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samedi 18 mars 2023

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vendredi 3 décembre 2021

Unnatural : pourquoi l’écologie n’est pas la défense de la seule nature

clairière

« L’humain et ses œuvres représentent 80 % du poids de la vie sur terre. » Je cite, encore une banalité d’aujourd’hui sans attribution, qui donne un ordre de magnitude au moins. Nous sommes autant endogènes qu’exogènes partout. Il ne faut surtout pas nous séparer de notre environnement – ni notre environnement de nous – les effets risquant de devenir également nocifs des deux côtés. Et on l’a fait, et on tente encore de le faire. Les animaux et les plantes qui nous côtoient, qui nous guettent, qui profitent de notre présence pour exister – seraient plutôt d’accord avec le point de vue que nous sommes là et ils en dépendent, pour le meilleur et pour le pire. En Europe, ce sont ces animaux, ces plantes, ces « écosystèmes » les seuls qui nous restent. Nous sommes tous sous le joug de la « domestication », prédateurs prédatés.

Le bon environnementaliste qui crée des réserves de la nature sans humains peut être comparé à l’eugéniste, le spéciste, le raciste, le tribaliste, …

Il est assurément vrai que c’est l’intégration de l’humain à son environnement qui est le sujet brûlant, mais cet environnement est autant humain que non-humain – et même bien plus sujet à l’humain que toute autre chose. Il s’ensuit que c’est à travers la réussite de la convivance humaine à toute échelle que les solutions d’équilibre humain-non-humain vont donner les meilleurs résultats.

Vœux pieux

Pour moi, la croissance de l’agenda « Conservation de la Nature » au cours de ces dernières années est atavique – on se croirait à l’époque des grandes péroraisons télévisuelles d’à partir des années 1960-80, Cousteauesques, Attenboroughistes, eux-mêmes les héritiers de la tradition de John Muir et de sa Sierra Club à la fin du dix-neuvième siècle – les réserves nationales, la beauté de l’ordre naturel, l’œuvre des dieux de l’animisme algorithmique qui éternellement nous échappe.

Mais plus prosaïquement, je maintiens que c’est dorénavant la géographie humaine qui est notre objet d’étude écologique obligatoire. Elle domine très largement sur la sphère naturelle, elle se fait comme jamais auparavant englobante. Ici, je reprends le mot « localisme » pour le traiter à sa juste échelle : qu’elle soit paroissiale, nationale, continentale, … Cette question territoriale n’est autre qu’un terme propriétarial, qui réunit les « intéressés » et exclut les autres par assignation – par rapport de force. Il est peu probable que l’écologie mondiale s’en sortira en traitant « certains animaux » et surtout certains humains comme des « externalités ».

Ce matin, j’écoute une émission sur l’abominable colonialisme des français au Sahel, son thème étayé par des voix radiophoniques chancelantes, absurdes, racistes, dénigrantes, des années 1950. L’une des fautes de ces colonnes d’envahisseurs a été de ne pas informer le Cheikh local de leur passage, dans le contexte du vaste Sahara, alors qu’ils avançaient, assoiffés, en dévorant tout comme une nuée de locustes !

Pour que le « capital vert » ait un sens, il faut définir les axes, les paramètres de sa matérialité, on ne sort pas des paradigmes de la croissance en lui attribuant une valeur universelle exponentielle. Les territoires sont fixés par des routes, parcourus par des fleuves, navigués par des oiseaux, la route de la soie est faite de composants à toute échelle. En fin de « compte », l’économie ne se définit pas en termes comptables conventionnels, sinon en termes d’entropie et d’ordre, le critère gouvernant étant l’intérêt général – et plus particulièrement celui des humains, en ce qui nous concerne. La critique de fond de la « croissance économique » ne se saisit pas en poursuivant son opposé – la décroissance (les « négawatts »), ni par la « croissance verte », l’erreur est plus profonde que cela. L’universel (terrien) est composé d’éléments intercalés qui ne sont pas capables de définition universelle, sinon contextuelle, c’est-à-dire qui peuvent dans un contexte être considérés positifs et dans un autre négatifs, comme l’azote.

Dans ce cadre logique de pensée, des mesures telle que « le réchauffement climatique » et « la biodiversité » ne communiquent rien du bien et du mal -ils indiquent la fin du chemin. Seulement une analyse dynamique, multidimensionnelle, qui accommode la possibilité de l’émergence en temps réel de phénomènes non-anticipés, pourrait aboutir à une saisie des faits pertinents, sauf que la synthèse universelle de telles données, fournies par exemple par des satellites en cluster et travaillés par des super-ordinateurs reliés, ne ferait que détruire les fonctionnalités autonomes des composants du système « vie » qu’ils seraient censés soutenir. Le monde « bloc » serait bloqué par ces tentatives de synthèse, le monde « mailles » pareil.

La réductionnisme et la synthèse conceptuels qui, pour nous, représentent les outils de base de notre science et de notre rationalité, se montrent défaillants face au multivers terrestre – ils nous mettent dans une camisole qui mine notre propre fonctionnalité. La recherche de mesures convaincantes – dans le sens qu’ils nous parlent avec force des dangers qui nous font face, a donné ses fruits, nous savons que nous allons droit dans le mur, mais leur simplicité même nous a confondu, la voie paraît sans issu.

Trouver les remèdes, c’est paraître vouloir miner ce pyramide de savoir et de croyances, s’attaquer aux savants, corrompre le corps social. Ce n’est pas le cas, mais la décomposition canonique d’une édifice de croyance, qu’elle soit religieuse ou empirique, est difficile à négocier.

jeudi 2 décembre 2021

Pinsaguel crue - Garonne
Pinsaguel crue - Garonne

 

Désocialisation et Confluence

distanciation

metaverse : « une nouvelle réalité »

« L’anonymat permet de blesser les autres »

« entraide – une valeur qui se perd »

« nos relations mises en danger – [à travers la covide] nous nous sommes conscientisés à ce problème »

« augmentation de vente de livres [en librairie, au cours de l’épidémie] »

Ce sont des notes très fragmentaires pris lors de l’interview radiophonique d’un cinéaste de dessins animés japonais ce midi.

Hier, j’ai pu écouter une émission sur les méthodes « haptiques » (du « toucher / sentir » - anglais « touch / feel »). On a parlé de l’application en micro-chirurgie du principe de la pantographie, du chirurgien et de son besoin de sentir ce qu’il fait, à travers une machine. On a parlé aussi de son application dans les mondes virtuels.

On peut voir le progrès de la civilisation comme « le grand remplacement » de l’être humain social, dans ses fonctionnalités. A posteriori, on peut comprendre que c’est le geste de l’écrit et du dessin qui représentent le premier pas envers notre extinction. On pourrait aussi commencer par les signes et les symboles, la langue articulée. Même les outils deviennent problématiques. C’est quoi, la nature de l’être humain, dès qu’elle s’identifie, elle se fait dissoudre, en objets et appareils ? C’est cela, la flexibilité ? Sommes-nous les premières machines tabla rasa, conçues pour être programmables ? Si l’on en juge par nos réactions violentes à cette accusé de réception identitaire, il y a de quoi s’en douter.

Mais mes cogitations n’ont pas commencé là, à vrai dire. J’ai juste rêvé de la liberté, à travers la mienne, pour constater qu’à peu près tout ce qui m’a rendu libre de mes actes et mes associations plus jeune, et même il y a cinq ou dix ans, m’a été coupé, sous les pieds. Même sans virus, le virement vers la dépossession collective a déjà lieu – cela ressemble à la dictature.

J’ai deux bouts de théorie, mais le pont entre la preuve physique et le concept a été emporté par la crue.

jeudi 2 décembre 2021

Divergences

Un nouveau pont se fait construire, avec des matériaux nouveaux, se rajoutant aux restes de l’ancien pont comme une prothèse qui s’ajoute au moignon d’un manchot.

Le manchot social est collectif. Au singulier et au pluriel. Les pronoms et noms collectifs prennent des coups en ce moment, exemples : « le vivant » et non pas « la Vie », « l’humain » et non pas « l’Homme », « iel » et non pas « il » et « elle ». Pour ne pas offenser, en retenant la clarté du flou, en se focalisant sur le contenu … mais gare à celui qui dit que cela est dû à la pénétration de l’anglais, puisque l’anglais en a été pénétré lui-même il y a bien des siècles … et par qui, par quoi, … donc ?!

Je parle de ponts plurivalents, à la fois spécifiques et génériques, on l’aura noté. Je suis à la confluence de la Garonne et l’Ariège et un peu plus loin de la Lèze et la Garonne. Il y a trois « médiathèques », celle de Pinsaguel, avec son Château des Confluences, de Roques, avec son Moulin et celle de Portet-sur-Garonne, avec sa Salle du Confluent. Ces trois communes sont littéralement tronçonnées en lamelles par une infrastructure respectivement routière, ferroviaire et fluviale auxquelles se rajoutent de vastes surfaces supermarchandes – le bruit de fond de la circulation, jour et nuit, la pollution de l’air, font de cette confluence une sorte de vaste expérience vraie-vie des limites du tolérable de l’industriel.

Cela vaut le coup, donc, de jeter un coup d’œil mi-anthropologique sur l’affaire. Premier constat, la cartographie des imprimés de chaque petite ville laisse des vides là où se trouvent les maints centres commerciaux, c’est comme s’ils n’existaient pas, humainement. On a l’impression d’être en péri-urbain existentiel, les endroits de pavillonage préférés se juxtaposent au rives et aux « réserves naturelles » qui suivent sans faille les rubans des rivières. Chacune des trois communes « mène sa barque », autant que possible, sans référence à ses commisérants – tout au moins selon les dires de ses fonctionnaires – ce qui fait que les riverains trouvent trois médiathèques simultanément fermées ou ouvertes, sans aucune semblance de coordination. Les communautés elles-mêmes ont ainsi chacune son aspect hermétique, impénétrable, du genre « on ne peut pas accueillir toutes les misères du monde » avant le fait, toute tendance politique confondue – les appels d’air sont également dépréciés, les emplacements des instance sociales soigneusement écartés des « résidences légitimes ». Ce sont, en quelque sorte, des zones transfrontalières, pour ne pas dire transpercées, en mal d’identité, en recherche d’affirmation de soi par le haut.

Anti-survivaliste

Oui, je serais plutôt anti-survivaliste, dans la forme que cela a pris, dans nos imaginaires. Mais le survivalisme, pour moi, est aussi ce que je viens de décrire dans le paragraphe ci-dessus – « la perception de la nécessité de l’auto-protection comme valeur sociale primordiale ». Rien n’est moins sûr. En anglais « right-hand man » signifie celui sur lequel on peut compter dans la bataille, qui protège son côté le plus exposé. Cette logique combinatorielle pourrait même expliquer la prédominance massive de droitiers sinon d’ambidextres. Quelle est la fonction du gaucher dans la société ?

La croissance de dogmes d’auto-défense est une évidence, on manque de sécurité, on se replie sur soi. On n’a jamais eu autant de moyens de se défendre ! On en veut plus. Les ressources commencent à manquer – on veut sa part. Les autres menacent de s’en accaparer, ils nous menacent de ce fait.

mercredi 16 juin 2021

renommer l'écologie

« Notre maison Terre brûle » - Jacques Chirac, 2001 en Afrique du Sud

C’est un concours. Enfin je propose un concours, pour trouver ou inventer un mot ou une expression plus heureuse que « l’écologie » pour décrire notre rapport avec la terre et la vie – le savoir vivre sur la terre. Je n’exclus pas le soleil, pour autant.

C’est que Jacques Chirac avait raison, en termes de l’origine grecque du mot écologie, il a la même origine que le mot économie. « Oikos » en grec, qui signifie « maison », les deux suffixes signifient respectivement « la logique de » et « le calcul de ».

L’économie n’a, en principe, pas grand’chose à voir avec l’argent – le moyen d’échange, c’est juste une manière de dire « la gestion de la maison ». Il faudrait rajouter le mot « mondial » ou « global » ou « terrestre » au mot écologie pour encapsuler le concept de l’écologie, tel qu’il est utilisé aujourd’hui. « L’écologie terrestre ». « Notre maison terre ».

Mais ce n’est pas vraiment là ma dispute avec le mot « écologie ». C’est dans l’idée que cela concerne une maison, un habitat. Même le mot « logique » est très près du mot « logis », bien que l’étymologie n’a rien à voir. C’est fixe. C’est fini. Nous ne sommes pas fixes et partir du principe qu’on est foutu, ce n’est pas bon pour le moral.

« I’m not homeless, I’m just houseless » - je cite la pub pour un film du moment sur une femme qui, aux États Unis, choisit de prendre la route en camping car parce que sa maison est devenue trop chère. Sans avoir vu le film, j’imagine que thématiquement on peut lui faire sentir un sens de « dépaysement », de vivre dans les limbes, mais qu’en fait elle est chez elle partout.

Par contre, du point de vue écologique, son mode de vie est nulle, ce n’est même pas un pas en avant.

Désolé de le dire comme ça, mais ce serait beaucoup mieux si elle pouvait se déplacer sans camion et vivre chez l’habitant, plutôt que de se balader avec des tonnes de matos en cramant l’essence. Pour des raisons écologiques, il est impératif de voyager en laissant des traces positives et non pas « sans laisser de traces » sur son passage. C’est un peu comme l’effet observateur-observé – l’observateur n’est jamais exclusivement observateur, il influence son environnement en étant là. Dans le cas d’une voiture ou un camping car, il émet des gazes infectes de son pot d’échappement déjà, mais c’est surtout ce que sa présence et son déplacement exigent comme infrastructure qui cloche : la route, avec comme commodités la police routière, les ambulances, les stations services, les matériaux et la main d’œuvre nécessaires pour la construction et l’entretien de son véhicule, des puits de pétrole, des pipelines, la liste s’étend, ou presque, à l’infinie et ne contient rien d’agréable.

Même l’idée de l’oikos (maison) et par extension de l’œcumène (ce qui est autour de la maison et dont dépend la maisonnée, le ménage ; l’univers en tant qu’habitat) est à mettre en doute. Une maison et ses dépendances, ce n’est pas une station spatiale ou une bulle autosuffisante. Ses « habitants » sont fréquemment ailleurs. Lorsqu’un être humain marche, est-ce qu’il a besoin de marcher « dans une maison » ? Je dirais plutôt le contraire. Il marche à la découverte de l’altérité. Il marche sur des lignes, logiquement, de point à point. Ni une ligne de marche, ni un point d’arrêt se doit d’être « une maison » et de vouloir réclamer tout l’univers comme sa maison, c’est de l’hubris.

On trouve parfois sur les anciennes steppes des époques glaciales des côtes de mammouth qui ont été arrangés par nos ancêtres pour façonner des abris de passage (des « bivouacs » dirait-on aujourd’hui, des laubja [loges] aurait-on dit en francique). On peut supposer que nos ancêtres étaient en déplacement – ils suivaient les troupeaux, ou ils se déplaçaient à des endroits pré-arrangés pour dépecer leur proie près des guets-apens sur les routes de transmigration des troupeaux – des rennes dans le cas des steppes de Narbonne.

Ces gens-là n’allaient pas se balader avec des os de mammouth ! C’est lourd une côte de mammouth. Ce n’est pas une question d’être « civilisé » ou « primitif ». Lorsque je vivais au Pérou, le terme employé pour les touristes européens qui arrivaient, toujours en avion, c’était « mochileros » – de « mochila » – sac-à-dos. Ils voyageaient avec « la maison sur le dos » - ce que ne faisait jamais un péruvien. Or, certains mauvais péruviens avaient l’habitude de guetter leur arrivée et lorsqu’ils sortaient de l’aéroport, de couper des ouvertures dans les sacs à dos pour récupérer les contenus qui en tombaient. Il fallait expliquer aux nouveaux arrivants 1. qu’ils ne devaient pas sortir de l’aéroport à pied, 2. qu’ils portent leurs sacs-à-dos sur le ventre, pas sur le dos. Mais à vrai dire, avec un tel poids sur le dos, et avec une forme physique d’européen, ils restaient une proie facile. Et, bien sûr, on ne leur expliquait rien du tout.

Il y a une logistique du voyageur qui s’échappe souvent à notre compréhension aujourd’hui. On continue, cependant, de se déplacer … et comment ! C’est le propre de l’humain. Mais même avant la pandémie Covid, on voit que nous essayions de dissimuler ce fait. Un voyageur qui s’assoit dans la rue attire l’attention, mais derrière les vitres de verre fumé de sa voiture, il ne pose aucun problème. Et en Europe, le nomadisme a toujours été mal-vu – obligeant ceux qui se déplaçaient de le faire avec tout l’outillage nécessaire à la vie contenue dans des roulottes, des maisons ambulantes, à moins qu’ils n’aient assez d’argent pour se payer l’hôtel, l’auberge, etc. « Pas de place à l’auberge » et « on va assassiner vos enfants », c’est le message central de la nativité, après tout – on ne peut pas nier que cela nous a été important, il y a une fois dans l’est.

Le nomadisme des riches – le tourisme, n’a pas posé problème. On peut résumer cette affaire en disant que plus on est nanti, plus on est en droit de voyager. Plus on se balade en démontrant des signes visibles d’opulence, mieux on est reçu. Par contre, pour les « fellow travellers » plus on peut s’invisibiliser, mieux c’est. On doit toujours paraître « domicilié » quelque part, même si en réalité on est juste de passage, d’autant plus si on voyage groupés.

Ces constats expliquent ma réticence sur l’emploi du mot « écologie » pour décrire notre manière de nous intégrer à la vie sur terre. Souvent on pense qu’en mettant les gens dans des « cases », on réduit leur impact écologique. Pour l’exercice physique, on leur donne des salles de sport ou des bicyclettes statiques chez eux ! Pour la motivation, des coaches. Pour les soins et les maux de dos du fait d’être assis la plupart du temps, des hôpitaux. Pour réduire les déplacements, des services de porte-à-porte ou des visites à l’hypermarché en voiture, bon vous voyez le scénario. Cela ne peut que coûter beaucoup plus cher pour l’environnement et pour nous tous que de se déplacer soi-même, sans assistance. 70 kilos contre deux tonnes métriques, pas photo.

On parle de l’effet « baignée » ou « donut » d’après des observations récentes que les gens choisissent massivement en ce moment de déménager vers les villes moyennes, ou de vivre de plus en plus en banlieue, en péri-urbain. On vient de dire à la radio (Hervé Gardette) qu’à la campagne on est beaucoup plus résistant à l’écologie – et à la venue d’étrangers – qu’en ville. L’espacement social, j’en déduis, fait qu’il ne reste que les villes de taille moyenne où on peut se sentir à peu près à l’aise, l’autre possibilité étant de se fondre dans l’anonymat du péri-urbain, en abandonnant tout espoir social. Ou, à défaut de toute autre possibilité, de se mettre dans sa maison en déplacement (son véhicule).

J’ai passé 13 ans ici en France à essayer d’attirer l’attention sur la nécessité écologique d’accommoder dignement les gens en déplacement à pied, entre autre en leur donnant des travaux utiles pour compenser les frais putatifs de leur passage. A essayer d’expliquer que cela veut dire favoriser les mouvements de populations à moyens réduits – parce qu’en fait, il faut réduire notre empreinte énergique, surtout dans les secteurs transport et logement, pour des raisons écologiques. Longtemps avant la fabrication de toutes pièces de l’En Marche factice, j’ai employé, à bon escient, des expressions associant le concept de marcher avec marché pour expliquer ma démarche.

Que de la sourde oreille de la part de nos décisionnaires, jusqu’à là, sauf pour piquer des expressions – c’est systématique. Et ceci en partie parce qu’ils cherchent à aller dans le sens inverse. Ce n’est pas exactement ce qu’ils veulent entendre. Dans l’économie telle qu’elle est envisagée par nos gérants, pour qu’il y ait croissance « économique » il ne faut surtout pas réduire notre consommation d’énergie – l’énergie c’est l’argent. Le problème, tel qu’il se pose dans la tête de ces gens-là, c’est « comment faire qu’on puisse continuer à surconsommer et à surproduire, mais autrement ? » On ne vit pas dans le même monde … mais si, quand même.

Pour cela qu’il n’est pas si bête d’ôter au moins le symbole conceptuel (« logos » en grec, = « mot », = « concept » ou « logique ») du préfixe « éco » (grec « oikos » = maison) de notre analyse. « Home » (= « chez nous »), n’est pas partout, c’est là où nous nous trouvons, chacun d’entre nous, et si nous sommes sur la route, c’est probablement chez les autres. Chez moi chez vous. Je le dis. Je n’ai pas le droit. Je le dis quand même.

Tant mieux. Cela me fait du bien. Et j’y vois une nouvelle ligne d’attaque. Nous devons tous devenir « le devin » - d’après le livre « Asterix et le Devin ». Celui qui est malvenu, le prédateur de l’hospitalité des autres. Le mauvais étranger, de mauvaise foi. Le colporteur de commérages contre son hôte. Cela foutra bien le bordel dans l’entre-soi sans lendemain. Est-ce qu’Uderzo et Goscinny savaient vraiment ce qu’ils façonnaient avec ce petit livre malicieux – je ne sais même pas si c’était eux qui l’ont fait à cent pour cent ? Le deuxième degré, l’était-il vraiment ? Est-ce qu’un membre du Rassemblement National est capable d’apprécier, pleinement, ce deuxième degré alors que le premier lui est souvent un obstacle insurmontable ?

Est-ce qu’on a, de fait, assassiné cette socle francophone culturelle de la bande dessinée ? Ce n’est pas du rélativisme, ça.

Je ne suis pas le mieux placé pour le savoir, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des gens. Il faut qu’ils nous le disent, mais ils ont tendance à ne pas nous le dire, sinon de nous le laisser déduire. Vas voir ce que cela signifie, si t’as pas fait ton psychanalyse, ce n’est pas de ma faute !

En tout cas, j’ai défendu le mot « écologie » depuis bien des années et je suis trop content qu’il a, au moins, remplacé les mots « environnement » et « environnementalisme ». On s’en fout de l’environnement … mais vraiment. Et ceci dit, je pense que « l’écologie » est morte, comme usage. Il reste ce besoin de ce nouveau mot. Climat, c’est juste bête. Biodiversité, c’est une connerie – on ne peut pas vivre du bio seul. Et l’amalgame des deux, c’est un aveu de faiblesse – le message ne passe pas, cela veut dire – j’interprète. Ce qui vit, ce qui ne vit pas et ce qui n’a jamais vécu, ni vivra, c’est impossible de les séparer et le soleil dont on dépend, ce n’est quand même pas terrestre. L’espace-tempisme ? La findesharicots-isme ? L’anthropofuge ? J’ai vu un panneau d’avertissement, pour rouler lentement au village à cause des enfants. Il y était écrit : « Roulez tout doux ! Villlage d'enfants sa***ges ». Nous sommes tous des sauvages sages, très sages. Mais ce n’est pas très civilisé, l’ensauvagement, même si c’est de mode.

« L’économie » ? C’est pas mal, puisqu’on n’aime pas les néologismes, dans le coin. On peut tenter de récupérer l’économie. Le problème étant que les gens ont un peu ras le bol de l’économie. « Demos », cela a été chopé par des ultra-libéraux de gauche anglais, mais ce n’est pas l’idéal, on a ras le *** de tout ce qui commence par « demo » aussi.

C’est un peu l’esprit de l’époque, il ne reste plus rien de réutilisable qui vaille et on n’accepte pas les néologismes. « Tiers-mondisme » … pourquoi pas le monde entier ?

« Impasse » ? C’est juste, mais pas très optimiste. « Impassiance », c’est encore plus juste, et encore moins constructif. « Empowerment », c’est franchement intraduisible. Convivance, concertation, conplicité, tous les mots avec con dedans sont …

Même si on le réduisait à deux lettres, tous les mots commençant par « co » sont intolérables : coopération, collaboration, coordination – vous voyez que cela ne marche pas !

« Savvie », c’est pas mal. « Savoir vivre », mais « intelligent » en argot anglais aussi. C’est ta vie aussi, merde ! C’est un peu comme une allusion maçonnique, c’est un anglicisme, cela devrait bien marcher en France, donc. Et cela peut tuer dans l’œuf le survivalisme (= le « sauvequipeut-isme »).

Bon, si vous avez des idées … c’était juste pour lancer le débat (= « monologue » - mono, 1 + logos=mot) de fin.

vendredi 23 avril 2021

Entraide écologique

Pour accélérer les changements de nos sociétés suffisamment, il y a besoin de proactivité.

Prostrés devant le système actuel, cela ne va pas se faire – nos administratifs ont montré jusqu’à quel point ils se trouvent immobilisés par les crises.

Le mot « précarité » est entré dans le vocabulaire, et l’expression « insertion sociale ». Or, pour vivre une vie écologiquement cohérente, il nos faut consommer cinq fois moins d’énergie que la moyenne française. Il faut abandonner la voiture, cesser de chauffer des espaces de vie intérieure mal-isolés, jusqu’à renoncer à la vie sociale.

La précarité et la désinsertion sociale … la vie écologique ? Qui la voudrait ? C’est cette perception qu’il faut changer. Gardons les yeux grand ouverts : jusqu’à là, c’est la richesse qui a acheté l’écologie – les voitures électriques sont hors de prix, les cabanes dans les bois condamnées et détruites, il n’y a finalement que ceux qui peuvent s’acheter un pied-à-terre à la campagne qui peuvent prétendre à une profile d’énergie consommée à peu près respectable – avec de l’argent gagné d’une vie industrielle.

Mais il faut le dire haut et clair, ce n’est pas une infime minorité à la campagne qui va changer notre destin écologique.

L’entraide écologique est forcément collective. On ne peut pas laisser la plupart de la terre aux riches – il nous faut trouver notre place à la campagne, il nous faut « quitter la ville ».

C’est un changement de modèle qui devient pressant. La campagne actuelle est conçue un peu comme une chasse gardée – que ce soit par les lobbies des agriculteurs, des naturalistes ou des peuples indigènes – tous représentants d'une campagne riche en ressources, là où les pauvres arrivent à peine à se tenir.

Ceux des villes désireux du contact avec « la nature » sont encouragés à venir avec leurs voitures et autant d’argent que possible pour faire le touriste – un rôle essentiellement passif - ceux qui ont des moyens réduits se trouvent cantonnés dans les campings privés et les visites d’un jour.

La plupart des tâches rurales dépendent maintenant des machines : débroussailleuse, tronçonneuse et tracteur participent à la destruction de la biodiversité, y inclus la présence potentiellement bénéfique humaine, créant le désert rural. Le rythme de changement envers une campagne de jardinage et de petit maraîchage est tellement lent qu’il ne compense aucunement le mouvement simultanée de destruction industrielle qui se perfectionne. La culture de la débroussailleuse et de la tronçonneuse fait partie intégrante de la ruralité, tout comme le culte des animaux de ferme et de compagnie.

On peut déjà avancer quelques conclusions sommaires, mais évidentes.

- Il faut beaucoup plus de présence humaine pour changer cette culture rurale si négative, écologiquement. Si on veut remplacer les machines, il faut plus d’humanité, physiquement active et productive.

- Ces « néoruraux » doivent pouvoir venir sans voiture – sans empreinte écologiquue tellement contreproductive qu’elle annule l’utilité de leur présence.

- L’organisation présente de la campagne, en petites communautés qui ont tendance à pratiquer une politique d’exclusion des pauvres et des problèmes sociaux, ne permet pas une plus grande présence humaine. Au contraire, ceux qui viennent apporter de l’aide à une population âgée mais relativement riche, font la navette, du périurbain au rural, en voiture.

Pour ces raisons, il est nécessaire de créer des réseaux d’entraide écologique, capables de résister à la dominance industrielle – à la dominance des riches.

Il y a un exemple qui vient à l’esprit, qui est symbolique du problème. A la ZAD de Notre Dame des Landes, en 2011-12, après une période d’intense activisme, on a tenu une « FestiZad », qui a réduit une bonne partie de la ZAD en boue. Ce FestiZad a permis l’accumulation d’un certain capital. Lorsqu’il a été question de décider de son usage, ceux qu se sont insérés dans des positions de pouvoir ont décidé d’acheter … un tracteur.

On ne sait pas s’il faut rire ou pleurer. Mais c’est un exemple donné pour expliquer le niveau du problème – même des gens qui se veulent écologistes se rendent vite aux normes industrielles de la campagne actuelle. Tenons bien en compte que la Terre ne pardonne pas des erreurs aussi grossières – la moyenne de la surconsommation d’énergie française est cinq fois trop, mais en campagne, la moyenne de surconsommation est plutôt de 25 fois trop. Les distances parcourues sont démultipliées, par rapport à la ville. L'automatisation des tâches agricoles réduit le savoir faire humain, élimine les travailleurs agricoles, fait que même pour le plus menu des tâches, on a recours à une machine. La campagne est en réalité la partie de la France la plus industrialisée qui soit. Pendant des décennies, à force de vouloir se rendre « compatibles » avec une société rurale imaginée, des séries de praticants du RealPolitik ont subverti et se sont accaparés du sujet de l'écologie. Leur incohérence écologique a rendu facile le démontage de la crédibilité écologique. On peut dire que les premiers à pratiquer le « greenwashing » ont été les écologistes eux-mêmes.

C’est à cette montagne que des écologistes modérés doivent s’adresser. Une fois qu’il commencent à comprendre l’échelle du problème, ils peuvent être heureux qu’il existe des solutions, des solutions qui favorisent ceux qui ont les ressources les plus modestes.

Comme il a été dit, les déplacements doivent, pour être cohérents, se faire à pied, à vélo, en tous cas sans essence. L’être humain est physiquement très bien adapté pour ce faire. Il existe des alliés à la campagne – des groupes de gens motivés et clairs d’esprit peuvent créer des jardins et des vergers pour desservir ceux qui sont en déplacement, chez des particuliers où dans des communes de bonne volonté – à ce moment-là les voyageurs sont en mesure d'apporter du travail humain qui est normalement hors de prix. Du fait qu’ils voyagent sans essence et sans voiture, leurs besoins en argent sont vastement réduits – on peut gagner sa vie de cette manière.

Se déplacer pour s’intégrer à la vie – en produisant des fruits et légumes – est finalement à la portée de tous – c’est même rentable. Le fait d’aller à la rencontre de l’altérité ouvre nos possibilités sociales et nous permet d’entretenir la liberté de mouvement qui permet la liberté d’association. La puissance exploitante des lobbies et des élites dépend, en réalité, d’un manque de communication et de cohésion des populations – mais des mouvements réguliers en circuit local cassent cette tendance des petites communes à devenir sectaires et bornées.

Pour qu’une démocratie libre fonctionne, ces mécanismes doivent exister. L’internet, les réseaux sociaux, les portables et les voitures ont dématérialisé nos vies sociales, ce qui est devenu parfaitement clair à tout le monde, grâce au Covid. En sortant de cette pandémie, pour positiver l’extrême négatif vécu par plusieurs d’entre nous, quoi de mieux pour canaliser ces énergies ?

Avec la reconnaissance dans les échelons les plus hauts du pouvoir mondial (l’administration Biden aux états unis – avec des investissements en argent déjà massifs) du défi écologique – chiffré – il est possible d’affirmer que ce n’est pas du radicalisme de chercher des moyens, aujourd’hui, de réduire par cinq notre consommation d’énergie et de nous mettre à multiplier, d’urgence, la biodiversité. L plus grande partie de la surface est rurale, c'est là que se trouverait, normalement, la plupart de la biodiversité. En toute logique, c'est là qu'il faudrait commencer.

Pourquoi donc en France, est-ce que cela ne paraît pas politiquement faisable ?

L’une des raisons principales est le manque d’activisme audacieux de base, comme ce qui est proposé dans cet écrit. De ce fait, il n’y a aucun fait matériel auquel s’attacher. Soyons clairs, la fonction de l’activisme écologique n’est pas de se faire élire, sinon de rendre possible aux politiques de se faire élire en indiquant les exemples que nous avons créés. L'histoire souvent sombre du développement rurale a créé des antécédents qui se sont enracinés - les liens politiques campagne-ville s'y sont adaptés au niveaux des élites. Il faut maintenant retisser ces liens au niveau de la population générale, pour que l'équilibre des pouvoirs se rétablisse.

Une ré-humanisation de cette affaire est urgente – nous sommes tous dans le même bain, en ce qui concerne l’écologie, le climat et la perte de biodiversité. Les termes employées ici sont celles qui sont à la mode, mais il faut être exceptionnellement bête pour ne pas constater que le monde du vivant est en train de mourir, de manière accélérée – et qu’il faut agir de manière solidaire si nous voulons nous en sortir. Parler de l’Amazonie est absurde si nous n’abordons pas ce qui se passe ici – où la situation est tellement pire que nous n’avons déjà presque plus de nature et où nos habitudes industrielles sont tellement fortes que la plupart de la surface du pays est polluée – et continue de l’être. Ce sont NOS puits et NOS lavoirs qui sont pollués à l’azote – par NOUS.

La première victoire est donc celle où nous réussissons à convaincre à nos concitoyens de la faisabilité du projet – ouvrant la porte à une politique pro-écologique, pas purement rhétorique.

Le sujet est l’infrastructure, ce n’est pas quelques bonnes nouvelles, par ci par là, mais une vraie mobilisation et changement de projet systémique, où chaque élément trouve sa place et où nos fonctionnaires, surtout nos fonctionnaires, arrêtent de faire l’inverse du nécessaire.

C’est seulement à ce moment-là que nous pouvons convaincre à des citadins des pays comme le Brésil qu’il existe d’autres manières de faire. Pour être clair, les énormes fermes de bétail de l’Argentine, de l’Uruguay, du sud et du centre du Brésil – catastrophiques écologiquement et en train d’envahir tout le pays, n’existent que parce que le commerce international de ces viandes (et ensuite du soja transgénique, etc.) a été rentabilisé à l’époque coloniale. L’existence de cet énorme cheptel de bovins (mais en fait de toute viande et produit laitier industriels) en France et ailleurs en Europe est conditionné encore par les aliments importés des pays qui continuent de tuer leur biodiversité à notre service.

Et pourtant, en maraîchage, à l’échelle humaine, la France a la capacité non seulement de se nourrir elle-même, sans subvention, mais d’augmenter sa propre biodiversité, de dépolluer ses propres sols, et de créer un véritable modèle d’avenir pour tous. Pour ce faire, il suffit de favoriser l’inventivité et le savoir faire qui ont étés, autrefois, la fierté de ce pays, et de créer une mobilité physique réelle qui pénètre le désert rural.

Il faut oser …

mercredi 7 avril 2021

Par où commencer ?

Le défi écologique devant nous

Tester les barreaux de notre prison « terre industrielle ». Essayer de faire de l’entre-nous l’infrastructure. Il y a besoin de trouver des méthodes et d’y aller vite. Défi systémique cherche solution systémique. Nous sommes très divisés parce que le système a appris à se nourrir de ces divisions.

Beaucoup dépend de la volonté des gens de prendre la route, de travailler sur la route, d’en faire leur domicile, bien que ce soit temporaire. On crée des modules génériques – accueil, accès numérique, cuisine, jardinage, légale, vélo-mobile, média ... Il est recommandé que les gens se mettent en binôme ou en groupe pour voyager. L’accueil, c’est les endroits qui servent de bases pour dormir et se nourrir. Le contact, c’est la place publique, la voie publique, le marché – des points rencontre réguliers entre ceux qui se déplacent et ceux qui sont ceux place.

Ces modules sont des ensembles fonctionnels, c’est un peu de la rétro-ingénierie du monde de l’informatique et du logiciel libre. Le digital se pense de plus en plus biomimétique. Les nudges, ce sont à l’origine des comportements humains. Nos perceptions culturelles se construisent avec cette pensée, tout comme à l’époque industrielle on a crée une langue structurante mécanique.

mercredi 7 avril 2021

« La décomposition politique de la Bulgarie »

... est une phrase que je viens d’entendre, avant d’éteindre la radio. Est-il possible de se recomposer écologiquement ? C’est en tous cas faisable.

Gilbert Cochet : Le « ré-ensauvagement ». « Quand on laisse faire la nature », … « L’homme qui passe et ne laisse pas sa trace »

« L’homme contemplatif »

« La pratique de l’homme. » « L’artificialisation des sols. » « L’étalement urbain. » « On va récupérer des maladies alors qu’on n’a rien à y chercher. »

Je note des phrases pendant que la radio elle parle. On croirait que les êtres humains ne savent que venir chasser ou abattre des arbres avec des tronçonneuses. Que la nature sait très bien faire toute seule. Tout est amalgamé.

Alors les confinements ont fait que la nature reprenne et qu’elle s’approche de nous. Ce n’est donc pas notre présence qui pose problème, c’est nos actes. Il est totalement illogique d’essayer de créer des réserves, alors que nous avons surtout besoin d’action humaine en faveur du vivre ensemble.

Ce qui est détressant est que le représentant du parc régional naturel des Vosges, dans cette émission sur l’environnement de France Culture, n’était pas dogmatique, mais il utilisait le langage de la polarisation. Ce qui se dessine est un duopole de naturalistes et d’agriculteurs qui engagent une bataille sur l’utilisation de la campagne. Ils se réunissent cependant dans leur désir commun d’en exclure les humains.

C’est cet embouteillage, cette distraction qu’il faut débloquer.



Naomi Klein, Tout peut changer : capitalisme et changement climatique, p502

On qualifie parfois ces processus de « résilients », mais « régénérateurs » serait sans doute plus approprié. Or la résilience, bien qu’elle soit l’une des plus grandes facultés de la nature, est un processus passif, qui implique d’être capable de se relever après un assaut. La régénération, en revanche, est un processus actif, où l’humain peut participer pleinement à l’épanouissement de la vie sous toutes ses formes.

Idée : débat blog

J’ai l’idée de préparer une présentation-sujet chaque jour – cela s’appelle un « papier » ou un « article d’opinion ». Cela pourrait agir comme base pour un débat, chaque jour, où on détermine les bases pour une prise de position commune.

Là, par exemple, le sujet du jour dans « La Terre au Carré » traite des aspects écocidaires de notre monde dans un cadre juridique qui ne permet pas de s’adresser aux vrais problèmes. Le « délit d’écocide » dans la nouvelle loi du climat n’est pas compatible avec la crime d’écocide en train de se définir au niveau international. Bref, il n’y a pas de « petit écocide » - ce serait comme dire « un petit mort » pour décrire la mort d’un individu.

Il y a les espèces protégées – qui est une définition anthropocentrique, vaudrait mieux des milieux naturels protégés ou des écosystèmes protégés.

Un interlocuteur dispute cette idée un peu plus – il dit que nous tous faisons partie des écosystèmes et que ce sera nous, l’espèce protégée un jour. Qu’il faut considérer notre symbiose.

La juriste se relance sur les signes d’espoir au Québec, où les nations premières ont pu établir certains droits de défense de la nature dans leurs territoires ancestraux. « Le citoyen connaît son territoire », on dit.

J’en suis très douteux. On mélange une chose avec l’autre, là. Qui dit que les gens locaux vont mieux faire que les gens d’ailleurs ? La pratique de la loi, jusqu’à là, en France spécialement, suggère que la victoire ira à ceux qui ont plus de ressources – des moyens qui serviront à payer pour le travail des avocats. Cela ouvre un autre aspect – l’économie de l’attention. Non seulement est-ce que les gens plus pauvres auront moins de temps et d’attention disponibles, mais il y a aussi la question « sur quoi est-ce qu’on est attentif ? ». Dans le cas d’un territoire, par exemple, on ne donnera priorité d’être attentif au territoire que dans la mesure qu’on le parcourt dans un contact interdépendant (symbiotique) ou que les conséquences territoriaux se font sentir chez soi.

Cela donne lieu à : « ils parlent de la fin du monde mais pour moi, c’est la fin du mois qui compte ».

Pour les peuples premiers du Canada, c’est parce qu’ils parcourent leurs territoires en chasseur-cueilleurs qu’ils peuvent représenter les intérêts de la nature. Ceux qui s’affilient à la lutte sont souvent des gens qui ont, eux aussi, des héritages de vie et de tradition, ou d’autres gens encore qui se font un métier dans l’écologie.

Cela laisse la vaste majorité des gens dans un pays industriel non-investis - sédentarisés dans le monde artificiel.

Je propose que le schéma d’économie d’attention doit être reformaté pour qu’il y ait un vrai investissement populaire et intellectuel au sujet de notre engrenage au naturel.

Pour que les gens y prêtent attention, on cherche de multiples rattaches, capables de se générer dynamiquement. Les échelles : locales, nationales et internationales doivent s’articuler fonctionnellement. Sans quoi, on rique de se trouver dans une situation de non-participation démocratique.

Bon, j’espère que l’exposition est claire. Il est maintenant possible d’en faire une synthèse – une solution synthétique.

  • pour prêter de la vraie attention à un milieu naturel, à toute échelle, il faut la connaître, y vivre, en vivre soi-même.
  • pour prêter de la vraie attention à un milieu naturel, il faut donc une mode de vie qui fait qu’on y prête attention.
  • il faut aller plus loin que la défense, à différentes échelles, de la nature – dont nous, pour arriver à s’y intégrer en symbiose.
    • les échelles de cette symbiose impliquent une articulation, dans tous les sens
    • à l'échelle individuelle, en rapport avec le milieu
    • à l’échelle horizontale, entre les milieux environnants, avoisinants
    • à l’échelle verticale, entre les milieux interdépendants
    • à l’échelle verticale, entre l’individu et les groupes locaux, régionaux, nationaux et globaux

lundi 5 avril 2021

écoinfra - idées d’infrastructure écologiques

reporters : syndicalisez-vous !

Lorsque vous pensez prendre l’avion ou le train ou la voiture pour aller interviewer quelqu’un, ne faîtes pas ça ! Cherchez quelqu’un du coin qui peut faire l’interview pour vous. Ou cherchez un remplaçant, pour la durée de votre voyage en vélo.

Agriculteurs : embauchez !

Lorsque vous pensez que le meilleur boulot c’est celui qu’on fait soi-même, avec une machine à la main, avisez-vous ! Il y a des gens actifs qui ne cherchent qu’à vous aider à faire le travail. Investissez dans les gens, pas les machines !

Capitalistes : créez des baux !

Lorsque vous ne savez pas quoi faire avec vos terres, créez plusieurs baux pour permettre aux gens actifs d’y faire des jardins, des vergers et de la biodiversité. Comme cela, vous aurez légué de la vie à la prochaine génération et pas la mort.

Voyageurs : voyagez moins pour voyager plus et mieux !

Ne sautez pas d’endroit en endroit, comme l’envie vous prend. Ne prenez pas la voiture, pour rentrer chez vous le soir. Faîtes naître des milieux de voyage, ou les gens traversent le pays sans essence – laissez des traces positives.

Téléphoneurs : partagez vos appareils !

Essayez de faire qu’il y ait au moins une connexion internet ou portable accessible à tous ceux qui sont là, ne vous laissez pas atomisés par les géants de l’internet.

 

Citation de Reporterre sur le climat

reporterre.net/La-France-se-rechauffe-plus-vite-que-la-planete

Où en est l’évolution des technologies susceptibles de réduire l’impact climatique ?

Aujourd’hui, aucune n’est acceptable au regard de l’urgence climatique. Tabler sur des techniques qui sont encore de l’ordre de prototypes, telles les technologies de séquestration de carbone, relève d’un pari très risqué. La technologie ne réglera pas la problématique climatique !

Il y a deux types de technologies : les méthodes artificielles, qui consistent à pomper le carbone de l’atmosphère et à le stocker sous différentes formes. Elles ne seront pas disponibles avant quelques décennies et des défis subsistent — passage à l’échelle, minimisation des risques de fuite, etc. Il y a aussi des techniques moins intrusives, qui consistent à utiliser les puits naturels de carbone comme les forêts ou la biomasse pour capter le carbone. Les dernières études montrent que plus le réchauffement global s’accroît, plus cette capacité naturelle à pomper et stocker le carbone s’affaiblit. Le stockage dans les forêts est aussi à risque, car le CO2 peut être relargué dans l’atmosphère lors d’incendies massifs, comme c’est arrivé en Californie et en Australie en 2019 et 2020. Compter sur les écosystèmes pour limiter la perturbation humaine, via les gaz à effet de serre, est donc un pari très incertain. Cela questionne aussi les initiatives de « compensation carbone » qui ne sont clairement pas des solutions.

L’action la plus sage, c’est de diminuer dès maintenant les émissions de gaz à effet de serre, pour en pomper le moins possible si — au mieux quand — nous disposerons des technologies. Il y a des études très intéressantes faites sur la sobriété, qui aujourd’hui semble incontournable. La sobriété impose une évolution de nos modes de vie, de notre rapport au monde et du faire société. Personnellement, je suis convaincu que sans sobriété nous n’y arriverons pas, considérant l’ampleur des contraintes de réduction sur les gaz à effet de serre qui sont nécessaires pour limiter le réchauffement.

Commentaire

Il y a une anomalie dans cette logique – Tout ce qu’on fait est « technique » et on ne peut pas se séparer des écosystèmes, donc « compter sur les écosystèmes pour limiter la perturbation humaine », c’est compter sans nous, ou comme si nous étions toujours néfastes dans nos interactions avec l’environnement. La sobriété – c’est-à-dire la réduction de nos émissions, peut même devenir un bilan positif – où nous convertissons notre nuisance en bienfaisance. Cela est une « perturbation humaine » aussi, si l’on veut.

Si nous plantons des haies et des arbres fruitiers, nous aidons à garder plus d’humidité – à générer plus de précipitation aussi. Ce n’est pas obligatoire de les planter dans des forêts vierges – c’est même impossible en Europe, on n’en a plus. En remplaçant le fil électrique et l’élevage, on bascule de bilan négatif à bilan positif, ce n’est pas une réduction sinon une conversion. Ceux qui en vivent ont un bilan positif, contre un bilan négatif. C’est plus productif, pour nous, en termes de valeur nutritif par hectare, aussi. Chaque être humain a besoin de moins de surface. Nous n’avons rien perdu, avec cette approche – c’est un net gain.

Donc, ou bien j’ai manqué de comprendre quelque chose, ou bien la trame logique du débat ne tient pas, dans les dernières trois paragraphes de l’article.

Je peux hasarder une explication – en deux temps :

tendances : si on regarde ces choses en termes de « tendances » statistiques, il y a de quoi se résigner à l’inévitable.

nature : sin on raisonne dans des termes de nature sauvage contre agriculture, gros plan, il y a aussi de quoi se sentir désemparé.

… mais si on vie en Europe de l’Ouest, on sait que le bocage marche très bien – qu’il existe des cultures pérennes mélangées avec de l’habitat humain qui marchent.

La même trame analytique peut s’appliquer au manque de accès au logement, au périurbain et aux « exploitations » agricoles. Cela m’a pris un certain moment pour me délaver le cerveau là-dessus, parce que personne n’en parle de manière claire – chacun de ces débats est cloisonné.

Quelqu’un qui habite un jardin de 1000 à 3000 mètres carrés est en droit de penser qu’il peut en tirer de quoi vivre – et en plus se créer un bilan positif au niveau de la biodiversité, l’humidité, la régénération des sols – le « climat » vient de là. Je ne pense pas qu’il est nécessairement plus sobre ou plus frugal pour autant. Mais il a disparu des chiffres des gens qui, par leur mode de vie, sont en train de tuer le monde.

Si l’on vie en zone rurale, le principal défi est d’avoir accès à ces terres – et de pouvoir y vivre, dignement. Les problèmes ne sont pas de ne pas pouvoir se construire un logement à bilan carbone positive, ni de se faire pousser de quoi se nourrir, ni de s’occuper de la biodiversité – on peut faire cela. Les problèmes, ce sont les lois, les propriétaires et l’ignorance.

Ce serait mieux que du périurbain, ce serait partout. On n’est pas en train de bétonniser, on n’est pas en train de prendre de la terre agricole pour la détruire, on est en train de convertir des vies humaines et des tracts de terre agricole industrielle, actuellement destructrices de l’environnement, en environnements sains et vies d’utilité écologique. On est en train de donner à l’économie, pas de prendre.

Ce qui m’irrite intellectuellement, c’est qu’on penserait que c’est à moi de construire ce cas, et pas à ceux qui détruisent la terre, qui financent l’agriculture industrielle, qui donnent des prêts à des entreprises industrielles, … de se défendre. J’attends de faire un travail d’utilité écologique. C’est où le problème ?