catastrophe écologique en cours est assurément d'envergure globale. La montée des eaux, la fonte des glaciers, l'expansion thermique des océans, la sécheresse, la désertification, ce sont des phénomènes qui se passent sur des grandes surfaces - ce que nous appelons ici la campagne, la nature. Les villes ont une surface très réduite par rapport aux campagnes. Normalement, le point de levier le plus rentable, écologiquement, c'est l'action à la campagne - la réoccupation de la campagne. C'est un peu le même argument que l'argument qu'on utilise actuellement de la ré-localisation en France ou en Europe - le discours varie - des industries critiques au niveau stratégique - le lithium, les micro-processeurs, etc.
Ce qui change, c'est l'échelle à laquelle on applique cette logique. Une logique écologique, c'est une logique qui marche à l'échelle où on ne doit pas utiliser des véhicules motorisés, mais du transport vivant, principalement nous. Cela n'a jamais empêché le commerce de choses de suffisamment de valeur, comme le sel ou le café, à grande distance. Mais cela fait penser deux fois avant de transporter du béton dans des cimentières (ou du chanvre super-bio d'isolation) du nord au sud de la France, ou du sud de l'Espagne au marché de gros de fruits et légumes de Perpignan, si on a d'autres matières à proximité, de la main d'oeuvre, de l'outillage et des compétences très localement déplaçables.
Comment convaincre. Je viens d'entendre une bribe ... "aller dans les villages, parler avec les gens, expliquer pourquoi cela peut les intéresser", ... c'était par rapport aux néo-Zadistes des Bassines. Pour moi, l'explication, c'est dans l'acte. Il ne suffit pas du tout d'y aller pour expliquer - comme si c'était un exercice de vulgarisation scientifique, même le mot "vulgarisation" est arrogant et horrible. Il faut faire, et faire partie de la vie locale, dans une coopération réciproque.
C'est pour cela qu'il est tellement important d'établir des circuits réguliers, des gîtes de passage, tout ce qu'il faut pour faciliter l'accueil de gens à pied et à vélo. Ils peuvent faire le transport et la transmission par d'autres moyens que les moyens de la haute technologie - c'est à dire du monde industriel. Mais on ne les croira pas s'ils ne le font pas. C'est mon avis, en tous cas. De ce point de vue, le problème avec ces appels à l'attention des militants écologiques, c'est qu'on essaie d'appeler l'attention des puissants, mais les puissants, ce sont ceux qui doivent leurs positions à la maîtrise d'une technologie du passé - de l'époque industrielle super-consommatrice déjà passée.
L'avenir, pour nous tous, c'est le vivant, la biologie, la biotechnologie, mais, j'ai presque envie de dire, dans la socio-biologie plus que dans la biologie directe. Il faut, et très vite, réorienter l'éducation et les formations pour avoir des compétences surtout dans ces domaines. Même les outils de l'informatique sont en train de devenir bio. Nos disques durs, en tant qu'ils existeront, risquent de devenir des brins d'ADN lus et écrits par des enzymes - et sans métaux rares. Continuer de préférer l'industriel très primitif basé sur des métaux, des mines, etc., etc., c'est ce carcan conceptuel qu'il faut briser. Mais son transfert, dans une conception identique, envers des matières bio, n'est pas plus malin.
Dans une prochaine émission, je lirai un texte qui est déjà sur
le site des émissions www.cv09.toile-libre.org
« une chanson, une symphonie, un film, un algorithme des
prises dans le mur d'escalade » dans la section « concepts ».
Ce texte traite de la réalité somatique qui peut advenir –
l’expérience qu’on a, dans son corps et sensoriellement, selon
le milieu – l’environnement dans lequel on se trouve, et aussi du
coût énergétique impliquée dans ces métaverses que l’on a
projeté de créer.
Je constate après l’écoute de France Inter que le métavers
qui était Facebook est en train de foirer, pour à peu près les
raisons que j’ai deviné dans l’écrit mentionné ci-dessus. Il
me paraît que là où des réalités virtuelles pourraient
intéresser, c’est lorsqu’ils permettent d’accompagner des
tâches réelles – l’inspection d’un modèle en trois-D, la
chirurgie, des danses synchronisées, l’apprentissage de gestes,
l’entretien de l’attachement à des gens qui font déjà partie
de son univers proche physique ou relationnel, etc.
Les vidéoconférences, par contre, ont déjà réussi pas mal à
créer des groupes sociales – à remplacer l’interaction physique
en présentiel. Je le sais parce qu’il y a des personnes qui
m’ignorent parce que leur monde social est devenu l’écran, les
sons, les voix et les personnes qui se trouvent là-dedans. Je ne
suis pas sûr, par contre, que cela les aidera beaucoup dans leurs
relations sociales avec les gens qui sont vraiment là, étant donné
la réaction probable de gens qui se sentent ignorés.
Mais souvenons-nous que le remplacement du réel par le virtuel a
déjà eu lieu – par nos voix physiques et nos récits, ensuite par
la lecture, d’abord à haute voix, ensuite de plus en plus
silencieusement, de mots écrits. Avant, on s’imaginait tout un
monde à travers des contes et des écrits. Ce monde continue
d’exister, mais il est peuplé de plus en plus par la jeune élite,
ambidextre, qui lit des livres et utilise des smartphones.
Pour la majorité d’entre nous, il reste peu à imaginer, tout
est déjà construit. Les images sont là, nous ne devons plus les
développer nous-mêmes, ni le timbre de voix des personnages, ni le
fond sonore de ce que nous regardons. Nous pourrions, c’est vrai,
les changer, les customiser à nos goûts, mais il est plus facile
de laisser cela à des algorithmes.Et pourtant, c’est étrange que
ces images se voient sur des tous petits écrans et les sons sonnent
au milieu de nos propres têtes, comme si elles étaient en nous ou
devant nos yeux comme des petits génies dont on conjure l’existence.
Les ajustements cérébraux qui ont lieu actuellement, surtout
avec cette distinction claire entre présentiel et distanciel qui
nous a été présenté par la covide, sont préoccupantes.
L’autre essai se trouve également sur le site avec le titre
infostruck, section pratique.
L’hypothèse est que pour regagner le contrôle sur la
pertinence de l’information que nous recevons, pour nous, nous
passerons obligatoirement par une retraite du cloud et une reprise en
main de la communication humaine directe ou par messager humain
interposé.
Ceci en partie parce que les alternatives coûtent trop chères,
écologiquement. On déploiera des machines pour faire ce que font
déjà très bien et fort à propos les humains, se communiquer et
agir ensemble. Pourquoi faire, donc ? Qui veut être réduit à
une passivité et une inertie très grandes, face à la vie, tenu à
la bonne volonté de machines qui ne sont pas là ?
Pour mettre mes cartes sur la table depuis le début, je suis pour
un chemin moyen, entre la globalisation et la localisation. Et c’est
le mot chemin, l’aspect dynamique, la manière de faire le lien
entre les acteurs de notre destin collectif qui m’intéresse. Je
suis donc contre le retranchement chez soi et le survivalisme
égoïste, que ce soit au niveau individuel, communal, national …
Or, la voiture et tous les moyens de transport et de communication à
énergie de machines sont à la fois ce qui est en train de détruire
notre terre et ce qui donne un avantage massif à ceux qui sont les
plus dépensiers et les plus riches, en termes d’influence et de
pouvoir décisionnaire. Comme l’eau, on prend les ressources
nécessaires à la vie, on les séquestre et on les utilise pour
alimenter les machines. Les riches – les riches qui deviennent
souvent pauvres en les achetant, détournent ce qui pourrait
alimenter la nature pour alimenter des styles et des méthodes de vie
qui n’ont plus rien à voir avec l’intérêt général.
Comme on l’a dit sur une émission de radio récente, le
libéralisme a eu comme supposition une possibilité de croissance
constante de production et de consommation, mais aujourd’hui, nous
voyons bien que ce n’est pas le cas.
Il est donc urgent de créer des infrastructures et des habitudes
de transport et de communication très, très frugaux et de créer ce
qu’on appelle, pour le moment, une démocratie participative en
étroit lien avec ce qui est autour de nous. Je rajoute que les
seules ressources avec lesquelles il ne faut pas être parcimonieux,
ce sont les ressources humaines, il faut rehausser notre
considération pratique de nous-mêmes.
Dans le Monde du weekend (samedi-dimanche 5-6 novembre) il y a un
supplément qui traite de la COP27. Un article traite du peu
d’importance, surtout au niveau financier, donné à l’agriculture,
par rapport au secteur « transport ». Je ne suis pas trop
d’accord.
Le transport – les véhicules motorisés, y inclus les machines
agricoles comme les tracteurs, ce sont eux qui déterminent très
largement le type d’agriculture que l’on pratique et qui engendre
notre dépendance sur une échelle d’approvisionnement mondial qui
tue ce monde. C’est cela qu’il faut changer, dans le monde
industriel. Radicalement. Et cela a des implications. Il faut qu’il
y ait beaucoup plus de main d’œuvre non-motorisé dans la
campagne, alors qu’actuellement on fait tout pour résister aux
intrus, à la campagne – sauf s’ils apportent de l’argent à
dépenser – ce qu’on appelle le tourisme de consommation.
Actuellement, en France, on dit qu’il manque de main d’œuvre.
Il y a énormément de monde, en Afrique et au Moyen Orient, qui
voudrait bien travailler chez nous. Mais imaginons un avenir tout
proche où on arrête de dépendre des voitures et autres véhicules.
Les chômeurs du secteur automobile risquent de devenir les paysans
de demain.
Jusqu’à là, les politiciens, tout au moins en France, n’ont
pas du tout été courageux à cet égard. Courageux, en jargon
politique, cela veut dire dire les choses qui risquent de leur faire
perdre les élections. Pire, ils n’ont pas lancé les projets
pilotes qui démontrent comment on peut se passer des véhicules
lourds – on a donc un manque d’expérience dans ce domaine
quasi-totale et un genre d’omerta sur le sujet, fidèlement
maintenue par les médias.
Le tabou touche tous les partis politiques, qui sont dans une
rhétorique absolument idiote de remplacer les voitures à essence
par des voitures à électricité, tout en maintenant des parcours et
des trajets habituels qui ne peuvent se faire qu’avec
l’infrastructure routière existante.
J’ai dit « courageux » - il est sûr que celui qui
essaie de mettre en pratique des politiques raisonnées à cet égard
perdra les élections, parce que, justement, une majorité des
citoyens ne voteront pas pour lui ou elle. Surtout pas à la campagne
désertifiée, occupée à présent par des populations réduites qui
dépendent de la voiture pour leur existence.
On est donc dans un « écosystème » politique qui
favorise les pires des excès anti-écologiques, exactement là où
il est le plus urgent d’agir, à la campagne, à la nature.
Et la rhétorique, aussi bien que les actes de ceux qui se
présentent comme les experts de l’écologie, de la nature et de
l’agriculture, n’inspire pas confiance, chez ceux qui votent. Ils
donnent l’impression qu’ils n’aiment pas les humains et qu’ils
défendent la nature contre les humains. Ils proposent des réserves,
des endroits où les humains sont interdits d’aller et d’interagir.
Quand j’étais à la ZAD, j’ai observé et j’ai rencontré
plusieurs de ces personnes, j’ai même inventé un sobriquet pour
eux : les brigades « pas toucher ». Ils avaient
l’impression, je pense, que dès que l’humain touchait à la
nature, il la cassait, donc qu’il fallait mieux qu’il n’y
touche pas.
Que ce soit vrai ou pas, priver les gens de contact utile avec la
nature, tout en ne leur promettant rien que des sacrifices et des
pertes de travail, n’est pas censé leur parler au moment des
élections. Et on le constate.
Encore pire, si l’on voit des collectifs qu’on appelle des
écohameaux, souvent très éloignés des centres de population et
donc encore plus dépendants de la voiture, qui ne pourraient exister
que par l’achat de terrains – qui favorisent donc le capital –
où l’utilisation de tracteurs et de camions est totalement
habituel. De nouveau, ces îlots de paradis terrestre ont existé en
quantité non-négligeable depuis l’aube de la conscience populaire
écologique moderne – disons les années 1960. En plus, cela a
toujours existé, dans la forme de deuxième résidences à la
campagne pour les riches.
Ils n’ont jamais dépassé une infime minorité d’adhérents,
venant des classes moyennes et supérieures, dépendants d’autres
sources de finance ou utilisant les moyens industriels pour tirer
bénéfice de leurs biens – modèle capitaliste. On peut prendre
comme exemples de ces deux tendances – conservation de la nature et
agriculture « raisonnée » avec d’autres sources de
revenu qui permettent de vivre dans des lieux très agréable, d’un
côté Pierre Rab-hi, de l’autre Nicolas Hulot. Ou bien le Prince,
maintenant le Roi Charles, qui fait les deux, conserver la nature et
de l’agriculture bio, sur « ses terres ».
Il existe d’autres modèles écologiques beaucoup plus
correctes, dans des pays comme l’Inde, où les salaires sont
suffisamment basses pour rendre faisable l’utilisation de beaucoup
de main d’œuvre et peu de machines. Du fait qu’on est trop
pauvre pour se payer des voitures, on utilise d’autres modes de
transport, la marche, le vélo, etc. Étant donné qu’une voiture
coûte autour de 7000 euros par an, et pas beaucoup moins, même dans
un pays pauvre, les gens peuvent bien vivre et en relativement bonne
santé sur des revenus moins élevés.
Selon des reportages récents, bien que pendant des décennies les
paysans sont devenus dépendants d’engrais chimiques et de semences
industriels achetés, ils sont maintenant en train d’utiliser des
méthodes naturelles très intelligentes, avec des rendements
également performants, qui améliorent santé humaine et santé de
la nature, ensemble.
Take Two
J’arrive à la médiathèque. La première chose que je vois,
c’est le titre du Monde weekend : « Climat : la
COP27, sommet de l’urgence absolue ».
On ne peut pas, depuis un certain moment, nier que notre élite
est sensible aux enjeux écologiques. Par contre, au niveau local, la
rhétorique et surtout les actes sont souvent désespéramment à
côté de la plaque.
En termes de praticité, on est encore à l’époque de
l’enfance – on n’a même pas lancé un débat pratique et
sérieuse sur comment faire, si on voulait vraiment vivre de manière
écologiquement cohérente. Cela va de soi que c’est une question
d’infrastructure, mais nous devons subir une série d’analyses et
d’émissions qui cherchent à nous provoquer des émotions, à nous
remettre émotivement en contact avec la nature – actuellement
j’attends d’écouter une émission sur un employé municipal
reformé qui protège les arbres en grimpant dedans et en faisant du
bruit. Cela aura sans doute un bel effet, mais ce n’est pas ou pas
encore un homme politique, qui prendra des décisions sur la
prochaine autoroute.
Or, on sait deux choses – on en a la preuve.1 ; «
Ils parlent de la fin du monde mais pour nous, c’est la fin du mois
qui compte ». Ca, on le sait grâce aux gilets jaunes. On le
sait aussi parce que ce n’est que lorsque cela nous touche dans
notre chair, la sécheresse et la chaleur accablantes, que nous nous
mettons à penser sérieusement à comment faire. Comment faire ?
Déjà faudrait-il commencer à écouter et à mettre en position
de responsabilité décisionnaires ceux qui ont de l’expertise et
qui ont été mis en marge et stigmatisés de radicaux ces longues
années, on n’a plus le temps à perdre. Je ne vois aucune signe de
cela et je suis bien placé pour le savoir. On a tendance à chercher
les plus performants dans la société actuelle, comme si le fait
d’être un soi-disant succès dans un monde où pour être
identifié en tel, il aura forcément fallu s’enrichir, ou être
« adopté » par l’élite, parce que l’on n’est pas
méchant, on n’est pas un « challengeur », un
concurrent sérieux, à l’âge de 17 ans.
Une série de femmes de plus en plus jeunes sont donc recherchées,
pour se plaindre devant les grands de ce monde. Je ne les reproche
rien, à elles, si ce n’est de jouer la jeune femme capable de
provoquer toutes les émotions, donc d’assumer les rôles qui ne
font que renforcer le stéréotype. Si j’étais dans leurs peaux,
j’aurais du mal à choisir à jouer le pantin, l’influenceuse. Je
pourrais très bien me dire que le jeu vaut la chandelle, finalement
– et c’est très motivant de trouver un sens à sa propre vie. Je
pourrais très bien essayer ensuite d’utiliser mon renom pour
mettre en avant dans un livre la pensée d’autres gens que j’ai
rencontré au cours de voyages en yacht et de serrages de mains avec
des présidents.
Mais où est le sérieux, pour faire que la fin du mois des
messieurs et mesdames tout-le-monde coïncide avec l’agenda de la
fin du monde ? Cela ne peut que se faire avec des
investissements de temps humain dans la création d’infrastructure
non-industrielle, et surtout en arrêtant de le détruire. Le
désavantage avec la notoriété de personnes peu plausibles pour
gérer les affaires, c’est qu’on continue de vouloir les traiter
sans sérieux.
J’ai dit qu’il y avait deux points. Le deuxième point, que
l’on peut même déduire à partir du premier, parce que les gens
ne sont pas complètement bêtes, c’est que l’élite politique et
administrative essaie de nous leurrer, de nous berner, mais de
manière complètement transparente – elle ne parle pas droit, mais
de manière elliptique, elle introduit des mesures en tous cas, mais
en trompe l’œil. C’est comme le non-dit, on paraît croire ici
que si on ne le dit pas, mais qu’on emploie juste un ton de voir ou
on invente des prétextes indirectes, c’est toléré de traiter les
gens comme des idiotes.
Ce discours de la fin du monde, par exemple, est en train de se
matérialiser en un discours d’investissement colossal en
infrastructure industrielle – éoliennes, nucléaire, bassines,
etc. Et à la fois, des mesures anti-voitures à petit feu mais
soutenu. Or, on le sait déjà, ce n’est pas comme ça que l’on
va solutionner nos problèmes écologiques, mais cela permet de
donner du boulot, dans le meilleur des cas, et de maintenir un
rapport de force relatif aux autres puissances mondiales et leurs
citoyens, au niveau financier et militaire – de tenir les gens en
respect, au niveau international. Dans l’intrahumain, donc, tout va
bien, mais par rapport à la réalité naturelle, c’est plus que
nulle.
On le sait. On connaît les incohérences parce qu’on est
complice. C’est comme une dégradation de soi, amoindrissante.
Praticité ! On n’a même pas abordé la question de quoi
faire au niveau pratique.
Gouvernance mondiale ? Cela veut dire démocratie mondiale.
Est-ce que cela pourrait vraiment marcher, déjà que le niveau
national est très dépersonnalisant ? Comment se constituer en
corps décisionnaires ? Si l’on ne veut pas être
décisionnaire, comment faire déléguer ces responsabilités à
autrui ? Les politiciens ont tendance à acheter leurs
électeurs. Ils n’ont qu’à choisir une minorité agissante pour
gagner des élections. Ce n’est pas vraiment la démocratie et cela
veut dire que la majorité de la population, ou d’autres minorités,
sont à dos contre les gouvernements dès le départ.
Lorsqu’on pense aux batailles rangées de nos ancêtres, on ne
peut que leurs féliciter pour leur humanisme relatif, comparé à
nos guerres contre les populations civiles, d’une inhumanité
totale et englobante. Je généralise, sans doute, mais je ne pense
pas qu’ils étaient moins humanistes, ni moins sages que nous, au
niveau de l’humanisme, de la sophistication de leur pensée et du
réalisme politique.
Rappelons-nous que le changement climatique et la perte de
bio-diversité ne sont pas des sujets séparés, pas du tout. Je
viens d’écouter une émission où le ministre de l’agriculture
n’a pas arrêté de dire des choses idiotes, sans que les
journalistes lui lancent des challenges là-dessus, c’était
presque criminel et mine encore plus la confiance que l’on peut
porter au média d’état français. Je cite « on ne peut pas
faire du maraîchage sans eau ». C’est vrai, mais c’est si
évidemment vrai que personne ne dit le contraire ?
Cela ne justifie pas les mégabassines, telles qu’elles sont
conçues. L’agriculture industrielle et le pâturage/foin élimine
les accidents de terrain et les volumes d’air humide surtout quand
on se base sur des vastes champs entourés de clôture électrique.
Les mégabassines, mais également l’abstraction d’eau à grande
échelle dans des puits ou par pompage des rivières, se fait partout
déjà. Le rendement par hectare de petites surfaces est supérieur à
celui de ces grands champs industriels. La valeur rajoutée par la
transformation permet aussi d’augmenter le rendement, par hectare.
Utiliser une partie de ces mêmes surfaces pour un habitat humain
écologiquement positif est aussi très utile, j’ai développé pas
mal de modèles qui le démontrent, visibles sur mon site.
Les jardins forestiers et le paillage limitent drastiquement
l’usage d’eau. Les haies, les arbres et les accidents de terrain
réduisent le dessèchement par le vent. Mais le ministre n’a pas
été une seule fois bousculé dans ce qu’il a dit. Les
journalistes n’étaient tout simplement pas équipés mentalement
pour le contredire. Si j’étais Ellen Musk, je les virerais à
l’instant même. Ils étaient en train de justifier notre méfiance
à leur égard et de jouer un jeu sordide avec le ministre,
porte-parole du lobby industriel. Lui, de sa part, apprendra qu’il
peut dire n’importe quoi. Cela ne favorise ni lui, ni son groupe
politique, ni son média, c’est juste con. Il paraît qu’ils
sous-estiment totalement l’intelligence des gens et qu’ils
pensent pouvoir les encourager à se comporter comme des bébés
émotifs, irraisonnés. Pas de sérieux. Pas pointu. Pas un bon
exemple.
En revenant sur cette histoire de globalisme et de localisme, il
faut questionner la prémisse que le monde fonctionnerait mieux si le
localisme était prédominant dans la prise de décisions. Avec les
voitures et les routes, il est vraiment facile de vivre des doubles
vies dans des doubles résidences. En excluant les pauvres, sauf la
classe de servitude aux riches, on sera toujours majoritairement
pro-élite à la campagne, puisqu’on en fait partie ou on en
dépend. Les états unis sont en avance sur nous sur cette
gentrification, cette zonification de la campagne en réserve des
riches. Ils apprécient aussi les peuples premiers, dans leurs
réserves.
Manque de sérieux, de nouveau. On peut créer un monde que pour
les riches comme cela – comme les états unis – comme la campagne
française, mais que faire avec ceux qui ne sont pas riches ? On
ne peut pas les laisser traîner. La richesse peut protéger, mais
elle peut aussi détruire, c’est ce qu’on est en train
d’apprendre. Et ce qu’on a pu mettre à l’extérieur de chez
nous, les guerres, les problèmes, la pauvreté extrême, ne cessent
de s’approcher de nous.
Mais comment faire, dans tous ces cas ? Je propose que le
problème se trouve surtout dans notre manière de nous relier, trop
instantanée et dernière minute, trop détaché de là où nous
sommes, ce qui favorise l’irresponsabilité dans la prise de
décisions, la non-prise-en-compte des autres.
Pour trouver de la traction sociale, il faudrait une bonne dose de
reliement à moyenne distance – à distance de marche ou de voyage
vélo. Cela donne aussi la possibilité d’injecter des populations
non-riches, fortement motivées à travailler, à la campagne, mais
plutôt en relation avec les résidents existants de la campagne. Il
faudrait comprendre que les humains et les bêtes ont des rythmes
circadiennes, qu’ils se fatiguent et se nourrissent et se côtoient.
L’implication est de développer beaucoup plus d’infrastructure
et de fonctionnalité pour les gens de passage sans véhicules –
donc par définition actifs.
L’imbrication de populations complexes et variée, sur des
projets communs qui s’adressent au vivant, est une solution
pratique de ces dilemmes.
On m’a suggéré la semaine dernière qu’il manquait, dans mes
émissions, le côté pratique, le passage à l’acte. Au contraire,
cela fait maintenant quinze ans que j’agis, et de manière très,
très précise – je vis sans argent, sans essence, de préférence
de fruits et légumes que je produis et je glanes moi-même, pour
avoir une consommation d’énergie équivalente à moins d’une
tonne de CO2 par an – c’est-à-dire une consommation suffisamment
réduite pour ne pas parasiter mes confrères et sœurs humains et
autres.
Ceci à titre personnel. Je pense que ceux qui prêchent – qui
prescrivent des modes d’action sans eux-mêmes agir de la sorte
auront du mal à convaincre les autres. On le voit – les
écologistes et autres gauchistes ont eu beaucoup de mal à
convaincre, politiquement, au niveau de l’action concrète. Moi
aussi, mais mes suggestions auraient eu beaucoup plus d’attention
si l’on n’avait pas fait amalgame entre tous ceux qui proposent
des solutions écologiques – s’il y avait eu un vrai débat
rationnel. Je note que dans les récentes confrontations autour des
bassines, on a tagué la voiture de Yannick Jaddo. Je ne suis donc
pas le seul à ressentir le manque de logique des écolos politiques.
Je me demande comment, même avec ceux qui se disent écolos, on peut
débattre. Je dois me fier à des manifestations comme ce taguage
pour savoir que les questionnements existent.
On sait maintenant que l’important, c’est de créer des
possibilités pour la grande majorité, que cela ne sert à rien de
créer des éco-hameaux sans proposition pour l’infrastructure qui
va avec – ils ont tous des voitures, voir des camions, ce n’est
vraiment pas comparable à une vie pauvre en banlieue. Je passe mon
temps à étudier et à parler de l’infrastructure nécessaire pour
que la grande majorité de mes concitoyens terrestres puissent
adopter le même style de vie frugal, sobre et agréable que moi,
tout en sachant que si cela continue comme ça, ce ne sera ni
agréable, ni même faisable, de vivre dans une campagne de plus en
plus exclusive et industrielle, en canicule et en sécheresse. Avec
infrastructure oui, sans, non. Avec travail écologiquement utile,
sans machines, oui. Sans, non.
J’ai pratiqué pendant des années en Ariège les circuits sans
essence, sans argent que je propose comme solution à plusieurs
égards à notre impasse écologique. Lorsque je termine ces
émissions radio, en décembre, je propose de les reprendre, ici en
Aveyron. Je sais pertinemment que tout cela ne servira à rien à
moins que d’autres personnes me rejoignent. J’estime que le
niveau d’hostilité actuelle à la campagne contre de telles
initiatives est énorme – c’est-à-dire que je ne donne pas cher
pour ma peau si je continue de creuser ces chemins dans un climat de
plus en plus dangereuse, sans soutien. Par analogie, je peux
considérer que peu de gens auront envie de me rejoindre.
Par contre, la rhétorique me rejoint de plus en plus souvent,
sans passage à l’acte suffisant.
On m’a même dit hier que mon problème était que j’étais en
avance sur mon temps. Le temps est en train de nous rattraper, nous
tous, et on me dit que je suis trop en avance ! C’est à se
désespérer.
Du fait que j’ai pu exister pendant plusieurs années dans ce
contexte, j’ai pu mûrement réfléchir, selon les paroles de la
chanson, sur la conséquence de telles actes. Ayant participé à
plusieurs initiatives contre la pauvreté, la guerre civile et les
vies détruites qui créent les problèmes de populations déplacées,
de l’Amérique Latine jusqu’aux ZADs.
Au lieu de devenir plus radical, j’ai tendance à comprendre que
le problème est structurel – qu’en ayant des manières de
s’organiser et de nous déplacer qui nous mettent à distance du
territoire que nous occupons physiquement – avec nos corps, avec
nos réseaux de contacts physiques, nous nous mettons dans
l’impossibilité d’agir dessus. En fait, c’est les machines qui
agissent pour nous – sauf que non, cela ne marche pas comme ça.
Comme nous ne sommes pas dans l’environnement physique, il ne fait
pas partie de nos priorités, surtout, nous ne le connaissons pas,
nous n’interagissons pas avec. Par exemple, dans des endroits que
je fréquente au bord de la rivière, des gens viennent en camion
déposer des déchets verts – justement parce que c’est une zone
inoccupée par les humains et qu’ils ne risquent pas de se faire
choper. Ou ils grignotent du bois, souvent du bois vert, ils sont
tellement peu informés, pour leur feux ouverts. Ces zones inondables
doivent être les plus bio-diverses de toutes. Qui s’en occupe ?
Personne. Dès qu’une zone est déclarée inhabitable ou réserve
naturelle, elle est en danger. Dès qu’il y a moins d’habitants
humains, on a le droit d’avoir des voitures polluantes. Des
chasseurs avec des chiens viennent semer la terreur et déstabiliser
ces zones qui, auparavant, étaient les axes principaux de mouvement,
tout au moins en bas, dans les gorges.
Or, le système de propriété et de pouvoir local actuel
favorisent, c’est-à-dire empirent cette situation, en coupant la
possibilité d’installer des populations humaines capables de
régénérer la biodiversité et la résilience de la campagne. On a
un besoin urgent de jeunes actifs qui peuvent remplacer les machines
agricoles, qui peuvent faire du travail manuel de jardinage et de
transport à petite échelle. S’ils n’utilisent pas le transport
routier et surtout s’ils n’ont pas de voitures individuelles,
s’ils se déplacent et ils déplacent les denrées sans machines,
ils gagnent en pouvoir d’achat à peu près 8000 euros par an.
Toute la logistique de tels réseaux sert aussi pour accueillir
des écoliers et des étudiants, qui peuvent, en suivant ces écoles
linéaires, apprendre comment interagir avec la nature de manière
constructive.
Comme nous tous, je me trouve face à des évidences qui cependant
ne donnent pas lieu aux changements radicaux qu’il faut. Ces
émissions radio font partie des réflexions là-dessus. En mieux
comprenant les problèmes, en tentant d’appliquer des solutions, on
peut s’en sortir – c’est mon opinion.
Globalisation-localisation – le sujet de cette émission No.9,
je pense que cela pourrait aussi bien s’appeler « l’intelligence
collective bafouée ». Le terme « intelligence
collective, je ne l’ai jamais aimé. Consensus, mieux dit.
Historiquement, on voit bien l’intolérance sociétale à l’œuvre
– la possibilité de se désigner « athée », par
exemple, n’a pas existé vraiment avant Galileo. Intelligence
collective ? Transmission ? Ce que l’on voit aujourd’hui,
c’est une série d’Omertas.
Nous sommes presque tous dans l’emprise d’un système qui ne
cesse de nous déséquilibrer selon des critères qui viennent de
loin, sur lesquels nous n’avons pas prise. Le marché du blé, la
guerre lointaine, les prix qui montent, il n’est pas étonnant
qu’il y a envie d’un repli sur soi et d’une autonomie locale,
surtout chez les gens éduqués qui cherchent à se protéger et les
siens. Rappelons-nous que ce n’est pas cela, la fonction de la
campagne, d’être une réserve pour les riches, les privilégiés,
les deuxièmes résidences et les touristes nantis.
Il est très très difficile à supporter de voir ces gens de
deuxième résidence se proclamer contre la venue de pauvres ou de
réfugiés, en nombre suffisant pour s’occuper des terres.
Le grand pays le plus riche, les plus industrialisé et le plus
polluant au monde – les états unis – est aussi l’un des pays
les plus repliés sur ses propres intérêts. Sa puissance fait qu’il
est souvent le décisionnaire – c’est comme si l’on mettait les
clés de notre maison qui brûle dans les mains du pompier-pyromane à
l’origine du problème.
Une politique de « self-reliance » d’autonomie dite
locale, c’est-à-dire de la communauté politique européenne
commence à être à l’ordre du jour. Sans l’Angleterre. Sans la
Norvège. Avec l’Allemagne qui ne fait qu’à sa tête. Sans la
Turquie, etc., etc. Avec des programmes identitaires chaque fois plus
détraqués.
Pour les questions d’intelligence collective, face à des
crises, rappelons-nous que les nouvelles politiques viennent d’abord
des marges, et qu’une fois des systèmes autoritaires et
intolérants installés, cela peut prendre plusieurs décennies avant
qu’ils ne tombent.
Si je propose des systèmes de mouvement local, c’est pour
maintenir notre capacité d’interagir avec l’altérité – de
trouver notre intérêt et notre plaisir à rencontrer et travailler
avec plusieurs types de personnes, plutôt que de vivre dans des
communautés fermées.
Une caractéristique commune entre ces états désunis, tant les
états unis que les nôtres, est un consensus des oligarchies et des
élites de partout dans le monde à partager le butin entre elles. Si
l’on voit de plus près, c’est pareil – même la forme dite
démocratique représentative joue en faveur des élites à chaque
échelle fractale locale, qui au niveau national ou supra-national se
mettent d’accord pour partager le butin.
Le culte de la personnalité, du charisme et de la performance,
commun à tout régime existant, qu’il soit autoritaire ou
supposément non-autoritaire, favorise, bien sûr, les personnages
qui ont su profiter, en abandonnant toute éthique et raisonnement
collectif, de la situation.
Ce sont nos héros – la plupart d’entre eux par le hasard de
la naissance. Disons que chacun d’entre nous, s’il arrive à
parler et à marcher, est à peu près à niveau – si l’on voit
des gens qui deviennent des super-héros, si on crée des cultes de
la personnalité, la réalité est que les humains sont surtout des
émulateurs, c’est-à-dire hyper-conformistes et qui cherchent à
se trouver approuvés par les autres « My name is Joe Biden and
I approve this message ».
C’est-à-dire, à peu près l’exacte contraire d’un super-héro.
Ceux qui osent agir d’une autre manière, ou lancer des vrais
défis argumentés à cet état d’affaires sont persécutés,
vilipendés, leurs œuvres détruites et ainsi de suite. Il est même
nécessaire – pour soutenir ceux qui ont su profiter de la
destruction rapide du monde, d’accabler l’opposition qui, ayant
pris son élan, se trouverait très rapidement en position de force
et de popularité.
Les preuves sont manifestes. La destruction d’habitat alternatif
et de jardins, la persécution injustifiée de personnes sont
tellement systématisées et incrustées dans la loi, les us et les
coutumes que le succès individuel ou collectif est plutôt indicatif
du compromis de trop. On présente toujours les succès en termes
relatifs – on fait donc mieux que « les industriels ».
La critique de l’autre, sans auto-critique véritable, visible.
Exemple : on critique les mégabassines qui ne feront
qu’augmenter la sécurité et les profits des quelques peu de
grandes exploitations agricoles.
On essaie de tuer dans l’œuf toute proposition raisonnée pour
sauver l’humanité, la nature, les êtres vivants.
Les seuls qui ont pu tenir sont ceux qui proposent des solutions
non-viables. La confédération paysanne, le collectif de Larzac, de
la ZAD de Notre Dame des Landes ou maintenant des Bassines, par
exemple, rentrent bien dans le cadre de l’exploitation agricole à
moyenne échelle (plus de 5 hectares), avec des tracteurs, avec des
camions, avec besoin de beaucoup d’infrastructure routière et avec
très peu de transport et de labour humaine, si on le calcule en
kilojoules injectés. Pour contextualiser, si on appliquait leurs
méthodes à des pays comme l’Inde, il y aurait des centaines de
millions de morts, à cause de l‘élevage qui remplace les régimes
végétariennes.
L’un des actes les plus forts que pourraient prendre les
européens, c’est de vivre bien avec beaucoup moins – d’élever
le statut social de ceux qui vivent correctement, au niveau de leur
empreinte écologique.
Actuellement, la plupart des pauvres ne peuvent pas avoir des
jardins vivriers, ces endroits sont possédés par les riches. Les
riches eux-mêmes se pensent pauvres – du fait que pour être à
peu près bien, il faut consommer beaucoup d’énergie.
Les mouvements de protestation qui font des actes de désobéissance
civile utilisent les mêmes moyennes de transport et de communication
qui favorisent la dominance des forces anti-écologiques. Des
voitures, des minibus, des tentes, des portables et ainsi de suite.
Tweeter et Ellen Musk sont très intéressants à cet égard –
puisque ce sont les élites mondiales qui utilisent ce média en
particulier. Pourquoi est-ce que les médias nationaux mettent les
logos d’entreprises privés américains à être cliqués par leurs
audiences ?
C’est l’un des aspects de mes études – je m’abstiens de
tous ces médias, j’ai passé des années sans internet, je n’ai
pas de portable. C’est à peu près invivable. Les médias locaux
n’existent quasiment plus. Comment peut-on s’attendre à une
prise en considération de ces réalités o trop physiquement réelles
par des gens qui en sont détachés ? Il me paraît évident que
retisser les communications physiques au niveau local est une simple
reconnaissance de notre existence.
Si c’était une question d’intelligence collective, on ferait
tout autrement que ce que l’on fait maintenant. On émet des forts
doutes sur l’utilité de cette rencontre de « 40,000
personnes venues de 196 pays » à Charm El-Cheik en Égypte, le
COP27. 40,000 personnes – mais qui sont-elles ? Celles qui
peuvent se déplacer à de telles distances. Quel intérêt a-t-on
vraiment à donner notre attention à celles-ci, qui, surtout si
elles viennent des pays pauvres, feront partie ou dépendront des
oligarchies qui exploitent leurs propres co-citoyens ?
La manière tout-à-fait pragmatique et pratique de contourner ces
problèmes et de créer une interactivité responsable et responsive,
c’est de retisser des liens à travers les mouvements sans machines
à essence ou à électricité, à moyenne distance. Pour cela, il
faut une infrastructure minimale d’accueil et de mise en activité
utile de ceux qui participent à ces réseaux. Or, c’est exactement
l’inverse qui se passent actuellement. Les gens qui sont
physiquement présents sont de plus en plus méprisés, les
vidéo-conférences sont visiblement beaucoup plus importantes que
ceux qui sont là. On rend la vie difficile aux réfugiés et aux
pauvres, au lieu de les accommoder. Comme dans la politique nationale
annoncée, on essaie de favoriser ceux qui sont utiles et rejeter
ceux qui ne le sont pas. Ceci, pour faire les boulots qui
raccourcissent la vie et qui rendent malade. Chauffeur de camion.
Femme (ou homme) de ménage. Agent de nuit. Soudeur. Je souligne en
particulier que les travaux d’aide à la personne et d’entretien
signifient respirer des produits ménagers hyper-nocifs, respirer les
poussières qu’on soulève en nettoyant, etc., etc.
C’est un peu comme un néocolonialisme, un néo-esclavage qui
est proposé. Moi, ce que je proposerais, ce serait plutôt
l’équivalent des travaux saisonniers, décontractés, en
déplacement, de maraîchage et de jardinage, bons pour la santé et
pleinement socialisés.
Je suis presque obligé de prendre comme exemple les aides
alimentaires. Actuellement, les systèmes de distribution se font à
l’imitation du système Walmart, à grosse échelle. Que ce soit à
Ganges, à Toulouse ou à Millau, les principales instances d’aide
alimentaire dépendent de la fourniture à distance en camion.
Dans le cas de Millau, c’est Rodez, le « hub ». Ces
denrées de basse qualité, dites de l’Union Européenne mais à
vrai dire qui viennent des industriels surtout français de produits
laitiers, de poulet et autre, invendables à tous ceux qui ont le
choix, parce que nocifs pour la santé et le bien-être, sont
partagés avec les gens en état de famine en Afrique et en zone de
guerre secondaire des pays riches (Afghanistan, Syrie, etc.).
Ces produits sont aussi les produits avec le plus d’emballage et
de frais de stockage. Dès que l’on doit stocker et redistribuer,
il faut une chaîne de froid et des emballages longue-durée, ce qui
veut dire que tout produit périssable non-emballé est hors circuit.
C’est-à-dire, la plupart de tout ce qui est bon – le saucisson,
le foie gras, le lait cru, les légumes et les fruits mûrs pour la
confiture, les produits passés de date d’un jour du boulanger,
etc., - bref les produits locaux. Il n’est tout simplement pas
rentable de s’occuper de ces produits, selon le modèle Walmart. La
perte de bon goût, de savoir faire et de connaissance culinaire des
français est très très rapide, avec ces normes. Sachons que la
conservation, en cave, sans emballage en plastique, fait partie de ce
savoir faire et permet aux gens de s’auto-alimenter.
Cette semaine dernière, on a entendu au média national qu’il y
a des propositions d’en haut de remplacer ce système néfaste et
totalement anti-écologique avec des produits frais, sourcés
localement.
Mais dans les instances alimentaires, on va dire que l’on ne
donne que ce qu’on reçoit. Je prédis, très sincèrement, que si
l’on continue comme ça, même avec les initiatives centralisées,
on ne fera que générer de plus en plus de ressentiment, de moins en
moins de bénévoles, et de plus en plus d’abus des usagers du
système, rendus totalement passifs et traités de manière de plus
en plus humiliante.
Il faut y réfléchir un moment – les restaus du cœur était
une initiative populaire, à l’origine, pas une organe d’état
créé pour empoisonner les pauvres, mais, il me semble, l’idée de
donner un bon repas par jour en toute convivialité aux plus démunis.
Les restes qui sont aujourd’hui jetés aux cochons et à
d’autres animaux, dans le meilleur des cas, mais le plus souvent
dans des sacs en plastique à pourrir et créer de la méthane sous
terre, pourraient servir à faire des repas collectifs pour les gens.
Mais pas dans le cadre actuel.
Le sujet reste ce sujet de globalisation-localisation.
« On n’a pas vocation à aller sur le
territoire de l’autre »
Je citerai le contexte plus loin, mais le sens, le sens de cette
expression porte loin déjà. Il démontre qu’il peut exister des
collusions à distance, des mutualités d’intérêt qui servent à
neutraliser la vie démocratique chez soi. Plus loin, qu’il peut
exister … qu’il existe des coalitions d’intérêt qui nient
leur responsabilité, tout en étant les acteurs déterminants.
Prenons l’exemple de notre empreinte nationale énergétique -
l’énergie venant d’ailleurs. Le travail et l’exploitation
venant d’ailleurs. Total donne l’exemple. Mais nous profitons
tous des produits de Total. Notre économie ne marcherait même pas,
sans ses opérations extérieures.
Ne pas y aller, ce n’est pas ne pas recevoir ce qui en vient ...
J’ai capté cette bribe en écoutant l’explication d’un
responsable d’une radio locale. J’ai subitement compris qu’il y
avait tout un iceberg de décisions administratives qui allaient
déterminer la localisation ou l’universalisation d’une radio
dite « locale », que le diable était dans les détails,
élaborés au cours des années, depuis les premières radios libres
du début des années 1980.
Il faut savoir qu’à un moment donné, les émissions qui vont
s’entendre sur une radio dite locale ne sont ni lives, ni locales –
que les lives sont le plus souvent syndiqués. C’est un vrai
problème – il faut pas mal de production locale pour justifier les
subventions.
Et je pense que, comme la fédération paysanne, les radios
locales doivent être d’entre les meilleures qui restent,
écologiquement – mais qui se trouvent face à des réalités
parfois intraitables.
On est presque démuni face à l’enregistrement, les podcasts,
les compétences à d’autres échelles. Mais, comme avec les
bénévoles et les employés d’autres assocs., il ne faut pas
pratiquer l’auto-censure ou défendre ce qui est à vrai dire
indéfendable, cacher les vérités ou en discuter seulement à huis
clos.
L’analyse du « tout local » tient bon si on ne se
tient qu’aux opérants et décisionnaires, en principe, bien qu’il
existe des autorités plus centrales qui détiennent souvent les
reines du pouvoir. En ce qui concerne ce qui est sélectionné et
produit pour être inclus dans la programmation, et donc l’expérience
réelle des auditeurs – la raison d’être de la radio,
normalement – c’est une toute autre histoire – on ne se prive
pas de radio venant de toutes parts. Qu’est-ce qui se passerait si
l’on appliquait une analyse systémique des sources et des
productions de flux d’information, d’énergie et de matière à
la radio locale – qui est aussi sur internet ? Qu’est-ce que
deviendrait cette profile si l’on arrêtait d’émettre sur les
ondes FM, au niveau local ? Et qu’est-ce qui se passe, avec
cette histoire de syndication des émissions – ce qui signifie
qu’une radio locale, ou plusieurs, se mettent ensemble pour
partager des émissions ?
Je mets un petit b-mol , il existe des producteurs de radio
errants, qui ne paraissent pas inassimilable à l’organigramme,
l’organigramme que je rappelle, dit « On n’a pas vocation à
aller sur le territoire de l’autre ». Cela m’amuse – cela
montre que le fait d’avoir un style de vie « bouger »,
d’être nomade, permet des exceptions à la règle. Avec plus de
gens qui bougent et qui prennent des sons, cela pourait être
vraiment intéressant.
En tous cas, cette question de territorialité moule les
possibilités actuelles. Territorial, en rapport avec d’autres
territoires, ou fiefs, j’ose dire. Un peu à l’instar du sénat
et d’autres institutions de pouvoir qui se fédèrent pour mieux
exercer le pouvoir de décision. L’état nation en dépend. Cela
suit le modèle d’élite locale qui fait élite nationale.
Si je prends la radio comme exemple, c’est pour quelques raisons
assez pertinentes. D’abord, j’y suis – près de l’information
ce concernant, je peux y connaître quelque chose, tout en étant
étranger. Bref, j’ai, bien que ce soit peu, accès à
l’information parce que je suis là.
Deuzio, la radio, c’est la communication, la communication à
distance – distance courte, dans le cas de la radio locale, et
longue, puisque c’est sur internet et en podcast, en principe. La
communication donne naissance au pouvoir, pouvoir d’agir sur les
choses – de les bouger, de manière coordonnée, par exemple. Le
transport mais aussi l’habitat. Ce n’est pas rien.
Mais la radio locale, face aux groupes sociaux, face au média
national, est presque rien, aujourd’hui. Je pense que cela fait une
bonne analogie avec les gens qui se côtoient physiquement mais qui
vivent des vies à part, plus unis avec des gens lointains. C’est
évident que cela peut miner la confiance en soi et créer des
surcompensations de tous bords.
Troisième, la radio locale fait partie du vieux modèle,
essentiellement non-interactif, des acteurs devant une audience.
Un groupe social ou un influenceur dépendent des followers et de
ceux qui interagissent, bien que l’on voit se rétablir, de plus en
plus, le même vieux modèle d’acteur/audience. Cela peut
ressembler à une antenne de radio en termes de taille et même de
fonction. La différence étant que l’on est producteur-participant
– en principe.
On peut dans les deux cas cerner des groupes de pouvoir – des
groupes décisionnaires – qui se déterminent plus par secteur que
par localisation géographique. Il y a des liens forts
d’interdépendance sectorielle, mais relativement peu de
responsivité par rapport à l’avis de l’audience, les
consommateurs, les clients, les usagers ou utilisateurs … vous
voyez ce que je veux dire – il manque un mot.
Et ça, c’est en ce qui concerne la radio « locale »
- c’est dans le nom.
J’ai été proche de la vie associative, c’est un terme que
j’apprends à décortiquer avec un étonnement croissant. Comme on
n’est pas en Chine, mais dans le pays de la liberté et de la
solidarité librement accordée, le carcan administratif des
associations – je me demande comment les gens peuvent s’y plier.
De toute évidence, les Gilets Jaunes ont partagé mon avis, sauf que
j’ai l’impression que pas mal d’entre eux n’ont jamais eu de
problèmes à faire partie d’associations loi 1901 ou 3 – je ne
sais pas – caritatives et autres – tout en rejetant la
structuration de ce mouvement en particulier.
Mais, comme je l’ai dit, le diable se trouve dans les détails –
lorsque les gens se fédèrent, ils le font pour se fortifier, pour
faire que leurs voix comptent.
Ce que j’ai pu observer dans l’évolution des associations, au
cours des 15 dernières années, c’est une très rapide
professionnalisation, de telle manière que les décisionnaires
exécutifs – les exécutants, se réduisent en nombre et deviennent
déterminants dans les décisions prises. Les soi-disant bénévoles,
particulièrement dans les sphères médiatiques ou les stagiaires ne
sont pas ou peu payés, côtoient des employés rémunérés
correctement, souvent en CDI. L’obsession français avec les CDIs,
je ne l’ai jamais compris, mieux vaut partager les fruits de notre
labour entre plusieurs que le réserver au petit nombre de
super-privilégiés. Mieux vaut assurer les bases de la vie pour la
majorité que dépendre de la charité et le bénévolat qui ne l’est
pas vraiment.
Mais je digresse, la superstructure qui rend tout cela possible,
qui rend possible que peu de gens qui ont pu négocier des termes
favorables, comme les cheminots, les livreurs de pétrole et de gaz,
les employés de la média, … c’est justement cette structuration
politico-géographique, par antenne, qui joue.
Vous voyez – globalisation-localisation, où ça nous mène ?
Du haut en bas, de gauche à droite, les mêmes structures, qui nient
la prise en compte du monde physico-social. Mais ce monde, c’est
l’environnement. Si on peut l’ignorer – et profiter de cette
ignorance socialement, économiquement, il faut pas s’étonner que
le monde va mal.
Jusqu’à cette année, les climatologues que j’ai entendu
indiquaient que la France et l’Europe n’allaient pas subir en
premier les conséquences du réchauffement climatique et de
l’extinction des espèces. Aujourd’hui, c’est-à-dire après la
canicule et la sécheresse de cet été, ils prédisent que c’est
l’Europe et la France qui vont être les premiers à subir le
réchauffement et les extinctions. Après coup.
Subtile différence, n’est-ce pas ? L’Europe est toute
une région du monde – si cela monte de quelques deux ou trois
degrés, dès maintenant, les dégâts aussi. Nous devons vraiment
créer, au maximum, un grand mur vert chez nous, et pas juste en
Afrique. J’ai déjà élaboré les plans pratiques, vrai vie,
relatés sur mon site, section « pratique ». Le problème,
comme en Afrique, c’est la protection de ces murs verts, ces haies,
contre les forces anti-écologiques. Les miens ont été détruits, à
deux reprises. Donc, sans tomber dans le syndrome des milices, il
faut sérieusement penser à comment défendre, en profondeur, les
tentatives de créer un monde vert viable pour demain. Il faut déjà
être présents, sinon la nature devient notre déchetterie, de toute
évidence.
Défendre ce monde comme si c’étaient nos enfants. En fait,
c’est la vie de nos enfants qui est en jeu. Le vieux qui dit qu’il
s’en fout, il n’a que quelques années à vivre, …, c’est
difficile ça, je l’ai entendu à plusieurs reprises maintenant,
cela m’a choqué.
stringly partout (buis pyralisé et ensuite cauterisé) contre jour
↑↓ProFrugal#10 - Réalité somatique : les sens, la proprioception
vendredi 28 octobre pour le jeudi 17 novembre 2022
10. Réalité somatique : les sens, la proprioception
graffiti blur
Proprioception – ré-éducation
Les sens : vue, ouïe, toucher, odorat, goût,
inertie/équilibre, vibrations, sens du corps, effort, plaisir,
fatigue, stress, éveil-sommeil.
Préambule
Je pourrais me limiter à ne parler que de ce sujet, sauf que je
trouve que cela ne marche pas, les sens, ce qu’on vit dans son
corps, ne se limitent pas aux sensations – le ressenti est un
amalgame des sensations et de la connaissance du grand monde, du
mappemonde qui existe dans nos « boîtes noires » ou nos
« têtes de choux ».
Il existe donc cette boucle de retro-action, pré-eminente. On ne se rend pas compte d’un
manque de forme physique que lorsqu’on se trouve à bout de
souffle, si dans sa vie journalière on n’a jamais à s’exercer.
L’inexercice d'une capacité, on n’y pense que lorsqu’on en est privé,
fonctionnellement, de par le manque de réalité incarnée de sa vie
somatique.
La réalité somatique est donc autant une question de son univers
d’immersion cognitive – le bien-être et le mal-être peuvent se
manifester face à un même stimulus, si le bagage mental est
différent. La facilité et le confort, deux mots qui n’ont cessé
de surgir, ces derniers temps, sont trompeurs, préoccupants, on se
demande de plus en plus à quoi on sert, si ce n’est qu’à
soi-même, ce qui ne paraît aucunement suffisant. L’auto-suffisance,
l’autonomie et le survivalisme font d'étranges partenariats,
déterminés par le vide ressenti, autour de soi.
On peut sentir le dégoût ou l’appréciation d’une même
chose, selon les codes culturels autour de soi, mais aussi selon les
événements précis qui ont créés des traumas ou des sensations
agréables. Chaque "sens" a une qualité de proximité ou éloignement différenciée, par rapport à l'émotif - ce qui nous motive et nous permet d'attribuer des ordres d'attention. Ils fonctionnent en unaison. Ce n'est pas exactement le cas avec nos technologies de communication actuelles.
physico-socialisation – réalité virtuelle
Il m’arrive de penser que la familiarité que les plus jeunes
d’entre nous, nous avons avec les portables, les écrans et les
moyens de transport rapide font naître plus de « réalité »
sensorielle que les aspects physiquement présents de cette réalité. Que
l’inclusion sociale, le « faire partie de ce monde » se
trouvent plus dans des mondes virtuels que réels, que l’on a parfois
envie de fuir, par manque d'adresse.
Il y a à peu près dix ans, en 2012 donc, j’ai voulu conduire
une expérience vraie-vie, de m’absenter assez rigoureusement de ce
monde de l’informatique, etc., d’observer un peu à distance
l’évolution des choses. Je me sens de plus en plus comme Rip Van
Winkle, ou comme un vieil indien, coupé de la vie moderne.
L’évolution a été extrêmement rapide, envers une société dite
tout-numérique, et au combien déficitaire, à tellement d’égards.
Les nouvelles générations ne connaissent souvent que cette manière de voir et de concevoir, les gens
d’âge moyenne sont, eux-aussi, plus de la génération des joueurs
de jeux vidéos que de joueurs de jeux de rôles, ou de joueurs de
jeux de société. Tout devient genre.
Je prends quelques exemples de réalité altérée. Pour quelqu’un
né en ville, les pelouses sont souvent suspectes – sales, du fait
que ce sont les lieux où les chiens, ils font leurs crottes, tout
comme les trottoirs, incrustés d’on ne sait pas quoi. L’espace
public, il est sale, la voie publique, encore plus. Une moue de
dégoût instinctif est générée, même d’y penser, on ne
s’assoit donc pas sur l’herbe. Pour un rural, habitué à la
ruralité, les pelouses ne sont pas sales, le sol non plus. Il faut
se mettre dans la peau de l’autre, pour comprendre.
N’oublions pas que ces habitudes de détection des menaces ont déjà été
révolutionnés par l’époque de l’hygiénisme, qui naît avec
Pasteur, ou Florence Nightingale, à la fin du dix-neuvième siècle.
Toujours paradoxale, cette terreur des microbes a fait naître
l’usage de linoléum, qui dans l’occurrence peut être encore
plus nuisible à la santé, par les fumées qu’elle exhale, et des
surfaces comme le formica (la fabrique à Quillan est maintenant fermée, c’est
cancérogène), on ne peut plus propices aux pellicules de microbes,
que l’on trouve encore partout, dans les hôpitaux, les écoles,
tout endroit du service public. Pour un mal, on échange un autre.
Pour ceux habitués à rouler en voiture, ils ne voient que des
paysages, que j’appelle voituresques. On ne voit pas le détail et
on n’interagit pas avec. Il est donc normal que ce qui nous
concerne, c’est le grand plan, pas le menu détail. Les machines
deviennent nos yeux. Nos yeux, faute d’entrainement, deviennent
dépendants aux verres, aux lunettes et, bien sûr, aux écrans.
Si l’on vit dans une maison de ville ou un appartement, sa
fenêtre sur le vaste monde, c’est l’écran. Les gens qui parlent
et qui font des choses, ils s’écoutent et ils se regardent par ces
instruments techniques.
La réalité somatique ou sensorielle est composé de tous ces
éléments, mais aussi la réalité sociale. Prenons nos animaux
domestiques. Ils font essentiellement pareil – ils s’adaptent au
milieu, deviennent attachés à nous. Les chiens aboient sur tout ce
qui leur est étranger, puisque cela génère la méfiance. Ils sont nos odorats, nos ouïes, mais aussi nos formateurs de caractère.
Un aspect de cette culture, coupée du monde du vivant non-humain, non-humain-friendly,
c’est un bascule entre incertitude (manque de confiance) et
dominance – on cherche souvent à conquérir, plier à notre
volonté ce qui nous gène, ce que nous appelons en général
« sauvage » ou « barbare ». Bien sûr que
l’inverse, le ré-ensauvagement, devient vigoureux à son tour,
mais cette pensée reste dans le cadre de la dominance et la
sous-dominance, elle s'est simplement inversée. Si nous cherchons à ré-ensauvager, c’est aussi à
nous-mêmes que nous pensons, mais nous ne nous en croyons pas capables.
Nous préférons la sous-dominance qui domine, les dominants qui
nous sont favorables. Tout comme les animaux domestiques.
De telle manière que nos connections neurales, nos sens, sont
subvertis à d’autres exigences que ceux auxquels ils étaient
adaptés, dans l’intérêt général, la survie de l’espèce. Ils commencent à se morceler, à force.
Cela me fait penser aux habitudes mal adaptatives à la voiture et
aux routes des hérissons, qui se mettent en boule et se figent sur
place pour se défendre contre des menaces, ou des salamandres mâles,
qui trouvent, une belle nuit, sur une route mouillée, une magnifique opportunité
pour se mettre en valeur. Tous aplatis.
Pour le mieux ou pour le pire ?
Probablement pour le pire. Nos sens et nos cerveaux, bien que très
plastiques, ne sont pas moins liés à notre réalité de bipède
voyageur, dans toute sa complexité et sa spécificité.
Du fait que nous utilisons ces facultés pour nous adapter à un
monde virtuel, et que les instruments virtuels que nous utilisons
sont assez neufs, assez rudimentaires, nous avons tendance à faire
avec, jusqu’à ce que cela se montre vraiment inintéressant pour
nous. Nous en faisons une fierté, même.
À titre personnel,
nos habitudes d’usage, une fois établies, surtout pendant
l’enfance, sont difficiles à rompre, pas si plastiques. L’auto-pilote, la voiture
automatique, sont symptomatiques de cette préférence pour
contourner le problème de l’interface humain, en ne plus utilisant
les ressources humaines, l'adaptation devient à ce point un genre de rénoncement, de rétraction, de sur-simplification. Surtout lorsqu'il n'y a plus de vraie cohérence entre les sens possible.
À titre
sociétal, le challenge est encore plus préoccupant. Cela prend des
générations pour changer des logiciels de pensée collectif, pour
changer des équilibres de pouvoir entre une doctrine et autre. Mais
il existe aussi des cas où cela s’est montré possible. Il ne faut
pas oublier qu’il y a toujours eu des courants écologiques de
pensée, même noyés, ignorés ou éradiqués par la pensée
industriel dominant.
La figification de l’humain, son immobilisme, est de ce point de
vue hautement dangereux. Il peut penser qu’il n’a plus besoin de
s’adapter. Par sa seule consommation, il engraisse les machines qui
lui donnent vie. Sa loyauté est le prérequis, on joue beaucoup sur l'affect.
À l’instar
des voyages de croisière, où dans un monde de luxe, protégé de
l’environnement, entouré de ses co-gériatriques, on voit des
icebergs passer devant les yeux - "vraie-vie".
C’est surtout au niveau de la pleine utilisation, du plein
épanouissement de nos sens et de nos corps, que nous souffrons le
plus de dégâts. Nos champs visuels se rétrécissent – qui a
besoin d’une grande angle si toute son attention est captée par un
petit écran ? Nos champs auditifs sont encore plus abîmés,
nous vivons souvent dans des endroits mouflés et restreints, des
tous petits espaces, des grottes. Nous écoutons des sons amplifiés,
à petite distance, même au centre de nos têtes, spatialement –
c’est l’effet « écouteurs ».
C’est un choc, de se retrouver sur une plaine ou au bord de la
mer, où les sons viennent de loin. Le silence, pour un urbain, c’est
l’absence de vrombissement de fond, et le fait que les sons qui
sont là n’ont pas plus de sens détectable pour lui que son
cœur qui bat. Paysage sonore.
Ce n’est plus la peine de fuir – les drones vont nous trouver.
Tout ce monde s’ouvre à nous maintenant, et c’est un monde où
la réalité somatique se trouve de plus en plus dans le creux de nos
mains. Je pense aux jeunes africains, qualifiés de « réfugiés »,
assis sur des bancs, qui entretiennent des relations vibrantes avec
leurs familles, dans leurs terres d’origine, sans besoin de se
parler.
Bien sûr que l’écologie prend des coups lorsqu’on est
tellement divorcé de sa proche environnement, et que la question se
pose, pour les adultes autant que pour les enfants, de comment
préserver la fonctionnalité et la pertinence de nos vies en société
réelle. Les riches ont moins de problèmes là-dessus – ils
peuvent se déplacer et accéder aux services qui leur sont
nécessaires, au gré. Le bilan écologique est désastreux – il
est donc parfaitement légitime de chercher des alternatifs, dans
l’intérêt général.
une petite journée
J’ai passé un après-midi à laver mes vêtements et à errer
au bord de la rivière. Toute la journée les nuages se sont montrés
menaçants, sans jamais qu’il tombe une seule goutte de pluie.
Typique. J’ai été saisi par la forme des arbres, qui ont su
résister aux forces des crues en prenant des formes fantasques. Un
saule, penchant de plusieurs mètres au-dessus du Tarn devient
iridescent chaque fois que le soleil couchant sort de derrière un
nuage. Le paysage est impossiblement varié, à petite échelle, en
assemblage, les crues, la sécheresse, ce qu’apporte la rivière,
des dizaines d’essences. Les bébés-truites et tous les autres
poissons se ruent sur moi dès que je me montre, pour picoter mes
pieds, pour guetter les miettes. Je les trouve adorables.
Il y a énormément de vie. C’est l’un des seuls endroits
sanctuaires ici, parce que, justement, les inondations rendent
impossible la propriété de l’humain, la constante bascule d’un
état à autre, l’impermanence créent cette niche de diversité et
de richesse.
Je dois dire que j’ai vu une jeune femme avec une petite vache
et un chariot plein de trucs, en train de suivre sa route, de la
Bourgogne vers Albi. Comme moi, elle vivait sur le chemin. C’est
très rare, de rencontrer quelqu’un qui vit un peu comme moi.
Comment dire, comment communiquer aux gens dans les voitures qu’il
y a tout simplement d’autres manières, plus riches, de vivre, que
leurs vies de riches ?
Comment expliquer que le monde n’est pas ce monde de sauts en
avion, en train, en panique, d’une réunion à autre pour décider
du sort du monde ? On ne fait que suivre le sort du monde, en
live virtuel.
Le président Macron, je peux même croire qu’il est peut-être
un homme décent, mais s’il n’y avait plus d’avions, de TGVs,
de centrales nucléaires, est-ce que nous serions plus mal ?
Cela coûte tellement d’argent pour si peu de gain réel.
Comment peut-on comparer positivement un train, des rails, une
voiture, du bitume, à l’incroyable diversité et le
perfectionnement constant des formes de vie ? Ces objets
industriels sont si primitifs, si inefficaces, comment est-ce qu’on
a pu croire en eux ? Quelle naïveté étonnant !
Pour être si naïf, il faut être soi-même un robot, qui pense
sur des rails.
colonialistes sans éducation
… ou bien des coloniaux – j’ai entendu cette explication,
l’idée étant que l’élite n’a jamais voulu éduquer les
masses, que les pauvres qu’ils ont d’abord conquis sont devenus
les premiers à coloniser d’autres terres, et ainsi de suite.
Macron, dans ce sens, est en train de maintenir en vie un système
de dominance mondiale, en utilisant des machines, des finances et une
classe de super-privilégiés, dans une société où la hiérarchie
est préservée.
Je peux observer qu’en cela, la France correspond à
l’Angleterre, et que la France et l’Angleterre, étant les toutes
dernières puissances coloniales, il est permis de reconnaître que
cette pensée prend encore beaucoup de place dans leurs systèmes de
gouvernance.
Par rapport au peuple, il y a un changement – avant, l’absence
d’éducation menait souvent à des éducations sur le tas dans des
conditions sémi-naturelles. Aujourd’hui, les conditions de vie
ressemblent souvent à celles d’un canari.
La vie de l’esprit : objectif / subjectif
Les fourmis : l’auto-construction d’un univers dans le
noyau d’une pomme … coupés des siens, dans un aéroport lambda
Tout est fait pour nous caler dans l’espace-temps que nous
vivons. En diphase – avec les nouvelles technologies peu adaptées
à nos biorythmes et nos besoins spatio-temporels en lien avec le
cycle diurne-nocturne – ou les cycles des saisons
Ces boucles proprioceptives sont encore peu accommodées, et de
moins en moins. Et c’est nous qui nous effaçons.
On parle de la pénibilité, du manque de main d’œuvre dans
certains secteurs. On note que le nucléaire manque de recruter les
gens qui seraient nécessaires s’il veut construire une nouvelle
génération de réacteurs.
Dans d’autres cultures, à d’autres époques, on a souvent
trouvé préférable de développer des armées de mercenaires,
plutôt que de risquer d’armer sa propre population.
Cette émission, le Profrugal numéro 11, s'appelle "solutions". Donc je vais commencer avec les solutions !
il en existe plusieurs, des solutions, des solutions discrètes, dans les deux sens du mot "discret" : séparés, ... et, malheureusement, modestes et moitié cachées. J'ai horreur de la fausse modestie, je trouve ça prétentieux. Je ne vais pas faire une liste, de ces solutions tout-à-fait évidentes. Sans en faire un flux amorphe, il faut y faire des initiatives conjointes, qui se complétent, qui se complémentent, il faut donc coopérer, si l'on veut y réussir.
Désolé de le dire de manière aussi brutal, mais c'est comme ça. Il ne suffit pas de faire tout modestement dans son coin - c'est souvent pire que de ne rien faire. Par contre, il est bien temps que ceux qui essaient de se concentrer sur la pub., en abusant des chefs d'oeuvre, se mettent à trimer, et à marcher ensemble - l'événémentiel, c'est toutes les semaines maintenant, comme le dirait un certain Ellen Musk, maudits soient ses os.
coopérer, cela veut dire, dans le cas de la France métropolitaine, bouger ensemble, sans voitures, parler ensemble, sans portables - pour que le bruit court. De l'énergie humaine, là où il n'y avait que de l'énergie fossile. Cela implique des structures d'accueil pour les humains, et pas leurs voitures. Des gîtes de passage, des lieux de stockage, des ateliers vélo et des jardins. Un espace public fait pour s'asseoir, se sentir un peu chez soi. De la logistique, de l'infrastructure dédiée à ces fonctions-là - pour nous, sans voitures. On dégage cette volonté en y allant, en étant là - manque pas d'infrastructure dans ce pays, suffit juste d'y penser.
Les gens qui font cela, qui se présentent régulièrement chaque semaine aux marchés, peuvent ainsi apporter de l'information, toute sorte d'approvisionnement, des savoirs faire et une énergie de travail.
comme dans une guerre ou sur une ZAD, ces combattants de l'écologie font le travail, on ne les demande pas de payer pour ce privilège - on les soutient.
On combat frontalement des gens comme Bruno Lemaire ou Gérard Darmanin qui font tout pour rendre la vie impossible pour ceux qui essaient de divaguer de l'exploitation des pauvres du monde. Le productivisme où des agriculteurs riches essaient de faire passer leur dépouillement des ressources et des gens lointains pour une plus grande productivité personnelle, on l'attaque frontalement aussi.
Le "en même temps" rendu célèbre par le président français, on le décode et on le dit tout haut. On ne peut pas en même temps casser les baraques des pauvres, interdire la production indépendante de méthane bio-sourcée, et donner de plus en plus d'argent aux industriels qui sont en train de tuer le monde. Cela crée beaucoup d'animosité et ne peut que mal terminer.
les bisounours de l'écologie qui raisonnent comme si le monde était neutre doivent comprendre cela maintenant - ceux qui essaient de retenir leur pouvoir et leurs privilèges, cela les importe peu qu'ils le fassent en faisant sauter leurs enemis plutôt qu'en faisant marcher leur propres oeuvres. Les résultats, en termes de pouvoir, c'est les résultats qui comptent. Il faut que le gouvernement et les institutions arrêtent d'empêcher les vrais écologistes d'agir en leur mettant des bâtons dans les roues, en les harcelant, en les méprisant, ça suffit. L'ancien régime, où on téléguidait les gens envers des boulots de merde, c'est fini. Fini, en tous cas, au niveau de la cohérence globale.
Avant que ce pays ne devienne un état policier dominé par la mafia, on a encore de la marge pour faire ce que je propose, c'est-à-dire, faire que sur le terrain, les bonnes pratiques prennent racine et que les gens sont là pour les défendre. Cette cohésion sociale manquera, tant qu'il n'y a pas de gens qui interagissent là où ils se trouvent, là où ils peuvent avancer, constructivement. Ne nous laissons pas réagir constamment contre les dernières outrages de l'opposition industrielle primitive, comme des taureaux contre des matadors. Comme ça, on aura des gens qui savent construire avec nous et pas que des casseurs et des réactionnaires.
Tout en tenant bien compte des anti-solutions - il y a une bataille en ce moment où tout le monde essaie de se faire paraître en faveur de l'écologie, en rémâchant et en régurgitant les solutions technologiques, en essayant de paraître raisonnables par rapport aux "réalités" de la transition. C'est très nouveau, ça fait un peu rigoler, est-ce que les gens se rendent bien compte du chemin déjà parcouru, en si peu d'années? Si cela continue comme ça, ce qui est dit maintenant sera passé de date d'ici deux ou trois mois - on va même arriver au point de départ - pas de voitures à la campagne !
Très bien. Mais ne nous laissons pas dévier le regard, il y a bien un axe de mouvement vers ce qu'on appelle la sobriété énergetique prioritaire, mais rien n'est encore fait. Faisons cela, faisons que toutes ces autres daemons de notre passé industriel ne soient pas en train de lui revenir dans la gueule, faisons la guerre de l'attention en ne leur prêtant pas attention.
dimanche 20 novembre 2022
solutions annexe
« On ne peut
pas retourner 50 ans en arrière. » C’est ça le problème
avec le progrès. Les arguments coups de massue qui ne
permettent pas de réponse raisonnée. Disons que le progrès, c'est humain, que le but n'a jamais été de produire des humains en surpoids, avec des cancers, qui ont des vies qui ne font plus de sens. Et ça tombe bien, de parler de cela, je dois être devin - à 16h, sur France Culture, leur émission va parler de ... "arrêter le progrès" !
Le solutionnisme écologique tombe dans le même camp que les "on ne peut pas revenir en arrière". Vous me soupçonnez déjà de
ne rien proposer comme solution ? Mais si mais si ! Je dois juste débroussailler un peu, à la main, tout ce que disent les solutionnistes.
Si, par maladresse,
j’ai l’air de dire qu’il n’y a que moi qui ai pensé à ça, ça, ça ou ça, rassurez-vous que je pense tout-à-fait le contraire –
pour cela que je veux que le courant passe. Je pratique plein de choses pour voir si elles marchent et je constate que c'est la transmission qui nous est souvent difficile, parce que nous y avons perdu la main, ces dernières années. Faut s'y remettre, voilà toute l'histoire.
Pour trouver des
solutions écologiques, il ne faut pas cloisonner nos raisonnements. Il y a des choses auxquelles nous croyons, aujourd'hui, dur comme fer, que demain on va dire "mais comment est-ce qu'ils ont pu croire ça, alors que c'était si évidemment faux ?" Peut-être qu'on n'y croyait pas vraiment, mais on ne voulait pas créer des vagues ... honte à nous !
Solidarité humaine avec tous les êtres humains, solidarité du vivant avec le vivant,
pas juste notre tribu, ou groupe, ou ethnie, ou écosystème, celui qui « mérite » une sympathie particulière, ou qui exige
une attention particulière. D'abord la dignité, ensuite la condéscendance.
Et pas de révérence particulière pour les peuples premiers, nous sommes tous des peuples premiers.
J'ai lu des choses souvent niaises, cette semaine, par exemple "Sciences et Avenir" s'est mis, en prenant beaucoup de chiffres et projections de l'association "Négawatt", à adresser le problème de réduction de l'énergie que nous utilisons. Il en advient une sorte de science technique qui ignore l'humain. C'est la même chose pour une émission de France Culture le vendredi soir à 21h - "le meilleur des mondes", de nouveau, pro-technique, comme si les humains étaient des moutons.
Mais ce n'est pas parce que c'est fait en métal ou en silice, ou parce que cela produit des tonnes et des tonnes d'énergie que c'est scientifique. Ce n'est pas parce qu'il y a plein de chiffres et de gros mots techniques que c'est scientifique. Les sciences qui sont en croissance, actuellement, ressemblent de plus en plus à la fonctionnalité de la vie, les algorithmes sont les nôtres.
Quelques exemples
l'isolation thermique, telle qu'elle est avancée actuellement, est une anti-solution, ficellée pour contenter les ayant-fric, les ayant-droits du bâti. Pour avoir un effet bénéfique sur l'empreinte carbone et le biosphère, il faut être physiquement là, avec le minimum de machines et le maximum d'intelligence participative humaine. Beaucoup plus d'habitat léger, mais pas mobile. J'ai développé des méthodes de construire avec les arbres vivants - cela vous intéresse, allez voir le site www.cv09.toile-libre.org.
Nos véhicules ont tendance à devenir des genres d'habitat - mais cela coûte trop cher à l'écologie. Nous avons besoin d'un bâti mutualisé, adaptable, récupéré, accessible. Juste pour donner un exemple, la quantité de travail que l'on fait en automne et en hiver dans le jardinage est très grand, pourquoi ne pas utiliser les campings et les gîtes ruraux qui restent vides pendant ce temps, pour servir aux populations qui créent des potagers ? Cela coûterait sûrement moins cher que d'isoler une maison de riche et de payer l'hôtel à un sans abri. Avec plus de mobilité et plus d'occupation du bâti existant, on est plus libre, plus autonome.
télétravail - sciences et avenir propose que le télétravail peut réduire nos dépens énergetiques de manière signifiante. Dans le même rubrique, le covoiturage et le vélo pèsent relativement peu en termes de gain énergétique. Mais cela veut dire quoi, que ça coûte plus cher de se parler et de se rencontrer que de ne pas se parler et de ne pas se rencontrer ? C'est presque comme si on disait que cela coûte trop cher d'exister en tant qu'humain. Ce sont des subterfuges qui minent la confiance collective dans la science. La valeur du télétravail dépend de la manière de construire le travail ensemble - à quel rayon physique, à la convénience de qui, avec quelle matière ?
Supposons, en prenant l'exemple de la Grande Bretagne, que l'on cesse d'y construire des vehicules - même électriques. Ensuite, cela deviendra de plus en plus intéressant d'utiliser le vélo ou la marche, l'organisation à grande distance de la société deviendra moins intéressante, la production locale n'atteindra même pas les grandes surfaces, on l'aura déjà mangé dans les pubs sur le chemin, la perspective logistique change totalement. Tout cela peut se faire aussi rapidement que, par exemple, la révolution du portable, ces dernières années. Ces chiffres cités dans "science et avenir" sont des hypothèses farfelus, parce qu'ils dépendent de raisonnements cloisonnés.
Si l'on utilise beaucoup moins d'énergie que prévu à l'avenir, c'est que ce ne sera plus le sujet. Rappelons-nous le sujet - nous, nous tous.
Pertes et dommages
J’écris le jour
de la fin hypothétique de la COP21 en Égypte.
On nous représente dans le média des petits pays qui n’ont guère
contribué aux gaz à effet de serre courant le risque de disparaître
sous les vagues, ou de grands pays comme le Pakistan subissant par
tours l’extrême sécheresse et les inondations. Ces
pays promettent de se camper là, jusqu’à ce que les grands pays
riches et puissants cèdent sur le principe : pertes et
dommages.
On
demande un fond international exprès pour pouvoir soutenir ces pays
qui subissent les conséquences climatiques des
politiques de deux siècles des pays riches qui les ont colonisés.
Plus de 50 pays de l’Afrique soutiennent cette demande. La France
offre 1 milliard d’euros, sauf que ce sont des fonds qu’elle a
déjà alloués – elle compte deux fois les mêmes sommes d’argent, sauf que c’est en forme de prêt (quelle gifle) et que beaucoup de cet
argent est attaché à des contrats avec des
entreprises françaises. Les États Unis et la Chine refusent d’y
participer. Peut-être ce positionnement changera avant mon émission
de jeudi 24 novembre 2022, on verra. Je note que oui, il a changé, et que la France propose une réunion pour le mettre au point.
A
Dohar, la Coupe Mondiale se lance. Il n’y a jamais eu un si grand
mécontentement autour d’une Coupe du Monde. Les Qatariens
encaissent sur tous les fronts, les excès de consommation, les abus des droits humains. Et nous, nous avons Saint Germain. Le clime, l’abus des ouvriers, le racisme, le sexisme, tous fournis par notre achat de leur pétrole. Je
vois un petit problème, là, symptomatique des petits problèmes qui
nous hantent de plus en plus, tous. Que celui qui n’a pas commis de
péchés jette la première pierre, ah, j'ai oublié, ça compte pas, c'est dans le cloison religion. Ce
club parisien dont j’oublie le nom, financé par ce même Kuweit, …
l’entreprise française Total qui se
spécialise dans l’ouverture de nouveaux gisements et pipelines
dans des pays pauvres, les élus français déjà compromis dans ces
affaires. Et pour comble, après avoir dit qu’ils allaient le
permettre, l’interdiction de bière près des stades. Mais pas les cannettes, sans doute, l'alu n'est pas contre la religion. Compliqué, hein ? C’est
un petit pays qui sert de souffre-douleur, sans grande menace, en fait.
Pertes et dommages bis, …
Justice, …
La loi du plus fort, ou pas de loi du tout? La vaste majorité du média se concentre sur des supposés spécialistes et des supposées autorités écologiques, qui se sont miraculeusement matérialisés ces toutes dernières années. Or, chacun d'entre ces experts a eu un mal fou à se faire entendre et à se faire rémunérer, jusqu'à il y a très peu d'années, et il est complètement habitué à défendre et à faire valoir sa chasse gardée, en se déclarant incompétent dès qu'il sort un peu de ce champ où il maîtrise les chiffres et le jargon. On peut supposer que la chasse gardée des politiciens, c'est quoi, à ce moment-là ? C'est, bien sûr, l'économie du pays, la globalisation, la guerre, les conférences internationales, la consultation de l'électorat.
Pendant ces derniers jours, les émissions de proue du média national
interviewent des chefs de la FNSA, de l’aéronautique, Bruno
Lemaire, quelqu'un de la Fondation Abbé Pierre pour le logement, etc., souvent
de manière assez critique.
Bon vous voyez le tableau. Les pauvres veulent du fric, les riches ils en
ont, suffit de les harceler pour en avoir. Cela a bien marché en
Amérique, en Allemagne aussi, en France énormément, …
Après tout, ce sont des pays riches.
Et cette sobriété dont on parlait, …
Je n’ai jamais entendu autant d’adultes en train de se
comporter comme des petits enfants. On est sur
la voie du hara kiri collectif et on passe son temps à discuter sur comment
partager le butin. Du vrai "île aux trésors".
Mais il n’y en aura bientôt plus, de butin ! Si les puissants
d’aujourd’hui jugent bien leur coup, lorsqu’ils cèdent,
finalement, les coffres seront vides.
Et si l’on doit vraiment parler de pyramides de pouvoir, il est
intéressant de noter que le biogaz viendra d’en bas, d’abord il
ira aux alentours, ce qui reste ira sur le réseau. Cela ne viendra
pas du haut, pour être distribué vers le bas.
La logique donc est que les
riches occuperont de plus en plus le bas, domineront de plus en plus la
campagne – cette fois-ci, libres des contraintes de s’occuper des
pauvres – ils auront des machines, des vaches et du biogaz, ils n'auront plus vraiment besoin de pauvres. Pour être absolument sûrs d'avoir la main-mise sur la campagne, ils adoptent la méthode qatarienne, employer des sans-droits à bas salaire qui ne viennent pas d'ici et qui s'en vont dans le plus court delai.
Ces riches qui adorent les réserves de la nature, puits de carbone et peuples premiers.
Bien joué, les riches ! Vous
n’avez qu’à ériger des frontières et des murs de plus en plus
accomplis, peut-être avec des drones militaires en mode « tir
automatique » pour surveiller les circonférences. Les
instances sociales alimentaires prendront les grosses miettes qui
tomberont de vos tables, pour les distribuer aux pauvres sur place –
ces pauvres qui n’auront, en fait, plus le droit de bouger hors
leurs camps de concentration et leurs mal logement en périphe, comme l’a prédit Doris Lessing.
Analyses conventionnelles
Je tire les analyses que je présente
en bas surtout de la revue « Pour la Science »,
novembre 2022. La lacune majeure, bien sûr,
est que l’on n’incorpore ni le mouvement – le transport, ni le
social – la politique, dans l’analyse dont j’essaie
de suivre la logique. Ce sont des logiques parcellaires et partielles, articulées par des
experts.
Mais si l’on faisait une analyse
dynamique, chacun de ces éléments rebondirait
sur un autre,qui créerait des répercussions ensuite.
Mais
dans cet état de stupidité collective, on pense que les mensonges
par l’omission, ça va. Lorsqu’une logique ne tient
plus, on va se replier sur une autre – par exemple importer les
denrées qui manquent. Parler du Quatar alors qu'on fait la même chose chez soi. Etc.
En faveur de la Science, donc, on y va
2 400 Kilo-calories (10 000
Kilojoules) par jour, c’est l’énergie nécessaire pour vivre,
travailler, se déplacer. 1 Kilocalorie = 4,184 Kilojoules (kcal→kJ).
La femme (à Madagascar) qui repique
du riz à la main, sans aucun engrais, ne peut pas repiquer plus de
0,5 hectares par an. Le rendement ne dépasse pas 1 tonne par
hectare, ce qui équivaut à 500 kilos par actif par an. Son
concurrent en Arkansas (États Unis) cultive 100 hectares, avec un
rendement de 5 tonnes par hectare : 500 tonnes par actif par an.
Il a utilisé des engrais, des carburants, des pesticides, des
tracteurs, des moissonneuses-batteuses, etc., ce qui a réduit sa
valeur rajoutée par cinq – c’est-à-dire qu’il lui reste 100
tonnes, 200 fois plus que la demie tonne de la femme de Madagascar.
Elle a besoin d’environ 200 kilos
de céréales par an pour remplir ses besoins alimentaires de base,
rappelons-nous qu’elle a produit deux fois et demie cette quantité
(500 kilos). La moyenne mondiale de production par habitant est
actuellement de 330 kilos – 130 kilos de plus que le nécessaire
théorique pour alimenter tout le monde.
Mais … on utilise une quantité
croissante de cette production végétale pour l’élevage de viande
(de 3 à 10 fois moins de rendement calorifique que pour les plantes,
33 % des terres agricoles mondiales dédiées à cet usage –
FAO, 2009), ou pour les agrocarburants. Le gaspillage est un autre
facteur important.
Rappelons-nous que la femme à
Madagascar cultive 0,5 hectares, le fermier d’Arkansas 100
hectares. Le bilan du rendement par hectare est le même ! Il
produit, net, 200 fois plus de riz, sur 200 fois plus de surface.
Enfin, je dis lui, on y reviendra.
D’autres chiffres intéressants
que j’ai entendu, tout dernièrement, sur l’hypothèse
démographique de la fin du monde. On a calculé que si tout le monde
vivait comme dans les pays riches, on pourrait vivre à 700 millions
de personnes en restant dans les clous écologiques. Mais on a
rajouté cette analyse que je trouve intéressante à plus d’un
égard.
En Amérique du Nord, on relâche en
moyenne plus que le double de l’Europe, par personne – on occupe
bien plus de place, les maisons sont bien plus grandes et spacieuses,
etc. En regardant une carte mondiale de la pression exercée et la
dégradation des sols (p34, Pour la Science novembre 2022), on
observe qu’aux pays riches, les sols sont plutôt en train de
s’améliorer et que la pression est faible, l’Europe et
l’Amérique inclus.
p>J’ai noté que les américains se
réfèrent souvent à « The American Way », d’une
manière que je trouve vaniteuse. « Faîtes comme nous et vous
le vivrez bien, comme nous », c’est à peu près ça que cela
veut dire.
OK. On va tous occuper à peu près
200 fois, au moins, les terres qu’il nous faut pour
l’autosuffisance, y inclus vos terres, aux États Unis, ou en
France, ou en Angleterre ! Ça vous va ?
C’est une réponse possible. Mais
cela va bien plus loin – pour cela que j’ai dit que les réponses
que l’on trouve sont intéressantes à plus d’un égard.
Beaucoup, beaucoup d’européens
mais surtout d’américains du nord, et je mentionne spécifiquement
Naomi Klein, étant identifiée avec les mouvements de défense des
peuples premiers et de conservation de la nature, promeuvent le
concept de la réservation de vastes espaces naturelles à la nature
– de sa biodiversité, de ces forêts primaires, très peu peuplés.
Mais moi, je me demande : ça change quoi, pour les êtres
humains, globalement ? » D’après ce que j’observe, on
change l’usage de 100 hectares par un fermier plutôt riche en 100
hectares de nature protégée par un riche.
Dans d’autres parties du monde, où
il y a une plus grande densité de populations par rapport à la
qualité et la quantité de terres disponibles, la pression sur ces
terres s’intensifiera, elles se détériorerant, c’est
mathématique, dans la mesure que les industriels prennent la plupart
des terres – et des ressources, ou directement ou indirectement.
Logiquement, la redistribution qui
permettra à la population mondiale de vivre est une redistribution
du poids écologique de cette population, une utilisation plus
efficiente des terres disponibles pour à la fois nourrir et caser
les gens. Le céréalier des États Unis occupe et consomme le
produit d’une surface qui permettrait à au moins 200 paysans de
Madagascar de vivre.
Dans sa tête, ses terres ne sont
cependant pas « disponibles ». Si les américains du nord
sont très « libéraux », très dans le seul droit de
l’homme qui compte, le droit à la propriété, tout est cool pour
lui, il peut invectiver les politiques, parce qu’il y a inflation,
parce que sa « fin du mois » n’est pas aussi fourni
qu’avant.
Les arguments que j’ai utilisés,
jusqu’à là, n’ont pas pris en compte des questions écologiques,
comme l’impact adverse ou autre des différentes méthodes de
culture.
Je vous rappelle que le fermier
américain est pile poil à l’image de « l’exploitant
agricole » français. On l’a juste labellisé américain pour
objectiver.
Nous savons exactement ce qu’a été
la politique depuis De Gaulle : « préférence aux
industriels et à l’économie d’échelle ». De telle
manière que nous pouvons métaphoriquement compter sur les doigts
d’une main la population agricole, ceux qui restent. Nous restons
radicalement dans le camp du toujours plus, pour toujours moins de
profiteurs du travail caché des autres – ces autres qui ont
rajouté l’engrais, les pesticides, même les semences, spécialisés
pour tout aspirer de la terre jusqu’à l’épuisement du sol. Mais
en général, en laisse tout ça aux autres, les brésiliens (maïs
et soja), les indonésiens (huile de palme), les russes (gaz), etc.
Cela va jusqu’au salaire minimum et aux CDIs, toujours une
séparation nette entre nantis et assistés, supposément.
Il faudrait cinq Frances, en
surface, pour que chaque français, en moyenne, ait une vie
« décente », selon les critères « modernes »
de confort et d’aisance, en toute chose. On voit bien l’intérêt
de parler exclusivement de la productivité de « l’exploitant »,
en oubliant tous les « exploités » sur la chaîne
d’approvisionnement style Walmart qui maintiennent cette illusion.
Comme les servants, invisibles.
Regardons de nouveau la pauvre
paysanne Malgache. Étant, par force majeure, bien obligée de se
débrouiller, elle s’est faite une chaumière en paille de riz et
boue, entre autre, avec du genêt pour le toit. Bien sûr que cela
lui a pris un petit moment, mais elle est au-dessus des inondations
fréquentes et il y a un creux de colline qui lui abrite un peu de la
force des vents et des pluies diluviennes qui arrivent deux ou trois
fois par an. Et comme les autres paysans, accrochés à la montagne,
chaque fois qu’elle va à sa parcelle de soixante-dix par
soixante-dix mètres, à 300 mètres de dénivelé, elle y apporte
quelque chose, de la merde de poule ou de pigeon, de la coquillage
d’œuf, quelques pierres pour renforcer la terrasse, et ainsi de
suite.
En fait son semis, elle l’a de sa
récolte. Et on n’a pas tout dit, elle a déjà un mari, ses
enfants grandissent, et ça fait 5 fois ses 5 000 mètres carrés de
riz qu’on cultive, avec la famille, ce qui donne un excédent de
1 500 kilos annuels de riz, une tonne et demie. Ils ont accès à
un vieux portable et un groupe social par SMS pour négocier en
collectif le prix du riz et la logistique du transport.
En fait, sa maison ne lui a
peut-être pas coûté même un rond, mais, voyons, elle a sa petite
cabane à la montagne, et elle s’est assurée les bases de sa vie,
tout sans se plaindre de l’inflation, du coût de la vie – et
elle a déjà son CDI.
Pas mal pour pas un sous. Très
efficace, comme opération. Bien sûr que le prix du riz, tellement
bas à cause des prix que peut lui donner l’industriel à Kansas,
c’est un sale coup. L’agriculteur de Kansas s’en fiche pas mal,
il en a des tonnes.
Pour elle et sa famille, il reste
que le fait de le manger sans même devoir aller au supermarché
récompense déjà un peu, il y a les mil kilos qu’il faut pour la
famille déjà engrangées. Il y a d’autres récoltes à proximité
que l’on peut échanger. Non. Le vrai type de problème que l’on
peut rencontrer, à part son anxiété constante par rapport à
l’érosion, les coulées de bout et l’épuisement physique dû à
la chaleur du soleil croissante, c’est les possibilités
d’intimidation ou de violence en bande organisée, le vol,
l’accident de vie. La vie est assez précaire parfois, dans ce
sens. Il y a surtout la sécheresse, elle vit dans le sud de l’île,
où ces problèmes groupés ont eu tendance à s’enchaîner comme
les 7 fléaux de Moïses, ces dernières années.
On voit bien pourquoi De Gaulle a vu
comme nécessaire de couper le lien, dans la tête du paysan, entre
la terre et la culture vivrière – tout doit passer par l’argent,
sinon cela ne marchera pas, c’est à peu près ça, son analyse, de
l’époque.
Dans un cadre colonial, bien sûr, …
plus les temps courent, plus ils changent, n’est-ce pas ?
Vous voyez où cela nous mène,
cette logique ? Droit dans le mur, soixante ans après.
C’était ça, la bonne idée.
invectives futiles ?
Le journal Le Monde du vendredi 28
octobre 2022, une semaine avant le COP27, porte le titre :
Climat : des efforts « terriblement insuffisants ».
Il paraît qu’à un certain
moment, nous allons nous plier au défi, mais il y a un petit
problème, … presque par définition, les décisionnaires actuels
ou potentiels se sont montrés déficients, inadéquats, autant dans
leurs prises de position que dans leurs actes.
La manière d’agir, jusqu’à là,
a été de sauter dans un avion et aller sur place, ou bien d’envoyer
des gens, à forte dépense énergétique, pour faire la même chose.
Plus ça allait, plus ça allait, c’est une manière de parler,
pour ne pas dire un élément de langage, c’est comme ça qu’ils
passent leur temps, les communicants.
Notons que les solutions vivantes
existent – le problème, qu’elles n’arrivent pas à prendre,
que cela ne fait pas boule de neige. J’ai fait exprès dans ces
émissions et écrits de ne pas passer trop de temps à parler de
choses spécifiques – pour ne pas tomber dans l’erreur de donner
des listes de solutions techniques, sans solutions sociales. J’ai
cassé mes propres règles là-dessus en parlant de manière assez
pointue sur les chiffres de rendement, par demi-hectare cultivé de
l’industriel par rapport au paysan sans moteurs et sans les sous.
Je viens d’écouter une Terre
au Carré (mardi 15 novembre 2022) plutôt perturbant à cet
égard, qui montre bien le dilemme. On a demandé au cinéaste Dion,
célébrité montante de l’écologie, quelles seraient les cinq
mesures phares à prendre, dans l’ordre de leur importance. La
première, selon lui, a été les frigos, qui contiennent des gaz
réchauffants très nocifs. À ce point précis, il m’a perdu. Et
la biodiversité, et la destruction des milieux ? Il a accusé
le Président Macron de fourberie, et lui-même ? On va tous
s’affairer autour des frigos qu’on n’a pas, c’est ça le
grand plan ?
Il a dit aussi qu’il avait la foi
dans le bon sens de la démocratie participative, que c’étaient
les gérants qui posaient problème. Ce n’est pas mon avis. Les
membres des conventions citoyennes ne se voient pas dans l’obligation
de se faire élire – ils sont déjà élus, par le tirage au sort –
par conséquence ils ont les mains relativement libres. C’est tout.
Ce n’est pas un système, ce n’est guère rien et il reste tout à
faire, au niveau de la démocratie participative, soyons
raisonnables. Que de l’incrémental.
Les politiciens et autres gérants
sont dans un pacte avec leurs électeurs, même les chefs
autoritaires courent le risque que leurs peuples tournent contre eux.
Sur l’idée que les grandes
victoires se font par plusieurs petites victoires, oui, mais cette
thèse coupe dans les deux sens – tout le monde est capable de
l’appliquer, pour le bien ou pour le mal. Et le dessin risque de ne
pas être clair du tout, c’est un peu ma critique.
solutions
analyse et passage à l’acte dynamiques
C’est le fait de créer des
structures qui accommodent et facilitent les mouvements des
populations, de l’information et des denrées, tout en maintenant
d’étroits liens productifs entre elles et les lieux par lesquels
elles passent. La frugalité des moyens déployés, avec une absence
d’énergie non-vivante et l’effet bénéfique des interactions
créent les bons résultats. Cet effet est à plusieurs dimensions,
que je vais essayer de présenter en bref ici.
Les essais présents sur le site
www.cv09.toile-libre.org
traitent de manière plus fine les divers aspects de cette
problématique.
Stress démographique
Ces mesures – la marche-à-pied,
le vélo sans assistance, etc., détendent le stress démographique. Essayez-les - vous verrez bien que c'est le cas.
Populations sédentaires et populations mobiles trouvent de chaque
côté leur bonheur dans l’échange. Ils se familiarisent, les uns avec les autres, ils établissent des modes de vie ensemble, mais pas trop. Au contraire de ce que l’on
pourrait penser, ce sont des politiques d’intégration, de respect
pour les lieux et pour les cultures de chacun. On est à la recherche
d’un certain équilibre.
D’autant plus que ceux qui bougent
véhiculent et transmettent les savoirs aussi bien que les produits
des terroirs qu’ils traversent. On peut tolérér la présence de populations migratoires s'ils ne risquent pas de rester, ou de s'imposer, il faut donc renforcer leurs droits en tant que semi-nomades, pour établir des termes de respect à titre égal.
Écoles linéaires
La méthode : « écoles
linéaires » crée, par l’interactivité et la confrontation
avec l’altérité, un apprentissage efficace et durable qui prend
en compte l’intérêt écologique et productif des lieux par
lesquels on passe. On apprend à connaître leur topologie et leur
fonctionnalité. L’économie locale en est régénérée, par
l’accueil et l’encadrement de cette main d’œuvre mobile.
Jardins linéaires
Les routes, chemins et passages
parcourus sont de cette manière entretenus, leurs produits vivants
sont récupérés et utilisés. C’est une manière de spatialiser
et temporaliser ces actions, la saison des récoltes, l’utilisation
des espaces aux bords des routes, qui ne sont que les contours des
champs, des bois et des jardins. Cet aspect géométrique de
l’analyse mérite une attention plus assidue. La circonférence
d’un champ est relativement plus grande, si le champ est plus
petite. Une ligne d’arbres est une forêt linéaire. La nature
utilise déjà ce genre de principe, d’économie de geste,
d’économie d’énergie et de ressources, pour en extraire le
maximum de bénéfice. La section du tronc d’un arbre est très
petite par rapport à la surface de sa canopée. Les architecte
cherchent, dans leurs défis structurels, à comprendre comment la
nature a fait. Les arbres suspendent tout d’un pilon, étayé par
ses confrères, les grands immeubles aussi.
Concret
Concrètement, je suis en train de
considérer comment m’y prendre pour rétablir le modèle de Boucle
des Marchés, la où je me trouve, en terre plutôt hostile (jusqu’à
preuve du contraire), peuplée de plus en plus par des riches, des
visiteurs/deuxième résidence et des pastoralistes plus ou moins
industriels, plutôt irrémédiables (jusqu’à preuve du
contraire). Comme nous tous. La prochaine émission, la douzième,
est titrée « Conclusions », de manière assez originale,
je trouve.